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De : Maedhros Date : Vendredi 20 novembre 2015 à 19:52:29 | ||
Quand j'eus terminé cette histoire, plusieurs réflexions me vinrent spontanément. D'abord, et c'est la force de suggestion de ce texte, les images d'Avatar se sont mêlées à celle de la Forêt d'Emeraude. Ces deux films cultes racontent l'un et l'autre la difficile relation de l'homme à la nature. Avatar, parce qu'il y a cette entité primordiale qui protège l'écosystème et son fragile équilibre, Eo, le Fleuve se substituant à , la Terre. La Forêt d'Emeraude, parce qu'il y a cette volonté des hommes, qui tient à leur nature profonde, de domestiquer un fleuve, par un barrage ou par un pont. Et la fin de cette histoire mélange un peu la fin des deux. Les ouvrages d'art sont détruits et l'instrument de cette destruction salvatrice est sauvé par l'entité supernaturelle. Il y a aussi une coloration « brésilienne » dans le choix des noms des personnages qui peut faire penser au film de Boorman. Le récit s'articule en 3 parties qui se succèdent chronologiquement. Les deux personnages centraux, Ernesta et Max sont bien campés, comme l'évolution divergente de leur rapport à leur travail. D'abord enthousiastes et imaginatifs pour surmonter les difficultés qui s'accumulent, chacun ira jusqu'au bout de sa logique. L'un se perdra en voulant à tout prix dompter cette puissance naturelle, l'autre prenant conscience à temps du dégât qu'elle risque de causer à l'écosystème. Je te décerne une mention spéciale pour le tour de force concernant le vocabulaire technique des bâtisseurs de ponts et des travaux publics. C'est assez impressionnant. Le haubanage, les techniques d'assemblage du tablier, le tablier monobloc ajouré, le décaissement de la route, jusqu'à l'expression définitive : « garde-fous en techtitanium hauts de trois mètres, accrochés à la terre par de longues dents vissées, sur le principe amélioré du peigne à chignon ». Chapeau bas, je ne sais pas si tu t'es plongée dans des manuels mais on y croit. Selon la consigne, il fallait que le texte comporte des traits d'union. Le pont en lui-même en est un parfait symbole, même si, au cas présent, il est plutôt un trait de désunion. Le fleuve, en quelque sorte, en est également un, à sa façon. Le nom de la miraculée est bien trouvé ! Ton style est toujours aussi fluide (facile !), même si tu abordes des thèmes techniques (xylar, techtitanium, faux laser) et que les péripéties sont à cette image, ce qui donne quelquefois un rythme plus heurté. Tu reprends avec bonheur tes thèmes de prédilection : écologie humaniste, relations entre les individus, les rapports chahutés entre progrès et civilisation... Au rayon des bricoles : «D’une part pendant la nuit le fleuve envahit la zone défrichée, laissant derrière lui un mètre de boue épaisse et collante qui interdisait de continuer le défrichage pendant plusieurs jours. » :eu égard à la construction de la phrase, j'aurais plutôt vu un passé simple : ..... qui interdit de continuer.... M Ce message a été lu 6453 fois | ||