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 Répondre à : WA - Participation exercice n°16 partie 6 
De : Maedhros  Ecrire à <a class=sign href=\'../faeriens/?ID=196\'>Maedhros</a>
Date : Lundi 28 mai 2007 à 20:36:38
Et la suite des aventures d'Anis. Est-ce que Narwa Roquen aura la patience?

_____

Degré après degré, Anis s’éloigne de la lumière. Ses yeux s’accoutument peu à peu à l’obscurité, mutation génétique mineure. Il parvient à se diriger au prix d’une déformation périphérique et même à lire les panneaux accrochés aux murs, en se collant pratiquement dessus. Niveau 2. Le sanglot résonne un peu plus fort, derrière les portes coupe-feu sur sa droite.

Il passe prudemment les battants. C’est un niveau technique. Un long couloir. Une enfilade de portes closes. Une atmosphère épaisse, sentant vaguement le renfermé. Une faible lueur filtre sous l’avant-dernière porte, tout au fond du couloir. Un sanglot retentit à nouveau. Une voix humaine à n’en pas douter. Une voix enfantine. Anis s’approche doucement. Cette présence est incongrue, le C28 n’est porté sur aucune carte. Qui irait s’y réfugier ?

Le sanglot se fait entendre à nouveau, c’est bien là. Anis abaisse la poignée et pousse la porte avec une infinie patience. La luminosité le désoriente fugitivement. Un garçonnet est assis en tailleur, la tête dans les mains. Des boucles sombres et désordonnées masquent son visage. Il pleure, ignorant l’intrusion d’Anis. Quel âge a-t-il ? Pas plus de dix ans ! Un enfant ! Ses vêtements, à peine sales, trahissent une origine subsaharienne. Comment a-t-il échappé aux Chasseurs ? Une petite bougie finit de se consumer dans un coin.

« Pourquoi pleures-tu ? » demande doucement Anis, ne sachant pas par où commencer.

L’enfant lève son regard vers lui, un regard empli d’étoiles brillantes. Il y a, dans ces yeux, toutes celles qui ont disparu de la voûte céleste. Le garçon ne semble pas étonné de sa présence, ni effrayé. Il lui répond mais dans une langue inconnue d’Anis qui lui adresse une mimique d’incompréhension. L’enfant s’interrompt, semble réfléchir puis reprend, dans un français anachronique :

« J’ai cassé mon instrument sacré. Regarde ! » Il tend à Anis une sorte de bouton en bois percé de deux trous. Anis n’en a jamais vu de pareil avant.

« Cassé comment ? » demande-t-il, s’accroupissant près du garçon qui le laisse faire sans broncher.

« Il faudrait une fine corde, tu vois, sinon je ne peux plus parler à mes ancêtres ! Et je ne trouve pas de corde convenable ici! »

Anis fouille ses poches. Avec soulagement, il tend au garçonnet le bout de ficelle qu’il avait pris ce matin en prévision du marché. Un sourire radieux éclaire le visage du clandestin qui lui arrache presque la précieuse cordelette. Il la passe délicatement dans les trous du bouton. Anis ne peut s’empêcher de remarquer la grande maigreur de ses bras et de ses épaules. Satisfait, l’enfant farfouille dans un sac posé sur le sol. Il en extrait une boîte de soda cabossée qu’il offre à son sauveur.

« Tiens ! Je te donne ce que j’ai de plus précieux! Je l’ai trouvée dans une autre pièce. Prend-la et bois pendant que je parlerai aux esprits de mes ancêtres. ! »

Anis saisit la boîte mais ne l’ouvre pas. Ce n’est pas le diable. Il est perplexe. Il a pourtant fait exactement ce que lui a dit la Dame Blanche. Il n’y a ni ruse, ni tentation, juste un enfant perdu loin de chez lui en pays hostile. Non vraiment, rien de diabolique là-dedans. L’enfant, en tirant dans un mouvement d’accordéon sur la ficelle, met l’instrument en mouvement. La vibration de l’air ainsi entraînée, provoque un ronflement, une sonorité rugissante. Le vent et le tonnerre se déchaînent dans la petite pièce. Le garçon, en extase, se balance d’avant en arrière, au rythme de cet étrange musique païenne.

Alors Anis perçoit autre chose. Des voix se mêlent au vent et au tonnerre. Des voix infiniment lointaines qui l’interpellent, lui, Anis et nul autre. Le garçonnet tire sur la cordelette, inlassablement, renforçant graduellement le phénomène. Ces voix lui sont familières. Il les a entendues quelque part. Il hésite à comprendre. Un subtil sortilège l’attire intimement hors du monde terrestre vers une autre dimension entrouverte par l’aérophone. La lumière se fait plus vive, plus intense, semblant jaillir de nulle part et de partout à la fois. Une lumière au sein de laquelle des formes indistinctes prennent naissance.

Oui. Anis se rappelle. Ces voix, ce sont celles de tous les prisonniers du C28. Il leur a parlé. Quelques mots si dérisoires alors qu’il n’ignorait rien du sort qui les attendait derrière les silos. Ils ont quitté la surface de ce monde en descendant les marches de l’enfer. Aujourd’hui, leurs âmes sont là, toujours prisonnières de ces murs, perdues et tourmentées. Elles l’appellent doucement : « Anis, Anis, qu’as-tu fait ? Qu’as-tu fait de ton âme ? Rejoins-nous, montre-nous enfin le chemin et mène-nous vers la lumière ! »

Il lui faut résister. Lutter contre un courant qui l’entraîne de plus en plus vite loin d’ici. S’il ne se libère pas de cette emprise surnaturelle, il ne pourra plus quitter cet enfer. Le remords qu’il a enfoui trop longtemps broie une partie de son âme qui pleure et aspire à cette perpétuelle repentance.

« Le diable vit dans ta conscience, Anis, comme dans celle de tous les hommes. Résiste ! »

Cette phrase a été murmurée à son oreille. Anis s’y accroche comme à une planche de salut. Les voix grondent et tempêtent mais peu à peu, il reprend la maîtrise de son corps. Elles s’affaiblissent enfin, échos de regrets éternels. Il n’entend bientôt plus que le vent désolé dans les branches d’une forêt d’arbres morts. Le jeune garçon s’étant arrêté de tirer sur la corde, le fixe curieusement.

« Tu n’as pas bu ? » demande-t-il enfin.
« Non, je n’ai pas bu mais tu m’as fait un merveilleux cadeau. Pour cela, permets-moi de te rendre le tien. Dis bien aux esprits que j’ai compris. Oui, j’ai compris. »
« D’accord, mais toi, ne dis pas aux soldats où je me cache ! »
« Je te le promets ! »

Lorsqu’il sort à l’air libre, les larmes inondent son visage. Il n’oubliera pas. Il n’oubliera plus. La chaleur du soleil sur sa peau est une caresse inespérée. La Dame Blanche avait raison. Elles ont toujours raison.

Ce qui doit arriver ne peut pas manquer.

M

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