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De : Narwa Roquen  Ecrire à <a class=sign href=\'../faeriens/?ID=25\'>Narwa Roquen</a>
Date : Lundi 18 fevrier 2013 à 23:00:07
Bouquet de toutebonne...





« Bouquet de toutebonne
Chassera les dragonnes
Trois brins de romarin
Contre les importuns
Poussière d’argent
Venin de serpent
Queue de têtard
Morceau de lard
Gypse, riz brun, améthyste
Protègent ma maison et ceux qui y habitent »


Ainsi chantonnait Véra en faisant le tour de sa maison, comme tous les matins, pour y disposer le sort de protection. Le printemps était enfin arrivé. La neige fondue ruisselait du toit, et le tip tap des gouttelettes battait la mesure joyeuse de son refrain rituel. De grandes plaques vertes émaillaient la blancheur du jardin, et les jonquilles étincelaient dans l’amicale tiédeur du soleil. Véra soupira d’aise.
Le pire est passé. Nous avons traversé le rude hiver, et nous allons vers les beaux jours. Il reste du bois, j’ai encore des pommes de terre, du lard et de la viande séchée, et bientôt les poules vont se remettre à pondre...
« Tu es le plus jeune, tu ne peux pas !
- Non, c’est toi, l’aîné, qui ne doit pas !
- Alors moi, tout va bien, je suis libre de le faire... »
Les garçons se disputaient encore. Elle entra dans la maison, et les trouva qui discutaient avec acharnement devant la cheminée, leurs bols de lait encore fumants abandonnés sur la table.
« Eh bien ? Vous ne déjeunez pas, ce matin ? Pourquoi donc ai-je trait la vache avant l’aube ? J’aurais pu rester au lit... »
Alexandre baissa les yeux, engloutit le contenu du bol en quelques gorgées pressées et lança :
« Tu as raison, mère. Je ne voudrais pas être en retard. Maître Léon m’a confié la fabrication d’une commode pour la comtesse Danirovna. »
Fiodor, son frère puiné, regarda la table avec accablement.
« Je suis vraiment désolé, mère... Je n’ai pas faim. Maître Sergheï doit m’attendre, lui aussi. Nous avons une grosse commande pour des coupes de cristal... Je mangerai mieux ce soir. »
Dimitri s’attabla, se coupa une large tranche de pain bis qu’il tartina généreusement de fromage de chèvre.
« Et toi, mon fils, tu n’es pas pressé ?
- Si, si... Mais les écoliers peuvent attendre. Ils sont au chaud près du poêle... Et Nicolaï doit leur faire un cours d’orthographe avant ma leçon de musique. Comment pourrais-je donner le meilleur de ma balalaïka si mon estomac crie famine ?
- Et dis-moi : cette dispute ? »
Sur le visage insouciant du jeune homme presque encore imberbe passa un nuage d’inquiétude qu’il s’efforça de masquer par un éclat de rire.
« Oh, rien... Nous nous disputons toujours, mais tu sais bien que nous nous aimons ! »
Elle le regarda s’éloigner sur le chemin, son instrument sur l’épaule. Dimitri, le fantaisiste. Alexandre, le responsable. Fiodor, l’affectueux.
Je vous aime tous les trois, mes petits poussins. Aussi différents et aussi précieux, chacun à votre manière.




Le hasard voulut qu’une femme du village vînt lui acheter quelques plantes.
« Ma chère, votre serre est vraiment magnifique! Malgré l’hiver que nous avons passé – quel froid, quel froid ! – vos plantes sont restées florissantes ! Je voudrais un peu de votre sauge, celle-là, la toutebonne, c’est bien ça ? Et de la camomille... du romarin... et si vous aviez un peu de mélisse... Du thym, peut-être ? Ah! Oh ! Quel parfum ! Mais ce n’est pas de la rhubarbe que je vois là ? Mon mari est allé pêcher hier. Un bon kilo d’oeufs de poisson... Marché conclu ? »



Improviser un repas de fête sans raison particulière, Véra le faisait souvent. Elle passa plusieurs heures à faire frire des blinis bien dorés ; ils étaient trois, mais ils mangeaient comme six ! Cependant elle ne pouvait empêcher les battements de son coeur de lui répéter que c’était ce soir ou jamais. Elle remonta de la cave un petit tonneau de bière, et deux pots de confiture de mûres. Avant le retour des garçons, elle prit le temps de se recoiffer, nouant ses tresses brunes en un chignon compliqué, agrémenté d’une fleur de magnolia. Sur la jupe noire à larges pans qui dansait sur ses pas, elle noua un tablier blanc bordé d’un liséré de roses rouges. Du fond de l’armoire elle tira son chemisier blanc à larges manches, froncées aux poignets, dont le col s’ornait de fines dentelles. Par-dessus, elle enfila le gilet rouge sans manches que lui avait offert sa grand-mère Nadia pour ses vingt ans, magnifique pièce brodée de fleurs multicolores sur laquelle la vieille femme avait usé ses doigts et ses yeux pendant plus d’une année. Aux pieds, bien sûr, ses bottes fourrées de peau de mouton. Evidemment rouges. Sa mère lui avait appris que les bottes des femmes doivent toujours être rouges. Et que tant qu’on avait les pieds bien au chaud, même si la neige tombait dru, on ne pouvait pas tomber malade.




Ils étaient là, tous les trois, dévorant à belles dents et plaisantant de tout, entrechoquant leurs verres comme avant, comme toujours... Avant, c’était du lait. Maintenant, c’était de la bière. Mais c’était toujours ses enfants, ses garçons chéris...
Dimitri accorda son instrument, et ils se mirent à chanter, tous les quatre, un couplet chacun et à l’unisson sur le refrain. Ah les bonnes vieilles ballades du petit père Youri, il n’y avait rien de tel pour chasser l’hiver et se sentir heureux, tous ensemble...
« Mère... », commença gravement Alexandre. « Je voudrais partir. Je voudrais connaître d’autres artisans, d’autres techniques. Maître Léon a un ami à Norilev, et un autre à Meredine. Alors, comme tu as dit que papa serait là avant l’été...
- Mère... Maître Sergheï m’a dit qu’à Diaghilia, il y a des souffleurs de verre dont l’habileté est incomparable. Et je me disais... Tu es bien sûre que papa va rentrer, n’est-ce pas ? C’est bien ce que t’a dit le colporteur ? Parce que l’idée de te laisser seule me brise le coeur !
- Mais oui ! Il va enfin revenir. Ne t’inquiète pas pour moi, ce sera merveilleux.
- Mère... Il paraît qu’au-delà des mers ils connaissent des chansons aussi douces que la brise d’été... et je me languis de les chanter à mon tour...Je regrette de ne pas revoir père... mais ça te laissera le temps de profiter de lui...
- Sans ta bénédiction je ne partirai pas, ben sûr.
- Je ne voudrais pas te faire de peine !
- Tu ne vas pas t ‘ennuyer, sans nous ? »
Elle les regarda tous les trois, visages tendus aux mêmes yeux exaltés par l’aventure à venir. Elle réprima son soupir et leur sourit.
« Bien, bien, je suis vraiment fière de vous. Partez donc, allez chercher votre destin où il sera.
« Mais nous reviendrons !
- On reviendra !
- Je reviendrai ! »


Il est des nuits plus courtes que d’autres où l’oreiller se couvre d’une inquiète rosée. Mais quand les garçons s’assirent pour le petit déjeuner, Véra arborait un sourire fier. Un savant maquillage, aussi discret qu’efficace, avait gommé les cernes sous ses yeux et les rides sur son front. Et puis sans doute avaient-ils autre chose en tête qui les emportait déjà, bien trop de projets et de rêves pour remarquer le souci ou l’angoisse de celle qui appartenait désormais à leur passé.
Véra étala sur la table des provisions pour la route, et remit à chacun trois pièces d’or.
« Tu es sûre que tu vas y arriver sans nous ? », s’enquit Alexandre.
- Je vais pouvoir dormir tous les jours jusqu’à l’aube !
- Tu vas me manquer, maman », susurra Fiodor.
- Je te ramènerai plain de nouvelles chansons », promit Dimitri.
Et puis ils avaient tourné à l’angle du chemin et la maison était vide. Véra s’assit près du feu, fatiguée, vieillie de cent ans. Elle avait dû s’enrhumer dans la nuit, elle reniflait sans cesse. Et ses yeux brûlaient... Le chat Igor sauta sur ses genoux. Les flammes de l’âtre dansaient joyeusement, indifférentes à ce monde tranquille qui venait de s’écrouler, si tôt, si vite... Mais ils étaient loin, maintenant, elle pouvait laisser couler ses larmes, personne ne les verrait, et le chat saurait se taire.
« Pourquoi tu ne leur a pas dit ?
- Pas dit quoi ?
- Que tu leur donnais toutes tes économies, sans rien garder pour toi. Que le colporteur ne t’a jamais porté de nouvelles de ton mari. Que sans doute il ne reviendra jamais. Que leur départ te brise le coeur.
- Pour quoi faire ? Pour avoir à mes pieds une meute de toutous obéissants qui gâcheraient leur vie à me regarder vieillir, alors que le monde leur appartient ? Pour les enchaîner dans un esclavage de tendresse, alors que leur virilité exige d’eux qu’ils partent au loin mener d’autres combats ? Ai-je le droit de les castrer pour mon propre confort ? Par toutes les malédictions maléfiques et toutes les bénédictions bénéfiques, jamais ! »
Véra se frotta les yeux une dernière fois.
Ah, si j’avais eu une fille... Mais allons, il est tard, et j’ai des choses à faire.
« Bouquet de toutebonne
Chassera les dragonnes
Trois brins de romarin
Contre les... »
Elle s’interrompit. Dans la lumière pâle du matin elle vit - à n’en pas douter, elle en était sûre – trois ombres noires courir sur le chemin, trois ombres dangereuses et malfaisantes pourchassant des proies qu’elles savaient désarmées...
Elle jeta à terre la sauge et le romarin, le riz, l’améthyste, le lard et toutes les protections. Bravement, elle cria vers l’horizon.
« Ainsi, vous me fuyez ? Une vieille femme seule vous fait peur ? Lâches démons que vous êtes ! Voyez, j’ai ôté tous les sortilèges, car moi, je ne vous crains pas ! Vous aimeriez bien entrer dans la maison, n’est-ce pas ? Il fait si bon au coin du feu... Il y a du miel sur l’étagère, et la jatte de crème est encore presque pleine... »
Dans un tourbillon glacé, les trois ombres réapparurent. Méfiantes, elles tinrent conciliabule devant la barrière du jardin.
« Tu crois cette vieille folle ?
- Elle est seule, elle ne fera jamais le poids !
- Il reste de la crème !
- Et si c’était un piège ?
- Elle a jeté les protections, regarde, regarde !
- C’est une sorcière, menteuse et retorse et cruelle... et puissante !
- Mais elle a de la crème, de la crème, tu comprends, Néria ?
- Et qu’est-ce que tu vas faire avec de la crème ? On ne peut pas la manger !
- La crème c’est blanc, et c’est doux... C’est comme un nuage humide. Je pourrais plonger mes mains dedans et m’en verser sur la tête... et ça serait bon...
- Hiii ! Ca pourrait être amusant ! On en mettrait partout... Et puis, une fois à l’intérieur, on pourrait faire du mal...
- Et si la crème est ensorcelée ?
- Allons, Noria, tu es déjà morte ! Que peut-il t’arriver de pire ? »





« Véruschka ! Petite mère ! Attends ! »
Véra se retourna, son panier en osier se balançant à son bras. Une jeune fille, dont les tresses blondes s’échappaient de la toque blanche en peau de lapin, courait vers elle, ses bottes frappant la neige d’une belle cadence, bien forte, bien régulière... elle ne reconnut pas tout de suite le visage, mais les bottes étaient rouges, et elle sourit.
« Vassilissa, ma toute belle ! Quel bonheur de te rencontrer ! Comment vas-tu, ma colombe ? Ce doit être bien dur pour toi depuis que ta grand-mère nous a quittés. »
Les joues étaient plus que roses dans le froid vif de décembre, mais le front délicieusement pâle. Vassilissa reprit son souffle avant de serrer affectueusement Véra dans ses bras.
« As-tu des nouvelles des garçons ? Voilà bientôt huit mois qu’ils sont partis...
- Huit mois... Déjà ? Tu es sûre ? Ah, sans doute... Non, Alexandre n’a pas écrit. Ou bien sa lettre n’est pas arrivée. Et c’est pareil pour Fiodor et Dimitri. Mais tu sais, je ne suis pas inquiète : ils sont forts et prudents. Et puis ne dit-on pas que les mauvaises nouvelles arrivent toujours trop vite ? »
La jeune fille fronça les sourcils.
« Véruschka, la neige est tombée sur tes beaux cheveux noirs... Ne me cache rien. Je pourrais être ta fille ! Ton front est plissé de soucis, et tes yeux sont cernés. Je pourrais t’aider, petite mère, maintenant je ne suis plus responsable que de moi-même.
- Tu es toujours aussi délicieuse, mon enfant. Mais je vais bien. Le temps passe, voilà tout. Il te rajeunit, et il me vieillit.
- Pourtant le bruit court qu’il se passe de drôles de choses chez toi. Tu ne reçois plus personne, tu viens vendre tes plantes au marché. Et l’autre jour, moi aussi, j’ai entendu des bruits étranges en passant devant ta maison. »
Véra détourna le regard.
« Tout va bien, te dis-je.
- Ta maison est grande, et moi j’ai du temps de reste. Je pourrais venir demain t’aider un peu...
- Par les Saintes Icônes ! Non, non... Je ... Je te rendrai visite la semaine prochaine. Tu couds toujours aussi bien ? J’ai fait un accroc à une de mes jupes, je te l’apporterai. Va en paix, ma fille, va... A bientôt, à bientôt... »
Véra n’avait jamais su mentir. Et Vassilissa n’était point stupide. Dès le lendemain elle prit le chemin de la petite maison à l’orée du bois. Avant même de frapper à la porte, elle remarqua avec un pincement de coeur que les protections n’étaient pas en place. Pas la moindre feuille de sauge, pas le plus petit brin de romarin...
« Bouquet de toutebonne
Chassera les dragonnes
Trois brins de romarin
Contre les importuns
Poussière d’argent... »
Elle se souvenait de la chanson de Véra, pour l’avoir entendue souvent quand elle venait passer quelques jours chez elle, pendant les vacances. Cela reposait un peu sa grand-mère qui l’élevait seule depuis la mort de ses parents. Et puis, après une nuit passée devant la cheminée de la grande pièce, elle avait toute une journée pour jouer avec Alexandre... Véra lui avait appris à se coiffer, à nouer un bandeau dans ses cheveux, à faire frire les blinis et confectionner les zakouskis. Véra chantait tout le temps et Dimitri essayait de l’accompagner en faisant gémir sa balalaïka de manière si horrible que Véra disait :
« Eh bien, nous n’aurons rien à craindre des loups et des ours, ce soir... A moins qu’ils ne soient sourds ! »
Elle s’apprêtait à frapper à la porte de bois peinte en bleu, quand son regard fut attiré par... comme une sensation de vide... Elle n’était pas venue depuis plus d’un an, mais elle connaissait la maison par coeur. Il manquait quelque chose ! Son coeur bondit dans sa poitrine : la serre ! La serre de Véra, son trésor le plus précieux ! Ce n’était pas possible... Et d’ailleurs cela n’était pas, puisqu’elle continuait à vendre ses plantes sur le marché. Mais alors... Hésitante, elle s’approcha pourtant, tendit la main... Et le bois était là, le verre était là, la serre était là. Invisible, mais présente. Qu’importe la raison, cela ramena le sourire sur ses lèvres. La serre était là, tout allait bien.
Elle frappa enfin à l’huis, une fois, deux fois, trois fois, sans réponse. Alors, faisant fi de tous les principes de sa bonne éducation et n’écoutant que la voix de son coeur, elle entra.
Et s’arrêta pétrifiée sur le seuil.
On aurait dit que la maison avait été mise à sac par une armée de malandrins. Le feu était éteint, les fauteuils renversés, déchirés, éventrés. La grande table de chêne était couverte de grandes flaques jaunâtres parsemées de moisissures. Le sol était jonché de vaisselle brisée, et de... et de... Elle se pinça le nez avant d’aller plus avant, tant l’odeur était insupportable. Et puis, parmi les débris d’assiettes et de verres, elle distingua des pommes de terre pourries, des monticules de farine, des bouteilles d’huile fracassées, et des... cadavres de rats ? Comment cela était-il possible ? Elle fut prise d’une nausée intense et dans une quinte de toux elle battit en retraite dans le jardin. Elle resta là un bon moment, essayant de reprendre son souffle, horrifiée, interloquée.
« Vassi... » Devant elle, à l’entrée de la serre invisible, se tenait Véra, les cheveux en broussaille, le visage bouffi, enveloppée dans une couverture trouée.
« Viens, ne reste pas là... »
A l’intérieur de la serre, entre les rangées de pots, il y avait un matelas à même le sol, où Véra la fit asseoir, tandis que sur un tout petit poêle elle mettait à chauffer le samovar.
« Je ne voulais pas que tu voies ça... Ne sois pas trop sévère avec moi... Je croyais que j’arriverais à les contrôler... »
Pendant que le thé brûlant ramenait un peu de couleur sur ses traits défaits, Véra raconta.
« Je voulais seulement protéger mes enfants... Au début, elles jouaient surtout avec la crème, je nettoyais... Puis elles ont commencé à casser, à éventrer, à dégrader... Elles éteignaient toujours le feu, ça leur fait peur. Un jour elles ont attiré une bande de rats... J’ai pris la fourche, j’en ai tué quelques uns, et elles riaient, elles riaient... Dès le début j’ai pu protéger la serre, c’est mon bien le plus précieux, et c’est mon gagne pain. Mais maintenir ce sort d’invisibilité m’épuise... Je me suis installée là... J’ai un peu froid, mais je peux me reposer. »
Véra fondit en larmes, et c’était une peine que de voir ce visage toujours si serein et si bien soigné se tordre sous les vagues des sanglots.
« Je ne sais plus quoi faire... »
Vassilissa lui prit la main.
« Tu vas venir chez moi, te réchauffer, te reposer, manger quelques repas chauds et reprendre des forces. Elles ont peur du feu ? Nous trouverons le moyen de les détruire. Tu ne peux pas continuer à te battre seule. A nous deux, nous y arriverons. Il ne faut pas qu’à leur retour les garçons trouvent la maison dans cet état.
- Oui... Tu as raison... Il ne faut pas... Mais je suis si fatiguée... »



Il ne fallut à Véra que quelques jours pour retrouver un peu de vigueur. Elle était mince mais de constitution robuste, et la présence de Vassilissa la réconfortait mieux que toutes les potions lénifiantes n’auraient pu le faire. Les deux femmes échafaudèrent leur plan : attirer les démones au-dehors, les asperger d’alcool et y mettre le feu. C’était simple à dire. Mais aucune des deux ne voulut inquiéter l’autre en émettant un doute sur la réussite de ce projet, chacune gardant dans son coeur et dans son âme la multitude des « et si » qui pouvaient tout faire capoter.
Bravement, au jour dit, elles revinrent à la maison près de la forêt, Véra portant une torche enflammée et Vassilissa un panier chargé de bouteilles d’eau de vie. La maison semblait silencieuse ; elles s’approchèrent de la porte qui était restée ouverte, et à leur grande surprise, elles entendirent distinctement une voix qui racontait :
« ... Et alors, après avoir vaincu le dragon du treizième royaume, le prince Igor décida de visiter le quatorzième. Une longue route poussiéreuse serpentait parmi des rochers acérés comme des rasoirs, et le soleil était brûlant comme un souffle de dragon. Il arriva enfin à un embranchement. A sa gauche s’étendait un désert de sable rouge... »
Les yeux de Véra se mirent à briller.
«C’est Igor ! Viens, nous pouvons entrer ! C’est Igor !
- Igor... le chat ?
- Bien sûr, qui d’autre ? »
Un spectacle inouï les attendait dans la grande pièce. Assises à même sol au milieu des détritus, les trois démones, écarquillant les petites fentes jaunes de leurs yeux, étaient aussi immobiles que si elles dormaient profondément. Devant elles, sur le bahut, Igor le chat ne les quittait pas des yeux en continuant à raconter son histoire.
« Il décida de se diriger vers la forêt qui s’étendait à sa droite – ah, te voilà enfin ! Les aventures du prince Igor commencent à me faire friser les moustaches ! – en pensant qu’il serait bien d’abreuver son pauvre cheval fatigué – j’espère que tu as eu enfin une idée intelligente pour te débarrasser de ces morveuses ! – et comme il arrivait à l’orée de la forêt...
- Est-ce tu peux faire en sorte qu’elles te suivent dehors ?
- ... il entendit une voix qui semblait provenir du plus profond du feuillage, et qui disait « viens, viens, je vais te raconter une belle histoire... »
Le chat bondit vers la porte et se retourna.
« Viens, viens, je vais te raconter...
- Une belle histoire... », murmura une des démones en se levant. Et les deux autres répétèrent en choeur :
- « Une belle histoire...
- Alors le prince Igor, qui ne connaissait pas la peur... »
Le chat sortit à reculons, parce que c’était un chat qui avait d’innombrables talents, et derrière lui s’avancèrent les trois démones à la queue leu leu. Vite, vite, Vassilissa les aspergea d’eau de vie et Véra les embrasa d’un large geste tournoyant. Elles explosèrent dans un tourbillon de fumée noire en poussant un cri unique, intense et déchirant. Véra porta la main à son coeur. Il était trop à l’étroit dans sa poitrine, il cognait, cognait, comme s’il avait voulu sortir pour s’envoler tel un rossignol en cage. Mais c’était la joie, bien sûr, le bonheur d’être enfin libérée... Qui aurait pu s’apitoyer même un instant sur ces créatures malfaisantes ?
« Nous serons enfin tranquilles », soupira Igor en souriant. « Enfin... quand vous aurez rangé un peu...
- Mais dis-moi », demanda Véra, « tu ne te serais pas nommé Kot Baïoun, dans une de tes nombreuses vies ?
- Un joli nom, ma foi... Mais Igor n’est pas mal non plus... »


Il ne leur fallut pas moins de trois fois six brouettes pour évacuer tous les détritus. Récurer les sols, les murs, nettoyer et cirer les meubles, réparer tout ce qui avait été cassé, tout cela leur prit plusieurs mois. L’hiver, entretemps, touchait à sa fin. Vassilissa couchait dans la chambre d’Alexandre, pour s’épargner les trajets quotidiens. Et puis parfois Véra l’inquiétait. Elle s’essoufflait beaucoup trop vite pour une femme de son âge, elle pâlissait sans raison par moments, elle restait muette devant son assiette de bortch, incapable d’avaler une bouchée...
C’est parce que les garçons lui manquent. Quand ils seront revenus, elle recouvrera la santé.
« Demain c’est la Pâque », déclara Véra un matin. « Est-ce que tu veux bien m’aider à faire une belle pashka ? On ne sait jamais... Peut-être que nous aurons des invités... »
Alors pendant des heures elles travaillèrent le fromage blanc avec les oeufs, le sucre, le lait, la vanille ; puis elles ajoutèrent les amandes effilées, les raisins secs et les fruits confits, et enfin versèrent la préparation dans le moule en forme de pyramide.
« Je n’en peux plus ! », déclara Véra en bâillant. « Mais nous avons bien travaillé.
- Va te coucher, petite mère. Je range un peu, je balaie, et j’irai dormir aussi.
- Tout cela peut attendre demain, ma fille. J’ai peut-être seulement rêvé que demain serait jour de joie...
- Mais si tu as raison, alors que rien ne gâche la fête ! »


Le jour se leva, limpide et clair, un vrai matin de résurrection. En tremblant un peu, Véra revêtit la longue jupe noire, sur laquelle elle noua une ceinture. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait tant maigri. Le chemisier blanc, le gilet rouge... C’était ridicule, mais... Elle mit un peu de poudre rouge sur ses joues pâles, un peu de cette crème secrète qui effaçait les rides autour de ses yeux, et puis le fard sur les cils, et puis le rouge à lèvres...
« Maman ! »
Elle manqua de s’évanouir. En remerciant les Saintes Icônes elle dévala l’escalier, se précipita dehors... Dimitri était là, recouvert d’une longue cape brune élimée et poussiéreuse. Le nez au vent, il semblait écouter les bruits avec attention, les yeux grands ouverts perdus dans le vague. Sa main était posée sur l’épaule de son compagnon de voyage, un homme immense, blond aux yeux bleus, qui souriait timidement comme un enfant innocent. Véra se jeta dans les bras de son fils, l’embrassant à l’étouffer, murmurant des mots éperdus « mon petit mon poussin mon ange mon trésor... » Dimitri se mit à rire.
« Maman... Maman ! Arrête ! Je suis là, je ne partirai plus... Laisse-moi te présenter Mikhaïl : il est mes yeux et mon courage, et sans lui je ne serais pas là. Ne t’offusque pas s’il ne te répond pas, il est muet. Mais c’est l’homme le plus doux et le plus sage du monde, et quand tu entendras sa musique...
- Tes yeux ? Mais que t’est-il arrivé ?
- Je te raconterai... Mais sois sans crainte : je suis heureux ! Tout est clair maintenant pour moi, je vois beaucoup mieux qu’avant les choses vraiment importantes... »
Véra prépara du thé, et Vassilissa ajouta du bois dans la cheminée.
« Maman... Mikhaïl te demande si... enfin... Est-ce que tu accepterais qu’il vive avec nous ? Il ne voudrait surtout pas que cela te dérange... »
Véra s’approcha du géant qui, assis aux pieds de Dimitri, formait des signes avec ses doigts que Dimitri lisait de sa main gauche.
« Mikhaïl, si mon fils t’aime, je t’aime aussi, et ma maison est ta maison. Mais il faudra que tu m’apprennes aussi à lire dans tes doigts, afin que nous puissions parler tous les deux. »
L’homme sourit et inclina la tête. Il prit la main de Véra et lentement dessina dans sa paume un arc de cercle comme un sourire.
« Tu... veux dire merci, c’est ça ? »
Mikhaïl applaudit.
« Hé, maman, tu es douée ! J’espère que vous n’allez pas trop parler dans mon dos, tous les deux... »



L’odeur du gigot d’agneau commençait à envahir la maison quand se fit entendre le bruit d’une carriole sur le chemin.
« Je crois que tu as encore de la visite », annonça Igor sans ouvrir une paupière. Il était couché sur le tapis devant le feu et n’avait pas l’intention de céder sa place.
Véra n’en croyait pas ses yeux : tenant les guides de deux chevaux blancs comme neige qui tiraient une charrette presque grande comme une maison, Fiodor souriait de toutes ses dents, magnifique dans une grande pelisse de fourrure beige, ouverte sur une chemise immaculée et un pantalon rouge de la soie la plus fine qu’on eût pu imaginer. Il sauta à terre et la fit tournoyer dans ses bras jusqu’à lui donner le tournis.
« Maman, je t’aime tant ! Mais je n’ai pas perdu mon temps, tu sais ! Je suis commerçant, maintenant. Je vais exporter nos produits, et importer des épices d’Inde, des soieries, des bijoux. J’ai un contrat avec un noble de là-bas, un maharadjah, un homme riche qui m’a accueilli comme un fils. Je vais faire fortune, maman ! Mais le plus beau de tous les trésors... je te l’ai ramené. Viens, ma douce colombe... Maman, je te présente Anathi... »
Une toute jeune fille descendit gracieusement de la charrette, vêtue du sari traditionnel en lumineuse soie jaune, protégée du froid par une cape longue de soyeuse fourrure noire. Son teint était mat, ses cheveux d’un noir de jais étaient retenus en un chignon savant, et de longues boucles d’oreille en argent dansaient à chacun de ses mouvements. Entre les sourcils, elle avait dessiné un étrange point rouge. La jeune fille s’inclina devant Véra, les mains jointes.
« Est-ce qu’elle n’est pas magnifique ? Ses parents nous ont mariés, mais j’espère bien célébrer notre mariage ici aussi, avec ta bénédiction, bien sûr. Maman... Tu es toute pâle... Je t’épuise avec mes discours ! Viens, rentrons. »
Véra s’appuya au bras de son fils. Que d’émotions en une journée ! Elle fit un clin d’oeil à Vassilissa. Elles avaient eu raison de se donner du mal, c’était vraiment jour de fête !
Pourtant, pendant le repas ponctué de rires et de chansons, le regard de Véra s’égarait parfois dans les flammes de l’âtre. Elle portait la main à son coeur, puis prenait sur elle pour sourire à nouveau.
« Il va revenir, petite mère », lui glissa Vassilissa en l’aidant à débarrasser la table.
- Pauvre enfant, tu l’attends autant que moi ! Oui, j’espère vraiment qu’il va revenir. J’ai prié si longtemps... et je prierai encore ! »




Alors que le printemps aurait dû battre son plein, une vague de froid aussi terrible qu’inattendue submergea le pays. La neige se remit à tomber, comme au plus fort de l’hiver. Les trois garçons coupaient du bois tous les jours, en riant et en chantant, mais Véra se sentait de plus en plus oppressée.
« Nous n’aurons pas de fruits cet été », se lamentait-elle. Mais dans son coeur grandissait le souci pour son fils aîné et il n’était pas de nuit où elle ne se réveillât, en sueur et en larmes, émergeant du même cauchemar : Alexandre était couché dans un fossé, recouvert de neige, et il n’avait même plus la force d’appeler au secours...
« Mère, tu ne devrais pas veiller si tard... Tes travaux d’aiguille peuvent attendre demain. Tu as les mains glacées... »
Dimitri s’était agenouillé près d’elle, et il avait posé la tête sur ses genoux, comme il faisait quand il était enfant.
« Je suis si inquiète », confessa-t-elle enfin. « Je rêve de ton frère toutes les nuits... Et il... Je me fais des idées, bien sûr... Mais j’ai si peur... »
Alors le jeune homme fit une chose étrange : il posa ses mains sur le front de sa mère en disant :
« Donne-moi ton rêve. Il m’est déjà arrivé de voir... certaines choses... Va te coucher. Demain, je te dirai. »



« Fiodor, debout ! Attelle ta charrette, vite ! Je sais où est Alexandre, et il est en danger. Allez ! »
Fiodor faillit protester, mais le visage déterminé de son frère et l’air résolu de Mikhaïl, à la clarté de la lampe qu’il tenait, lui ôtèrent l’envie de discuter.
La neige tombait de plus belle, et Mikhaïl marchait devant la charrette, sa lampe à la main. On ne voyait plus le chemin, le vent hurlait sa colère et les flocons tourbillonnants brûlaient le visage des trois hommes.
« Mais enfin », explosa Fiodor, « tu peux me dire ce qui t’a pris ? Nous voilà en pleine nuit, dans une tempête de neige, au mépris de tout bon sens... Tu veux nous faire geler tous les trois ?
- Je sais ce que je fais. Je suis aveugle, mais je ne suis pas fou. Là... arrête-toi. Mikhaïl, s’il te plaît... »
Le compagnon dévoué aida Dimitri à mettre pied à terre, et celui-ci lui posa la main sur l’épaule. Fiodor cligna des yeux, éberlué. Mikhaïl tenait la lampe, et c’était l’aveugle qui le guidait ! Dimitri s’accroupit près d’un monticule de neige sur le bord de la route, et il se mit à creuser comme un fou.
« Fiodor, viens nous aider, viens ! »
Et il était là, roulé en boule, inconscient, les mains dans les poches d’un pauvre manteau troué de partout...
« Il respire encore ! Fiodor, les couvertures ! Mikhaïl, aide-moi à le porter ! »
Ils l’installèrent à l’arrière, sous la toile. Dimitri lui massa les bras, les épaules et le torse. Mikhaïl le déchaussa de ses bottes trouées et, soulevant sa tunique, plaqua les pieds glacés contre son ventre.
« Fiodor ! Demi-tour ! Il faut rentrer aussi vite que possible !
- Pas de souci », cria Fiodor. « C’est un bon cheval, il saura nous ramener ! »
Et c’est ainsi qu’une charrette folle s’engouffra dans la nuit, défiant le vent et la tempête, portant un homme qui aurait dû mourir et trois autres qui étaient unis par la volonté de le sauver.
La petite maison à l’orée du bois ressemblait à une ruche en effervescence. Anathi ranimait le feu, Vassilissa préparait du thé sucré au miel sur le poêle, Véra, les yeux bouffis, grelottant sous son châle noir, regardait la maisonnée s’agiter autour de la vie vacillante de son fils aîné...
« Pourquoi a-t-il les poings serrés ? Pourquoi n’ouvre-t-il pas les doigts ?
- Patience, mère, il va se réchauffer, il va revenir à lui...
- Alexandre ! Aliocha, mon petit, nous sommes tous là, tu es à la maison... Je t’en supplie, mon poussin, reviens ! »
Dans un soupir, l’homme frissonna et ouvrit enfin les mains. Trois pièces d’or roulèrent sur le tapis. Alexandre s’éveilla et murmura d’une voix faible :
« Mère... Pardon... La route était si longue... Je me suis arrêté... Je n’ai pas fait fortune... J’ai vu tellement de choses horribles... Des enfants qui mouraient de faim... La guerre, la famine, la désolation... La cruauté des hommes... Je ne voulais pas te décevoir...
- Calme-toi, mon enfant. Tu auras tout le temps de parler plus tard. Je suis si heureuse que tu sois revenu ! Ta seule présence est le plus beau présent que tu pouvais me faire... Bois, maintenant, il faut que tu te réchauffes. »
Vassilissa se pencha sur lui, approchant de ses lèvres brûlées par le froid un bol de thé parfumé qui lui rappela l’époque où il n’avait jamais ni froid ni faim. Il croisa le regard de la jeune fille qui se mit à rougir.
« Vassi... C’est toi que j’ai cherchée au bout du monde, et tu étais là... Est-ce tu parviendras jamais à aimer un homme aussi bête ?
- Je voudrais seulement pouvoir aimer un homme vivant, et en bonne santé ! Bois, s’il te plaît, et ne doute jamais de moi. »
C’est le moment que choisit le chat Igor pour descendre du bahut et venir se lover, en ronronnant, sur le ventre d’Alexandre.
« Moi aussi je suis content de te revoir. Des trois, tu n’as jamais été le pire. »
Le visage de Dimitri s’éclaira.
« Ses pieds se réchauffent ! Le sang s’est remis à circuler ! Regarde, mère, il reprend des couleurs !
- Louées soient les Saintes Icônes ! Et merci à vous tous qui l’avez sauvé !
- Et moi », dit le chat, « pas le moindre compliment, pas la moindre gratitude ? »
Anathi se leva et lui ramena une soucoupe de crème, que le chat lécha avec gourmandise sans quitter sa place.
« Vous avez vu ? Elle comprend de mieux en mieux notre langue ! », s’extasia Fiodor.
« C’était une très bonne idée de l’amener ici », conclut le chat en se léchant les moustaches, ce qui ne manqua pas de provoquer l’hilarité générale.






Le jour se levait à peine. Véra, en soupirant, quitta son lit. Ils étaient tous là, il fallait remettre en place au plus vite tous les sorts de protection. Elle descendit l’escalier en titubant et en s’accrochant à la rampe, et ouvrit la porte.
« Bouquet de toutebonne
Chassera les dragonnes
Trois brins de romarin
Contre les importuns
Poussière d’argent
Venin de serpent
Queue de têtard
Morceau de lard... »
Vassilissa faisait le tour de la maison, et près d’elle Anathi lui tendait au fur et à mesure les ingrédients précieux, en répétant à mi-voix les mots du sortilège pour mieux les mémoriser. Allons, la relève était assurée. La maison avait de nouvelles protectrices, et cela la rassura. Elle s’affaira dans la cuisine. Elle n’avait plus de sujet d’inquiétude, mais son corps s’était usé prématurément dans cette dernière année, et elle savait que le temps lui était compté. Pourtant, il fallait célébrer deux mariages, et elle aurait bien aimé voir naître quelques petits enfants... La veille au soir, les garçons avaient parlé de leur projet d’agrandir la maison, et Alexandre, qui semblait s’être endormi sur le tapis de laine après avoir avalé trois tasses de thé, avait rouvert les yeux pour dire :
« Je ferai les charpentes.. »
Puis il avait soupiré de bonheur et s’était mis à ronfler paisiblement. Vassilissa était restée près de lui toute la nuit, et tout était bien.
Igor s’enroula autour de ses jambes en ronronnant. Non sans mal, elle s’assit sur le sol et le prit sur ses genoux pour le caresser.
« Je te dois beaucoup », murmura-t-elle les yeux humides.
- N’en parlons plus », répondit le chat en se léchant furieusement une patte. « Nous sommes amis, c’est tout naturel.
- Quand je passerai... Tu seras là, n’est-ce pas ?
- Nous serons tous là. Mais l’heure n’est pas encore venue, petite mère. Il reste encore du temps dans ton sablier. Le bonheur est le remède à bien des maux, et il me semble bien savoir que tu n’en manqueras pas... »
Narwa Roquen,à la ramasse...

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