| ||
De : Estellanara ![]() Page web : http://estellanara.deviantart.com/ Date : Mercredi 28 juillet 2004 à 15:15:52 | ||
Elanore resta un instant silencieuse avant de reprendre la parole. "Au début, je n'ai pas compris ce que voulait dire Celeborn quand il a fait ses adieux au Roi. Mais je crois que je comprends maintenant. Il savait que Dame Arwen resterait, mais que Galadriel le quitterait. Je pense que c'était triste pour lui. Et pour toi, cher papa-Sam." Sa main tâtonna à la recherche de la patte brune de Sam, qui serra ses doigts fins. "Car ton trésor est parti lui aussi. Je suis heureuse que Frodon de l'Anneau m'ait vue, mais j'aimerais pouvoir me rappeler l'avoir vu. - C'était triste, Elanorellë, dit Sam, embrassant ses cheveux. Ca l'était, mais ce ne l'est plus désormais. Pourquoi? Et bien, d'une part, M. Frodon est parti là où la lumière elfique ne faiblit pas ; et il a mérité sa récompense. Mais j'ai eu la mienne également. J'ai reçu de grands trésors. Je suis un hobbit très riche. Et il y a une autre raison que je te chuchoterai, un secret que je n'ai jamais dit à quiconque auparavant, ni encore inscrit dans le Livre. Avant de partir, M. Frodon a dit que mon heure pourrait venir. Je peux attendre. Je crois, que peut-être, nous ne nous sommes pas dis adieu pour de bon. Mais je peux attendre. J'ai au moins appris ça des Elfes, en tout cas. Le temps, ça ne les tracasse pas. Ainsi je pense que Celeborn est toujours heureux parmi ses arbres, d'une façon elfique. Son heure n'est pas venue, et il n'est pas encore fatigué de son pays. Quand il le sera, il pourra s'en aller. - Et quand tu seras fatigué, tu partiras, papa-Sam. Tu partiras aux Havres avec les Elfes. Alors je partirai avec toi. Je ne me séparerai pas de toi, comme Arwen a quitté Elrond. - Peut-être, peut-être, dit Sam en l'embrassant doucement. Et peut-être pas. Le choix de Luthien et d'Arwen, ou quelque chose d'approchant, se présente à beaucoup ; et il n'est pas sage de prendre sa décision avant l'heure. "Et maintenant, ma petit chérie, je pense qu'il est temps de se mettre au lit, même pour une demoiselle de quinze printemps. Et j'ai encore quelque chose à dire à Maman Rose." Elanore se leva et passa légèrement la main dans la chevelure brune et frisée de Sam, déjà mouchetée de gris. "Bonne nuit, papa-Sam. Mais... - Je ne veux pas de bonne nuit, mais, dit Sam. - Mais ne veux-tu pas me la monter d'abord? C'est ce que j'allais dire. - Te monter quoi, chérie? - La lettre du Roi, bien sûr. Tu l'as reçue il y a plus d'une semaine, à présent." Sam s'assit. "Bonté divine! dit-il. Comme les histoires se répètent! On vous rend la monnaie de votre pièce, et tout ça. Comme nous avons espionné le pauvre M. Frodon! Et maintenant, les nôtres nous espionnent, sans intentions plus mauvaises que celles que nous avions, j'espère. Mais comment es-tu au courant? - Il n'y avait pas besoin d'espionner, dit Elanore. Si tu voulais la garder secrète, tu n'as pas été assez prudent. Elle est arrivée par le courrier du Quartier Sud, tôt mercredi de la semaine dernière. Je t'ai vu la rapporter. Toute enveloppée de soie blanche et scellée par de grands cachets noirs : il suffisait d'avoir entendu le Livre pour deviner immédiatement qu'elle venait du Roi. Est-ce de bonnes nouvelles? Ne veux-tu pas me la montrer, papa-Sam? - Eh bien, puisque tu en sais tant, il vaut mieux que tu apprennes le reste, dit Sam. Mais pas de conspiration, désormais. Si je te la montre, tu passes du côté des adultes et tu dois jouer le jeu. Je le dirai aux autres en temps utile. Le Roi arrive. - Il vient ici? S'écria Elanore. A Cul-de-Sac? - Non, chérie, dit Sam. Mais il revient dans le nord, ce qu'il n'a pas fait depuis que tu étais petiote. Mais maintenant sa maison est prête. Il n'ira pas dans la Comté, parce qu'il a ordonné que le pays soit fermé aux Grandes Gens, et qu'aucun d'entre eux n'y pénètre après ces Bandits ; et il ne dérogera pas à sa propre règle. Mais il chevauchera jusqu'au Pont. Et il a envoyé une invitation très spéciale pour chacun de nous, à chacun par son nom." Sam alla à un tiroir, le déverrouilla, en tira un rouleau dont il fit glisser l'étui. Le parchemin était écrit sur deux colonnes avec de belles lettres argentées sur fond noir. Il le déroula et posa une bougie à côté sur le bureau, afin qu'Elanore puisse le voir. "Comme c'est beau! S'écria-t-elle. Je peux lire la Langue Ordinaire, mais que dit l'autre côté? Je crois que c'est de l'elfique, mais tu m'en as appris si peux de mots. - Oui, c'est écrit dans un genre d'elfique qu'utilisent les grandes gens de Gondor, confirma Sam. Je l'ai déchiffré, assez au moins pour être sûr qu'il dit en gros la même chose, sauf qu'il traduit tous nos noms en elfique. Le tien est le même des deux côtés, Elanore, parce que ton nom est elfique. Mais Frodon devient Iorhael, et Rose devient Meril, et Merry devient Gelir, et Pippin devient Cordof, et Tête d'Or devient Glorfinniel, et Hamfast devient Baravorn, et Daisy devient Eirien. Et maintenant, tu sais. - Comme c'est merveilleux, dit-elle. A présent nous avons tous des noms elfiques. Quelle splendide fin d'anniversaire! Mais quel est ton nom, papa-Sam? Tu ne l'as pas mentionné. - Eh bien, il est assez particulier, dit Sam. Car dans le texte elfique, si tu dois savoir, le Roi dit : "Maître Perhael qui doit être appelé Panthael." Et cela signifie : Samsagace qui devrait être appelé Très-sagace. Alors, à présent, tu n'ignores plus ce que le Roi pense de ton vieux père. - Je n'en pense pas moins, papa-Sam, très cher Perhael-adar, dit Elanore. Mais c'est écrit le deux avril, dans seulement une semaine! Quand partirons-nous? Nous devrions nous préparer. Que porterons-nous? - Tu dois demander tout ça à Maman Rose, dit Sam. Mais nous nous sommes préparés. Nous en avons été avertis il y a longtemps ; et si nous n'avons rien dit, c'est seulement parce que nous ne voulions pas que vous en perdiez le sommeil, pas déjà. Il faut que vous soyez tous à votre avantage. Vous aurez tous de beaux vêtements et nous irons en calèche. - Devrai-je faire trois révérences, ou seulement une? demanda Elanore. - Une seule suffira, une pour le Roi et une pour la Reine, dit Sam. Car, bien qu'il ne le dise pas dans sa lettre, Elanorellë, je pense que la Reine sera là. Et quand tu l'auras vue, ma chérie, tu sauras à quoi ressemble une princesse elfe, sauf qu'aucune autre n'est aussi belle. Et ce n'est pas tout. Car je serais surpris si le Roi ne nous invite pas dans sa grande maison du Lac Evendim. Et il y aura Elladan et Elrohir, qui vivent toujours à Fondcombe - et avec eux, des Elfes, Elanorellë, et ils chanteront au bord de l'eau dans le crépuscule. C'est pourquoi j'ai dit que tu pourrais les voir plus tôt que tu ne le supposais." Elanore ne dit rien, mais resta à regarder le feu, et ses yeux brillaient comme des étoiles. Enfin, elle soupira et remua. "Combien de temps resterons-nous? demanda-t-elle. Je suppose que nous devrons revenir? - Oui, et nous le voudrons, d'une certaine manière, dit Sam. Mais nous pourrons rester jusqu'à la récolte du foin, pour laquelle je dois être de retour ici. Bonne nuit, Elanorellë. Dors maintenant jusqu'au lever du soleil. Tu n'auras pas besoin de rêves. - Bonne nuit papa-Sam. Et ne travaille plus. Car je sais à quoi ton chapitre devrait ressembler. Ecris ce dont nous avons parler ensemble - mais pas cette nuit." Elle l'embrassa et quitta la pièce ; et il parut à Sam que le feu baissait au moment de son départ. Les étoiles brillaient dans un ciel noir dégagé. C'était le deuxième jour de la courte période lumineuse et sans nuages que traversait régulièrement la Comté vers la fin du mois de mars, et les enfants étaient couchées, à présent. Il était tard, mais ça et là, des lumières miroitaient dans Hobbitebourg, et aux fenêtres de maisons éparpillées dans la campagne que recouvrait la nuit. Maître Samsagace se tenait à la porte et regardait au loin vers l'est. Il attira contre lui Madame Rose et l'entoura de son bras. "Le vingt-cinq mars! dit-il. Ce même jour, il y a dix-sept ans, Rose ma mie, je ne pensais pas que je te reverrais. Mais je continuais à espérer. - Je n'ai jamais espéré, Sam, dit-elle, pas jusqu'à ce jour précis ; et soudain, l'espoir était là. C'était vers midi, et je me suis sentie si joyeuse que j'ai commencé à chanter. Et ma mère a dit : "Silence, jeune fille, il y a des bandits dans le coin." Et j'ai dit : "Laisse-les venir! Leur temps sera bientôt fini. Sam revient." Et tu es revenu. Je suis revenu, dit Sam. Vers l'endroit que j'aime le plus au monde. Vers ma Rose et mon jardin." Ils entrèrent, et Sam ferma la porte. Mais, à ce moment précis, il entendit soudain, profond et ininterrompu, le soupir et le murmure de la Mer sur les rivages des Terres du Milieu. Ce message a été lu 5426 fois | ||