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 WA - Participation exercice n°20 - Histoire 3 (suite) Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 19 aout 2007 à 18:46:06
La suite...

___________

La savane à perte de vue. Un silence surnaturel plane sur cette terre désolée. Je connais les légendes qui circulent sur ce coin. Ils appellent ça le berceau de l’humanité. La naissance de l’homme. Aujourd’hui j’ai l’impression que la boucle est bouclée. Il y avait aussi un autre nom...un nom qui renvoie à un vieux, un très vieux film où les Jets affrontaient les Sharks. Toujours la même histoire n’est-ce pas? Je me souviens, un spécialiste de l’évolution humaine avait échafaudé la théorie de l’East Side Story. Une arnaque, comme aujourd’hui. Il faut que j’avance. Ne pas perdre de temps. Plus qu’une journée. Moins si ce satané soleil consent à s’abaisser derrière la majestueuse montagne qui ferme l’horizon sur la droite. Ils l’appellent la montagne de l’Autruche. L’océan est à gauche, vers l’est. Le port n’est plus très loin, assoupi au bord de l’eau.

Lamu, tous y arrivent. Beaucoup en repartent. Certains dans des ces sacs noirs et brillants, d’autres aidés par les médics de l’Ordre du Serpent qui assistent également les bleus et les rouges. Mais tous ceux qui en repartent ont de la chance, malgré la marque noirâtre qui leur brûle le coeur. Lamu est un port ouvert et neutre. Juliette est quelque part entre lui et moi.

Un éclair entre les hautes herbes. Je m’immobilise, le coeur battant la chamade, la bouche collée à cette terre rouge au goût de fer. Cette terre qui pénètre ma bouche, comme si elle voulait investir mon corps. Un amour terreux et organique. C’est la promesse d’une prochaine rencontre. Je lève la tête très lentement pour voir une poignée d’hommes, aux nobles visages d’ébène. Je reconnais les insignes cousus sur leurs treillis. Ils appartiennent à la légendaire division Chaka. Des rouges. Ils disparaissent bientôt dans le soleil couchant, je ne les intéresse pas.

Qu’ont-ils prévu pour moi, ceux qui planent au-dessus de ma tête ? Quel scénario pour maintenir l’attention des Ménautes? Il faut bien vendre. Quels sentiments seront sélectionnés pour exalter cette poursuite infernale, pour les scotcher dans la zone multimédia? L’héroïsme d’un prolétaire de basse extraction qui prouvera sa valeur pour connaître gloire, amour et fortune? Non, trop galvaudé. Les affres éthiques d’un intellectuel qui pleurera sur ma dépouille? Non, trop convenu. Il y a tellement d’options. Les magiciens sont embauchés à prix d’or par les grands studios pour fournir la dose d’adrénaline quotidienne aux classes laborieuses. Nul n’en meurt mais tous sont atteints. Les fins sont interchangeables. Pas la mienne.

« Roméo ! »

Il y a un grand acacia parasol, non loin. Dans la nuit africaine, les âmes perdues sanglotent et appellent les vivants. Seuls ceux qui vont mourir entendent ces voix. Les histoires de ce genre parcourent la bande. Mais cette voix-là, je l’ai reconnue. C’est Juliette. Mon coeur ne se trompe pas, elle m’a retrouvé. Elle me l’avait promis. Je ne veux pas penser à ce qu’elle risque pour me soustraire à la trame du prime time. Je lui fais confiance, elle connaît son job. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été affectée dans une unité d’exfiltration. La production les soigne, matériel, entraînement, manipulation...rien ne leur est refusé afin qu’ils mènent à bien leurs opérations de sauvetage derrière les lignes ennemies. L’audimat sur de telles (émissions crève tous les plafonds. Les visages de ces héros sont connus aussi bien au Nord qu’au Sud et tous leur vouent un profond respect. Qui ne pourrait les adorer alors qu’ils arrachent d’une mort certaine le brave gars qui habite juste de l’autre côté de la rue? Oui, ce sont eux, les vrais anges de la guerre moderne. Après chaque mission, ils replient consciencieusement leurs ailes de nylon et éteignent leur infocasque qui coiffe leur visage parfait d’une auréole luminescente.


Juliette a réussi. Nul ne sait ce qui se passe ici. Ni le système Apollon qui veille au-dessus des nuages, messager de Zeus, le conglomérat international des majors de l’information. Ni les réseaux Ares ou Dingane, les supercalculateurs militaires qui tracent nos bips sur la bande. Juliette est invisible cette nuit, aussi invisible que l’amour semble l’être dans cette histoire. Mais ce qui est invisible affecte profondément le visible. Quelques fois, l’invisible guide nos pas mais bien souvent il guide nos coeurs.

Je progresse en silence jusqu’à l’acacia, masse sombre dans la nuit qui a succédé brutalement au jour. Je ne m’y ferai pas. Aucune transition. C’est comme si quelqu’un venait brusquement de couper la lumière. S’il existe un Dieu ou plutôt s’il reste encore un Dieu ici-bas, je l’imagine avec une télécommande géante à la main, assis devant un immense écran. Oui, Dieu est un zappeur fou qui ne trouve pas le bon programme. Il se rappelle qu’il y a une super émission mais il a oublié le numéro de la chaîne, parmi l’infinité disponible sur le câble installé par son pote Lucifer? Et nous, nous vivons à crédit entre les publicités pour les zapfoods et les produits financiers.

Mais elle est là, adossée au tronc noueux. Au coeur des ténèbres, c’est une ombre fraîche et légère. J’ai peu d’effort à faire pour la voir, la lumière n’est pas vraiment nécessaire. Des cheveux coupés courts encadrant des yeux lumineux, des pommettes hautes et sensuelles, une bouche mobile et toujours prête à sourire. Juliette. Elle porte une de ces tenues de camouflage zéro, qui absorbent pas mal de choses sauf l’harmonie de son corps et la grâce qu’elle dégage naturellement. Je suis épuisé, malade à vomir mes tripes, crotté et meurtri un peu partout. J’ai tout oublié, pays, honneur, famille. Il ne me reste que peu de choses à moi sur cette terre. La peau et les os. Mais chacun de mes os, chaque centimètre carré de cette peau qui ne vaut plus grand-chose ce soir, oui, la plus infime partie de mon être ne pourra jamais oublier l’amour de Juliette. Si je meurs sur la bande et que les petits affamés me grignotent jusqu’à ne rien laisser derrière eux, ils ne pourront pas effacer l’amour que je lui porte.

M


  
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z653z  Ecrire à z653z

2007-08-23 16:37:04 

 une fin "asiatique" ....Détails
.... ça faisait longtemps que j'attendais une fin comme celle-là, où justement la suite de l'histoire n'a pas d'importance.
Merci :)

Ce message a été lu 7521 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-08-23 18:15:31 

 Merci!Détails
...c'est exactement l'impression que je voulais rendre. C'est pour ça que je n'ai pas mentionné "fin" dans le titre car pour une fois, la fin importe peu.


M

Ce message a été lu 7229 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-08-31 19:58:59 

 Commentaire Maedhros, exercice n°20Détails
Ca commence très bien. Le Monde est structuré, cohérent, caricatural certes, mais au train où on va c’est presque un avenir possible. Masculin, bon, mais pas mysogyne, et j’aime le dépaysement. La présentation se finit sur cette phrase magique, incompréhensible à dessein et par là même terriblement exotique : «Les compresseurs empathiques utilisés par les routines psy sont de classe intermédiaire, pour garantir une meilleure induction des liaisons synaptiques ». La classe !
Au fait, c’est quoi un congé létal ?
Puis arrive le héros – et la guerre. Et même s’il y a tache et tâche, quelle que soit l’époque ou la civilisation, c’est toujours la même horreur routinière : la mort, la boue, la peur. La médiatisation donne une atrocité supplémentaire, que ne connaissait pas Shakespeare, je ne sais pas s’il faut le regretter...
Première déception, Juliette est dans le même camp. Ca, c’est pas romantique.
Au passage, « Dieu est un zappeur fou qui ne trouve pas le bon programme », c’est excellent.
Ils se retrouvent. Et c’est fini. Où est l’histoire ? Il manque un épisode ! Tu mets en place un supercontexte, tu fais monter la pression et pschhhh... le ballon se dégonfle... Je n’ai rien contre les asiatiques, je veux bien qu’on laisse des portes ouvertes, mais une nouvelle sans histoire... me laisse perplexe. Je respecte ton esprit novateur, mais je n’en vois pas l’intérêt quand l’innovation laisse le lecteur déçu et insatisfait. J’ai l’impression, étant donné la longueur du texte, d’une promesse non tenue...
Narwa Roquen, sans doute trop classique

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-01 09:44:44 

 Chapi et chapo sur un bateau...Détails
Je vois que la fin ne t'a pas convaincue. Alors, je t'en donne une possible :

- Romeo et Juliette appartiennent à deux castes différentes : Roméo vient d'une couche subalterne de la société babylonienne tandis que le père de Juliette est administrateur planétaire. Il est donc hors de question qu'il accepte le mariage de sa fille avec un...prolétaire.

- Grâce à son comportement durant la campagne, Romeo aurait pu ambitionner une place prestigieuse et ainsi épouser sa Juliette. Mais l'épisode malheureux juste avant la fin de la campagne a ruiné ces beaux projets.

- Juliette est enceinte de Roméo. Elle ne lui a rien dit car elle le sait depuis peu. Elle n'ignore rien de la situation et de l'implacable destin qui a piétiné leurs beaux rêves. Pourtant, elle a déjà pris sa décision, elle veut garder l'enfant.

- Roméo est parvenu à rejoindre le rendez-vous secret fixé par Juliette, sous l'arbre dans la savane. En la voyant, il comprend que tous leurs efforts seront vains et refuse de l'entrainer dans sa chute.

- Juliette lui avoue qu'elle attend un bébé de lui. Elle veut le garder coûte que coûte, même au prix de fuir sa famille et accepter de quitter sa vie confortable. Elle l'attendra.

- Roméo lui demande alors pourquoi elle a pris tous ces risques pour le sauver alors qu'elle va devoir durant au moins 20 ans vivre seule avec le bébé. Et ensuite, avoir comme perspective qu'une vie précaire.

-Alors Juliette lui fait son second aveu. Elle a passé un marché avec un major de l'audiovisuel et un scénario a été monté pour tenir en haleine et faire pleurer dans les chaumières.

"Juliette attire Roméo dans un guet-apens (tout est arrangé, il ne sera inquiété que pour maintenir le suspens) où elle sera là. Et, jouant la fille aristocratique déçue et égoïste. tandis qu'un sniper du camp adverse sera pré-positionné non loin.

Ils passeront la dernière nuit romantiquement mais aux premières lueurs de l'aube, à quelques instants de la fin officielle de la campagne, le sniper remplira sa triste besogne. "

-Juliette en pleurant dit enfin à Roméo qu'avec le prix qu'elle recevra en échange de ce deal infernal, elle pourra élever leur enfant à l'abri du besoin.

L'audimat de cet épisode va crever tous les plafonds. Juliette est riche, Roméo est mort.

Fade to grey....

M

PS: le congé létal c'est l'euthanasie des personnes âgées à un certain âge. Grâce à la guerre, certaines dates limite sont repoussées de quelques mois ou années....

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-09-03 19:08:32 

 Oui mais bon...Détails
D'un excès à l'autre... Là, c'est franchement compliqué... Le petit détail, à mon humble avis, qui mettrait un peu de panache dans tout ça, serait que Roméo trouve la possibilité de s'échapper, et qu'il y renonce, afin que son sacrifice permette à Juliette d'élever leur enfant... Mais globalement, il faudrait que ce soit très très bien écrit pour faire passer le goût de l'eau de rose... qui ne colle pas du tout avec l'atmosphère très dure...
Narwa Roquen,jamais contente, pénible...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-09-12 17:37:00 

 Exercice 20 : Maedhros => Commentaire histoire 3Détails
Il est d’une horreur rafraîchissante, l’exposé sur le mode objectif... Serait-ce la Terre vue par des extra-terrestres que tu décris ? Ils auraient alors la même découpe de temps que nous et seraient eux aussi des hominidés ? J’aurais voulu plus de détails ...
Le rôle répugnant des médias, qui transforment la guerre en une sorte de jeu vidéo est bien rendu.
Je développe moi aussi de jour en jour une haine et un mépris des médias, manipulateurs de masse, jouet des politiques, entretenant la bêtise humaine, la haine, les préjugés...
Le gouvernement semble spécialement dictatorial sur cette planète... J’ai bien aimé le passage de jargon qui fait bien sci-fi.
Le détail pittoresque des mines génétiques est lui aussi bienvenu. Le peu d’information permet de s’imaginer le pire.
Le soldat paraît relativement blasé, détaché...
La guerre est devenue un véritable spectacle dans ton histoire. Mais après tout, nous n’en sommes pas loin.
Je serais ton héros, je me demanderais si Juliette ne m’attend pas avec un flingue pour toucher la prime...
Tiens, Lamu, c’est pas une petite extra-terrestre avec un bikini imprimé tigre ? Je confonds ? (^_^)
Curieuse métaphore que celle de Dieu en zappeur fou, mais pourquoi pas.
La fin est sacrément ouverte et c’est un choix audacieux. Mais après tout, que Juliette attende ou son Roméo avec un flingue, il l'aimera toujours, non ?

Est', qui s'y remet avec entrain.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-12 18:55:31 

 Lamu toujours LamuDétails
je parfais ma connaissance car jusqu'à maintenant, Lamu était pour moi une ville du Kenya, avec un important héritage swahili. Mais, google est mon ami, je viens de découvrir que Lamu est effectivement l'héroïne d'un manga télévisé! A ma décharge, j'ai fait un Bac A...c'est dire!

Oui, pour répondre à ta 1ère question, j'avais imaginé que cette tranche de vie était un "docu" importé par une civilisation extra-terrestre mais humanoïde.



M

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