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De : Maedhros Date : Mardi 23 novembre 2010 à 22:17:12 | ||
Je n'avais pas les yeux en face des trous hier soir... alors une version expurgée des plus grossières maladresses. Il doit en rester d'autres!!! POINT OF YOU Ouf, je ne suis pas en retard. Les embouteillages et les livreurs intrépides qui envahissent les couloirs de bus ont bien failli m’avoir. Heureusement que je ne suis pas en retard car elle ne m’attendra pas. Ne souriez pas. Elle n’attend pas, ne serait-ce qu’une minute. Si je ne suis pas à l’heure, c’est comme si elle me zappait. Sans appel. Elle est d’une ponctualité maladive. C’est ainsi qu’elle conçoit la vie. J’apprends à la connaître. Je m’habitue à ses contradictions. Elle possède tant de facettes différentes. Je veux toutes les explorer. Au début de notre liaison, elle me mettait en rogne plus souvent qu’à mon tour. A juste raison. Sa personnalité est complexe et je me trompais quand j’essayais de décrypter ses intentions. Cela arrive moins souvent aujourd’hui. Elle m’apprivoise et je me laisse faire. Comment lui en vouloir, je ne suis pas le plus simple des hommes. Tout ce qu’elle attend de moi, c’est que je sois aussi ponctuel qu’elle. Si je ne suis pas à l’heure, il faudra me lancer à sa poursuite, deviner son itinéraire parmi le flot des travailleurs qui trottinent sur les trottoirs. Il me faudra scruter les silhouettes et les visages pour reconnaître son allure et ses traits. Cela prend parfois la tournure d’une quête. Je joue le Chevalier Noir et nul ne peut apercevoir mon visage derrière le heaume fermé. Heureusement, elle ne m’en veut jamais. Pas rancunière. Elle est simplement pressée de rejoindre son travail. Je la quitte invariablement sur le pas de la porte cochère de la rue Lepic. Pas d’embrassade, pas d’effusion sentimentale. J’ai besoin de temps. J’ai encore besoin de temps pour exprimer tout à fait ce que je ressens. Elle fait semblant de comprendre. Alors la frustration grandit et je passe à autre chose. Je zappe. Je reprends mes occupations. Dès que je vois la porte cochère s’ouvrir et qu’elle apparaît, c’est un soleil de minuit rien que pour moi . Elle disperse d’un coup la grisaille du crépuscule et inonde la petite rue en pente d’une lumière douce et dorée. Je ne me lasse jamais de parler d’elle. Vous voyez bien, je ne peux m’en empêcher. Chaque fois est un plaisir renouvelé. Je m’impatiente à l’entrée de son immeuble. Elle est fascinante et elle joue de son charme singulier d’une façon désarmante, en esquivant mes regards, en remontant le col de son blazer. Elle fait ça pour moi, rien que pour mes yeux. Elle semble peaufiner chaque jour davantage son petit numéro aguicheur. Je suis devenu son meilleur spectateur. Oui, j’ai une chance inouïe de l’avoir rencontrée. Qu’elle ait fait attention à un vieux chat de gouttière solitaire et farouche. Grâce à elle, une ancienne cicatrice s’efface sur mon coeur, une cicatrice qui me chatouillait les soirs de blues. Elle referme peu à peu une très longue parenthèse de ma vie. Une période sombre et orageuse. Quinze années de ma vie. Sophie. Mon amour. Rien qu’en évoquant ce prénom vous voyez, le passé investit sans peine ma mémoire. Je l’aimais si fort. Nous avions tous les deux vingt ans et le meilleur était devant nous. Notre habitions un petit nid douillet dans le douzième arrondissement où, de notre balcon, nous pouvions contempler la vue apaisante de la coulée verte. Je travaillais chez Surcouf qui venait d’ouvrir avenue Daumesnil. Passionné d’informatique et de jeux de rôle, je stockais un tas de composants informatiques qui traînaient partout dans le minuscule séjour. Des cartes mères et graphiques, des processeurs et des ventilateurs, des barrettes de ram, des cordons et des nappes qui grouillaient sous le petit canapé. Sophie demeurait stoïque tant qu’elle pouvait contre cette invasion électronique. Cependant, à intervalle régulier, elle craquait. Alors, armée de son balai, elle poussait rageusement les boîtiers contre les murs en me criant dessus. Je rigolais mais j’éteignais les écrans et je posais le fer à souder. Pour me faire pardonner, je l’emmenais dans un petit restaurant italien à deux rues du Viaduc des Arts. Il y avait une table un peu à l’écart qui était devenue notre table. Nous commandions des pâtes ou du rizotto et nous bavardions sans fin sur les étapes de notre grand voyage sur les traces de Lamartine. Elle voulait un enfant. Une fille qu’elle aurait appelée Graziella bien sûr. Avant le dessert, elle finissait toujours par me sourire et les nuages disparaissaient. Je n’ai jamais su si c’était mes efforts ou le sortilège de ce vin de Toscane. Nous rentrions amoureux et en paix. C’était magique et grisant. Nous avons été heureux jusqu’à ce funeste mardi de juillet. Il était autour de cinq heures de l’après-midi. A cet instant, le bonheur que je croyais éternel a volé en éclats. Non. Sophie n’est pas morte dans l’explosion. Je suis allé à l’hôpital dès que les urgences m’eurent prévenu. Sophie était là, derrière la vitre, son corps meurtri caché par un drap bleu sali, respirant avec peine sous un lourd appareillage. J’ai senti un craquement sinistre dans ma poitrine, juste sous le coeur. J’ai alors étrangement laissé mes regards dériver vers les oscillations vertes et hachées qui s’affichaient sur l’écran du moniteur de surveillance. Elles étaient d’une beauté malsaine et pourtant elles m’hypnotisaient. Je n’ai pas vraiment entendu l’interne me débiter des fadaises sur un ton compatissant. Sophie était partie. Ce qui gisait là-dessous n’était pas Sophie. N’était plus Sophie. Sophie s’était enfuie. Il n’y avait plus rien d’elle sur ce lit tubulaire. J’ai fait brusquement un pas en arrière, en proie à un vertige inexplicable. Je suis sorti précipitamment des soins intensifs sans faire attention à ce que me criait le personnel médical. J’ai erré en titubant le long des interminables couloirs de l’hôpital. Je l’ai abandonnée ce jour-là. Un comportement abominable, abject me dites-vous. Je ne le nie pas, vous avez mille fois raison. Sophie avait cessé d’exister pour moi. C’est difficile à exprimer. J’ai fui. J’ai pleuré mais les larmes ne m’ont pas libéré. Vous ne verrez pas son nom sur la plaque qu’ils ont posée à la station Saint-Michel. Elle a dû finalement survivre. Je n’en sais rien. Je n’ai rien voulu savoir. J’ignore ce qu’il est advenu d’elle. Je n’ai jamais cherché à la revoir, bâillonnant sans pitié la voix de ma conscience. L’Italie s’est détachée de ma géographie personnelle, péninsule perdue et imaginaire. J’ai perdu le goût du Chianti. J’ai fait mon deuil comme on dit maintenant. Le temps a fait le reste. J’ai refermé les volets. J’ai repoussé les autres, surtout les femmes. J’ai brouillé les pistes et maquillé mon identité. C’est fou ce que l’informatique réussit à faire de nos jours. Bien sûr mes petits bidouillages ne résisteraient pas à un examen minutieux. Mais je vivais en pointillé alors qui allait s’intéresser à moi? J’ai quitté mes anciens amis et je n’ai pas de famille. J’ai donné ma démission à Surcouf et j’ai trouvé un autre boulot à l’autre bout de Paris. Un boulot solitaire, fait d’ombres et de silence où je me suis caché, loin de la lumière du soleil. Il me fallait ça, une sorte de tombe où je pouvais expier mon immense péché. J’ai vécu en marge de la société, logeant dans une minuscule chambre de service sous les toits. C’est là que s’est réveillé le chat au pelage gris muraille, un chat qui ne faisait confiance à personne. Mes yeux ont acquis cette extraordinaire acuité féline. Aucun détail ne leur échappait plus. La nuit était mon domaine, mon territoire. J’ai pris goût à des jeux bizarres et interdits. Invisible et silencieux comme un matou aux aguets, j’ai hanté vos pas sans que vous ne vous en doutiez. Au milieu de la nuit, quand les tensions exacerbent les sens, je vous observe, jamais bien loin. Je me rappelle la première fois. C’était au fond d’un parking. Au dernier sous-sol. Une voiture isolée était garée. La dernière voiture. J’étais là un peu par hasard. Enfin, c’est ce dont j’essaie de me convaincre. Une femme est entrée dans mon champ de vision. Assez jeune. Un carton dans les bras. Je me suis approché tandis qu’elle ouvrait le hayon de sa voiture. Elle a dû sentir ma présence parce qu’elle a brusquement fait volte-face, les clés à la main. Elle a balayé du regard le parking désert. J’ai reculé, plus par malaise que par peur d’être démasqué. Quand elle m’a aperçu, elle a, me semble-t-il, esquissé un demi-sourire et a haussé les épaules. J’ai pris son geste pour une invitation. Je me suis avancé un peu plus près. Elle a déposé son paquet dans le coffre qu’elle a refermé en faisant claquer la tôle. Le bruit a réveillé un long écho métallique qui a rebondi sur les piliers du parking. Il est sorti de l’ombre à cet instant. Un bas de femme sur le visage. Je n’ai rien fait. Si, j’ai regardé. Jusqu’au bout. Quand elle a crié dans ma direction, je n’ai pas bougé, suspendant un geste conditionné. J’ai reculé. Encore reculé jusqu’à ce que leurs formes deviennent indistinctes. Sans doute à cause des larmes qui ont envahi mes yeux. Il a fini par se lasser et l’a laissée en me faisant un bras d’honneur. Elle ne bougeait plus, ses vêtements déchirés autour d’elle. Sa tête reposait contre le pare-choc de la Mégane. Elle avait cessé de crier. Je me suis approché à nouveau. Elle était prostrée, visiblement en état de choc. J’ai distingué des marques sombres qui naissaient sur sa peau dénudée. Elle sanglotait doucement, presque en silence. J’ai tourné autour d’elle lentement. Il y avait quelque chose qui planait au-dessus de cette femme violée. J’ai cherché. En vain. J’ai quitté comme à regret cette scène en noir et blanc. Le deuil et les regrets sont forcément en noir et blanc. J’ai effacé toute trace de ce souvenir. Proprement. Elles sont revenues. Les images ont ressuscité au milieu de mes rêves, me tirant brutalement du sommeil. Je n’ai pu me rendormir, trop de lumière derrière les persiennes. J’avais mal à la tête. Peu à peu, j’ai compris que cela me manquait déjà. Une sorte d’impatience. La nuit suivante, je me suis lancé à sa recherche. A la poursuite de cette chose qui attire les chats quand tombe la nuit. Au début, je croyais que je pourrais rester maître de la situation. J’ai défini une limite à ne pas franchir. Mais la tentation accentua son étreinte et j’ai repoussé cette limite. Je me mis à attendre fébrilement le moment où les ténèbres enfantent les monstres et les fantômes. Je me transformais alors en frôleur d’enfer, une créature du démon qui se promènait sur le fil ténu séparant le monde des vivants et celui des morts. Le chat noir qui porte malheur à ceux qui croisent sa route. Je devins le spectateur privilégié des horreurs qui hantent ce monde quand les bonnes gens se blottissent sous leurs draps. A l’heure où les ombres se détachent des murs et prennent consistance. Je calque mes mouvements sur les leurs, un pacte secret les empêchant de me nuire. J’ai goûté au plaisir interdit et j’en ai redemandé. Je vous suis à votre insu. Je peux demeurer dans votre sillage sans jamais ressentir la moindre fatigue. Epiant par-dessus votre épaule. Epiant vos secrets. Vous ne pouvez pas me distancer où que vous alliez, quoi que vous fassiez. J’ai développé un sens surhumain et crépusculaire. Le chat s’est mué en une horrible bête qui allonge ses foulées au-dessus de vos têtes. Une bête de cauchemar qui jamais pourtant ne s’en prend directement à vous. Non. Je reste un peu à l’écart, tel un charognard. J’aime vous voir mourir. Oui, je l’ai avoué. Il y a tant de pièges qui se tendent une fois le soleil disparu. J’aime vous observer quand le dernier réflexe crispe votre jambe, quand le dernier hoquet soulève votre poitrine, quand votre bouche s’ouvre sur un cri silencieux, ces mille et un détails que je collectionne sans relâche. Que je répertorie dûment. Ma collection est immense. J’en ai tellement. Mon royaume s’est progressivement étendu à la ville toute entière. Aucune rue n’échappe désormais à ma vigilance. Je me fonds dans le décor urbain bien mieux que plus grand prédateur. Mieux que le jaguar au sein de la jungle brésilienne. J’ai investi également votre vie privée. Vous croyiez-vous à l’abri lorsque vous fermez la porte à double tour ? Ce n’est que l’illusion de la sécurité. Je m’introduis chez vous et je me repais de vos vices et de votre solitude, juste de l’autre côté de la fenêtre. Cela me confère un indéniable avantage. Je vous ai à l’oeil plus que jamais. Une petite voix s’est levée un jour dans ma tête. Une toute petite voix qui m’a posé une simple et unique question. Au début je n’ai pas écouté. Alors elle a reposé la question. Encore et encore. Inlassablement. Je me suis arrêté et j’ai entendu. La petite voix répétait : où es-tu ? Où es-tu ? OU ES-TU ? J’ai ouvert la fenêtre, poussé les volets et j’ai vu un rayon de lumière qui, en déchirant les nuages, a embrasé le Sacré-Coeur comme un signal du Ciel. Le doigt de Dieu. C’était la veille du jour où je l’ai croisée. Cette rencontre dissipa les ténèbres qui emplissaient mon existence. J’ai regardé vers la terre ferme. J’étais loin de la côte. J’ai ramé. Ramé dur pour regagner le port. Elle m’a aidé sans compter ses efforts et chaque jour était une victoire arrachée à l’horreur. Elle a cru en moi. Elle était là au bon moment, au bon endroit. Ah oui, ce jour marquait aussi le quinzième anniversaire mon exil infernal. Je l’ai tout de suite remarquée parmi les autres. Une attraction singulière. Il se dégageait de sa personne une force vitale indomptable qui a réveillé quelque chose au fond de moi. Je l’ai croisée d’abord sans vraiment m’intéresser à elle alors que j’étais déjà piégé. Je suis revenu sur mes pas, la cherchant parmi les inconnus qui ne comptaient pas. J’ai cru la perdre, maudissant ma négligence. J’ai remonté le boulevard et les rues adjacentes. J’allais abandonner la mort dans l’âme quand j’aperçus son abondante chevelure qu’elle coiffait avec une exubérance étudiée. Je ne la perdis plus de vue ensuite. J’ai essayé d’apercevoir son visage mais à chaque tentative, il y avait toujours un obstacle qui bouchait la perspective. Un passant importun, une devanture de magasin, l’éclat de lumière intempestif d’un réverbère... J’enrageais. Je ne la quittais pas des yeux mais impossible de voir les siens ! Les frimas de l’hiver ne m’aidèrent pas non plus. Les cols et les écharpes furent bientôt mes pires ennemis ainsi que les parapluies. Je fus un amoureux transi et maladroit, incapable de faire le premier pas. Je me contentais de la suivre. Elle possédait une allure souple et féline, une détermination manifeste. Elle dépassait les autres passants en choisissant des trajectoires surprenantes, quitte à empiéter sur la chaussée quand le trottoir ne lui laissait pas le choix. J’ai remarqué la fluidité de sa silhouette et la grâce de ses gestes déliés. J’étais sous son charme. Je cheminais sur le bord des toits, juste au-dessus de sa tête. Je suis tombé... amoureux quelque part entre le Sacré-Coeur et la place Pigalle. Définitivement amoureux. Je n’aurais pas cru cela encore possible! Invariablement, elle s’arrêtait au café Bruant, au pied de la butte, où elle buvait une boisson chaude. Je patientais sur le trottoir d’en face et je la distinguais derrière l’auvent. Elle réglait l’addition et poursuivait son chemin tandis que la nuit s’épaississait sur Paris. Je lui ai déclaré ma flamme sur un trottoir où la pluie jouait en flaques multicolores. Enfin, quelque chose dans le genre. Elle n’a rien dit. J’ai préféré. Entre nous le non-dit est plus important que tout le reste. Elle m’a permis de l’accompagner. C’est suffisant. J’ai mis fin à mes petits jeux pour me consacrer à elle. Ce chemin que beaucoup considèrent comme celui du vice et du péché est devenu celui de ma rédemption. Je remercie la Providence que nous soyons tous deux des travailleurs de la nuit sinon nous n’aurions eu aucune chance de nous rencontrer. Maintenant, j’ai décidé qu’il était temps que notre relation évolue. Ce soir, j’ai décidé de lui faire une surprise. J’ai attendu la fin de son service. Il est bientôt six heures et le jour de novembre frissonne déjà au-dessus de la butte. Il va faire beau je le sens et je n’irai pas dormir. Pas dormir chez moi. J’irai dans son lit avec elle pour saluer l’aube. Et nous ne dormirons pas. Non. Nous laisserons entrer le soleil à grands flots et nous rirons comme des enfants. Nous nous aimerons en plein jour et tous les pigeons du Sacré-Coeur s’envoleront d’un coup pour nous rejoindre au milieu du ciel. Oui, cela va être fabuleux. Je lui parlerai de l’Italie et j’irai acheter des croissants et une bouteille de Chianti. Je sens la vie parcourir mes veines et j’ai de nouveau confiance en l’avenir. Elle me montrera enfin son visage, un visage que je reconnaîtrai bien sûr. Sophie. Là voilà, elle est ponctuelle vous ai-je dit. Quoi ? Qui est cet homme qui s’approche d’elle ? Pourquoi s’embrassent-ils ? Mais... mais... Je me recule, une douleur perce mon flanc. Ils s’en vont enlacés. Elle ne me jette aucun regard. Aucune explication. Je suis stupéfait. Sa trahison me crucifie. Je respire difficilement. Qu’a-t-elle fait ? Que fait-elle ? Elle piétine mon coeur et elle voudrait que je n’en souffre pas ? Je les talonne à quelques pas derrière. Je suis perdu entre rage et désespoir. Je dois réfléchir. Garder mon sang-froid. Elle pose sa tête contre son épaule et cela me fait mal. Ils tournent à l’angle du trottoir. Je traverse la rue et je les observe se rapprocher de moi. Ils se parlent sans se quitter des yeux. Elle fait comme si je n’étais pas là, comme si je n’existais pas. Je ne suis pas seul à les suivre. Quatre silhouettes longent le trottoir d’en face. La rue est déserte. Je reporte mes regards vers la source de mon malheur. Ils s’embrassent. Mon coeur s’arrête de battre. Devient pierre. Un bloc de roche noire et froide. Aussi noire que les ténèbres, aussi froide que le vide. Les quatre ombres traversent la rue et se jettent sur eux. Ils les entraînent au fond d’une sombre impasse encombrée de cagettes empilées et de poubelles. Ma main hésite. Je me rapproche au plus près mais l’obscurité se fait profonde et contrarie mon point de vue. Ma main hésite. Je peux encore intervenir. A quoi bon? Elle s’est jouée de moi. Elle s’est moquée de moi. Je distingue les signes confus et épars de la violence qui bouillonne sous mes yeux, à quelques mètres. Mais la douleur est trop grande et submerge ma conscience. Alors j’écarte la main du bouton d’alarme et je coupe simplement l’écran de contrôle. Il y en a tant d’autres à surveiller. Je n’ai plus mal. Je me lève de mon siège et j’extirpe une pièce de ma poche. J’ai envie d’un café fort. M Ce message a été lu 7322 fois | ||
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3 Commentaire Maedhros, exercice n°85 - Narwa Roquen (Sam 27 nov 2010 à 23:03) 4 merci du compliment... - z653z (Lun 29 nov 2010 à 16:06) |