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De : Liette  Ecrire à Liette
Page web : http://liette.canalblog.com
Date : Vendredi 18 avril 2008 à 00:56:39
C'est bon, j'prends ma carte de FAERIenne (Fédération d'Auteurs En Retard Inexcusables) !

Enfin, avis aux lecteurs et lectrices sensibles, ma participation peut choquer...

1
************


Dieu que j'aime ça !
Il est là, à mes pieds, maintenu fermement par deux soldats en uniforme suspendus à mes lèvres, dans l'attente d'un quelconque ordre. L'effroi se lit dans ses grands yeux bleus d'ordinaire rieurs, mais à présent glacés par l'horreur que ressent tout homme qui sait qu'il ne va pas mourir, mais souffrir. Longtemps. Je soutiens ce regard, je l'ai vu tant de fois qu'il ne m'émeut plus. Je peux rester de marbre face à cette supplique muette, cet appel à la clémence. Toujours le même !

Le soldat de droite m'interroge par un haussement de sourcil, je n'arrive pas à me souvenir de son nom... C'est un soldat comme tout les autres, sale, flottant dans un uniforme trop grand dont les boutons dorés ne brillent plus que d'un terne éclat, abîmés par la poussière, les coups reçus ou donnés, la poudre, le sang... La dernière fois que je l'ai vu, ce soldat, il assassinait un homme à coup de crosse, après avoir violé sa femme devant ses yeux. C'était très bon. D'autant que c'était son baptême au petit : faire une si bonne prise à 15 ans, c'est pas commun ! La femme a beaucoup hurlé d'ailleurs. Un peu trop à mon goût... Du coup le gosse a hésité. Enfin peu importe, il se rattrapera sur la prochaine.

Bref, j'ai bien remarqué le haussement de sourcil, il attend que je lui donne un ordre. Je me tourne face à l'homme aux yeux bleus :
« Alors Milo ? Toujours muet ? » Ma voix est froide, glaciale même. « J'ai appris que t'avais bien joué avec ton frère... Dommage qu'il soit parti le premier. J'aimais bien sa tête... Mais j'imagine que de ton côté t'es soulagé ? Tu te dis que si c'était lui qui t'avais planté c'putain de couteau dans les tripes, ce serait lui aussi qui serait là à attendre mon verdict hein ? »
« A...llez vous... vous fa... faire f..outre !! » Parvient-il à articuler malgré ce liquide rouge sombre qui lui emplit la bouche.
« C'pas malin c'que tu fais là, Milo » Je me tourne vers le soldat à gauche. Un vrai dur celui-là. Un vieux de la vieille qui a tout fait, et tout vu. Un vrai pro. « Va l'chercher ! » Il quitte la cellule, Milo s'agite, le gosse lui envoi une mandale histoire de le calmer, la tension monte d'un cran dans la petite salle aux murs de béton crasseux.

« Papa! » Le soldat est revenu avec un mioche en guenilles, qu'il tient par les cheveux.
« Zak ! Vivant ! M..ais.. je.. je croyais que... » Il se tourne violemment vers moi « Ordure, salaud ! Enfoiré de sadique ! J'te jure que si tu l'touches.. »
Je me mets à hurler pour couvrir sa voix et les cris du petit qui tente de se dégager de la poigne de fer de son gardien. « Tu f'ras quoi ?! Hein?! Tu me feras QUOI, Milo ? »
Il se tait, mais ses yeux ne larmoient plus de résignation, ils brillent d'une fureur nouvelle, d'une haine intense et profonde. Je me régale. Je reprends, cette fois d'un ton beaucoup plus calme, presque chuchoté. « Allez, entre nous, on lui fera rien à ton fils ! On aime trop les enfants par ici. Il a quel âge le tiens ? Dix, douze ans ? Il m'a pas l'air trop déplumé... Oh, ne me fais pas ses yeux-là ! Qu'est-ce que tu crois, qu'on va lui toucher son p'tit cul ? Y'en a qui voudraient bien remarque. » Le soldat de gauche esquisse un rictus tandis que celui de droite serre les maxillaires, le regard dans le vide. « Nan, on va en prendre soin de ton gamin. On va lui donner une kalachnikov, et il va s'battre comme tout l'monde. Un rail de coke et c'est parti ! Et on est pas salauds hein, il aura droit aux femmes comme les autres hein! Et même aux p'tites filles s'il préfère... »
Milo s'est affaissé, il tremble à mes pieds, secoué de sanglots. C'est mon instant de gloire, je le savoure.
« Pitié... Je... J'vous dirais tout ».
Ces ultimes secondes, quelle jouissance !
« Ils.. Ils sont au vieux moulin, l'instituteur leur a légué sa machine à écrire, c'est là que... qu'ils écrivent leur tracts. Ils sont huit et... Ils ont trois fusils, pl... plus quelques grenades. Y'a une mine à l'entrée mais on peut passer par une fenêtre basse à l'arrière... Pitié... J'vous ai tout dit... Pitié... »
Je me redresse de tout ma stature.
« C'est bien Milo, t'as fait le bon choix. » Il continue de sangloter, tend les bras vers son fils.
Je hoche la tête en direction du soldat qui retient l'enfant. Il desserre le poing, attrape son semi-automatique...
« Qu... ? Zak ! NOOOOOOOOON !! »
La détonation retentit, étourdissante, et dans mes yeux se reflète l'éclair rougeoyant du coup de feu.

Parfait.


2
************


« Coupez ! »
Je reste figé quelques fractions de seconde, comme tout les autres. Puis d'un seul coup, tout mes muscles se relâchent, je souffle. Adrien se relève, essuie ses yeux et sa bouche. « Pfiou, elle était bonne celle-là ! Bravo mec ! » me félicite-t-il, accompagnant son compliment d'une bourrade amicale. Le réalisateur approche « Ma qué c'été magnifik ! Toué, tu mé l'a joué comme un vrai pro ! Toute, tou mé lé fé toute comme ça, maintenant ! Et Adrien, quél émotion ! Bravo bravo ! Hey Pietro, petit ! Viens là qué l'on t'enlève la perrouque...! »
Je souris. Toujours si exubérant ce Ricardo ! Mais son film sera un succès je pense. J'en suis sûr. Il vous remue de l'intérieur.
C'est un coup à rafler des oscars, ça ! Impossible de jouir autant à jouer une scène et que ça ne se voit pas à l'écran !

Je suis de retour dans ma loge, Ricardo nous a accordé trois heures de pose, jusqu'à la scène du tribunal. Je m'écroule sur le canapé, et contemple mon reflet dans la grande glace sur le mur d'en face. J'ai l'air ravagé. Cernes, fausses cicatrices, cheveux coupés en brosse et uniforme artificiellement coloré de taches brunâtres. Ils ont pas lésigné sur la teinture les salauds ! J'esquisse un sourire...
Quand je pense que je vais devoir me laver, subir une bonne heure de maquillage pour ma vieillir de plus de trente ans, revêtir un nouvel uniforme, rutilant celui-là, et bien plus chargé de médailles... Je ferais mieux de dormir un peu avant de reprendre.
La scène du tribunal. Encore un bijou. Je l'ai tellement travaillée que rien que d'y penser, les coins de ma bouche s'affaissent, mon regard se perd vers un invisible horizon, et je marmonne. « On n'a toujours fait que suivre les ordres, votre honneur. »

Parfait.


  
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Réponses à ce message :
z653z  Ecrire à z653z

2008-04-18 01:07:18 

 finalement...Détails
... l'acteur n'est si loin de son personnage.

petit détail : "pour ma vieillir de plus de trente ans"

Ce message a été lu 6155 fois
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-04-18 09:44:32 

 Clap clap!Détails
D'abord, j'aime beaucoup ta version de "FAERIenne", notre FDEER fait vachement moins classe! En fait tout faërien est un écrivain en retard qui s'ignore ^^

Ensuite, ton texte:
Quelques toutes petites fautes: "Ne me fais pas Ces yeux-là" (et non pas Ses); "Pitié, je vous dirAI tout", sans S, c'est une affirmation (futur) et pas le conditionnel; "ils ont pas lésiNé" au lieu de "lésigner", qui n'existe pas; et puis "mE vieillir de plus de trente ans". Bon, c'est rien de bien grave tout ça, l'ensemble est propre et bien écrit.
Le fond: c'est tout horrible, ton truc! Je trouve que la phrase expliquant qu'on l'a obligé à tuer son frère n'est pas assez claire, je l'ai relue trois fois pour comprendre (ou alors c'est moi qui suis une quiche? :p). Par contre, très bien le coup du gamin. C'est dur!!!
J'aime bien le fait que ce ne soit qu'un film, ouf!, ça soulage, en fait il n'y a pas de vrai grand méchant et on est dans un monde gentil, d'ailleurs on voit des pâqueretes et des oiseaux par la fenêtre (bon ok pardon, là c'est moi qui en rajoute ;)). Sauf que............. mh, il a l'air salement louche, cet acteur. Prendre du plaisir à jouer, oui, mais à jouer ça, logiquement il ne devrait pas. Pi si y a pas de vrai grand méchant, comment tu fais pour la suite, hein?

Ahlala, je sens qu'on n'est pas au bout de nos surprises!


Elemm', contente, qui attend la suite!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-04-18 14:24:00 

 The shot must go on...Détails
L’histoire est captivante. Elle semble évoquer la guerre dans les Balkans, soit durant l’occupation allemande (les oustachis en Croatie ou le Corps des Volontaires en Serbie qui propagèrent la terreur et l’horreur dans leur chasse des partisans) soit plus proche de nous, durant l’effondrement de l’ex-Yougoslavie. Milo est d’ailleurs un prénom serbe assez répandu. En creusant encore un peu, passer en jugement 30 ans après les faits semble disqualifier la guerre des Balkans qui a commencé en 1991.

Sans ces éléments, j’aurais bien vu la scène en Afrique subsaharienne, où les guerres ethniques sont assez effroyables et où les enfants et les adolescents sont enrôlés sans état d'âme par les factions rivales.

Ton introduction est suffisamment habile pour éveiller le dégoût de ce criminel de guerre prêt à tout pour débusquer les résistants, avec un sens de l’outrance que n’aurait pas renié Malaparte (relisez Kaputt ou la Peau). Bien souvent la réalité dépasse la fiction. Le final cut est également ingénieux et disperse après coup la tension accumulée. Cela permet la distanciation avec le caractère insoutenable de ce qui précède.

Pourtant, sauf à accorder à l’acteur un sens de l’empathie proche de la psychopathie (mais peut-être est-ce là où tu souhaites entraîner ton lecteur), le fait qu’il s’agisse d’un plateau de cinéma est un peu en contradiction, à mon avis, avec ce qu’il pense avant car hors d’un dialogue perceptible. Je ne suis pas sûr d’être suffisamment clair!

Cela n’enlève rien à la curiosité éveillée chez le lecteur qui se demande comment tu vas te débrouiller pour la suite. La description de l’interrogatoire sadique est criante de vérité et les détails sont distillés avec un soin qui ne laisse rien au hasard.

Côté forme, quelques étourderies et une phrase qui mériterait d’être affinée : « Impossible de jouir autant à jouer une scène et que ça ne se voit pas à l'écran ». Sauf si l’acteur a des kleenex sur lui bien sûr...

ah oui... et un titre?

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-04-21 18:07:31 

 Commentaire Liette, exercice n°35Détails
Merci d’avoir averti d’éventuels lecteurs sensibles. C’est un texte violent, où le héros est effectivement un pervers cruel et sadique. Tu ne décris pas son physique – c’est vrai qu’en disant « je » c’est plus compliqué... J’aime bien les changements de rythme, les phrases tronquées. Bien aussi le « parfait », et très bonne idée de l’avoir repris dans le 2° texte, qui fait astucieusement suite au premier.
Le 2° texte, qui profite du 1°, est bien équilibré, plus subtil que le 1°, par certains côtés plus inquiétant parce que plus trouble ; perso c’est celui que je préfère.
Je me demande si ton premier personnage ne serait pas plus horrible s’il parlait différemment – je veux dire s’il était poli, raffiné, voire un brin pédant, et si tu forçais un peu le trait sur la question de sa jouissance. Il n’est jamais facile de décrire des émotions sexuelles, a fortiori perverses, tout en restant lisible par le plus grand nombre, mais il me semble que ça apporterait un plus.
J’aime bien sa manière de communiquer par gestes discrets, preuve que son autorité est telle que ses hommes sont aux aguets de son moindre désir, et c’est ça qui me l’a fait ressentir comme quelqu’un à qui la grossièreté ne convenait pas. Mais bon, ce n’est que ma vision, totalement subjective.
Dans les petits détails, j’aurais dit « un ordre quelconque » plutôt que « un quelconque ordre ».
Et « A... llez-vous... vous fa... faire f... » : si tu le lis à voix haute, tu te rends compte que c’est « vous f... faire » ou bien « vous fai... faire ».... Non ?
Au niveau de l’orthographe, « tout » est souvent un adjectif, qui prend un s au pluriel.
« Le gosse lui envoi » : +e
« J’vous dirais tout » : logiquement ça devrait être un futur.
« Lésigné » : n’est-ce pas « lésiné » ?

Tu fais totalement abstraction du contexte. Ce serait bien qu’il apparaisse dans la suite, c’est toujours plus crédible.
Je suis impatiente de voir comment le Méchant va se comporter dans l’adversité. Va-t-il s’écrouler comme un lâche ou garder sa dignité ? Ton histoire est accrocheuse, on a envie de savoir la suite !
Narwa Roquen,tu verrais qui dans le rôle?

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Liette  Ecrire à Liette

2008-04-22 19:57:46 

 ^^Détails
Merci de vos remarques, tous !

Je n'aurais malheureusement pas le temps de reprendre mon texte (du moins sur ce forum), mais dans la version que je conserve sur mon ordi, j'ai au moins corrigé les erreurs d'orthographe et de syntaxe...

Pour ce qui est du caractère du personnage, j'avoue que la jouissance de l'acteur à jouer ce rôle peut être suspecte... Mais justement ^^ Et puis je ne sais pas si c'est assez clair mais ce qu'il adore, c'est son jeu, celui des autres, pas le rôle qu'il joue en lui-même (quoique...).

Par contre, je sens que je vais avoir du mal pour la suite... D'autant que je vais être très occupée dans les jours (semaines ^^) qui viennent... J'espère ne frustrer personne, mais je ne promets rien !

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-10 15:03:10 

 Exercice 35 : Liette => CommentaireDétails
Les phrases sont trop longues dans le premier paragraphe, j’ai trouvé.
Bien vu le fait que le chef ne sache pas le nom de ses hommes. Les soldats ne sont que des machines à tuer, anonymes.
Le méchant aurait été plus terrifiant s’il était resté calme et froid, je trouve. Au lieu de crier.
Bien vu aussi les réactions des deux hommes de main à l’évocation des futurs sévices sur le petit. Le premier se réjouit à l’avance tandis que l’autre semble plutôt réticent. Peut-être se remémore-t-il des sévices qu’il a lui-même subis.
Le discours du chef sur le destin du gamin est cruel à souhait
J’aurais trouvé plus crédible que le chef pose des questions à Milo, plutôt que celui-ci donne tous les détails d’une traite.
« dans mes yeux se reflète l'éclair rougeoyant du coup de feu » : mais c’est qu’il est true evil !
J’ai trouvé un peu dommage la transition vers le film. Un peu comme de décrire un chouette monstre et de dire après « rassurez-vous, ce n’était qu’un cauchemar ». Les pires cauchemars sont ceux qui sont vrais.
Pas mal vue, la reprise du mot « parfait » qui fait le lien entre le rôle et l’acteur. Je trouve la jouissance de l’acteur qui joue un monstre un peu louche moi...

Est', en pleine lecture.

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