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 Répondre à : WA - Participation exercice n°55 fin 
De : Maedhros  Ecrire à <a class=sign href=\'../faeriens/?ID=196\'>Maedhros</a>
Date : Mardi 10 mars 2009 à 20:34:29
la fin....

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UN MOMENT D’EGAREMENT


Dernière partie



And she said ’we are all just prisoners here, of our own device
And in the master’s chambers,
They gathered for the feast
They stab it with their steely knives,
But they just can’t kill the beast


« Monsieur, la chambre vous attend... veuillez suivre le chasseur ! » Le réceptionniste lui désigne un homme à la stature imposante, un véritable colosse à la musculature impressionnante, qui domine André d’une bonne tête. Il tient une valise qui, dans sa main, paraît ridicule. Vêtu d’un uniforme très proche de celui du réceptionniste, couleur vieux bronze. Il se dirige déjà vers l’escalier d’un pas lent et pesant. André n’a aucune peine à le rattraper.

Ils parviennent au premier palier d’où partent deux corridors baignant dans une lumière spectrale diffusée par quelques petits lampions japonais. La clarté qu’ils procurent est si faible que l’extrémité du couloir dans lequel ils s’engagent reste noyée dans l’ombre. A droite et à gauche, les portes se font face en une interminable enfilade. André compte machinalement plus de vingt rangs de portes avant que la ligne de fuite visuelle ne lui interdise de poursuivre son décompte. Le chasseur s’arrête devant l’une d’elles, identique aux autres. André a beau chercher, rien n’indique que c’est la chambre n°8. Ce n’est pas la huitième porte, ni la quatrième. La logique ne semble pas avoir cours ici.

Le chasseur muet comme une tombe, tourne la clé dans la serrure et d’un coup d’épaule, pousse la porte qui gémit sur ses gonds. Il dépose la valise sur le coffre en face du lit, la clé dessus et repart sans attendre, refermant la porte derrière lui. André se retrouve seul dans une pièce aux dimensions modestes mais au décor chaleureux : un grand lit recouvert d’un édredon à la moelleuse épaisseur, une armoire campagnarde et une table de travail. Quelques toiles égaient les murs tapissés d’un papier peint vieil or aux motifs mythologiques. De lourds doubles rideaux protègent une fenêtre aux volets clos. Aucune télévision. Pas de téléphone. La salle d’eau attenante comporte une douche, un bidet et un lavabo en faïence blanche comme les carreaux qui grimpent jusqu’à hauteur d’homme. André a connu mieux, mais aussi connu pire. Il pose la sacoche et ouvre la valise pour tenter de défroisser le costume qu’il a choisi pour la réunion du lendemain. Il prend la trousse de toilettes qu’il pose sur la tablette surmontant le lavabo. Bon, le chaos est derrière lui. Finalement, jusque là tout va bien. Même si des paramètres sont hors de son contrôle, il n’y a rien qu’il puisse faire.

Et puis, cette inconnue à la divine beauté l’a troublé tout à l’heure. Un sentiment singulier a laissé une empreinte indélébile dans son esprit. Il approche de l’âge où sa vie se prépare à amorcer le commencement d’une descente insensible vers un crépuscule, là où les ombres grandissent sans jamais refluer, là où les choses se retranchent au lieu de s’ajouter. Il entretient sa forme physique mais il a de plus en plus de mal à mettre en adéquation l’image qu’il a de lui et l’image que lui renvoie son miroir. Tiens, il note qu’il n’y a aucun miroir dans la chambre. Il a été marié et il a eu plusieurs enfants. Il les voit un week-end par mois et une partie des vacances scolaires. Son épouse ne lui a jamais pardonné son infidélité. Sa carrière a été la maîtresse de trop. Il a assumé. Il a connu d’autres femmes mais elles n’ont pas beaucoup compté pour lui. En fait, André ne cesse de revoir l’image de cette madone en haut des escaliers et de ce qui brillait dans ses yeux. Une promesse insensée. Et au diable les conventions...

Il se déshabille cette fois pour de bon et se dirige vers la salle de bain. Il tourne les robinets chromés et règle la température de la douche. L’eau est parfaite et il s’ébroue avec délice sous l’averse domestique. Il happe une serviette de bain, s’essuie rapidement et la noue autour des reins. Il prend le temps de se brosser les dents et, avec le sentiment du devoir accompli, il éteint en sortant, les appliques de la salle d’eau.

Venant de l’extérieur, il lui semble entendre de nombreux pas dans le couloir. Ce qui est assez stupéfiant compte tenu de la moquette bouclée qui aurait dû absorber tout bruit. Il ouvre doucement la porte et jette un coup d’oeil furtif. Devant lui passe un flot humain qui s’éloigne vers le fond du corridor. Il entend des portes claquer, des dizaines de portes, des centaines de portes, symphonie interminable de portes qui se referment une à une. Comment cet hôtel peut-il posséder autant de chambres ? Cela tient du prodige. André est mal à l’aise. Ceci est impossible. Les lois de la physique ne permettent pas ce genre de fantaisie. Dans la semi obscurité dans laquelle est plongé le corridor, tout prend des proportions fantastiques. André ouvre en grand la porte et assiste au défilé sur le seuil. Certains visages de tournent vers lui. Des visages jeunes et des visages vieux. Des visages d’hommes et des visages de femmes. Il y a aussi des enfants. Tous sont tous enveloppés dans de longues capes de différentes couleurs qu’ils serrent étroitement. André remarque aussi de nombreux chasseurs qui escortent cette étrange procession. Il voit un jeune garçon essayer de rebrousser chemin. Il crie quelque chose mais aucun son ne sort de sa bouche. Il remonte difficilement la file à contre-courant quand un chasseur lui bloque le passage et le pique sans ménagement avec le bout ferré d’une canne semblable à celle du concierge. Un grésillement bref et lumineux et le jeune garçon se tord de douleur. Le chasseur attend sans esquisser d’autre geste. Résigné, sa jeune victime repart dans l’autre sens et, passant devant André, lui décoche un regard où se lisent la terreur et la douleur mélangées. André est bouleversé. Il va pour apostropher le chasseur quand un sinistre mouvement de la canne le dissuade. Le chasseur s’approche de lui, lentement et pesamment. André bat prudemment en retraite et lui claque la porte au nez. Ici, il ne risque rien. En plus, il n’est pas habillé pour une confrontation physique.

Il sent son sang se figer quand il découvre qu’il y a quelqu’un dans son lit. Une forme humaine. Il ne peut rien distinguer d’autre, les draps et l’édredon sont tirés bien trop haut. André n’en mène pas large. Ce sentiment d’impuissance est amplifié par sa quasi-nudité.

« Euh... euh... « toussote-t-il en lorgnant vers la valise ouverte où attend son caleçon. Il vérifie prudemment que le noeud de la serviette ne risque pas de se défaire. Il ne survivrait pas à cette humiliation. Mais la valise est de l’autre côté du lit. Trop loin. Il ne décèle aucun mouvement sous les draps. Quel est ce visiteur inattendu? Son esprit est en déroute, ébranlé par ce qu’il vient de voir dans le couloir. A-t-il franchi la mystérieuse frontière qui sépare la réalité de la quatrième dimension? Est-il mort dans un accident de voiture ? Tout ceci n’est-il que le fruit de liaisons chimiques en décomposition ? C’est ça, c’est sûrement ça... il a été victime d’un accident de voiture. Il est mort ou au minimum dans le coma. C’est la seule explication rationnelle qu’il trouve pour expliquer ce qu’il vient de vivre. Il évolue dans une sorte de rêve. Ou plutôt de cauchemar. Il n’y aura aucune aube qui se lèvera demain matin. Tout lui paraît futile et vain. Un sentiment d’immense lassitude s’abat sur lui. C’est à ce moment que les draps se soulèvent et qu’elle apparaît.

Elle est plus belle encore que tout à l’heure. Toutes ses idées funestes se dissipent instantanément. C’est un soleil radieux qui illumine sa chambrette, repoussant le vulgaire et l’obscur. Elle se redresse et ses cheveux sont une sombre vibration qui ondule sur ses épaules dénudées. Elle attache ses regards aux siens et il ne s’appartient plus. Il lui appartient. Elle représente en cet instant la somme improbable de ses rêves les plus fous. Le drap malicieux est tombé sur ses hanches, découvrant sa poitrine qui se soulève doucement, appelant la caresse et l’oubli. André est captivé par le magnétisme qui se dégage de cette femme à la beauté surhumaine, miraculeuse, interdite. Sa peau est une invitation au voyage sensuel et sensoriel et il sent une boule de feu croître au creux de ses reins, empourprant ses joues. Intimement, il la reconnaît. Quelque chose gronde au creux de ses os, le long de sa moelle épinière. Quelque chose qui se tord pour se libérer, qui naît de sa part d’ombre, qui ne demande qu’à inonder ses veines et qui rend douloureusement sensible la moindre fibre de son âme. Dans les yeux de la belle inconnue brûle un brasier où une partie de ce qu’il est n’aspire qu’à se consumer. A jamais. L’étrange apparition lui tend ses bras où dansent des bracelets d’or et d’argent dans un hypnotique ballet païen. Elle lui sourit et ses dents sont d’une blancheur presque insoutenable dans leur écrin pourpre profond. Pour André, c’est la femme éternelle, la source de toute vie, c’est évident.

Il fait un pas en avant. La pression s’accentue, plus organique, plus viscérale. Il est irrémédiablement attiré vers elle. La mystérieuse inconnue semble envahir l’espace et le réel. Plus rien n’existe autour, autour d’eux. La chambre a disparu et il est seul avec elle, terriblement présente, s’engouffrant dans chacun de ses pores, devenant essentielle, littéralement. Il ne désire que se blottir entre ses bras d’albâtre et caresser ces seins aux proportions gigantesques. Il y a dans son regard une attraction irrésistible. Il adore les merveilleux reflets verts et fauves de ses prunelles qui lui promettent...oh qui lui promettent bien au-delà de sa pauvre imagination... il devine une luxure infinie et éternelle... L’univers se résume à ses yeux et à son corps. alors il fait encore un pas...

Une toute petite partie de sa conscience résiste encore. Se raccroche à une chanson qui l’a poursuivi jusque là :


Last thing I remember, I was
Running for the door
I had to find the passage back
To the place I was before
’relax,’ said the night man,
We are programmed to receive.
You can checkout any time you like,
But you can never leave!



Pourtant, il n’écoute pas cette petite voix dans la tête. Qui lui conseille de fuir pendant qu’il est encore temps, de quitter cet endroit maléfique. C’est l’enfer qui ouvre ses portes ici. Top tard, il a abdiqué. Il fait un dernier pas. Le pas de trop. Les bras du monstre se referment sur lui et son baiser sur ses lèvres scelle son destin.
Welcome to the hotel California
Such a lovely place
Such a lovely face
They livin’ it up at the hotel california
What a nice surprise, bring your alibis



M

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