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De : Maedhros Date : Samedi 22 mars 2008 à 20:24:48 | ||
Miroir et initiation. Est-ce que l’herbe est plus verte de l’autre côté du mur? Ne t’étonne pas si j’ai fait une lecture très lacanienne de cette histoire. Tu sais, le fameux stade du miroir! Mais il ne fallait pas agiter devant moi justement un miroir! Tu n’ignores pas que c’est comme un chiffon rouge agité devant un taureau ! Donc, attache ta ceinture et accroche-toi bien ! Ce récit décrit un passage, le passage d’un état à un autre, une sorte de sublimation, avec ce qui est au-dessus de la surface et ce qui est en-dessous. Au-dessus, il y a le soleil, la ferme bien tranquille, une quiétude qu’on imagine indolente, hors du temps, extérieure au monde, juste en marge. Il y a une petite fille qui écrit à sa grand-mère et qui ne s’étonne pas d’être une sorcière avec des talents qu’elle domestique... C'est la description d'un rite du passage... Ca, c'est la face visible, l’image bien lisse renvoyée par le miroir quand il est à l’endroit, une forme de surnaturel apprivoisé, policé et éduqué. C’est une magie blanche et bienveillante, un peu « Ségolène » quelques fois, mais bon... je n’irai pas jusqu’à la magitude, c’est promis! A bien y voir, il n'y a nul danger, juste une illusion, un jeu sous surveillance. Et puis, il y a ce qui se cache sous la surface. Je préfère de loin ces ombres qui évoluent sous l’eau, cette ivresse de la transgression, la sensation d'un nouveau sang, ces envies centrifuges qui rompent l'ordre douillet du cercle familial. La petite fille étend son champ de perception au-delà de l’univers enfantin où elle a grandi jusque là. Elle veut voir ce qu’il y a derrière ce mur et refuse de se contenter du champ de grives, elle en veut plus. L’image du linge humide est à cet titre édifiant, comme cette envie de voir le démon, n’est-ce pas suavement pervers? J’ai cherché un petit moment pour trouver la signification de ce corbeau et de ce champ d’arbres à bonbons. Savais-tu que le corbeau, autrefois oiseau blanc, devint noir parce qu’il avait mal surveillé une princesse aimée d’Apollon qui en profita pour tromper le dieu. Celui-ci jaloux la tua et maudit le corbeau. Et qui accorde plus de douceurs, les si tentants fruits du péché, que le démon? Et la boucle est bouclée car le miroir est cet instrument qui saisit le moment ou l'état durant lequel l'enfant devient adolescente. C'est l'image moins nette renvoyée à l'envers par le miroir, où à trop y regarder, on risque de voir sourire le diable. Je t’avais promis une analyse au plus près du corps. M In girum imus nocte et consumimur igni Ce message a été lu 6411 fois | ||