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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 25 avril 2007 à 18:25:26
Cet exercice est la suite du n° 13, donc pour une meilleure compréhension du texte j'invite ceux qui ne l'auraient pas fait à lire le 13... avant le 14!



Des hommes debout




Le silence sur un désert de ruines... Enfin, c'est ce que voient les rares vaisseaux zéphyriens qui survolent la zone. En réalité, il peut s'y passer bien autre chose, comme par exemple ce qui arriva le 21 juin 2764...



Ternekal posa le petit astronef sur la berge du fleuve asséché.
« Et si on nous repère ?
- Nous sommes loin de Capitalia. Et nous n’allons pas rester longtemps. Enfile ton scaphandre, on y va. »
Les deux garçons, âgés d’une quinzaine d’années, commencèrent à remonter péniblement vers le champ de ruines. Un vol de choucas passa en criaillant. Ternekal pencha la tête sur le côté pour essayer de les voir.
« Il y a des oiseaux ! S’ils peuvent respirer, nous aussi. »
Et aussitôt il enleva son casque.
« Tu es fou ! »
Mais voyant que son ami riait et respirait sans aucune gêne, il l’imita. Dans l’euphorie du moment, ils laissèrent également les deux lourds scaphandres près du vaisseau, ne gardant que la combinaison isotherme, les lunettes noires et bien sûr, à la ceinture, les désintégrateurs.
« Et maintenant, terre maudite, à nous deux ! »s’écria Ternekal.
« Tu veux ramener quoi, au juste ?
- Je ne sais pas. Quelque chose qui prouve que nous sommes venus ici, pour leur montrer que nous n’avons pas froid aux yeux et que nous méritons largement d’être engagés dans l’Armée Impériale. Lentz a été pris, et il n’a guère plus que notre âge !
- Oui, mais son père dirige le...
- Regarde ! Ces trois colonnes debout, c’est incroyable ! »
Ils se dévissèrent la tête pour tenter d’en voir le sommet. Dans leur vie quotidienne, ils marchaient toujours courbés, pour être sûrs de ne jamais regarder le soleil dont les rayons étaient très dangereux pour les yeux ; de plus , les plafonds des demeures souterraines étaient tous très bas. Regarder en l’air ne leur était pas familier, et qui plus est, du fait de leur courbure dorsale, presque douloureux.
Ils se frayèrent un chemin parmi les décombres et arrivèrent ainsi dans l’ancienne Cour d’Honneur.
« C’est quoi, cette sphère ? », demanda Ruvis.
« Je ne sais pas. Etrange qu’elle ait résisté... Oh, et ces plaques ! C’est de l’or, tu crois ?
- Je dirais plutôt du cuivre... Il y a des inscriptions dessus... On dirait une langue ancienne... Comment s’appelait ce dialecte ? Le Fran... Franciscain, c’est ça ?
- J’en ai fait un peu en troisième langue, fais voir...« Les hommes... ssent... » C’est à moitié effacé... Ah, c’est « naissent ». « Les hommes naissent et dem... » c’est illisible ! « libres et égaux en... » Ca ne veut rien dire ! Bon, de toute façon on l’emmène. Passe-moi le sac. »
Les deux amis avançaient les yeux rivés au sol, à la recherche de nouveaux trésors,
quand tout à coup ils furent recouverts par un grand filet de corde tressée, dans lequel ils se débattirent en vain. Avant qu’ils aient pu dégainer leurs armes, ils furent assommés par leurs agresseurs.

La pièce, haute de plafond, était extrêmement lumineuse. Les deux garçons avaient été désarmés et ficelés sur des chaises ; ils clignaient des yeux, mal à l’aise sans leurs lunettes. Autour d’eux, une vingtaine d’individus chevelus et barbus, portant des vêtements amples taillés dans un tissu grossier de couleur écrue, les observaient en silence. Le plus choquant, c’était qu’ils se tenaient debout, complètement droits !
« Nos petits explorateurs ont fini leur sieste ? »
Il avait un accent étranger épouvantable.
« Bienvenue, jeunes gens. Comment vous appelez-vous ?
- Et vous, qui êtes-vous ? De quel droit nous retenez-vous de force ? », gronda Ternekal. « Nous n’avons pas d’argent, et nos familles ne paieront pas de rançon.
- Bien sûr ! Vous avez juste un astronef privé...
- Il n’est pas à nous !
- Ah, des voleurs, des pirates ! On tente l’aventure, hein ? De préférence en zone interdite...
- Et vous ? Qu’est-ce que vous faites en zone interdite ?
- Oh oh, forte tête ! Et toi, tu ne dis rien ?
- Je... Je m’appelle Ruvis, et lui c’est Ternekal. Ecoutez... Nous voulions juste voir de plus près... Je suis sûr que nous pouvons trouver une entente qui nous satisferait tous...
- Ah ! Un négociateur. Ta position me semble raisonnable, mon garçon. Malheureusement, avec nous il n’y a pas d’entente possible. Tous ceux qui se risquent ici restent avec nous et rejoignent nos rangs.
- Et si nous ne sommes pas d’accord ? », le défia Ternekal.
- Ca, ça m’étonnerait . Quand vous aurez appris ce que vous devez apprendre... Allez, en place pour le transfert d’informations. »

L’homme s’assit en face de Ternekal, tandis qu’un de ses acolytes prenait place devant Ruvis.
« Vous n’avez rien à faire. Juste nous regarder, et le transfert se fera tout seul.
- Et si je ferme les yeux ?
- Tu es fatigant, Ternekal. Ta mère ne te l’a jamais dit ? Si tu fermes les yeux, je vais être obligé de te frapper jusqu’à ce que tu les ouvres. C’est comme tu veux. Allez, regardez-nous gentiment, et il ne vous sera fait aucun mal. »
Les deux amis, un peu inquiets mais tout aussi curieux, fixèrent donc les yeux de leurs interlocuteurs, et dans le noir de leurs prunelles, tout un paysage de souvenirs se mit à défiler, s’imprimant dans leur mémoire.


Il y avait d’abord ce bâtiment en pierre, à douze colonnes, situé au bord d’un fleuve prospère, avec au bas de son fronton sculpté une inscription en lettres dorées : «Assemblée Nationale ». Des hommes et des femmes s’y pressaient, habillés comme aux lointaines époques – les femmes en jupe courte, les hommes en costume étriqué, avec cette espèce de corde plate autour du cou-, et ils se tenaient complètement debout ! A l’intérieur plusieurs centaines de sièges de velours rouge, disposés en amphithéâtre, faisaient face à l’estrade de l’orateur, surmontée par le « perchoir » du Président de l’Assemblée. Et toute cette communauté discutait, s’enflammait, se déchirait, tandis qu’en filigrane dans l’air électrisé s’égrenaient en permanence ces mots : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Et puis à l’improviste, ce fut le bombardement. La moitié du plafond s’écroula, les vitres volèrent en éclats, hurlements, bousculade, panique...
« Au deuxième sous-sol ! » lança une voix qui se contrôlait mieux que les autres.

Un homme était caché derrière un arbre. A quelques mètres de là, dans ces jardins somptueux, un zéphyrien, reconnaissable malgré ses habits terriens aux deux grosses bosses pariétales de son crâne, tendait une grosse enveloppe jaune à un terrien.
« Seulement des frappes chirurgicales, n’est-ce pas ?
- Mais bien sûr », répondait le zéphyrien, «nous sommes vos alliés. »


Un homme écoutait un enregistrement. Les voix étaient zéphyriennes, avec cet accent très nasal qui les caractérisait.
« Général... Combien en reste-t-il ?
- Deux milliards, Votre Altesse.
- C’est trop. Cinq cent millions suffiront. Les grandes villes ?
- C’est fait. Grandes villes, universités, centres de recherche, monuments historiques, lieux de culte...
- Rasez l’Asie. Ces gens-là pourraient se taire et résister. Et le Moyen-Orient. Trop courageux.
- L’Afrique ?
- Non. L’Afrique de toute façon est condamnée. Evitons de gaspiller des munitions. »


Une foule de terriens sur une place. Un écran géant. L’Empereur Zéphyrien. Des gardes cernant la place.
« Amis Terriens, nous avons traqué le Mal dans tous ses retranchements, et nous l’avons détruit. La Terre, libérée du Mensonge et de la Corruption, peut redevenir la pacifique petite planète bleue qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être. Hélas, la nature a été fortement endommagée par des siècles de gouvernements peu scrupuleux. Le soleil brûle de plus en plus, et ses rayons deviennent dangereux. Nous allons distribuer à toute la population des lunettes de soleil. Nous vous conseillons de ne jamais lever les yeux vers le ciel, vous risqueriez de perdre la vue. Il faut également que d’ici à cinq ans toutes vos habitations soient souterraines. Il en va de votre survie. »


Les pages d’un livre. Des photos de terriens, avec des dates.
2450 : un terrien debout, tout droit. 2480 : un terrien avec des lunettes noires, un peu voûté. 2510 : les mêmes lunettes, le dos se courbe un peu plus. 2550 : la lordose lombaire a disparu, la courbure cervicale s’est accentuée, pour garder un regard presque à l’horizontale. L’acuité visuelle moyenne a baissé.


« C’est bien. Détachez-les. »
Les deux garçons se frottèrent les yeux longuement. Ils éprouvaient une sorte de vertige nauséeux, et prirent avec reconnaissance la tasse de tisane qui leur était tendue.
« Ca vous évitera d’avoir la migraine demain. »
« Je n’ai pas tout compris », commenta Ruvis. « Vous êtes qui ?
- Et pourquoi vous êtes droits comme des colonnes ? Et pourquoi la lumière ne vous gêne pas ? », compléta Ternekal.
- « Nous sommes , pour certains, des descendants de la poignée d’hommes et de femmes qui se réfugièrent au deuxième sous-sol lors du bombardement. Les autres sont d’anciens visiteurs, comme vous, ou leurs enfants. Notre communauté compte maintenant prè de huit mille membres, en comptant les enfants.
Le soleil brûle, c’est vrai, mais ses rayons ne sont pas si nocifs que ça, sauf si on le fixe pendant dix minutes, ce qui ne viendrait à l’idée de personne ! Nous n’avons jamais cessé de marcher debout. Et ceux qui sont arrivés courbés se sont redressés peu à peu. Les zéphyriens, qui ont envahi la Terre et massacré la majeure partie de sa population pour en faire une colonie, ont trouvé ce moyen astucieux pour vous amoindrir. Partout dans le monde, des petits groupes comme nous se sont formés, vivant cachés et perpétuant la mémoire du passé, jusqu’au jour où nous serons assez forts pour chasser l’armée de Zéphyr. Nous n’avons aucun moyen de communication technologique, et de toute façon, ce serait trop risqué. Alors nous avons appris à communiquer par la pensée : c’est rapide, fiable, totalement secret, et aucun mensonge n’est possible. »



L’homme sourit. Les deux garçons semblaient pétrifiés de surprise.
« Alors, mes petits amis ? Vous voulez toujours retourner chez vous ?
- Mais je croyais que vous...
- Nous ne sommes pas des zéphyriens, Ruvis. Nous sommes des hommes debout, des hommes libres, et personne ne reste ici contre son gré. »
Les deux amis échangèrent un long regard. Etre libre, marcher debout, un jour libérer la Terre... Leurs pensées auraient été évidentes même pour un non-télépathe !
Ternekal laissa un sourire radieux illuminer son visage.
« Je reste.
- Moi aussi ! En fait c’est la vie dont nous avions toujours rêvé ! Quand allons-nous sauver la planète ? »
Les hommes éclatèrent de rire.
« Dès que nous aurons suffisamment de braves guerriers comme vous deux !
- Justement, j’ai une idée ! » s’écria Ternekal. « nous pourrions aller voler quelques astronefs, et...
- Patience, mon jeune ami. Les choses doivent suivre leur cours. Mais le jour viendra, et il est proche, où les terriens chasseront l’envahisseur et retrouveront leur place au soleil. Nous tous, ici, libres et égaux, en avons fait le serment.
- Libres et égaux... » répéta Ruvis. « Je me disais bien que ça devait être important... »






NR


  
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3 Exercice 14 : Narwa Roquen => Commentaire - Estellanara (Mar 19 jun 2007 à 13:28)
3 Debout les braves! - Maedhros (Mer 25 avr 2007 à 20:50)


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