| ||
De : Narwa Roquen Date : Dimanche 18 mars 2018 à 19:07:04 | ||
Attention, c'est du lourd ! D'un côté, il y a les grands noms de la philosophie allemande, Heidegger, Hegel, Marx, aux prises avec un concept d'une abstraction totale (encore que Marx ait voulu mettre l'humain au centre du débat de manière plus matérialiste que Yung, qui pensait en termes d'évolution de l'individu, si j'ai bien compris). En face, un monde de SF pure et dure, dont le vocabulaire peut déconcerter le néophyte, qui se retrouve largué seul et sans attache dans le vide sidéral de son ignorance... C'est un texte exigeant, un peu à l'image de son héros, qui malgré tout semble se cacher derrière ses analyses rationnelles. Quant à moi, je m'interroge encore sur les soleils homozygotes et les créatures halophiles, mais je suis restée scotchée sur la page qui va de "hérésie géologique" à "le scénario au fur et à mesure". Même sous la torture, je serais incapable de l'écrire. D'où mon admiration illimitée... Bricoles : - bien qu'il paraissait : bien qu'il parût - ils étaient capables d'obtenir le bannissement... (je suppose "de" n'importe quel Administrateur - un ordre abscond: faute de frappe - pouvaient entrer en résonnance: faute de frappe - un rêve étrange dont il pouvait agir sur le cours : Ça coince un peu. Influencer le cours ? - qui lui piquaient la langue et engourdissait: engourdissaient - tous les univers mentaux développés les Mimétiques : par les Mimétiques ? - J'adore le soupir pneumatique du sas : on s'y croirait ! - Et j'adore la dernière phrase... - Et merci pour le clin d'oeil à la WA, qui heureusement, n'a rien de tek ! A force d'étrangeté et d'extraordinaire, le contexte en arrive à être romantique. De même la manière dont tu entretiens le mystère autour de ton héros, dont on ne sait rien, ni son âge ni son nom (lui, cet homme-là, l'Auditeur). On sait juste qu'il est grand, et qu'il bénéficie d'un statut social élevé. On devine l'intransigeance, la rigueur, le sang-froid et l'intégrité. La lucidité aussi. C'est un homme sans faux-semblants et sans compromissions. Il nous livre quelques souvenirs, ceux qu'il veut bien se permettre, au moment de faire le bilan de sa vie, au moment d'en tourner une page, avec une certaine nostalgie des jours heureux. Pas facile à vivre et pas facile à écrire, si ce n'est avec la pudeur toute masculine que tu prêtes à ton héros. L'heure est venue de revivre une dernière fois tous ces merveilleux souvenirs, avant de s'en détacher au nom de l'impermanence (autre concept philosophique, plus asiatique celui-là. Le détachement ici est à la fois figuré et propre, avec la station qui disparaît dans le lointain... Mais qui sait ? Changer de vie n'est pas cesser de vivre, et c'est le détachement qui fait accéder à la véritable richesse. Le lecteur ne peut s'empêcher de souhaiter à ton héros d'autres belles expériences et d'autres belles rencontres, car il est attachant, ce Détestable solitaire qui s'est laissé séduire par de jolis rêves hautement technologiques, à travers lesquels (paradoxe suprême) il a simplement noué des liens humains. C'est une belle histoire, que l'on peut lire à plusieurs niveaux. Une histoire riche et complexe, et n'en déplaise à certains jeunes lecteurs, une histoire profondément humaine. Merci. Narwa Roquen, toujours fan Ce message a été lu 4911 fois | ||