| ||
De : Maedhros Date : Dimanche 18 septembre 2016 à 20:41:23 | ||
Dans ce récit à la première et dernière personne, rôdent des fantômes. Ceux qui se glissent la nuit venue hors des placards où on les enferme à double tour, où qui tendent un bras de sous le lit quand on cherche à tout prix le sommeil sans savoir si cela sera un refuge ou un piège. J'ai pensé à ces histoires qui jettent le trouble durant les repas de famille quand la conversation échappe à la vigilance des plus vieux. Alors on se regarde gêné par-dessus les assiettes, juste au bord de l'abîme, tout près de la frontière de la no-go zone familiale. Comment ça, cette bonne vieille tante Mathilde...? Cela commence souvent comme ça. Quelques mots anodins et puis tout devient glissant et on bredouille des demi-phrases jusqu'au rappel à l'ordre qui coupe court au malaise, au plus grand soulagement de tous Je sais, c'est une bien trop longue introduction mais c'est ainsi que j'ai ressenti cette histoire de monstres génétiques, vous savez, comme ces maladies qui sautent une génération pour mieux s'épanouir. Il y a, entre les protagonistes de cette histoire, la mère, le père, les enfants, dans le désordre bien sûr, des liaisons dangereuses et des jeux interdits, incompréhensibles pour le monde extérieur. Il y a aussi de curieuses propriétés mathématiques à l'oeuvre dans le dénouement où les extrêmes s'annulent, afin de rompre l'infernale continuité des gènes, pour aboutir à une équation produit-nul. Dans la première partie du récit, in media res bien sûr, on sent monter l'inquiétude et l'im^puissance de cette mère confrontée à un présent qui lui tend le miroir de son passé. Ensuite, elle lutte, avec les maigres moyens qu'elle a à sa disposition. Mais comment combattre la fatalité génétique? C'est très bien vu. Il y a une dimension tragique, au sens mythologique du terme, dans la résilience dont fait preuve cette femme. Elle ira jusqu'à pénétrer dans l'ombre d'un passé lourd et maudit pour tenter d'échapper au destin qui lui est promis mais peine perdue, elle répétera le geste commis par la reine Médée. Et son salut peut-être inattendu viendra de celui qu'elle n'attendait pas et qui éteindre les lumières de ce petit cabinet des horreurs. C'est une histoire circulaire qui s'enroule sur elle-même jusqu'à la suffocation, celle qui étreindra à jamais ces enfants. Ces enfants terribles dans lesquels la mère voit grandir l'ombre de son propre père. Quand je vous disais qu'il s'agissait d'une histoire psychanalytique que n'aurait pas renié Freud! La scène de la prison est un des moments fort. Elle se place dans le récit comme le verrou qui saute et qui permettra la suite. Bien vu les prénoms des enfants jouant avec le nom de l'ami imaginaire et qui, d'origine hébraïque, signifient "reposé", calme ou "apaisé"!. Juste un bémol en ce qui concerne l'interview du père que je trouve trop direct et trop basique par rapport à l'ensemble du récit. M qui salue ton retour parmi nous! Ce message a été lu 6521 fois | ||