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De : Narwa Roquen Date : Vendredi 3 avril 2009 à 22:36:58 | ||
On nous a changé notre Maedhros ! Quoi, pas le moindre petit miroir où le supplicié aurait pu se regarder pleurer, saigner et souffrir ? Par le moindre miroir pour égarer le lecteur quant au tutoiement ? Excellente idée, ce tutoiement, à mon avis sous employé par les auteurs. Ca donne tout de suite une dimension décalée et ça permet au lecteur plus de distanciation qu’avec le « je ». De plus, on peut le rapprocher d’un exercice classique du yoga où on demande au méditant de placer sa conscience à l’extérieur de lui et de se regarder méditer. Puis le professeur posera la question : dans cette situation, qui regarde ? C’est un texte excellent, un peu trop court à mon gré, et où sans ton spoiler j’avoue que je serais restée en rade. Les extraterrestres j’y étais, mais l’espèce divisée en deux, je n’avais pas capté. Je pense que ça mériterait quelques pistes supplémentaires ; celles que tu laisses permettent de comprendre que la procréation est liée aux enlèvements, mais rien n’indique que les démons soient lointainement d’origine humaine. Et par ailleurs, quel est le signe que le Maître trace dans la poussière ? Le mélange de tradition chrétienne et orientale est intéressant ; le dogme de la vacuité juxtaposé à l’image de Dieu (ce qui est totalement paradoxal) donne un peu le vertige... Les humanoïdes sont décrits de belle manière, à travers les yeux innocents de ton pauvre héros. La scène de l’enlèvement est somptueuse. J’adore cette phrase « jusqu’à ce qu’il n’y eut plus aucune différence entre matière et lumière. La mise en place de nouveaux espaces dans la 2° version est une bonne idée, ainsi que les mots rajoutés. La scène finale est également très forte, et je t’y ai trouvé plus à l’aise que dans la description du ressenti de la douleur, où tu es peu prolixe, mais il est vrai que c’est difficile, surtout si on n’en a pas l’expérience personnelle. La conjonction de la douleur et du plaisir est un classique, mais le fait que ton héros soit un novice innocent, dans un monde sans sexualité, te permet d’y ajouter la notion d’inconnu envahissant, de soumission détestée mais finalement consentie, parce qu’il est pratiquement impossible de résister à l’instinct si on n’a pas une volonté éclairée par le savoir pour l’étouffer. Et ceci ajoute un raffinement SM très efficace. Dérangeant ? Non, pas plus que le divin Marquis. Quelques bricoles : - pour commencer, le titre : je trouve dommage de faire un jeu de mots limite trivial sur un texte aussi raffiné. - L’étau de métal sur des tempes : les (faute de frappe) - Il semble toujours sourire et perpétuellement compréhensif : mettre sur le même plan un verbe et un adjectif, ça choque l’oreille - C’est comme si une lame de fer : c’était - Tu n’as pas pu lutter, tous tes efforts restant vains : s’il a fait des efforts, c’est qu’il a lutté ; soit « tu n’as pas pu lutter longtemps », soit « rapidement tu n’as plus lutté » - Quand une phrase est sous forme interrogative (te souviens-tu, que veut-il etc...), ce serait bien de mettre un point d’interrogation - Tel n’est pas notre destinée : telle - T’échapper à tes liens : échapper à, ou t’échapper de - Entrejambes : sans s - Et qui sature des sens : les Au total si tu glissais encore quelques petites pistes explicatives pour le lecteur moyen, dont je suis, il t’en serait reconnaissant... et ça ferait un texte accessible à tous, original et délicieusement troublant... Narwa Roquen,qui adore être troublée... Ce message a été lu 7180 fois | ||