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 Répondre à : WA-Exercice 14 - Histoire, Suite du 13 
De : Onirian  Ecrire à <a class=sign href=\'../faeriens/?ID=7\'>Onirian</a>
Page web : http://oneira.net
Date : Jeudi 12 mars 2009 à 12:10:05
Ce texte fait suite non seulement à la wa précédente, mais également celle encore avant, à savoir la description d'un monstre et la description d'un lieu/atmosphere.

Point de détail, dans la description de la wa précédente je parle de la "fin" de l'hiver, je me suis permis une petite liberté, c'est maintenant le "début" de l'hiver (le tout début même).

---

Mes yeux s'écarquillèrent:
- Toi ?
Un silence...
- Moi.
Je me levai, doucement, hésitant entre l'envie de me jeter à ses pieds, d'implorer son pardon, et une brusque pulsion de meurtre. Vingt longues années depuis cette fameuse nuit du Nadir, la plus longue de l'année. Je ne savais même pas qu'elle portait un nom. Solstice d'hiver, voila une dénomination qui me convenait, pourquoi chercher plus loin ?
Elle... Je l'avais rencontrée dans une librairie spécialisée dans les livres anciens, nous avions fait connaissance, discourant sur les grands philosophes, parlant d'ésotérisme, de magie, mais c'est en l'écoutant jouer sur mon piano que j'en suis véritablement tombé amoureux. Je n'aspirais qu'à une vie, simple, à ses cotés... Je pris soudain conscience de ce qui m'avait amené ici : Vingt ans, c'était le prix de servitude que le démon avait demandé pour de l'octroi de son enseignement. Vingt ans, jour pour jour.
- Tu as eu ce que tu voulais ? demandai-je d'un ton trop acide.
- Non.
Froid, concis, définitif. Ses yeux se posèrent un instant sur le journal, dans la cheminée. Elle tendit la main, et le papier, mût par une force invisible, s'envola pour se glisser entre ses doigts. Impressionnant, je frissonnai malgré moi, le démon avait tenu parole, ma compagne était devenue sorcière. Je m'interrogeai un instant sur ce non, tandis qu'elle parcourrait l'article. Elle chiffonna la feuille et l'enflama d'un regard. Ses yeux se reportèrent sur moi, accusateurs, et c'est d'une voix emplie de haine qu'elle me demanda :
- Avant que je ne te tue, explique-moi, pourquoi n'est tu pas venu, à l'époque ?
Ainsi telle était la réponse à ma question muette... Moi, ou plutôt mon absence.
Elle voulait maitriser les sciences occultes, elle l'avait toujours désiré. Pourquoi ? La richesse ? Les sacrifices requis n'en valaient pas la peine. La gloire ? Impossible, l'anonymat et de mise avec ce genre de pouvoir. L'amour ? Elle m'avait déjà, moi...
Pourtant cette nuit là, alors que nous parcourions ensemble la bibliothèque familiale, elle a déniché ce grimoire... J'avais passé les vingt et une premières années de ma vie dans cette maison, et probablement la moitié de ces années précisément dans cette pièce. J'avais lu et relu tous les livres s'y trouvant, le temps que je ne passais pas à lire, je le passais à composer, sur mon piano.
Je ne sais comment ce livre avait pu m'échapper. J'ai bien quelques théories... La plus probable consistant en un enchantement posé sur le grimoire, interdisant à quiconque n'ayant le Don de s'apercevoir de sa présence ; la plus folle étant que le Démon lui-même l'avait déposé ici, à dessein, ce jour là précisément, pour que le livre fut trouvé et utilisé par elle.
Un livre des ombres... Elle y a vu une invocation, à réaliser la nuit du Nadir. Allez, se sera amusant, tu verras ! Que pouvais-je faire ? J'étais impuissant à lui refuser quoique ce soit.
L'invocation d'une créature des enfers. Très théâtral, et si peu crédible. Quelques bougies, un pentacle dessiné à la craie, des phrases incompréhensibles psalmodiées en boucle. Je ne nie pas que j'ai vaguement espéré que cela fonctionnerai, même si au fond je n'y croyais pas. Je ne voulais pas qu'elle soit déçue... Pourtant, la température avait monté d'un coup, l'air était devenu presque suffocant, et il était apparu. Digne de tous les clichés, un monstre évoquant un minotaure puissamment musclé, la peau rouge sombre, deux énormes cornes recourbées au niveau des tempes et une voix caverneuse que l'on avait l'impression d'entendre par ses os plutôt que par ses tympans :
- Qui ose me déranger ?
J'étais terrifié, elle jubilait.
Apprenez-moi la magie, lui a-t-elle demandé. Vingt ans fut sa réponse. Elle a dit oui, puis ses yeux se sont tournés vers moi. D'abord exaltés, puis terrifiés mon silence. Dis-oui ! M'a-t-elle supplié, mais aucun son n'est sorti de ma bouche... Je ne voulais pas de magie, je la voulais, elle. Alors que je me décidai à malgré tout à un oui pour elle, le démon avait craché un trop tard, et ils ont disparus, ainsi que le grimoire, me laissant seul avec ma faiblesse.
- Il te suffisait de dire OUI ! Etait-ce vraiment si compliqué ? La vie n'a pas été facile depuis, je te l'accorde, mais à deux, cela n'aurai eu aucune importance... si ? Qu'importait l'enfer si je le vivais à tes cotés ! Mais non, pleutre, tu es resté là... As-tu la moindre idée du nombre de fois où j'ai failli mourir ? Mon maître est un Démon, et ce n'est pas un mot vain. Il m'a appris tout ce que je sais. Privée d'amour, si j'ai tenu ce n'est que grâce à la haine. La faiblesse ne se pardonne pas.
A nouveau les mots restaient bloqués dans ma gorge. Vingt ans et je restai aussi muet qu'alors, désemparé devant autant de haine, d'autant plus que j'en étais la cible. Avait-elle la moindre idée de ce que j'avais enduré, moi ? D'une voix plus douce (ou était-ce mon imagination ?) elle continua :
- Le journal parlait d'un drame arrivé au manoir, ta mort visiblement. Je te trouve bien vivant pour quelqu'un qui aurait périt, tué par un animal sauvage.
Ah... le Drame. La cicatrice me faisait encore mal certains jours, comme aujourd'hui par exemple. Je décidai cependant de lui expliquer. Peut-être comprendrai-t-elle ?
- Du jour où tu es partie, je n'ai cessé de te chercher. Je voulais te rejoindre. Si le démon avait attendu ne serait-ce que deux secondes de plus, je l'aurai dit ton oui, je serai venu, et j'aurai tout enduré. Mais il ne le souhaitait pas, et pour cause, je suis dépourvu du Don, il n'aurait rien pu m'apprendre... J'ai tout de même cherché des maîtres, refusant de me résigner, et j'ai côtoyé des dangers qui ne sont probablement pas si loin de ceux que tu as pu vivre, la seule différence, c'est que moi, j'ai perdu.
- Tu n'es pas mort, lâchât-elle, mauvaise.
- C'est tout comme.
Le silence s'installait à nouveau. Elle n'était plus celle que j'avais connue. Mon amour, ma chérie, ma bien-aimée ne possédait pas cette malveillance dans son regard. Elle était fragile et fraiche, et... Ses yeux s'étaient s'assombris à l'instant. Elle venait de prendre une décision : rectifier la réalité afin qu'elle soit plus conforme à l'article. Qu'importe, j'étais prêt.
Elle commença à psalmodier, ses mains jointes, comme pour prier, puis ses paumes s'écartèrent, tout en gardant les doigts liés. Une minuscule bille incandescente venait de naitre dans cette cage ainsi crée, et celle-ci grandissait à vue d'oeil. Puis vint la sentence :
- Meurt.
Et la boule de feu fusa vers moi. Vif comme la pensée, je fis un bond prodigieux, et atterrissais de l'autre coté de la pièce. Un bruit d'explosion m'appris que le Voltaire, lui, ne s'en remettrai pas. Fin tragique pour un fauteuil qui fut un compagnon fidèle.
- Mais... comment ? Balbutia-t-elle...
- Je t'ai dit que j'étais mort. Trois nuits avant celle dont parle le journal, j'avais invité un maître des arts occultes, qui devait m'enseigner, disait-il, la voix du sang. Pourquoi pas ? L'occultisme est une drogue dure. Du moment où j'ai commencé je n'ai cessé de m'enfoncer, encore et encore, malgré l'absence évidente de talent dont je faisais preuve. Il est venu, et... et m'a mordu.
J'écartai mes cheveux et relevai légèrement la tête afin de lui montrer le croissant de lune qui courrait sur ma jugulaire.
- Il ne comptait pas s'arrêter, je n'étais que son repas, pas son apprenti. Mais mon père est entré à ce moment là, armé de son vieux pistolet de collection. Je ne sais s'il avait prévu qu'un tel évènement puisse se produire mais toujours est-il que la balle était en argent. Le vampire a été sévèrement blessé, il a fuit...
Et j'ai découvert la soif. Le vampire ayant laissé son oeuvre inachevée, je suis devenu un de ses fils. Trois jours de douleurs intolérables. J'ai hurlé comme un damné, ce que j'étais devenu par ailleurs. Au matin du troisième jour, j'ai vu mourir mon humanité dans un miroir. Mon père avait organisé ma mort : attaqué par un ours. Je ne sais combien il avait du payer pour cela, mais officiellement, la police l'avait cru. Par chance ma mère et mes deux frères étaient en voyage. Depuis, tout est resté en l'état, un drap posé sur chaque meuble, et un voile sur ma vie.
- ...et je suis devenu la créature que tu vois. Je suis plus fort, plus rapide, plus violent aussi... J'ai testé toutes les croyances des contes. L'ail ne me fait rien, les miroirs me voient, et j'ai même assisté à une messe sans attirer les foudres divines... Si l'argent me blesse, les pieux en bois ne peuvent en revanche pas traverser ma poitrine. Le soleil ne me tue pas, il se contente de me faire atrocement mal, mais seulement en exposition directe. Ah, et du peu que j'ai pu en juger, je suis immortel. Au final, si ce n'était cette soif permanente, la vie pourrait presque être agréable.
Un autre silence... Qu'allait-elle décider ? Me condamner à mort ? Fuir ? Je n'osai espérer l'amour. Puis j'eu une intuition, non, une certitude, et m'installai au piano. Je jouerai. Je jouerai à en mourir s'il le fallait. Qu'elle me lance une autre boule de feu si elle le désirait, je ne bougerai plus, rien d'autre ne compterai.
Lentement, je me dirigeai vers le piano et m'installai. Elle restait immobile, probablement convaincue qu'il ne s'agissait que d'une ruse pour détourner son attention, à moins que...
Mes doigts se posèrent sur le clavier, retrouvant naturellement leur place. Je fermai les yeux et repartais vingt ans plus tôt. Les premières notes s'égrenèrent tandis que la mélodie envahissait la pièce. J'y mis mon coeur et mon âme. Certes, le premier ne battait plus et je n'étais pas convaincu de la survie de la seconde, mais mes doigts devenaient l'ivoire du piano, non j'étais le piano. En cet instant, plus rien n'avait d'importance, plus rien n'aurai jamais d'importance. Aimes moi. Au-delà des perversions, au-delà du bien et du mal, des démons et des vampires ; transcendes moi, tues moi, vis avec moi. Les notes portaient le monde, et aucun son ne saurait jamais percer cette bulle. Je créerai mon propre paradis, et l'emmènerai avec moi. Ici et maintenant. J'ouvris les yeux, elle pleurait.
Elle s'approcha doucement de moi.
- Sommes-nous ensemble ? me demanda-t-elle dans un chuchotement.
- Oui.
- Alors joue encore, joue et ne t'arrête jamais.
Deux mesures supplémentaires, et la douleur me prit. Plus intense encore que celle ayant suivit la morsure. Je continuais malgré tout, me concentrant sur la musique. Chaque pore de ma peau me brulait, mes os semblaient sur le point d'éclater, je mourrai, le sourire aux lèvres, je disparu dans la musique, l'emmenant avec moi...

Puis j'ouvris les yeux, vingt ans plus tôt.
- Non.
J'étais humain, elle était pure, et par ce mot, elle venait de bannir son démon et par la même notre futur honni. Je levais les yeux vers elle, incrédule.
- J'ai brulé ma magie... Je n'ai plus l'ombre d'un pouvoir. Il faut bien cela pour changer le passé non ?

Puis j'ouvris les yeux, vingt ans plus tard.
La bibliothèque résonnait du rire de mon fils et s'illuminait du sourire de ma femme, assise dans un voltaire intact.
J'oublie mon passé, mais découvre mes souvenirs. Il ne restera que cette histoire, à laquelle je ne croirais plus d'ici quelques mois, et la musique merveille d'entre les merveilles, qui m'accompagne à chaque instant.
Si ce n'était cette lointaine odeur de brulé qui m'agace le nez lorsque j'y prête attention, la vie, notre vie, serait en tout point parfaite.

--
Onirian, anosmique.

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