| ||
De : Maedhros Date : Dimanche 23 mars 2008 à 12:49:36 | ||
White trash... bon sang, c’est une histoire, que dis-je, c’est un reportage caméra à l’épaule qui dissèque au laser et sans anesthésie une cellule familiale gangrenée. Il y a d’abord le pire visage de la famille recomposée : une mère dominée, un beau-père alcolo, brutal et bestial , un fils à l’image du père et cette jeune fille paumée. C’est la misère morale et sociale qui est déballée sous nos yeux, avec toute cette désespérance qui annihile la moindre velléité positive. L’histoire ne se met pas en perspective et il n’existe aucune piste pour déterminer les différents parcours. C’est une « tranche de vie » qui n’offre aucun espoir de salut. Bon, il est vrai que c’est un journal tenu par une adolescente qui perd ses repères, et aligne les TS comme d’autres les timbres poste. Elle broie tellement du noir que, finalement, elle parvient à en projeter en dehors d’elle, le rendant consistant et le pliant inconsciemment à ses désirs. Ce qu’elle écrit est donc peut-être beaucoup plus glauque que ce qu’elle vit réellement. En fait, elle tourne en rond au fond de sa propre dépression, jusqu’à la schizophrénie qui se déclare quand se déchire le seul lien qui la maintenait au-dessus de la ligne, son amie Gaelle meurt. La caméra est forcément subjective, crue, sans fard. C’est une terrible description d’une âme perdue, d’une enfance perdue : no future. Cette créature noire, si on écarte le symptôme schizophrénique clairement identifiable sur un plan strictement clinique, est une force que la jeune fille expulse inconsciemment pour en faire cet allié qui lui a toujours manqué, ce soutien et ce défenseur qui lui a tant fait défaut. D’après ce qu’elle ressent, elle est entourée au mieux d’étrangers au pire d’ennemis qui ne la comprennent pas mais qui la jugent sans relâche. Or, cette mystérieuse ombre noire ne parle pas, ne la condamne pas et semble la comprendre au contraire. J’aime bien la façon dont elle l’invite à la fin à s’élever mais le fait qu’elle ait tué l’affreux beau-père affaiblit la scène finale. Elle n’ouvre pas vraiment vers une possibilité de salut fantastique mais accrédite l’hypothèse que cette force noire n’est que le néant qui, après avoir frappé, l’attend en paiement du prix du sang. Sur la forme, le style colle au contexte et aux sentiments qui animent la jeune fille, proche du langage ordinaire, avec des griffes et des crocs. Il n’y pas vraiment d’échange, aucune réponse. Mais cela renforce l’impression d’enfermement. Oui, tu as écrit là avec une plume acérée qui ne laisse pas de place à la moindre trace d'éclaircie. M Ce message a été lu 6758 fois | ||
Réponses à ce message : |
4 Explications : attention spoiler (bis) - Estellanara (Dim 23 mar 2008 à 21:23) 5 Réponse au spoiler bis - Maedhros (Lun 24 mar 2008 à 15:28) 6 Distanciation - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:13) 6 Mon impression sur ton texte - Elemmirë (Lun 24 mar 2008 à 20:08) 7 Distanciation 2 - Estellanara (Jeu 27 mar 2008 à 17:28) |