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De : Estellanara  Ecrire à Estellanara
Page web : http://estellanara.deviantart.com/
Date : Mercredi 6 septembre 2006 à 16:35:02
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Elle le frappa de plusieurs coups de couteau. Le hamster roula sur lui-même pour les éviter tandis que la lame heurtait le bois verni de la table de cuisine. Au dernier impact, le couteau demeura planté. La jeune femme tira dessus en roulant des yeux affolés, le souffle court, mais elle ne parvint pas à l’extraire. Elle recula lentement, sans cesser de surveiller l’animal, sa main droite tâtonnant désespérément derrière elle, à la recherche d’une nouvelle arme. Elle tenait sa main gauche serrée contre elle et un filet de sang, coulant jusqu’à son coude, gouttait sur le carrelage.
Le hamster sauta sur ses pattes et huma l’air de cette truffe que sa maîtresse avait trouvé si attendrissante. La minuscule boule de fourrure soyeuse dégageait à présent une nette odeur de pourriture. Ses oreilles autrefois d’un rose délicat avait viré au gris sale et par sa bouche exagérément béante, on apercevait des crocs acérés, avides de chair humaine.
La fenêtre claqua brusquement et le courant d’air fit grincer la petite roue de la cage aux barreaux tordus. Le hamster se tourna vers la source du bruit, les moustaches frémissantes. La jeune femme sentit derrière elle une poignée lisse et ses doigts se refermèrent sur le hachoir. Elle le brandit devant elle en tremblant et l’abattit de toutes ses forces sur la table. Le rongeur poussa un cri suraigu. La lame d’acier s’était profondément enfoncée dans le bois, coupant quasiment le hamster en deux et les parties de son corps n’étaient plus reliées que par un mince lambeau de chair.
Le petit animal se débattit un instant sans comprendre ce qui le retenait. Puis, plantant fermement ses griffes, il tira un coup sec. Avec un répugnant bruit de succion, la moitié supérieure de son corps se détacha du reste et se mit à ramper sur la table, répandant derrière elle une traînée de fluides visqueux. La jeune femme vacilla et tomba à genoux. Un flot de bile lui envahit la bouche et l’horreur lui tordit les entrailles. Comme elle redressait la tête, le hamster lui sauta à la gorge. Ses crocs percèrent la carotide et un geyser vermillon vint éclabousser le frigo.

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Je le frappai de plusieurs coups de couteaux. La lame pénétra la chair de son ventre avec une facilité qui me surprit. Ses yeux s’écarquillèrent de saisissement puis d’horreur tandis qu’il s’effondrait sur la moquette. Une tache sombre s’étendait rapidement sur le coton vert de sa chemise, semblable à une énorme fleur pourpre en train d’éclore. Il poussa un long gémissement entrecoupé de hoquets. Son bras fouetta l’air, cherchant à me saisir. Je reculai de quelques pas sans cesser de le regarder. Sa souffrance était un spectacle dont je voulais me repaître à loisir.
Si souvent, j’avais imaginé ce moment. Le soir, je fermais les yeux sous les draps et rêvais à ma vengeance. Je me figurais les cris de douleur qu’il pousserait quand il serait enfin à ma merci, les supplices que je pourrais lui infliger, ses mains se tendant en vain pour réclamer ma pitié. Je savourais à l’avance son agonie et la jouissance que j’en tirais m’aidait à supporter l’horreur de ma situation.
Il se traînait sur le ventre à présent, souillant la moquette gris perle de traînées écarlates. Une odeur métallique et acre se répandait dans la pièce, celle de la peur et de la mort. Il cherchait à atteindre le téléphone, un hypothétique salut face à moi, sa Némésis. Je lui assénai un coups de pieds brutal dans le flanc et il hurla de douleur. Oui ... crie, jure et pleure. Pleure comme j’ai pleuré tant de fois. Je le frappai de nouveau à plusieurs reprises, y mettant à chaque fois d’avantage de ma rage et de ma haine. Puis, je m’arrêtai, hors d’haleine. Des bulles de sang se formait à la commissure de ses lèvres et il me suppliait dans un gargouillement.
Lui qui depuis tant d’années me terrorisait reposait maintenant à mes pieds, baignant dans son sang. Lui qui, de son ombre énorme, avait failli étouffer à jamais la flamme de ma joie agonisait, impuissant, pathétique, vaincu. Tout est fini à présent, mon implacable ennemi. Tu ne me feras plus aucun mal. Je saisis le tisonnier et le levai au dessus de ma tête. Avec un immense sourire, je l’abattis.

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Je me suis prêtée bien volontiers à ton exercice littéraire. Bon, je me suis un peu laissée emporter sur la longueur... Mais il me faut du temps pour me plonger dans l’ambiance. Comme le « je » est supposé être le plus difficile, je lui ai réservé la scène réaliste.
J’ai une attitude assez distanciée vis à vis de ce que j’écris. Trop peut-être pour vraiment provoquer une émotion chez mon lecteur, d’ailleurs. J’écris des paragraphes comme je regarderais des scènes d’un film. Il y a des effets spéciaux, parfois du gore dégoulinant de ketchup. Il m’est arrivé d’écrire des nouvelles à la première personne. Mais même si je prête ma voix, ce n’est pas moi. Cela dit, la méthode est différente. J’imagine la scène comme je jouerais un rôle et pas comme une projection sur une toile blanche. Je me plonge d’avantage dedans. Je ne suis plus le metteur en scène, je suis l’acteur.

Mon ressenti après l’exercice ? En effet, il y a une nette différence entre les deux extraits. Tu as raison, on ne les traite pas pareil. Pour le premier, j’ai simplement laissé courir mon imagination morbide. Pour le deuxième, j’ai choisi d’aller puiser dans mon côté obscur. Je me suis plus mis à la place de l’héroïne. Je crois que je me suis plus impliquée. J'aurais pu cependant simplement endosser un rôle. Mais le résultat aurait été moins bon. Il y a une nette jubilation à laisser remonter ses instincts pervers. C’est défoulant ! Et en même temps assez répugnant et un rien malsain. On est pressés de les étouffer de nouveau. A la réflexion, je pense que les auteurs de polars noirs ne doivent pas être bien nets pour enchaîner les scènes d’horreur. Ils doivent porter en eux une part sombre drôlement développée.
Cela dit, je me sais incapable aussi bien de frapper un hamster avec un hachoir qu’un homme avec un tisonnier. Cela reste du domaine du fantasme. On est bien dans la fiction. La cape noire qu'on endosse pour écrire cela, on la retire aussitôt fini d'écrire.

Est-ce aussi facile ? Mais ça ne l’est jamais pour moi d’écrire. Le moindre mot se refuse cent fois à ma plume (enfin, à mon clavier). Je relis mes phrases encore et encore en cherchant l’expression la plus juste, effaçant, recommençant... Tu serais effrayée de voir combien de temps ton exercice m’a pris. Mais je me suis bien amusée en le faisant ! Et la différence entre les deux processus de création est troublante... Je vois à présent ce que tu voulais dire.
Mais je reste persuadée qu’on peut écrire des choses qui nous sont étrangères en grande partie, pour peu qu’on laisse remonter à la surface un peu du marigot infâme que chacun porte en soi. Chacun de nous a un vieux fond macho, violent, intolérant, colérique, envieux, égoïste... On l’étouffe pour devenir meilleur mais il est là, comme un monstre dans un placard. Il n’y a qu’à entrouvrir la porte.

Est’, qui s’empresse de refermer la porte.


  
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Réponses à ce message :
12 descriptions VS sensations - z653z (Jeu 7 sep 2006 à 10:41)
       13 Courte mais pertinente analyse - Estellanara (Lun 11 sep 2006 à 11:50)
12 Merci... - Narwa Roquen (Mer 6 sep 2006 à 19:09)
       13 Writer academy - Estellanara (Jeu 7 sep 2006 à 09:33)
              14 Pourquoi moi? - Narwa Roquen (Jeu 7 sep 2006 à 19:45)
                   15 Parce que tu le vaux bien - Estellanara (Lun 11 sep 2006 à 14:51)
                   15 Entrons dans la danse... - Maedhros (Jeu 7 sep 2006 à 20:29)
                       16 Youpi ! - Netra (Jeu 7 sep 2006 à 22:53)
                          17 Oui mais... - Narwa Roquen (Ven 8 sep 2006 à 18:02)
                             18 Complètement d'accord - Estellanara (Lun 11 sep 2006 à 15:06)
                               19 Pour être sûre... - Narwa Roquen (Lun 11 sep 2006 à 17:10)
                                 20 Registres de langue - Estellanara (Mar 12 sep 2006 à 09:40)
                                 20 gamin(e) fourrant son nez partout - Netra (Mar 12 sep 2006 à 00:55)
                             18 chiche... - Maedhros (Ven 8 sep 2006 à 20:33)
                               19 Je pense à Fladnag qui va ... - z653z (Lun 11 sep 2006 à 15:05)
                                 20 j'y pensais... - Fladnag (Lun 11 sep 2006 à 15:37)
                             18 Ben c'est à ça que je pensais... - Netra (Ven 8 sep 2006 à 18:23)
              14 On m'a pas demandé mon avis... - Netra (Jeu 7 sep 2006 à 12:56)


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