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De : Narwa Roquen Date : Dimanche 15 avril 2012 à 20:18:51 | ||
C’est un long texte qui semble ancré dans la réalité – mais faut-il se fier aux apparences ? On dirait que tu t’es baladé la caméra sur l’épaule, tant le côté visuel est privilégié. Le début est en forme de litanie. En quelques phrases volontairement descriptives, anodines comme l’aspect que le héros veut se donner, nous apprenons que c’est un solitaire fortuné et organisé, qui aime garder le contrôle. Plus l’histoire avance, plus ce héros attentif à ne pas laisser de traces se révèle inquiétant, non point tant par ses activités, que l’on devine souterraines et illicites, que par son comportement calculateur et glacial, comme s'il s'était surentraîné à toujours rester maître de lui. D’un égocentrisme parfait, il ne retient de la réalité que ce qui l’arrange : le souvenir de sa mère adorée plutôt que le corps à l’agonie qui ne lui arrache qu’une larme « autorisée » (pas un mouvement, pas un mot pour elle), ses décisions sans appel vis-à-vis des deux femmes qui ont compté dans sa vie – pour ce que lui estime être leur bien. La ville de Marseille suscite en lui presque plus d’émotion que la mort de sa mère ou la découverte d’une fille ! En mélangeant souvenirs et présent dans un style résolument factuel, tu as parfaitement réussi à présenter ton personnage comme une espèce de monstre – le summum étant atteint quand il considère la mort de sa mère comme un évènement prévisible à quelques heures près, dont il n’envisage même pas qu’il puisse ne pas s’intégrer à son timing personnel. Heureusement pour son capital-sympathie, le fait de se découvrir père au moment même où il n’est plus l’enfant de personne semble avoir fait tomber un pan du mur derrière lequel il avait enfermé son passé... Bricoles : - sans lui apporter réconfort et paix : grammaticalement, ce serait plutôt « réconfort ni paix ». Mais mathématiquement, si on considère « réconfort et paix » comme un ensemble... - elle se serait recouverte la tête : recouvert. « Lorsque le pronom est le complément d’objet indirect du verbe, le participe passé ne s’accorde ni en genre ni en nombre avec le sujet, sauf si un complément d’objet direct est placé avant le verbe ». Exemple : « elle secoua la tête qu’elle s’était recouverte » - elle tenait absolument que sur ses papiers : à ce que J’aime beaucoup le passage du tunnel ; l’effet stroboscopique provoque un mini délire très bien décrit et qui de plus nous met la puce à l’oreille : ce gars-là a-t-il vraiment la conscience tranquille ? De même les descriptions de Marseille sont très plaisantes, et elles ont l’avantage d’ancrer l’histoire en un lieu précis. J’ai apprécié particulièrement le paragraphe sur les changements de la ville, qui te fait gagner la confiance du lecteur, ce qui te permettra de l’embarquer ensuite plus facilement. Bien des questions devront trouver leur réponse dans le 2° épisode : - qui est enfermé(e) dans la cave ? - comment cet ancien petit voyou, qui n’a pas trop dû s’attarder à l’école, est-il si savant en astronomie et en mythologie ? - comment va-t-il évoluer, entre la police à ses trousses et cette fille tombée du ciel ? Je m’en pourlèche les babines à l’avance... Narwa Roquen,impatiente! Ce message a été lu 7206 fois | ||