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De : Maedhros Date : Dimanche 1 mars 2015 à 12:29:32 | ||
Ce n’est pas « le jour d’après », mais le surlendemain... le mois suivant, le siècle plus tard, où tu plantes le décor de cette fable post-moderne. Elle réunit de fort belle façon les tentatives de créer un surhomme, au sens Nietzschien (Demain, les chiens, les manipulations génétiques), les fins du monde cataclysmiques, (cette ère de glaciation m’a rappelé « Quintet », le film génial mais trop souvent méconnu d’Altman) et la confrontation évolutionnaire entre l’espèce en voie d’extinction et l’espèce mutante qui va lui succéder (Les Plus qu’humains, de Sturgeon). Le tout est couronné par le magnifique choeur des esclaves, tiré de Nabucco, l’opéra de Verdi, qui écrivit là un hymne à la résistance italienne conte l’oppression autrichienne. Sans oublier le titre qui renvoie bien sûr à Tennessee Williams, l’auteur qui s’est toujours élevé contre toute forme de ségrégation, de racisme ou d’exclusion. Et puis, de façon plus indirecte, le choix de l’Algérie pour situer la cité du recommencement, qui a également réveillé les échos du roman de Pierre Benoit qui situait l’Atlantide finalement pas très loin des mont Aurès, qui appartiennent à la chaîne de l’Atlas, ce géant qui soutint la voûte céleste sur ses épaules. La qualité de tous ces ingrédients a permis de façonner une histoire cohérente qui interroge sur la nature humaine. Les descriptions contextuelles sont fouillées et crédibles : la glaciation, les matériels génétiques empruntés aux espèces animales présentant des caractéristiques adaptées au nouvel environnement, la gestion du microcosme humain aux ressources limitées... Tu dis souvent que tu n’es pas à l’aise dans ce style de SF, mais tu t’en sors ici avec les honneurs et les lauriers. C’est crédible, toujours argumenté et le substrat technologique est très intéressant. J’ai bien aimé aussi le choix des noms qui convoquent un passé glorieux : Cléopâtre, Ramsès, Thémistocle...ils donnent une petite patine rétro à l’ensemble. La confrontation finale entre les Chims (bien vu, la racine commune !) est assez savoureuse entre les « fin de race » et leur progéniture indirecte. Ceux-ci, au-delà de leur extraordinaire adaptabilité à leur nouveau monde, prouvent que l’habit ne fait pas le moine est une expression intemporelle et que ce qui fait qu’un humain est humain, son aspiration à l’élévation, fait toujours partie de leur patrimoine génétique (bon, là, je ne sais pas si Dawkins serait tout à fait d’accord, lui qui a développé la notion de gène égoïste, mais c’est une affaire de spécialistes, après tout, non ?). La consigne du thème est parfaitement respectée et ce scientifique surdoué, en avance sur son temps, comme ses illustres prédécesseurs, avec ses faiblesses et ses qualités, est bien campé, tiraillé qu’il est entre sa nature et sa mission. Le violon est un art difficile qu’il partage certes avec Einstein mais aussi avec Sherlock Holmes ! Si je me permettais, à titre perso, d’inférer ma perception de la portée de l’histoire, et c’est la raison qui m’a poussé à reprendre un vers du choeur des esclaves dans mon titre, je dirais que, bien sûr, la mission confiée à Thémistocle a été remplie et l’espèce humaine évoluée repart avec des atouts qui devraient lui éviter les mêmes erreurs, mais une bonne partie de ce qui a été accompli de Beau par l’humanité ne procède-t-elle pas justement de ses propres contradictions, de ses faiblesses et de ses zones d’ombre ? Mais bon, ceci constituerait sans doute mieux le sujet d’une disserte de philo pour les nuls ! Au rayon des bricoles : - Je ne calomnierai pas en affirmant... : Je ne calomnierais (vu la phrase, je pense que le conditionnel va mieux !) - dont 70% avait moins : dont 70% avaient moins - les deux premiers Chims que j’ai créé : les deux premiers Chims que j’ai créés M Ce message a été lu 6750 fois | ||