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De : Maedhros Date : Samedi 11 aout 2007 à 17:48:02 | ||
La suite... montrez-vous les petits Rambo! __________ Le document que vous allez découvrir a été importé grâce aux balises neuronales situées sur une orbite discrète. Le signal a traversé l’espace et le temps mais il est fort et clair. Veillez à disposer des bons codecs et de leurs librairies dynamiques habituelles. En principe, les kits parabellum sont mis à niveau avant chaque session. Enfin, les compresseurs empathiques utilisés par les routines psy sont de classe intermédiaire, pour garantir une meilleure induction des liaisons synaptiques. OOO Je progresse lentement sous le couvert des hautes herbes. La savane est écrasée de soleil. Cela fait près de dix heures. Malgré mon camouflage dernier cri, je sais que leurs foutus traqueurs audiovisuels sont sur moi. Leur matériel est bien plus évolué que le mien. Le spectacle est le plus puissant des pouvoirs. Ma signature génétique doit clignoter bien visible sur les écrans de tous les réseaux. Je n’échapperai pas aux infos du prime time. Quelle poisse. A deux jours de la fin de la campagne. J’avais atteint un score enviable : deux médailles, douze citations et les galons de sergent. Tous les espoirs m’étaient permis. Mais hier soir, rideau. Comment justifier la folie collective qui a saisi notre peloton? Juste à quelques heures du dernier vote. Tout ça, à cause de ce psychopathe de lieutenant. Une bleusaille. Un remplaçant de dernière heure. Aucune expérience. Il aurait dû être écarté des sélections annuelles. Un fou n’a rien à faire ici. Mais d’après ce qu’il nous a chanté, son père était un administrateur en vue. Alors il a dû être repêché in extremis en échange d’un gros pot-de-vin. Ca aurait fait désordre dans la famille si le rejeton avait été aiguillé sur la voie de garage. Putain de colline. Putain de cote 424. Qui sait d’ailleurs où elle se trouve. Y en a des tas comme elle sur cette zone, sans enjeu stratégique particulier. Il paraît qu’avant vivaient ici des animaux sauvages. Aujourd’hui, les seuls organismes vivants rampent sous terre, petits charognards à l’appétit insatiable, humant la chair morte. C’est vrai que le lieutenant a perdu la tête. Mais nous avec lui. Comme un seul homme. Moi compris. Pourtant, ça se sentait que nous étions tous à cran, prêts à craquer. Et on a craqué, bien aidé c’est vrai par cette tâche de Sandhurst. Et au plus mauvais moment. On a appris le verdict sur les ondes courtes : 73% des spectateurs ont demandé notre retrait. Puis le décompte a commencé. D’abord le lieutenant qui s’est fait allumer la tête par un sniper. Celui-là a fait ça pour le fric. Nous avons tous une cible sur le coeur et un prix au-dessus de la tête. Puis, un par un, les camarades ont mordu la poussière. C’est dur de rester en vie quand il n’y a plus d’endroit sûr où fuir, où se cacher. Mon pote, mon frère en armes, Mercurio, est là, à quelques mètres, le dos appuyé contre le tronc massif d’un arbre équatorial dont j’ignore le nom. Je n’avais jamais remarqué que c’était encore un gosse. Son visage à peine sorti de l’adolescence est levé vers le ciel. Il semble rêvasser mais j’ai vu l’horreur dans ses yeux restés grand ouverts. Elle raconte son calvaire. Il a déclenché une mine génétique. Je pourrais être à sa place. Maintenant, je suis le dernier. Le jackpot, le bonus et la prime pour celui qui m’aura. Je suis traqué par les rouges sans rémission, le code militaire est formel : pas de quartier pour toute unité retirée. Ma cote ne doit pas être brillante chez les bookmakers. Et les médias adorent ça. Ca fait remonter l’audience. Ils ne manqueront aucune miette. Les citoyens si courtois et si policés vivront une expérience recherchée. Ils seront au coeur de l’action. Ils pourront même voir siffler les balles dans le salon, gicler le sang tout autour d’eux. Ils pourront même sentir l’odeur de la mort envahir leurs narines pincées. La maîtresse de maison n’a rien à craindre, ça ne tâche pas. Pourquoi leur en vouloir du reste. Je suis comme eux. Je ferais comme eux. La seule différence c’est que la balle traversera bien ma chair. Je suis si loin de chez moi. Ils en auront pour leur abonnement, je suis bien décidé à vendre chèrement ma peau. La campagne estivale s’achève dans deux jours. Si je tiens jusque là, alors la chasse s’arrêtera. Je passerai devant une cour martiale. Au pire, je ferai vingt ans de forteresse. A ma libération, j’aurai 40 ans et une chance de refaire ma vie. Oh, sans espoir de voir les étoiles, je récurerai sans doute les chiottes d’un fast-food au fin fond d’une zone de transit, citoyen de troisième classe. Mais je serai vivant. Non, je ne finirai pas dans le ventre de ces petits affamés. Non, je ne resterai pas sur la Bande. J’entends encore la promesse de Juliette à la radio, juste avant qu’elle cesse de fonctionner. Juliette, c’est ma fiancée de l’autre côté de la mer. Nous devions nous unir après la campagne. Ici, sur la Bande, nous sommes deux combattants bleus. Elle a été affectée dans une unité d’exfiltration, quelque part vers le sud et elle pense pouvoir m’aider. Avant l’enrôlement, nous avions convenu d’un code secret entre nous. Au cas où. Grâce à lui, sans se faire remarquer, elle m’a communiqué les coordonnées de l’endroit où elle m’attend. Elle m’a dit qu’elle m’aiderait à me cacher pour attendre la fin de la campagne. Juliette. Notre amour sera plus fort que cette épreuve. M Ce message a été lu 7134 fois | ||
Réponses à ce message : |
3 Roméo IV - Elemmirë (Sam 11 aou 2007 à 17:57) 4 Juliette 1 - Romeo 0 - Maedhros (Sam 11 aou 2007 à 20:11) 5 /me soutient Maedhros de ces 4 fils électriques - z653z (Jeu 23 aou 2007 à 16:16) |