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De : Maedhros Date : Lundi 10 avril 2017 à 09:46:16 | ||
DANS LA CAGE Radotant tout seul dans sa barbe vénérable. Me croisant, il me dit, une expression affable Sur ses traits : «Ne cours pas, tu n’es pas en retard » Intrigué par ces mots, je me suis retourné. Quelque chose chez lui me rappela mon père L’ombre sur la joue ou ce tic à la paupière ? La cravate rayée ou cet air enjoué ? Pourquoi lui maintenant ? J'hésitais à savoir. L’inconnu familier m’adressa un sourire Et reprit son propos : « Vous savez, il n’est pire Aveugle ici-bas que celui qui ne veut voir ! Nous sommes tous prisonniers de ce bâtiment. Depuis son sommet, nous descendons dans la cage, Degré après degré, poursuivant un mirage Où nous rêvons vivre ! Quel triste boniment ! Je suis né tout en haut de ce géant d’acier Loin était l’horizon et vaste était le monde. J’ai pris mon départ, je suis entré dans la ronde. T’ai-je dit que la vie est un grand escalier ? Avant de parvenir au quart de sa hauteur, En mes folles années, je dévalais l’échelle Et Dieu, par les deux bouts, je brûlais la chandelle! T’ai-je dit que le temps est un grand ascenseur ? Et puis j’ai rencontré, quelques niveaux plus bas Au détour d’un couloir, la plus belle des femmes. Elle m’offrit un baiser, je lui donnai mon âme Je devins son aimant, elle devint mon compas. Pour elle et nos enfants, je construisis un nid A l’angle de la tour, avec vue sur la ville. Là naquit le démon qui ruina mon idylle Faisant de mon métier mon intime ennemi. Je voulais plus d’argent, gravir les échelons, Le démon m’étreignait et battait la cadence. Redoublant d’ambition, trépignant d'impatience, J’ai sacrifié les miens pour de nouveaux galons. Et plus je descendais, et plus la gravité M’imposait son joug en exploitant ma faiblesse. Cruelle elle m’obligea, cette inique maîtresse, A rejoindre la terre et à marcher courbé. Ma chienne de vie touche à sa fin désormais, Au neuvième sous-sol, ma tombe est déjà prête. Tu crois que je suis fou, que j’ai perdu la tête : A leur source les eaux ne remontent jamais. Ces ascenseurs et escaliers ont un secret Celé depuis longtemps et qui encor’ m’étonne Je vais t’affranchir mais ne le dis à personne, Ou de ton trépas tu signeras le décret ! » Je n’ai pas attendu que ce vieux radoteur Termine son récit, que le diable l’emporte ! Mais je vous l’avoue : quand s’est refermée la porte, J’ai retenu mon souffle au fond de l’ascenseur. M Ce message a été lu 6219 fois | ||
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3 WA n°155 : Maedhros - Estellanara (Lun 6 nov 2017 à 10:05) |