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De : Narwa Roquen Date : Lundi 2 juillet 2012 à 22:43:45 | ||
Ce texte me rappelle un peu l’histoire d’un certain chanteur de folk d’un genre assez spécial, dans la WA 95. Tu as écrit une intro et une conclusion. La conclusion est effectivement incontournable car elle apporte l’élément qui fait tout basculer de manière définitive ( avant, on n’avait que des doutes), élément qui doit rester ignoré du public, donc du discours. Mais je pense qu’on peut contester l’intro, qui par ailleurs est longue. Alors certes, il y a le paragraphe sur les Plumes, qui vaut son pesant d’or. Certes, il y a la description physique ( indispensable ?), celle de son charisme ( évident dans le discours), et les références à Jésus Christ, destinées à nous embarquer sur une fausse piste (certaines pourraient sans doute être incluses dans le discours). Je ne dis pas que ce soit désagréable à lire, loin de là. Tout comme un certain joueur de flûte, tu sais nous envoûter par ta petite musique au point qu’on en oublierait la consigne, pourvu que le texte continue encore et encore... Tu n’enlèveras pas de ma vieille caboche têtue l’idée que tu pourrais faire encore plus fort ! De plus, tout l’intérêt de la consigne était là, dans le tripatouillage des pièces du puzzle, pour qu’elles tiennent à l’intérieur du discours. Pas que mon ego s’offusque en quoi que ce soit qu’on prenne des libertés avec le thème, mais je reste persuadée qu’il existe mille et une manières de raconter une histoire, et que s’exercer à changer de manière c’est enrichir sa palette. Le background futuriste est, comme à ton habitude, parfaitement léché et suffisamment précis pour être ( hélas !) plausible. Là, par contre, tu l’a bien amené au milieu du discours, et pourtant c’était beaucoup plus difficile. J’ai connu un cheval qui ne commençait à s’intéresser aux barres que quand elles dépassaient le mètre. En dessous, il les fauchait allègrement... Tu décris bien les réactions de la foule, de manière indirecte mais efficace, et aussi la manière dont l’orateur sait les provoquer et les entretenir. Il connaît toutes les ficelles et il s’en sert ! Quitte à convoquer Martin Luther King et le moulin de Valmy ( qui sait ce qu’il symbolise, de nos jours ?), avec cette petite allusion, dans l’intro, à un homme « normal ». Tes arbres du souvenir me font penser au derniers tomes du « Soldat Chamane », de Robin Hobb, et ta symbolique du drapeau tricolore à celle, inoubliable, d’Edmond Rostand : « ... ce drapeau/ Plein de sang dans le bas et de ciel dans le haut / - puisque le bas trempa dans une horreur féconde / Et que le haut baigna dans les espoirs du monde... ». La terre a connu bien des bouleversements autant géographiques que politiques, et si la domination est extraterrestre, ce sont, une fois de plus, les instances économiques qui ont le dernier mot... Quand je disais que c’était plausible... Au rang des jolies choses : - « le présent n’existe pas puisqu’il ne se conjugue pas ». Le paragraphe suivant, concernant le futur, est vertigineux ! - Les overdoses de Vie Augmentée !! Très fort ! Le concept de droguer la population pour la rendre docile n’est pas nouveau, les Romains y avaient pensé avant nous. Mais ta description fait froid dans le dos... - « L’ordre n’a pas de passé »... et débouche sur les neuf cercles de l’Enfer... Bien vu... Bricoles : - un matin de printemps... ils furent de plus en plus nombreux : ils ont été - en fonction des thèmes d’actualités : d’actualité - envoutés : envoûtés - sa Cracovie natale... fui son pays natal - un minerai qui a permis le l’essor - ils parlent droits d’usage et taxes de suzeraineté, d’intégration... culturels. Dans ce paragraphe, déjà ardu ( mais impressionnant !) par le vocabulaire et les différents concepts juxtaposés, il y a un grand nombre de « de » en cascade, qui fait trop forcer l’attention. Si je ne me suis pas perdue en route, « droits d’usage », « taxes » et « intégration » sont sur le même plan, ainsi que « schémas », « mesures » et « gel ». Je me demande si le plus simple ne serait pas d’enlever les « de » comme tu l’as fait pour « droits d’usages » et « taxes ». Reste « schémas... de déréglementation interplanétaire des échanges... », où tu peux remplacer « des échanges » par « concernant les échanges », pour nous faire souffler un peu... - Bref ils vous parlaient : tout le paragraphe est au présent - Nul n’existe pas indépendamment : sans « pas » - Un mal inconnu... coulait... corrompant... et menaçait : menaçant serait mieux - Il y a en nous bien plus qu’ils veulent : qu’ils ne veulent - Bien que ... les fûts s’alignaient : après « bien que » c’est le subjonctif - J’ai effleuré l’écorce : le paragraphe est au passé ( imparfait, passé simple) - J’ai vu soudain... j’ai retiré la main : idem, et idem pour le petit paragraphe suivant - La température semblait chuter au fur et à mesure que je progressai : progressais - Il est temps. Je vous le dit : dis - Je ne vous entends pas ? ( 2 fois) : pourquoi « ? » et pas « ! » ? Et voilà encore une bien belle histoire où une fois de plus, surtout en t’en sachant l’auteur, il ne fallait pas se fier aux apparences... Même quand les miroirs sont absents physiquement, la problématique de l’image apparaît toujours. Tous les auteurs ont ainsi leur terrain de jeu favori, c’est ce qui les rend particuliers. Et quel que soit le thème imposé, ils arrivent toujours à vous amener en douce exactement là où ils veulent... Mais quand le voyage a été agréable, qui s’en plaindrait ? Narwa Roquen,avec toutes mes excuses pour le retard Ce message a été lu 6829 fois | ||