Faeries / Concours : Point de vue -> Elemmirë -> Histoires d'Amour | ||
le 10-02-2009 à 17h11 | Point de vue Elemm’ => commentaire presque pas en retard | |
De mon « point de vue », pas la peine d’avertir. Il est bien évident que les récits publiés ici sont des fictions, avec des personnages fictionnels et des opinions fictionnelles. Allez, c’est parti ! Les descriptions des personnages sont suffisantes, celles des lieux sont un peu légères. Les dialogues sont ultra-réalistes ! On est dans un réel dur, cru, brutal, montré sans compromis. On est dans Les_Rougon-Macquart là, hihi ! Le personnage de Rebecca est intéressant, présentée d’une manière assez négative –elle est moche, on la devine dépressive- tu la rends malgré tout attachante. Bien vu (cette expression va revenir souvent dans ma longue, très longue critique). Le passage sur l’amour total, la fusion dans l’autre, bien qu’un peu long, sonne vrai, notamment grâce aux images employées, comme « son rire qui la rend drôle ». On devine l’excès, l’étouffement, dans « si un peu d'air les sépare, c'est déjà trop ». Bien vu aussi. La mère de Rebecca, maintenant. On va reconstituer l’histoire familiale tordue et malsaine grâce aux témoignages de chacun, comme dans un procès, entre deux paragraphes de la scène qui se déroule. J’aime bien cette construction de récit. Bien vu : « je n'ai jamais été à l'aise avec l'attendrissement un peu gâteux qu'on attend des mères » : on sent bien la mère froide, mal à l’aise avec les sentiments et le père absent qui croit qu’aimer ses enfants, c’est seulement leur fournir l’aisance matérielle. Tu mets tout ça en place avec une louable économie de moyen et une grande justesse de ton. Bien vue aussi l’explication du caractère de Charlotte avec celui de sa propre mère et de celui de sa mère avec celle de ses propres parents, comme une boucle infernale, un Ouroboros des sentiments et des enfances brisées. Avec la froideur d’une mère qui engendre la chaleur étouffante d’une autre, qui ré-engendre la froideur et ainsi de suite. Le déchaînement de violence de Fabien est particulièrement brutal. On ne comprend pas sur le moment. On comprend mieux une fois qu’on connaît son histoire à lui. Au tour de Fabien. Alors, là, je te décerne le prix TTG, Très très glauque, hihihi ! Là, je crois que tu m’as battue. Très bien vu : « Fabien a couru en remontant son short », tu évites pudiquement de décrire la scène indicible mais on comprend clairement ce qui s’est passé. Du beau boulot ! Les sentiments de l’enfant sont bien rendus, avec le discours où il parle à son ours mais aussi à lui-même, la culpabilité, le sentiment d’avoir provoqué son propre malheur, la honte. On remonte d’une génération avec le violeur. La source du Mal ? C’est scientifique, comme démarche, presque médicale. Tu fais méthodiquement l’autopsie d’un crime, la dissection des sentiments, des blessures personnelles. Tu recherches les causes du Mal. Ton texte semble assez défaitiste. Le Mal semble se perpétuer pour toujours et rien n’arrête la boucle infernale. Waouh, je suis impatiente de voir comment tu vas briser cette boucle car je devine que tu vas la briser ! La mère de Hugues. Son histoire est simple et poignante. Elle est prisonnière d’un destin implacable. Tu nous ferais presque prendre en pitié ton violeur, tiens… Cela dit, je reste persuadée que, quelque soit l’horreur de ce qu’on a vécu, on a toujours le choix de ce qu’on devient, dans une certaine mesure. Et les psys existent pour rompre les cercles infernaux de la souffrance humaine. Tiens, un fantôme ! Ce petit côté fantastique est bienvenu, ne serait-ce que pour recoller au genre du site, qui passe à la trappe dans certains textes. Sympa la métaphore des dominos. « Il a quelque chose d'enfantin lui-même » : bien vu. Pfiou !!!! J’ai eu peur. Un instant, j’ai cru que Fabien allait pardonner à son violeur ! Mais il se contente d’entendre et de comprendre. L’histoire personnelle de Hugues explique mais ne justifie pas. Très bien vu. La fin est superbe, pour un peu ça m’aurait tiré une larme, à moi le Balrog blasé. Pis je l’ai pas vue venir que Rebecca pouvait avoir survécu. « Tu m'as sauvé la vie tant de fois, mon amour, tu peux bien m'en reprendre une, je te les donne toutes.» : Rhôôô c’est beau, ça ! Il va avoir du boulot Fabien pour se faire pardonner et mériter un tel amour avec ce qu’il a failli faire. Pas mal aussi le dernier paragraphe sur Hugues. Et la dernière phrase. Oh que oui, elles ont un sens tes émotions. Et tu nous les fais bien passer. Elles sonnent justes, elles nous attrapent la tripaille, nous font froid dans le dos. Ton texte pose des questions graves : est-on enfermé dans un cycle, choisit-on sa vie ? Ne fait-on que reproduire le schéma parental ou l’inverse ? Est-on complètement le produit de son enfance ? Peut-on échapper à son destin ? Comment guérir de choses atroces ? Notre violence n’est-elle pas toujours de faire payer aux autres ce qu’on a vécu ? Globalement, le style est sobre et efficace, l’histoire en forme de puzzle, d’enquête, est intéressante, c’est beau, c’est fort, ça a un sens. Compliments ! Impossible d’aller manger ce midi avant de l’avoir fini ! Est', et hop ! |