Version HTML ?

Messages FaeriumForum
 Ajouter un message Retour au forum 
 Rechercher un message Statistiques 
 Derniers messages Login :  S'inscrire !Aide du forum 
 Masquer l'arborescence Mot de passe : Administration
Commentaires
    Se souvenir de moi
Admin Forum 
 Derniers commentaires Admin Commentaires 

 WA - Participation exercice n°20 - Histoire 2 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Jeudi 2 aout 2007 à 15:09:34
Une histoire américaine...mais l'amour là-bas est une chose compliquée...

_______________

C’EST LARA QUE J'AIME


Elle est partie me dites-vous, avec vos filets déployés tout autour de moi. Vous tournoyez comme de noirs oiseaux, attendant le moment. Le bon moment. Mensonges. Ils sont venus chez moi, au petit matin. Sans rien dire, ils m’ont emmené, dans un fourgon ils m’ont poussé ,dans une cellule, ils m’ont enfermé.

Lorsqu’ils ont enfin parlé, je n’ai rien entendu. Je sais ce que je connais. Et je connais chaque grain de sa peau, chaque ligne de son corps, chaque trait de son visage. Ce qu’elle ressent, je le ressens. Alors, ne me dites pas que c’est une inconnue. Vous mentez. Je connais vos ruses, vos feintes et vos simulacres. Votre art consommé de ce subtil jeu de massacre mental. Votre patience trompeuse qui cherche la faille, le moindre interstice à investir.

Lorsqu’ils m’ont affirmé qu’elle était morte, je les ai frappés. Regardez, le monde continue de tourner, vous continuez à exister, je vis encore. Sans elle, c’est impossible, aussi sûr qu’il y a un soleil dans le ciel, une île sur la mer. Comment pourrais-je vivre sans elle ?

D’autres hommes sont venus ensuite. Ils ont parlé. Gravement. A voix basse. Réfléchissant tout en marchant lentement en cercle autour de moi. Posant des questions ennuyeuses. Leurs mots fuyaient en tous sens mais n’en avaient aucun. Des voix ont hurlé. Des voix m’ont condamné. Mais je ne peux certifier qu’elles n’étaient pas dans ma tête.

Il ne me reste que le souvenir de notre première rencontre.

OOO


Les manèges tournent en rondes magiques. Les lampions tissent un jour artificiel, coloré et agréable. Les feuilles s’agitent doucement, bercées par les flonflons de la fête. Je reste à l’écart, comme d’habitude, masqué par l’ombre d’un stand. La grande roue offre une place inespérée pour un voyage où tout est réduit à si peu de chose. Pourquoi pas ? Installé dans la nacelle, la ronde m’entraîne vers le haut. Un à un, les poids qui m’empêchent de respirer librement retombent en décrivant des trajectoires d’acier. Ils s’écrasent enfin sur le sol jonché de confettis.

Je suis libre. Juste le temps d’un tour de manège. Si seulement il existait un manège qui tournerait sans cesse pour maintenir ensemble les atomes déséquilibrés de ma vie. Au coeur de cette danse immobile, où la sensation vient de l’intérieur, je perçois sa présence. Elle est là. Nul mortel n’a survécu à l’apparition d’une déesse. Impossible d’imaginer une fille aussi belle, aussi désirable. La ronde verticale s’affole et tout n’est que musique. Le monde se brouille à devenir flou entre les horizons qu tanguent encore et encore.

OOO

Beaucoup d’entre vous pensent que je suis fou. Il faut être fou pour penser ça. L’amour rend fou mais c’est une saine folie non ? Comprenez-vous ? Derrière vos lunettes teintées, je ne peux voir vos yeux. Je ne peux lire votre âme. Vos lunettes me narguent. Impersonnelles. Froides et lointaines. La lumière crue qui tombe du plafonnier se multiplie à l’infini sur le poli glacial de leurs verres.

Essayez de comprendre ! Je l’aime plus que tout. Non, elle n’est pas morte. Dites-le. Si vous le dites, alors nous rirons ensemble de cette farce tragique. Si vous le dites, c’est qu’elle vit. Mais vos jeux sont sans pitié et vos règles sans issue.

La première fois que je l’ai serrée dans mes bras, je me rappelle qu’elle portait un ensemble bleu, un tissu doux et lisse. Elle avait noué un ruban autour de son cou. Impression féline, impression câline. Un jeune chat prêt à jouer. J’ai eu deux chats, vous savez. Deux durs. Ils aimaient se battre. C’étaient les terreurs du quartier. Même les chiens les craignaient. Pourtant, quelques fois, ils attendaient une caresse. Ils avaient l’art et la manière de me faire comprendre ça. Ils me regardaient d’une drôle de façon, immobiles, la tête légèrement inclinée. Attentifs à ne pas rompre la magie de l’instant. Avez-vous vraiment plongé vos regards dans les prunelles d’un chat qui vous observe ? Deux lacs d’émeraude.

Elle s’appelle Lara.

Je vous ai dit qu’elle adore les chats ? Les gris. Aux yeux verts, comme les siens. Vert pâle. Si délicats, si fragiles. Le soir, quand nous sortons, elle se retourne fréquemment. Elle est certaine que nous sommes suivis. Epiés. J’ai beau lui répéter que c’est une illusion, elle ne veut pas me croire. Ses yeux, dans ces moments-là, ressemblent à des cristaux prêts à se briser.

Je donnerais un empire pour la convaincre et réussir à faire disparaître la peur de la surface de ses lacs d’Irlande. Je vous ai déjà dit que nous avions fait des tas de projets ? Visiter Venise et se laisser dériver le long du Rio di Noale jusqu’au grand canal. Visiter Rome et sentir la présence des Augustes au-dessus des colonnes abattues du forum romain. Escalader le ciel avec le Chihuahua du Pacifique, le petit train bleu, pour atteindre la Barranca del Cobre. Puis à tire d’aile, rallier la Côte d’Azur. Lara est folle de la France. Elle m’a dit un jour qu’elle irait vivre là-bas, un jour, en Provence ou en Bretagne. Elle dit que c'est là, le berceau de ses ancêtres.

Pourquoi ne dites-vous rien ?

Vos ray-bans s’opacifient de plus en plus. Maintenant, il y a un gouffre noir qui bée sous vos sourcils. Que dire d’autre ? Avant de la connaître, j’ignorais tout de moi. Qui j’étais, qui j’aimais. Elle a surgi dans mon existence à la façon d’un ouragan. C’est peut-être à cause de ça qu’on donne presque toujours des prénoms féminins aux cyclones. Comment dire ? Lorsque je suis près d’elle, plus rien d’autre ne compte. Elle paraît toujours distante, lointaine, c’est ça, lointaine, quand je tente de lui parler de ma vie. Celle que je menais avant de la rencontrer. Comme si elle m’en voulait d’avoir pu vivre sans elle.

Ne me dites pas qu’elle est morte.
Ne me dites pas que je l’ai tuée.
Je l’aime. J’ai vu ses yeux quand tout bascule de l’autre côté du plaisir. J’aurais voulu plonger dans l’eau de ses yeux, nager dans ses larmes. Et m’endormir ensuite sur la plage de ses paupières.
Je l’aime. Elle m’aime. Laissez-moi la rejoindre.
Dites-moi où aller.

Avant tout ça, l’arrestation, le fourgon, la prison et le reste, cela faisait plusieurs jours que je l’appelais sans résultat. Personne ne m’a donné son nouveau numéro. Chez elle, vous savez, c’est si gai, si frais, si féminin. Son lit est vaste et douillet. Mais c’est juste pour la frime. Elle a gardé son nounours sur l’oreiller. J’ai toujours fait attention à ne rien déranger.

Vous me dites que je vais mourir.
Cette nuit.
C’est curieux, le temps semble s’être contracté.
J’ai vu le lit, les sangles et le goutte-à-goutte. Je ne comprends toujours pas.
Qu’ai-je fait sinon l’aimer. Aimer n’est pas un crime.
Vous dites que le procès a eu lieu déjà. Vous dites que je suis fou.
Mais où est Lara ? Elle, elle sait. Elle saura vous convaincre. La voir c’est me croire.

Mais je parle à des hommes-lunettes trop occupés à se regarder pour voir au fond de mon âme. Vos oreilles écoutent mais n’entendent pas. Vous restez muets de l’autre côté de vos miroirs. De l’autre côté de votre légalité. Vous restez loin de moi. Trop loin pour discerner ma vérité. Si loin de Lara.

Vous me dites que cela ira vite, que tout sera fini dans quelques heures. Je n’ai pas peur. Je sais que vous mentez. Oui, je me rappelle mon procès. La barrière fermée des fronts derrière la balustrade de bois. Les yeux qui me condamnent avant la fin. Une voix désincarnée qui énonce le verdict. Une voix amicale qui murmure à mes côtés. J’entends leurs cris de victoire et de haine.

Mais de quoi m’ont-ils accusé ? Du meurtre d’une Clara. Mais je ne connais pas cette femme. Oui j’ai vu les photos qu’ils m’ont montrées. Celles de cette Clara. Oui, elle ressemble beaucoup à Lara. Je ne l’ai jamais vue. Vous dites que je l’ai étranglée, après. Mais je vous jure que je n’ai jamais touché un seul cheveu de cette Clara. Je suis fou d’amour pour Lara.

Ils m’ont dit que Lara est Clara. Impossible.
Ils ont prétendu que je n’ai jamais rencontré Lara. C’est un mensonge. J’ai mille souvenirs de notre vie. Elle m’aime. Oh, elle est très pudique et montre rarement ses sentiments intimes. Mais oui, elle m’aime. Ils ont assuré que tout ça, c’est un scénario que j’ai inventé. Un pur produit de mon imagination maladive. Comment ont-ils dit ? Oui, un fabulateur. Un rêve qui a fini en cauchemar. Des mots, des mots vides de sens.

Je vous dis une dernière fois que j’aime Lara et que je n’ai rien fait à Clara. Mais vous tirez déjà les rideaux et disparaissent les visages derrière la vitre. Dites bien à Lara que je l’aime. Je vois les gouttes qui commencent à glisser dans les tubes...

M


  
Ce message a été lu 6818 fois

Smileys dans les messages :
 
Réponses à ce message :
3 Commentaire Maedhros, exercice n°20, histoire 2 - Narwa Roquen (Jeu 30 aou 2007 à 19:17)
3 style plus direct... - z653z (Jeu 23 aou 2007 à 15:01)
3 Exercice 20 : Maedhros => Commentaire histoire 2 - Estellanara (Mar 21 aou 2007 à 12:33)
3 Brrr.... - Elemmirë (Sam 11 aou 2007 à 17:45)


Forum basé sur le Dalai Forum v1.03. Modifié et adapté par Fladnag


Page générée en 1761 ms - 260 connectés dont 2 robots
2000-2024 © Cercledefaeries