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De : Maedhros Date : Jeudi 29 novembre 2007 à 22:21:38 | ||
L'avant dernière partie...mais je serai en retard! Un peu débordé ces temps-ci! ____________ 56 minutes plus tard... Que lui chaut d’être prisonnier là-dedans ? Que lui importe d’entendre battre son coeur une folle chamade. Qu’importe qu’il ait oublié ses pilules? Que lui importe que tout aille au diable si elle n’est plus là ? Quand il a compris qu’elle était partie pour de bon, il a couru jusqu’à la plage, jusqu’aux grands manèges immobiles et a crié son nom, là où tout avait commencé. Mais l’océan s’est contenté d’effacer sans rien dire ses pas sur le sable encore et encore. Dans le ballet des vagues, le passé est revenu à la surface. L’époque où on l’appelait Swan. C’était un matin comme celui-là où, face au soleil levant, Swan avait regardé les autres...ceux qui avaient survécu à la longue traque nocturne. Quelque chose dans son regard avait changé. Une détermination nouvelle. Il aimait Mercy et tout était différent. Il quitta le gang. Lui et Mercy vécurent à Coney Island, près de la plage. Il aime toujours Mercy même si plus personne ne les appelle plus ainsi. D’ailleurs qui se souvient d’Ajax, de Cochise, de Snow? Il n’a pas téléphoné à son fils qui travaille à Chicago. Il n’a pas téléphoné à sa fille qui vit dans le sud. Non, ils ne peuvent l’aider. Comme un funambule, il a refait le voyage à l’envers. En chemin, il a croisé les fantômes de joueurs de base-ball qui agitaient vers lui leurs battes en grimaçant, mais ce n’était que le soleil qui jouait dans les branches de grands arbres. En traversant Central Park, il a cru entendre la voix de Cyrus qui s’adressait aux Electric Eliminators, aux Firetasters, aux Saracens et à toutes les autres bandes rassemblées là, mais ce n’était que le vent qui se moquait cruellement de lui. Elle ne l’a pas attendu. Elle n’était pas là. Alors, en désespoir de cause, il a poussé la porte d’un club et s’est accoudé au comptoir. Il a contemplé sans les voir les contorsions sensuelles de la danseuse exotique accrochée à une barre derrière les barreaux de sa cage suspendue, à travers l’ambre veloutée qui emplissait le verre. Mais ce n’était pas Mercy. Il a bu jusqu’au matin. Quand il est sorti, les immenses tours s’élançaient douloureusement vers les nuages. De là-haut, c’est sûr, il la verrait, où qu’elle soit. Sa vue était brouillée et sa langue pâteuse mais son corps n’avait pas oublié l’alcool...comme un vieil ami retrouvé après une longue absence. Il pénétra à la suite des autres dans l’ascenseur...et il est là, coincé comme eux, suspendu entre la terre et le ciel. Il ne fait pas attention aux autres. Il ne fait pas attention aux minutes qui s’égrènent. Il attend tout simplement. Durant une fraction de seconde, une sorte de flash lumineux inonde la cabine, accompagné d’un grondement rageur et trépidant. La capsule tangue vertigineusement, les bousculant comme des billes de billard, les uns sur les autres. Puis tout s’immobilise à nouveau. Il semble même que la veilleuse en soit sortie ragaillardie, une belle lumière chaude et claire se déverse à nouveau dans l’étroit habitacle. Comme une ampoule électrique en surtension. Une lumière un peu irréelle. William n’est pas mécontent de ce contre-temps. Ce qu’il devait dire à Claire l’a empêché de dormir la nuit dernière. Il s’est tourné et retourné sur son matelas, la fenêtre grande ouverte pour lutter contre la moiteur suffocante de cette nuit de septembre. Il tiendra bon, il ne peut en être autrement. Claire. Il sent sa main cramponnée à son avant-bras. Il sent son corps frémissant contre le sien. Elle est entrée dans son existence comme une voleuse. Elle a fracturé son intimité comme un cambrioleur crochète une serrure. Elle l’a piégé. Piégé et manipulé. Comme un collégien, il a cru à ses mensonges et à cet amour qui lui paraissait si lumineux. Il a été emporté dans un tourbillon émotionnel qu’il ne pouvait contrôler. Tout allait trop vite. Au début, il fut séduit et ébloui par cette grande fille volubile et téméraire, qui n’hésitait pas à l’attendre à la sortie des vestiaires, qui suivait l’équipe sous le prétexte fallacieux de couvrir le championnat universitaire pour le Spec. C’est vrai qu’elle était magnifique et terriblement valorisante. Ses copains clignaient de l’oeil en se poussant du coude quand ils la voyaient derrière le grillage, au bord du terrain d’entraînement. Elle le buvait des yeux. Les plaisanteries graveleuses ont circulé sous les douches et William prenait ça comme un jeune homme de dix-neuf ans qui se frottait les yeux en ne croyant pas à sa chance. Alors il a plongé et a cueilli la fleur qui s’ouvrait devant lui, la fleur et son fruit. La chair était tendre et sucrée, comme le miel de ses cheveux. Il l’a aimée. Cependant, à dix-neuf ans, on est forcément inconstant. Il a voulu gentiment lui faire comprendre que leur histoire avait été belle, qu’elle ferait un joli souvenir mais qu’elle était terminée. Claire ne faisait pas mine de comprendre, éludant les conversations gênantes, éclatant de rire en piquant un baiser sur ses lèvres pour le faire taire. William ne voulait pas la faire souffrir. Plus il aspirait à rompre, plus elle le serrait dans un cercle de plus en plus étroit, écartant ses amis un à un. Jusqu’au jour où, n’y tenant plus, il lui a parlé de manière directe, presque brutale. C’est ce jour qu’elle lui a fait peur. Il ne se souvient que de l’ambulance et des yeux étonnés du père de Claire, accouru en catastrophe. Il lui a maladroitement expliqué comment il l’avait retrouvée dans le bac de douche, les poignets tailladés avec une lame de rasoir. Et comment oublier Claire, assoupie, les poignets bandés, sous perfusion ? Elle ressemblait à un ange dans un décor blanc de paradis aseptisé. Comment oublier ce qu’elle lui a révélé à voix basse, pendant que son père était parti s’occuper des papiers pour le transfert dans une clinique acceptable ? Alors il lui a promis. Elle a souri aux anges, a tourné la tête et s’est endormie, rassurée. Mais elle lui a menti. Il n’y a pas de bébé. Il n’y a jamais eu de bébé. Aujourd’hui, sur le toit du monde, il lui dira que tout est fini, qu’il part dans l’ouest avant le début de l’année universitaire. Il est assuré d’être désigné quarter back d’une autre prestigieuse équipe. Là-haut, près des nuages, il la fera sûrement pleurer mais quand ils redescendront, ils iront chacun de leur côté. Il sera enfin libre. Mais pour l’heure, il remercie le ciel de ce retard. C’est si difficile de rompre une vie rêvée. M (1) Elle a acheté un escalier pour le paradis. Ce message a été lu 6325 fois | ||
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3 En attente - Elemmirë (Sam 1 dec 2007 à 12:51) |