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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 20 juin 2009 à 19:53:16
Une histoire qui pourrait être banale mais elle possède une petite musique, une de ces ritournelle de trottoirs, un air d’orgue de barbarie, avec des images de ces films réalistes italiens. Je vois bien les gueules de Gassman, de Sordi, de Sophia Loren ou du grand Mastroiani évoluant devant la caméra de Dino Risi.Qui mieux que les italiens ont réussi à émouvoir avec des histoires de bouts de chandelles ?

Cette histoire est également riche de l’observation minutieuse du microcosme invisible aux yeux qui ne savent pas où regarder mais pourtant tellement évident pour les autres. Les liens avec les basses oeuvres politiques, la crainte de la concession du service au privé, les petits côtés sympas du boulot, les minuscules revanches sur leur sort...

Dans notre belle société, si propre sur elle, si jeune et si belle, qui souhaite vraiment se pencher sur le mode d’élimination des déchets ? On laisse ça aux autres et on ne les voit que lorsqu’on gueule, coincés derrière la benne à ordures. Font jamais assez vite, toujours là quand c’est pas l’heure, quand c’est l’heure de l’école, quand c’est l’heure de pointe. On préfèrerait nettement qu’ils passent quand on dort, pour gêner personne ! C’est comme ça que l’ébène alors dure !

La forme colle à l’histoire. Une expression populaire de petites gens qui mettent des petits rideaux rouges et blancs sur le carreau du soupirail. Mais une expression riche et fluide, au rythme qui ne faiblit pas et avec une trajectoire en boucle qui souligne qu’il n’y a pas d’issue de secours dans ce monde. C’est un circuit fermé, un boulevard qui ne débouche sur aucune autoroute. Et devant, bouchant l'horizon, il y a juste un cul de ferraille qui avale ce que nous vomissons sur le trottoir. Et c’est vraiment tragique.

Il n’y a que dans les yeux de cet enfant qui les regarde que les éboueurs deviennent des super héros, avec leurs gros gants, juchés sur les marchepieds de la machine comme d’antiques conducteurs de chars romains !

Très beau texte qui respecte, in fine, la consigne.

M


  
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