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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 17 janvier 2008 à 19:03:46
Les enfants Chapman







« Mayday, mayday... ici Scarabée 27, vous m’entendez, La Régie ? Ceci est un appel de détresse ! Mayday... Propulseur en panne, tentons atterrissage d’urgence... La Régie ?
- ... oor...ées...
- Nos coordonnées sont... »
La phrase se perdit dans un fracas de branches cassées et de métal arraché. Les trois occupants du petit vaisseau se cramponnèrent à leurs sièges, la tête baissée, en position de sécurité. Le professeur Aimé Dulin pensa à sa précieuse collection de papillons, qui n’atteindrait jamais l’Institut des Sciences, son assistant Léonard Marchoton regretta le petit déjeuner qu’il n’avait pas eu le temps de prendre le matin même, et Boucheau, l’homme à tout faire, se concentra sur l’image de sa fiancée, la si douce Katia, qui venait d’accepter de l’épouser...
Le fracas se fit silence, les grésillements enfumés des instruments de bord à l’agonie cessèrent, le mouvement saccadé et terrifiant devint immobilité définitive. Boucheau ouvrit les yeux.
« Cool ! Je suis vivant ! Professeur ? Ca va ? »
Dulin se redressa aussi.
« Nom d’une queue de comète ! Nous avons eu de la chance ! Marchoton, rien de cassé ? »
L’assistant écarquilla les yeux.
« C’est incroyable, professeur, mais je vais bien ! Par contre la radio est morte, et quant au vaisseau...
- La cargaison ! Il faut absolument aller vérifier...
- Sauf vot’respect, professeur, mais ça serait mieux de sortir d’ici... Des fois que ça explose... »
Dulin rajusta ses petites lunettes rondes sur son nez.
« Au diable, Boucheau, pourquoi voulez-vous que ça... Bon, descendons, on verra ça plus tard. »
Les trois hommes s’extirpèrent tant bien que mal de la carcasse de l’appareil. Les arbres de l’immense forêt qui les entourait avaient, à grand frais de branches cassées, amorti leur chute, et le vaisseau s’était posé sur le ventre dans une petite clairière.
« Marchoton, est-ce que vous savez où nous sommes ?
- Dans la zone U22, professeur, mais à part ça...
- U22... C’est habité, ça ?
- Attendez, je consulte ma montre... Elle ne donne plus l’heure, mais l’encyclopédie fonctionne encore. U19... 20... Voilà ! « Zone recouverte d’une dense forêt tropicale ; peu explorée, apparemment inhabitée. Milieu inhospitalier...rafales de vent violent... champ magnétique erratique... Dernière expédition exploratrice en 2848. A noter, en 2852 le professeur Ernest Chapman survola la région avec cinq compagnons ; aucun n’est revenu. On suppose que leur vaisseau s’est écrasé, ou qu’ils ont été victimes de l’environnement hostile.
- Et il n’y a pas eu de recherches ?
- Ce n’est pas mentionné...
- Chapman... » reprit pensivement le professeur Dulin, « ce n’est pas cet espèce de fou qui savait à peine lire et écrire, mais qui était un génie en mathématiques ?
- Exactement, professeur. Il faisait toutes ses démonstrations à l’oral, et ses assistants s’arrachaient les cheveux pour les retranscrire, tant sa pensée était rapide et concise... On disait qu’il travaillait aussi vite qu’un ordinateur...
- Et il savait pas lire ? »
Boucheau était en extase.
« Il savait, mais très mal. Par contre il était supérieurement intelligent, et d’une audace incroyable.
- Ben ça ! C’est pharanimeux !
- Pharamineux, Boucheau. Encore que fantastique suffirait, ou fabuleux... bon, Marchoton, je suppose que nous avons quelques jours de vivres dans le vaisseau, mais je pense qu’il serait raisonnable de s’enquérir d’un point d’eau, si nous ne voulons pas finir comme ce pauvre Chapman. Après quoi vous regarderez si vous pouvez au moins réparer la radio. La cargaison est sous clef ?
- C'est-à-dire que... Nous sommes seuls, ici, professeur...
- Oui, mais on ne sait jamais. Fermez toutes les portes et ...
- Ce sont des fermetures magnétiques, professeur. Et ici, à cause du champ erratique...
- Oh, cette région commence déjà à me contrarier ! Bon, tant pis, en route. »
Ils s’apprêtaient à pénétrer sous la frondaison luxuriante quand une vingtaine d’hommes et de femmes entièrement nus émergèrent des bois. Ils étaient bruns, plutôt petits, musclés, la peau mate bronzée par le soleil... et nus !
« Enfer et damnation », grommela le professeur en serrant sa sacoche sous son bras, « qu’est-ce que c’est que ça ?
- On dirait bien des autochtones, professeur. Mais regardez, ils sont sans arme, c’est déjà ça...
- Humf ! Timeo Danaos... J’espère que vous avez raison, Marchoton. »
Le professeur fit un pas en avant et leva la main droite en guise de salut.
« Bonjour ! Je suis le professeur Aimé Dulin, de l’Institut des Sciences de La Régie. Nous venons en amis. Nous avons dû nous poser en urgence... »
Les indigènes échangèrent un regard joyeux, puis se mirent à crier, à danser, à se congratuler mutuellement. Un homme se détacha du groupe, et s’arrêtant devant eux, regarda fixement le professeur. Celui-ci se frotta le front, gêné par une douleur subite. L’homme secoua la tête d’un air désolé.
« Yageu inn ? Egi abi vou inn ? Abi nou ci oui »
Il montra la forêt d’un geste ample avant d’ajouter :
« I’age prè oui. A boi inn ? »
Dulin regarda Marchoton, aussi désemparé que lui.
« Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? La sonorité ressemble à notre langue, mais je ne comprends rien... J’ai cru reconnaître un « oui »...
- A moins que ce ne soit « wi », professeur, ou « wee », ou « whi »...
A leur grande surprise, Boucheau passa devant eux et répondit :
« A boi, oui ! Yageu nou loin loin La Régie oui.
- Noin noin Egie inn ?
- La Régie, oui ! Et gentils, anti nou oui !
- Anti, anti, chanchan pa !
- Pa, pa, anti oui !
- I’age ‘ba..., euné, euné, à boi, oui !. »
L’homme leur fit signe de les suivre, et ils lui emboîtèrent le pas, entourés par la petite bande qui chuchotait et gloussait, effleurant parfois leurs habits d’un doigt curieux.
« Boucheau ! Vous pouvez m’expliquer ? Où avez-vous appris cette langue ?
-Ben, ça m’a fait penser à comment parle Tessie, la fille de Katia, qui a deux ans. « A boi », vous savez, elle dit ça pour « à boire », « anti » pour « gentil », et puis souvent il y a qu’un morceau du mot. En plus, eux, ils disent « oui » à la fin quand c’est une phrase... qui dit pas non, quoi.
- Une affirmation, une assertion ?
- Ben ouais, sans doute...
- Et pour une question c’est « inne », on dirait un peu « hein »... et pour dire « ne pas » c’est « pa », Tessie fait pareil......
- Vous m’impressionnez, Boucheau. Ces gens auraient donc un langage issu de notre langue, mais totalement déformé... Comme c’est étrange...
- Et tout à fait passionnant, professeur !
- Vous avez raison, Marchoton ; Si jamais nous réussissons un jour à regagner La Régie, je nous prédis un franc succès ! »



Le village indigène était situé au bord d’un lac alimenté par une somptueuse cascade bordée d’immenses fleurs d’un rouge flamboyant. L’eau du lac était tellement transparente qu’on pouvait voir se glisser, entre les jambes des enfants rieurs, des myriades de poissons multicolores. Les voyageurs furent abreuvés d’eau fraîche, et on leur proposa toutes sortes de fruits inconnus, à la chair tendre et sucrée. Certains ressemblaient à des pastèques, d’autres à des mangues. Boucheau enfournait l’un après l’autre de petits citrons verts, que trois villageois lui épluchaient au fur et à mesure avec des signes clairs d’approbation.
« Vous devriez goûter, professeur, ce n’est pas acide du tout... C’est parfumé...On se croirait au paradis...
- Merci, Boucheau, mais j’ai horreur des agrumes. »
Autour d’eux le village avaient repris sa vie normale, les enfants jouant dans l’eau ou courant après des chèvres en liberté, les femmes faisant mijoter la soupe devant l’entrée de leur case, les hommes lavant le linge près de la cascade ou fabriquant des outils dans une pierre blanche brillante. Le professeur et Marchoton portèrent plusieurs fois la main à leur front, comme pour chasser d’invisibles insectes ; mais quand ils se tournèrent vers Boucheau, ils le virent figé dans une pâleur immobile, la bouche ouverte d’étonnement, puis partant d’un grand éclat de rire. Redevenu sérieux, il fixa l’un des hommes, en silence, et celui-ci se mit à rire à son tour en lui donnant de grandes claques dans le dos, ce qui sembla réjouir fortement Boucheau.
Exaspéré par ce manège, le professeur l’invectiva.
« Enfin, Boucheau, qu’est-ce que c’est que ce cirque ?
- Mais, professeur, vous n’entendez rien ?
- ???
- Une voix, dans votre tête ! Ils peuvent vous envoyer des voix dans la tête, et là ils parlent comme nous ! Et nous on peut leur répondre. Le type, là, je viens de lui dire que je m’appelais Boucheau, que j’étais fiancé et que j’allais bientôt me...
- Ca va, Boucheau, ça va... Je n’ai rien entendu du tout. J’ai été attaqué par une nuée de moustiques, qui m’on piqué sauvagement sur le front !
- Sauf que votre front est intact, professeur, et probablement le mien aussi, et que nous ne les avons pas vus, ces moustiques. C’était peut-être un effet de leur télépathie, que nous n’arrivons pas à capter...
- Mais pourquoi Boucheau y arrive, lui ?
- Je ne sais pas, professeur. Mais c’est une grande chance pour nous tous.
- Certes, certes. Eh bien parfait alors, puisque vous semblez doué pour ça, communiquez, Boucheau, communiquez... »
Boucheau et son vis-à-vis, qui se révéla s’appeler Barthélémy, engagèrent alors une grande conversation silencieuse, qui au vu de leurs mimiques et de celles des deux autres hommes, semblait extrêmement animée. A un certain moment, une surprise émerveillée éclaira les traits de Boucheau qui lâcha malgré lui :
« Ah ben ça alors ! »
Et comme pour confirmer ses dires, Barthélémy, toujours assis les jambes en tailleur, s’éleva lentement au dessus du sol, puis décroisa les jambes, vola jusqu’à la cascade, puis revint en planant et se posa doucement près des voyageurs stupéfaits.
« Marchoton, dites-moi que je rêve !
- Vous ne rêvez pas, professeur. Ces hommes parlent comme des enfants de deux ans, mais ils sont télépathes et ils peuvent voler – probablement par leurs pouvoirs psychiques.
- Mais bien sûr, Marchoton, et moi je suis le Président du Concile Intergalactique ! Ils nous ont drogués, oui, et toutes nos perceptions sont distordues ! »
Les trois indigènes semblèrent s’attrister de ces propos véhéments. Barthélémy le prit par le bras et lui fit signe de se lever.
«’ Bou, ‘bou, euné oui ! Févoi otos févoi oui !
- Qu’est-ce qu’il dit ?
- Suivez-le, professeur. Il veut vous montrer des photos. »
En soupirant, Dulin se leva. Il s’étonna de ne ressentir aucune sensation ébrieuse. Cette drogue était décidément aussi étrange que ceux qui l’employaient.
Dans une case en bambou au centre du village se tenait ce qu’on aurait, en pays civilisé, appelé un musée. A même le sol mais disposés avec goût, se trouvaient des débris d’aéronef, d’anciens instruments de bord vieux d’au moins deux siècles, des habits vieillots mais manifestement d’origine régienne, exposés sur des mannequins en osier, et enfin sur une table tout au fond, une pile de documents divers et une collection de photos aux couleurs passées ; six personnes, trois hommes et trois femmes, avaient été immortalisées par l’objectif, devant un vaisseau, dans un laboratoire, autour d’une table de fête, un verre à la main...
Marchoton examina le tas de papiers adjacent. Quelques livres, des cartes de navigation aérienne, des passeports...
« Professeur, regardez ! Il n’y a pas de doute ! Ces six personnes, c’est l’expédition Chapman ! Tenez, voilà le passeport d’Aloÿs Chapman, celui de son assistante Gloria Mankiewicz... et puis Aluyana Vindou, professeur de philosophie, Patan Yappoursiva, maître en méditation transcendantale, Ellis Brown, journaliste, et Seng-Phong Li, moine bouddhiste. Diable, que du beau monde !
- Vous voulez dire que... »
Boucheau fit signe au professeur de se taire et se concentra pour écouter Barthélémy. Puis il rapporta sa pensée.
« Ces gens sont tombés du ciel dans leur machine. Ils ne pouvaient plus repartir. Ce sont eux les ancêtres de cette population, qui se nomme elle-même le Peuple Sage. Les ancêtres parlaient comme nous, et ne savaient pas voler. D’abord ils ont découvert qu’ils pouvaient communiquer par la pensée ; puis, de génération en génération, la sagesse et les pouvoirs sont devenus plus forts... »
Aimé Dulin fut pris d’un vertige et chancela jusqu’à la porte de la case. Il se laissa choir dans l’herbe, comme assommé par ces étranges révélations. Lentement, il porta la main à sa tête.
« Nom de Dieu ! » murmura-t-il.
« Forcez-vous à manger quelques citrons, professeur, et vous aussi, monsieur Marchoton. Barthélémy vient de me dire que... en gros, ça aide à entendre... »
Les deux hommes s’exécutèrent, Dulin un peu à contrecoeur, quoiqu’il fût bien obligé d’admettre qu’ils avaient bon goût. Au cinquième fruit, Marchoton sursauta et s’adressa à l’un des hommes.
« Assyrius ? Vous vous appelez Assyrius ? »
L’homme éclata de rire et se remit à le fixer.
« Doucement, doucement... Je débute ! »
Quelques instants plus tard ce fut l’éminent professeur qui s’exclama :
« Et vous c’est Dennis ! Saperlipopette ! Je ne sais pas ce qu’est cette drogue, mais c’est... pharamineux, comme dirait Boucheau ! »



Leurs hôtes allumèrent des feux avant que la nuit ne tombe, et les convièrent au repas du soir. Le ragoût ne ressemblait en rien aux mets dont ils avaient l’habitude, mais il était excellent et ils lui firent honneur. Après le dîner, alors qu’ils sirotaient une tisane au parfum exquis, Barthélémy prit la parole en silence.
« Nous allons vous raconter notre histoire. Nos ancêtres n’avaient rien pour écrire, et aucune machine ne pouvait fonctionner ici. Ils ont donc transmis leur mémoire à leurs enfants, et ceux-ci ont fait de même. Tous nos enfants connaissent ce long récit par coeur. Nos parents nous ont toujours dit qu’un jour, une de ces machines volantes que nous voyons passer dans le ciel s’arrêterait, et que nous rencontrerions des hommes comme nous, venus d’un autre endroit de la planète, peut-être même de la ville dont était originaire le professeur Chapman... La Régie ! Vous voyez, ils avaient raison ! »
Les orateurs se relayèrent pour raconter l’histoire de ce peuple vivant en milieu clos depuis deux cents ans. Privés de toute technologie mais aidés par un environnement favorable et par leurs connaissances propres, les ancêtres avaient développé leurs pouvoirs psychiques, en particulier grâce à la méditation. Ils étaient tous supérieurement intelligents, et malgré la consanguinité, cette caractéristique perdura dans toute la population. Par contre, le professeur Chapman était atteint d’un trouble grave du langage, pour lequel il avait longuement été rééduqué pendant son enfance, ce qui lui avait permis de s’exprimer normalement, même si la lecture et l’écriture lui restaient très difficiles. Ce caractère aussi se transmit à toute la descendance, et si la compréhension du langage pensé n’en était pas affectée, l’expression verbale restait celle de très jeunes enfants. Cela était sans conséquence relationnelle, puisque les enfants devenaient télépathes entre deux et trois ans.
« Nom d’un petit bonhomme ! », s’exclama Dulin, pour qui la transmission de pensée n’était vraiment pas naturelle.
« Et vous n’avez jamais cherché à partir d’ici ? », demanda Marchoton.
« Pourquoi faire ? Nous sommes contents d’avoir rencontré d’autres humains, mais nous sommes heureux ici. La nature est généreuse, nous ne manquons de rien, chaque membre de notre village a son rôle et sa place. Nos parents nous ont raconté comment vivaient nos ancêtres à La Régie - la technologie, certes, mais aussi les passions, le pouvoir, l’argent, le mensonge, la violence... Nous ne connaissons rien de tout cela. Nous vivons en accord avec le Grand Tout. Chacun de nous sait qu’il a le pouvoir et le droit de partir s’il le désire ; mais à ce jour, personne ne l’a fait.
- Ce qui veut dire que si par miracle nous pouvions rentrer chez nous, vous ne souhaiteriez pas que nous racontions notre rencontre ?
- C’est exactement cela, professeur.
- Mais... Je suis sûr que la communauté scientifique...
- ...aimerait nous examiner comme des bêtes curieuses, oui, sans aucun doute. Vous auriez peut-être quelque chose à y gagner... Mais nous aurions tout à y perdre.
- Ils ont parfaitement raison, professeur », intervint Marchoton. « Pour ma part je m’engage solennellement, si jamais je devais revoir La Régie, à ne jamais rien révéler de votre existence.
- Et moi aussi ! » s’écria Boucheau, et son cri venu du coeur résonna dans le silence. « Par contre », reprit-il en pensée, « est-ce que... c’est peut-être trop vous demander mais... Qu’est-ce que j’aimerais vivre ici avec Katia et Tessie ! »
A la lueur du feu, les joues de l’homme à tout faire s’empourprèrent d’une émotion sincère.
« Si tu vis comme nous et que tu te conformes à nos lois, nous t’accueillerons. Ici, il n’y a pas de propriété. Nous partageons tout. Nous élevons nos enfants tous ensemble. Les couples sont libres de vivre ensemble et de se séparer selon leur bon plaisir. Certains vivent seuls, d’autres à trois ou plus, du même sexe ou pas. Nous ne connaissons pas la jalousie. Nous cherchons à rendre heureux ceux que nous chérissons, mais jamais à les enfermer. Ici, personne n’appartient à personne. Est-ce que tu es prêt pour une telle vie ?
- Je ne sais pas... Et puis il faut que j’en parle à Katia. Mais, vous savez, elle est tellement gentille...
- Arrêtez de rêver, Boucheau. Notre vaisseau est en miettes. Nous ne partirons jamais d’ici.
- Pas ce soir, en tout cas, professeur. Il est tard et nos enfants doivent dormir. Mais demain...
- Vous... Vous avez un vaisseau ? Vous avez une radio ? Nous pouvons appeler des secours ?
- Bonne nuit, hommes de la Régie. Assyrius va vous mener à votre case. Ce jour a assez duré, et demain le soleil se lèvera. »



Le lendemain, les trois hommes déjeunèrent de fruits (sans oublier les citrons) et de lait de chèvre, puis ils se baignèrent longuement dans le lac. Ils finissaient de se sécher au soleil quand Barthélémy vint les chercher. Suivi par le village au grand complet, il les ramena à la clairière où ils avaient atterri. Quelle ne fut pas leur surprise de constater que la carlingue du vaisseau avait été réparée, et sans aucune soudure visible !
Les indigènes souriaient de toutes leurs dents.
« La technologie ne fait pas tout. L’esprit a des pouvoirs que vous ne soupçonnez même pas... »
Comme les trois hommes, médusés et admiratifs, ne trouvaient rien à penser, Barthélémy reprit :
« Vous pouvez monter à bord. Nous allons vous soulever et vous mener à un endroit où le champ magnétique aura disparu ; normalement vous n’aurez qu’à rallumer votre machine pour rentrer chez vous. »
Le vaisseau s’éleva lentement à la verticale, porté par une dizaine d’hommes et de femmes qui voletaient doucement tout autour ; des enfants faisaient une ronde joyeuse en agitant leurs petites mains en signe d’au revoir. Les trois hommes, assis sur leurs sièges, n’avaient même pas pensé à attacher leur ceinture. La forêt rapetissa sous eux, puis ne fut plus qu’une tache sombre loin derrière. A l’unisson, ils s’écrièrent tous trois :
« Il faut allumer le propulseur ! »
Et comme s’il sortait juste du hangar après une révision complète, le vaisseau se mit à ronronner sagement, les instruments de bord affichèrent les données habituelles et l’engin prit de la vitesse...
Quand les grandes tours de La Régie se profilèrent à l’horizon, le professeur Dulin rompit enfin le silence.
« Marchoton... Boucheau... Nous n’avons pas rêvé, n’est-ce pas ?
- Non...
- Non, professeur...
- Merci, mes amis. C’est bien ce que je pensais aussi. »
Narwa Roquen,qui a réussi à finir son texte avant deux heures du matin, sans café, mais avec une quantité non négligeable de chocolat ( noir-noisettes)


  
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3 Exercice 29 : Narwa => Commentaire - Estellanara (Mar 19 fev 2008 à 16:07)
3 Ticket to Ride... - Maedhros (Mer 23 jan 2008 à 18:21)
       4 Inconscient, quand tu nous tiens... - Narwa Roquen (Mer 23 jan 2008 à 19:40)
3 :) - Elemmirë (Ven 18 jan 2008 à 13:34)


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