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De : Estellanara  Ecrire à Estellanara
Page web : http://estellanara.deviantart.com/
Date : Dimanche 13 juillet 2008 à 13:01:16
Un ptit texte à deux balles, juste pour le plaisir de participer...
Edit suite à remarques Narwa.
Edit suite à remarques Maedhros.

Le sourire du plumpy



« ...nous sommes le 2 mai 2069 et vous écoutez Radio Wilmington. La météo nous annonce une nouvelle vague de chaleur pour le restant de la semaine. Pensez à boire beaucoup d’eau et à vous couvrir la tête ! Tout de suite une page de publicité... »

Célestine Foster, née Cornille, versa un peu de lait dans sa faïence rose et se resservit du thé. Elle s’appuya au buffet et sirota sa boisson, profitant du calme matinal. Mrs Foster était une élégante vieille dame de soixante et onze ans, mince et soignée. Elle portait un tailleur parme et des pantoufles à talons, avec un pompon de fourrure synthétique sur le dessus. Ses cheveux d'un gris argenté étaient relevés en un chignon lâche, mettant en valeur un visage délicat. Elle habitait un petit pavillon de banlieue propret, décoré d'une profusion d'assiettes de porcelaine et de coussins de dentelle. Dans un coin du salon, trônait un vélo elliptique rutilant. Une odeur de lavande et de muffins planait en permanence dans la maison.

Un mouvement à l'extérieur attira son attention et Mrs Foster s'approcha de la fenêtre. Une jeune fille remontait le trottoir, ses énormes bourrelets moulés dans une combinaison de latex jaune transparent. Célestine dit d’une voix pincée :
« Ah, voici Miss Moore qui prend le frais. Sa mise est d'une révoltante vulgarité, comme toujours. De mon temps, une femme ne serait jamais sortie dans une tenue pareille... Qu'en penses-tu, Jack chéri ? »
Elle se tourna vers le portrait d'un homme roux, portant une grosse moustache. Interprétant son immobilité comme de l'approbation, elle sourit. Un gros chat gris traversa la cuisine et se frotta contre ses jambes en roucoulant. Mrs Foster lui flatta la tête :
« Bonjour, bonjour, Bruce. Tu as passé une bonne nuit ? »

Elle vida sa tasse de thé en prêtant une oreille distraite à la radio, qui continuait à bourdonner de la publicité. La voix, exagérément enthousiaste, déclarait :
« ...sur T-422, la nouvelle planète de l'empire terrestre, où ils étaient la seule espèce animale ! Ces adorables créatures raviront votre famille. Les plumpys sont végétariens et incroyablement doux ! Il en existe de toutes les couleurs, des verts, des roses, des tachetés... C'est le nouvel animal de compagnie à la mode ! Adoptez vite un plumpy ! Profitez du tout premier chargement de cocons. Le prochain n'arrivera pas avant un an ! Achetez aussi notre aliment spécial pour garder votre plumpy en bonne santé. »

Mrs Foster coupa le poste de radio, rinça sa tasse et se dirigea vers le salon. Sur la table basse trônait une grande cage de plastique. Bruce sauta sur un fauteuil et jeta un air mauvais au contenu de la cage. La vieille dame avait dû enfermer le plumpy par crainte du chat, volontiers jaloux. Elle appela doucement :
« Doudou ? Doudou ? »
Un petit fredonnement monta du fond de la boite et le plumpy apparut entre les barreaux. Il avançait très lentement sur six minuscules pattes rondes. Son corps était ovale, un peu aplati sur le dessus, sans véritable tête ni appendice caudal. L’animal n’était pas plus gros qu’un chat. Il possédait une large bouche bordée de petites dents arrondies et trois grands yeux attendrissants, aux longs cils. Sa peau était nue et lisse comme le caoutchouc d'une balle rebondissante, bleue avec de fines zébrures oranges. Les plumpys pouvaient se déformer, devenir tout rond ou au contraire s'allonger légèrement, ce qui amusait les enfants.

Depuis leur mise en vente quinze jours auparavant, ils étaient devenus les chouchous des bambins du monde entier grâce à une campagne de publicité aussi gigantesque qu'efficace. Si on n'achetait pas un plumpy à son fiston, on était désormais un parent indigne. Doudou était le cadeau d'anniversaire de Wendy, la petite-fille de Célestine. La vieille dame désapprouvait tout ce battage médiatique mais elle avait cédé aux suppliques de l'enfant. Craignant une pénurie de plumpys, elle avait acheté Doudou une semaine avant et le gardait chez elle car Wendy était en vacances chez sa tante dans le New Jersey. Elle comptait lui apporter à son retour, cette après-midi, pour lui faire la surprise.

Mrs Foster ouvrit une boite de mélange spécial plumpy et prépara une gamelle. Doudou l'avait un peu inquiétée ces derniers jours car il s'était mis à enfler bizarrement sous la bouche. Mais comme il avait l'air en pleine forme et manifestait un appétit féroce, cela ne devait pas être bien grave. Elle souleva la gamelle et susurra :
« Il a faim, le Doudou ? »
La bouche du plumpy s'ouvrit sur un sourire carnassier. Les mignonnes petites dents rondes avaient disparu, laissant la place à des crocs acérés, longs de six bons centimètres. Mrs Foster, tétanisée d'horreur, laissa échapper la gamelle qui roula sur le tapis rose. Bruce se hérissa et poussa un feulement rauque avant de s'enfuir. La vieille dame recula lentement, les mains tremblantes, et chevrota :
« Gentil, Doudou... »

Doudou avança sur ses petites pattes et fit claquer sa mâchoire. Il s'attaqua aux barreaux de sa cage, s'acharnant sur le plastique. En quelques secondes, il eut dévoré la paroi. Gagnant le bord de la table, il se laissa tomber sur le tapis où il atterrit mollement. Mrs Foster l'avait regardé faire avec une fascination morbide, hypnotisée par l'affreux spectacle. Le plumpy se tortilla et ses six pattes se rétractèrent dans son corps. Il se gonfla alors avec un répugnant bruit de baudruche et commença de rouler vers la vieille dame. Celle-ci émit un cri strident et, cédant brusquement à la panique, se rua dans le couloir. Au passage, elle saisit son sac à main, un grand fourre-tout en imitation serpent. Sans regarder derrière elle, elle s'engouffra dans les toilettes et verrouilla la porte. S’asseyant sur l’abattant, elle reprit son souffle.

Qu'était-il arrivé à Doudou ? Comment des crocs avaient-ils pu soudainement lui pousser ? Quelle était donc cette abomination qu'elle avait failli offrir à sa petite fille ? Et que faire à présent ? Un grincement sinistre se fit entendre : le plumpy attaquait la porte des toilettes. Mrs Foster fouilla fébrilement son sac, à la recherche de son arme. Elle s'était en effet récemment offert un pistolet pour dame à crosse de nacre. Au milieu d'un fouillis de produits de maquillage, de médicaments et de mouchoirs brodés, elle finit par dénicher l'objet. Le bois craquait sous les assauts de Doudou et la porte ne tarderait plus à céder. La créature avait percé un trou et l'agrandissait méthodiquement. Mrs Foster apercevait sa peau bleutée.

Tremblante, elle ôta le cran de sûreté, visa soigneusement et tira sur le plumpy. Celui-ci poussa un glapissement aiguë et fut projeté en arrière. Célestine bondit hors des toilettes, traversa la cuisine et sortit dans le jardin. Elle n'était pas sûre d'avoir tué le petit monstre et préférait mettre un peu de distance entre elle et lui...

---------

A trois rues de là, Sean achevait ses céréales devant l'écran virtuel de son ordinateur.
Le jeune homme était grand et dégingandé, avec des oreilles décollées, une longue tignasse bouclée et un démon stylisé tatoué sur le bras gauche. Il portait un jean déchiré, des chaussures à plate-forme bardées de chaînes et un t-shirt noir à l'effigie d'un groupe de hard rock du début du siècle. Dans la chambre mansardée aux murs couverts de posters, résonnaient les accords de Within temptation, sur une platine CD d'époque.

Sean consultait un forum sur le web et ce qu'il y lisait lui faisait froncer les sourcils. Il s'était bien douté que l'introduction sur Terre d'une espèce comme les plumpys n'était pas une très bonne idée mais de là à ce qu'ils tuent des gens ! Il y avait eu quelques accidents isolés la semaine d'avant mais le site signalait une forte recrudescence des attaques depuis la veille. Mais, au fait, Mrs Foster n'en avait-elle pas un chez elle ? Saisi d'un sombre pressentiment, le jeune homme se leva et dévala les escaliers. Il s'arrêta devant un râtelier plein à craquer et saisit un fusil à pompe. Traversant la maison à grandes enjambées, il cria :
« Je t'ai emprunté un flingue, John. Dis à M'man que je sors ! »
Le troisième époux de sa mère, affalé devant la Tridi avec une canette de Bud, grogna un vague assentiment.

Sean traversa le quartier. Son inquiétude lui semblait vaguement ridicule mais l'expérience montrait que, parano, on vivait plus longtemps. Au sortir du parc, il se figea brusquement. Une grosse femme en combinaison jaune gisait sur le bitume, face contre terre. Après une bonne minute d'hésitation, le jeune homme s'avança doucement, le coeur battant. Il contourna le corps. Un trou béant s'ouvrait dans le flanc de l'obèse, comme si un animal vorace avait pris une grosse bouchée et laissé le reste. Le sang avait giclé un peu partout. La bile envahit la bouche de Sean et ses céréales ne tardèrent pas à se retrouver sur le trottoir.
« Holy shit !!" jura-t-il "Qu'est-ce que c'est que ce fucking truc ?! »

Il jeta des regards angoissés autour de lui mais la rue était déserte. Serrant le fusil, il se mit à courir. Parvenu chez Mrs Foster, il sauta la petite barrière blanche et enjamba les massifs de tulipes. Au même moment, la vieille dame déboula dans le jardin, l'air affolé, un plumpy aux trousses. La bestiole saignait abondamment mais cela ne la ralentissait que peu. Sean s'interposa. Oubliant dans le feu de l'action l'existence du fusil à pompe, il décocha un grand coup de New rock dans la mâchoire de la bête. Celle-ci couina lamentablement et tomba sur le flanc. Sean la bourra de coups de pieds en beuglant :
« Ramasse ça, dickhead ! Tiens, saloperie ! Motherfucking alien ! »

Quand il s'arrêta enfin, hors d'haleine, il ne restait de la créature qu'une bouillie sanguinolente violette. Il se tourna vers Célestine et lui fit un petit signe de la main :
« -Salut, l'ancêtre.
- Salut, gamin. Merci pour le coup de main. »
Ils se firent la bise puis le jeune homme reprit :
« - Mais qu'est-ce que c’est que ce bordel ?
- Aucune idée. Je donnais à manger à Doudou quand des dents terrifiantes lui sont soudainement poussées et qu'il est devenu fou furieux.
- Doudou ? »
Sean jeta un coup d’oeil au magma étalé sur la pelouse.
« -Y en a un qui a bouffé la grosse.
- Miss Moore ?
- Ouais. Je crois que tous les plumpys ont pété les câbles. Je t’expliquerai plus tard.
- Oh lala, quand je songe à mes enfants ! Tous leurs voisins dans l’immeuble avaient une de ces horribles bêtes. Je vais les appeler. »

Elle rentra dans la cuisine et décrocha le Fibrocom. Avant même qu’elle ait annoncé le code, une voix synthétique lui déclara sur un ton guilleret :
« En raison d’un trop grand nombre d’appels, notre réseau est saturé. Veuillez renouveler votre demande. »
Mrs Foster raccrocha sèchement :
« - Ca ne marche pas. Il faut que j’y aille. Tu veux bien m’accompagner, gamin ? Je serai plus tranquille.
- Ca roule !
- Laisse-moi juste le temps de passer mes Nike. »
Célestine s’esquiva. Sean ouvrit le frigo et en sortit une bière. Voilà qui lui donnerait du courage ! Il emporta sa trouvaille dans le salon :
« Son of a bitch ! Elle est sans alcool ! »
Désappointé, il repoussa la bouteille et se laissa tomber dans un fauteuil. Son regard erra sur les napperons, les assiettes décoratives ornées de fleurs, les tapis moelleux... Il poussa un hoquet de surprise : sur le paillasson de la véranda se trouvaient les restes du chat, à demi dévorés. On apercevait encore une oreille au milieu des lambeaux de fourrure. Sean eut une brusque suée. Il se leva comme un automate et se hâta vers le dressing. Célestine en ressortait chaussée d’une paire de baskets roses. Il l’attrapa par le bras et murmura :
« Ils sont dans la maison ! Cassons-nous ! »

Ils coururent vers le garage et montèrent dans l’électrique sans permis de Mrs Foster. Elle insista pour prendre le volant. Comme ils descendaient l’allée du jardin, deux plumpys, un noir et un rouge, sortirent de la véranda et roulèrent vers eux. Serrant les dents, la vieille dame accéléra. L’une des créatures bondit, dents en avant, mordit dans le pare-choc et passa sous la roue. La voiture eut un cahot et heurta le second monstre. Célestine ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, ils étaient dans la rue et il n’y avait plus de plumpy en vue. Elle braqua pour éviter une barrière, faisant crisser les pneus, puis enfonça l’accélérateur.
« - On vous a eus, fucking bastards ! Yihaaaa !
- Si tu me voyais, mon pauvre Jack... »
Ils foncèrent vers le centre ville. Dans les hauts-parleurs de la voiture, Aznavour chantait de sa voix grave :
« Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres... »
et Sean faisait la grimace. Mrs Foster coupa brusquement la musique :
« - Mon dieu, j’ai oublié Bruce !
- Euh... je crois qu’on ne pouvait plus rien pour lui.
- Oh non...
Elle essuya une larme puis dit d’une toute petite voix :
- Si tu m’expliquais ce qui se passe à présent ?
- Il se passe que ces putains de majors sont prêtes à tout pour faire du fric. Ces bestioles sont dangereuses mais ils s'en foutent. Je parie qu'ils ne les ont même pas étudiées avant ! Des scientifiques ont publié des mises en garde sur le web.
- Mais l'état aurait interdit leur commercialisation !
- Les majors ont dû leur graisser la patte et s'arranger pour que les études tombent aux oubliettes...
- C'est criminel de vendre quelque chose de dangereux ! De mon temps...
- De ton temps, on vendait des téléphones portables et tout le monde savait pourtant que ça grillait le cerveau.
- Tu as raison... »
Célestine se renfrogna. Elle réfléchit quelques minutes puis reprit :
«- Ces animaux étaient censés être végétariens.
- Les études que j'ai lues disent que leur système digestif est celui d'omnivores. Ils se seront rabattus sur les plantes faute de proies. Qu'est-ce qui dit que ces merdes n'ont pas bouffé tous les animaux de T-4222 ?
- Quelle horreur ! Et comme ça, un beau matin, il leur pousse des dents à tous et ils nous ajoutent à leur régime alimentaire ?
- Ils ont dû réagir à la présence de nouvelles sources de nourriture en arrivant sur Terre. Ils ont sans doute entamé leur métamorphose dès leur éclosion.
- Ca expliquerait le gonflement de Doudou. Les plumpys sont arrivés sous forme de cocons en champ de stase. Ils ont donc tous à peu près le même âge...
- Exactement ! C'est une putain d'invasion !
- Il faut agir... »

A ce moment précis, un hurlement atroce résonna dans la rue et Mrs Foster écrasa la pédale de frein. Un homme en jogging était attaqué par un plumpy, qu’il tenait en respect en brandissant une poubelle en alu. La vieille dame descendit de la voiture :
« Il faut aider ce monsieur ! »
Sean la suivit avec son arme. Cependant, le plumpy avait bondi sur sa victime et s’accrochait à son ventre. L’homme tomba sur le dos en poussant des cris stridents. Le sang imbibait ses vêtements. Célestine décocha un grand coup de sac à main au monstre, l’envoyant rouler au sol. Sean fit jouer le fusil à pompe mais, quand il appuya sur la gâchette, rien ne se produisit.
« Bullshit !! Il n’est pas chargé ! »
Le plumpy, qui avait repris ses esprits, sauta sur ses pattes. Sa gueule dégoulinait de sang. Il s’avança vers Sean en émettant une sorte de grincement. Le jeune homme shoota dedans de toutes ses forces, le projetant dans le caniveau. Puis, il lui asséna un coup de crosse, lui écrasant la tête et faisant jaillir toutes sortes de fluides qui éclaboussèrent son t-shirt. Il recula en titubant, proche de la nausée.

Mrs Foster s’était penchée sur la victime. L’homme était allongé sur le trottoir et ne bougeait plus du tout. Son sweat-shirt déchiré révélait une terrible plaie, par laquelle s’échappaient les entrailles écarlates. Une infecte odeur d’excréments s’en exhalait. Sean émit un gémissement et éclata en sanglot :
« C’est... c’est trop laid. On n’a pas pu sauver ce pauvre mec ! »
Célestine le prit dans ses bras et lui tapota le dos :
« - Allons, allons, nous avons fait ce qui était en notre pouvoir. Il faut repartir.
- Et mon maillot qui est complètement niqué ! »
Il frotta la tâche visqueuse sur son torse, au bord de l’hystérie.
« - Mais non, un peu d’eau froide et de savon de Marseille et il n’y paraîtra plus. »
Mrs Foster le poussa dans la voiture et redémarra.

Quelques minutes plus tard, ils atteignaient le centre ville. Un spectacle apocalyptique les y attendait. Le stock de plumpys du grand magasin s’était échappé et les petits monstres roulaient dans les rues, à la poursuite des passants. Une voiture folle s’était encastrée dans la vitrine du fleuriste. Le restaurant Burger King avait pris feu et d’énormes panaches de fumée noire s’échappaient des fenêtres en tourbillonnant. Célestine fit un écart pour ne pas rouler sur un cadavre.
« Oh, mon dieu, je crois que c’était monsieur Abott, mon dentiste... Et là, c’est Mrs Clarke. La pauvre a l’air mal en point... »

Partout, des gens fuyaient ou se défendaient avec des moyens de fortune. Mrs Foster conduisait en zigzaguant, jetant des regards affolés dans toutes les directions. Ici, un plumpy saccageait un parterre municipal, engloutissant les fleurs. Là, un autre pillait une échoppe de hot dogs et gobait tout rond aussi bien les petits pains que les bouteilles de sauce. Tout à coup, un homme s’abattit sur le capot. Célestine poussa un hurlement et Sean sembla reprendre ses esprits sous le choc. Ils regardèrent le corps, horrifiés. La moitié du crâne manquait et une bouillie sanguinolente en dégoulinait. Un plumpy rose à pois verts bondit sur la voiture et commença à dévorer le cadavre. Il émettait de répugnants bruits de succion et des jappements de plaisir. Une soudaine explosion : un autre plumpy avait mordu dans un pneu, le faisant éclater. Sean eut un hoquet, comme s’il allait vomir. Sa compagne le saisit par le bras :
« - Nous ne sommes plus très loin de chez mon fils. Courons jusque là-bas !
- O... OK. »
Il saisit le fusil par le canon, comme une massue et ouvrit la portière.

Ils s’élancèrent dans la rue, s’efforçant d’éviter les combats. Au bout de deux cent mètres, Sean haletait et son visage était écarlate. Il s’arrêta pour respirer et jura bruyamment :
« - Motherfucking clope ! Si je survis, j’arrête de fumer !
- Certains viennent par ici, gamin ! Il faut y aller ! »
Sean se retourna et aperçut trois plumpys multicolores qui roulaient dans leur direction. Les petites sphères boursouflées arrivaient à grande vitesse. Célestine fit feu, vidant son chargeur, et en toucha une. Les deux autres s’arrêtèrent, se dégonflèrent et s’attaquèrent au blessé avec un bel appétit. Un mouvement sur sa droite attira l’attention de Sean : deux plumpys se dissimulaient en bas d’une paroi de briques. Leur peau caoutchouteuse avait pris la teinte et la texture du mur. Seuls leurs grands yeux restaient visibles. Le jeune homme déglutit bruyamment et se remit à courir derrière Mrs Foster. Ils avaient atteint la bonne rue et le jeune homme reprit espoir.

Une soudaine douleur lui déchira l’arrière de la cuisse : un plumpy qu’il n’avait pas vu venait de sauter sur lui et plantait ses crocs dans son jean.
« Tine !!! Au secours !!! »
Célestine fit volte face, son revolver vide à la main. Sean avait empoigné le petit monstre et tirait dessus de toutes ses forces mais celui-ci tenait bon, cramponné de ses puissantes mâchoires. Mrs Foster vint à son aide et ils parvinrent à le décrocher. Le pantalon de Sean s’était déchiré largement et on voyait les trous saignants laissés par les crocs. La créature leur fit son sourire carnassier, prête à bondir. Célestine lui jeta son arme inutile et il la goba avidement. Plusieurs autres créatures approchaient en roulant. Ils reculèrent. La maison de Wendy n’était plus qu’à quelques mètres et ils pourraient se barricader à l’intérieur.

La vieille dame se défit du contenu de son sac, objet par objet, pour gagner du temps. Les monstres affamés engloutirent tout avec la même voracité : aspirine, tube de rouge à lèvres, mouchoirs de coton... Ils se chamaillaient pour la meilleure part, se donnant mutuellement des coups de dents, grinçant et piaillant avec hargne. Les deux fuyards atteignirent la porte et Célestine fit jouer la clé. Ils s’engouffrèrent dans le couloir mais au moment de refermer, un plumpy parvint à s’insinuer dans l’encoignure, où il demeura coincé, ruant et grognant. Sean lui donna un coup de crosse :
« Ramasse, dirty little bastard ! »
Mais la bestiole continua à se tortiller, essayant de rentrer dans la maison. Mrs Foster fouilla dans son sac et lui fourra le dernier objet dans la gueule, un tube d’arnica. Le plumpy déglutit et s’immobilisa aussitôt. Sean et Célestine le regardèrent, intrigués. Le plumpy écarquilla ses trois yeux et gémit pitoyablement. Puis, il commença à trembler et explosa dans une gerbe de sang et d’entrailles violettes. Sean claqua la porte et tira le verrou.
« - Yippee ! » s’écria Célestine. Un sourire radieux illuminait son visage éclaboussé de fluides.
« - Quoi ?
- On a trouvé comment exterminer les affreuses bêtes ! Ils sont allergiques à l’arnica ! Dépêchons-nous de sauver mes enfants et allons à la pharmacie. Il y en a plein là-bas. On va se les faire, ces monstres !! »

Est', qui précise qu'aucun plumpy n'a été blessé durant le tournage de cette nouvelle.


  
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3 WA-Commentaire 41 - Rire et mourrons - Onirian (Mer 27 aou 2008 à 14:25)
       4 Oh, un lecteur ! - Estellanara (Mar 9 sep 2008 à 16:18)
3 Gizmoglobine…. - Maedhros (Lun 21 jul 2008 à 14:20)
       4 "le deux ex machina est sans doute un peu tiré par les cheveux" - z653z (Jeu 11 sep 2008 à 10:42)
3 Commentaire Estellanara, exercice n°41 - Narwa Roquen (Mer 16 jul 2008 à 17:06)
       4 Coorectifs - Estellanara (Jeu 17 jul 2008 à 14:27)


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