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 WA - Participation exercice n°37 - Fin Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Lundi 12 mai 2008 à 17:29:38
Je n'ai pas réussi à décliner les 2 versions souhaitées. De fait, c'est bien l'histoire d'une rencontre entre un homme et une femme mais la seule possibilité, c'est qu'ils auront un rôle essentiel dans l'histoire.

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Puis ces idées noires se dispersent, je suis heureux d’être en vie. Une douce euphorie s’empare de moi. Appréciable effet secondaire de mes petits amis comprimés mais de plus en plus tardif, signe que la force du principe actif diminue. Le virus reprend le dessus et le compte à rebours aussi. Une pensée s’impose brusquement à moi comme une évidence. Je vais écrire une symphonie. La dernière symphonie de l’humanité. Personne ne pourra l’entendre évidemment. Peut-être Dieu, s’il écoute. Inutile de rêver à un orchestre symphonique. Mes petites machines suffiront. Elles n’ont pas été connectées au réseau et ne semblent pas infectées. Grâce à leurs bibliothèques de sons et de timbres, elles sont capables de sampler cuivres, bois, percussions et cordes à rendre jaloux le LPO lui-même. J’ai aussi un équipement home studio de qualité professionnelle.

Je me donne sept jours. Sept putains de jours. Dieu s’en est bien contenté pour faire le monde non? Tout est dans ma tête. Depuis longtemps. Il suffira que je commence à poser les notes sur la portée. Six jours pour l’écriture, comme lui. Et le septième jour, je la ferai retentir le plus fort possible pour qu’elle monte droit jusqu’au ciel... jusqu’à Lui. Il écoutera. S’il faut une fin à cette histoire, autant que les anges se cachent derrière leurs ailes pour pleurer sur notre triste sort. Cette touche mystique était ma marque de fabrique quand je caracolais à la tête des hit parades dans les salles de concert de Second Life. Un zeste de divin et hop, à moi les sequins. Aujourd’hui je rigole moins et je prie plus.

Dans le grand salon, je m’installe au piano. Un Steinway. Un véritable piano de concert. J’ai des feuilles de partition vierges rangées en tas. Ma tête va exploser si je ne commence pas à écrire. Je fredonne déjà le thème principal du premier mouvement. Allegro moderato. Une ligne de force merveilleusement épurée, des notes parfaites et de flamboyantes arabesques. Un dialogue extatique entre le chant profond des cors et la plainte gracile de la clarinette, le choeur majestueux des hautbois et la tessiture presque humaine des violoncelles. Une coloration musicale très wagnérienne, grandiose et passionnée. Mais qui ira m’accuser de plagiat? Je veux une amplitude énorme pour cette invitation à l’élévation. Oh, il ne faut pas que je laisse échapper le thème secondaire qui embellira la flèche étincelante de ma fière cathédrale. Cela vient, cela vient... presque trop vite! Laissez-moi le temps d’écrire bon sang... je peux voir les archets qui dansent sur les cordes et la baguette du maestro qui scande le tempo. Les pages noircies de notes pleuvent sur le précieux tapis d’Iran. Un crayon dans une main, l’autre explorant le clavier, je suis Richard, je suis Ludwig. La malédiction de la neuvième symphonie ne frappera pas, je serai mort bien avant. Hélas, ne suis-je pas plutôt Mozart attendant fébrilement le Commandeur?

Je suis brusquement tiré de ma rêverie par des coups sourds frappés à la porte. Parvenir ici n’est pas une mince performance. Certaines parties de l’ascension réclament une technique éprouvée. Il faut une sacrée condition physique et une volonté d’airain. Un autre coup résonne. Pas de panique, seul un tank réussirait à enfoncer la lourde porte. Et comment un tank monterait ici? Je me précipite dans l’escalier. Le volet de la chambre d’aile dispose d’une petite ouverture qui offre un angle de vue stratégique sur le parvis d’entrée. Il permet aussi de passer le canon d'un fusil. Mais il n’y a aucun char, juste une silhouette féminine qui se tient à deux pas de la porte. Je me trompe rarement. Les vêtements de montagne m’empêchent d’en voir beaucoup plus. Je n’ai pas prévu ça. Les femmes, j’ai suffisamment donné. Ma dernière compagne doit être assise quelque part sur la banquise. Jeu de mots privé. Je suis revenu de tout ça. Les ténèbres sont là alors à quoi bon? Est-elle jolie? Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ça. Est-ce un signe du destin, une opportunité de faire semblant que tout peut être différent?

Je scrute les alentours. Elle n’est peut-être pas seule, ses comparses attendant cachés. Je ne vois pourtant personne assez près pour profiter de l’occasion. Comme si elle devine que je l’observe, elle tourne son visage dans ma direction. Le soleil, se faufilant entre deux nuages, l’enveloppe soudain d’une lumière mordorée. Elle se tient là comme une apparition surnaturelle. Son beau visage se détache avec précision, grave et fatigué. Un visage aux traits réguliers. Elle attend, sa poitrine se soulevant doucement, les mains serrant les sangles d’un sac à dos de randonnée. Quelques boucles indisciplinées de cheveux sombres dépassent d’un bonnet de laine aux motifs andins. Elle semble agile et déterminée et ne présente aucun signe extérieur d’infection. Irrationnellement, ma décision est prise. Je redescends.

J’ouvre la porte. Elle est bien là. Ce n’est pas une illusion. Elle ne fait pas un geste. Elle est redevenue humaine et fragile, prête à se briser. Elle tremble encore des efforts qu’elle a dû fournir durant l’ascension. Elle trouve néanmoins la force de sourire et me dit d’une voix très musicale :

« Je m’appelle Natalie et je suis exténuée. Voulez-vous bien me laisser entrer quelques instants?»

J’ai préparé un thé bouillant accompagné de quelques biscuits anglais. Elle est restée assise tout le temps au bord du canapé rouge. Elle a posé son grand sac pas très loin d’elle. Elle a délacé ses grosses chaussures de montagne et se masse doucement les chevilles. Elle a tiré ses cheveux en arrière et les a noués avec un élastique. Elle se détend peu à peu. Nous avons échangé quelques mots à peine. Des banalités tout au plus, chacun rassemblant ses forces et son courage. C’est dur de rétablir des liens sociaux dans de telles circonstances. J’ai noté la fine cicatrice qui naît dans son cou et se perd sous le sweat-shirt.

Je lui tends une tasse. Elle la reçoit presque religieusement, ses deux mains formant une coupelle attentionnée. Elle souffle un peu sur le liquide brûlant puis le porte doucement à ses lèvres. Je n’avais pas remarqué qu’elles étaient si bien dessinées, ni trop fines ni trop charnues. Appelant le baiser. Elle soupire en fermant les yeux.

« Cela faisait longtemps ! » dit-elle en se calant cette fois-ci confortablement dans le canapé.
« C’est comment en bas ? » Ma question a fusé hors de mon contrôle, ma curiosité à bout.
« Pire encore que vous l’imaginez ! » Elle reprend une autre gorgée, la savourant longtemps. Elle a dit ça sans effet dramatique. Une simple info. Rien d’affectif.

Je change d’angle d’approche.

« L’ascension n’est pas évidente, vous devez être une alpiniste chevronnée. »
« Mon oncle m’emmenait avec lui dans ses courses quand j’étais adolescente. C’était un guide de haute montagne. Il m’a appris quelques techniques. Par contre, les trois devant la grille n’avaient pas l’air très en forme. »
« Juste les derniers passagers clandestins du téléphérique. Après eux, j’ai tout débranché et je n’ai pas eu d’autres importuns.» J’ai plongé mes lèvres dans le thé, ce souvenir m’embarrasse.
« Jusqu’à moi! » dit-elle en souriant.
« Jusqu’à vous en effet! Mais je ne crois pas que vous vouliez me tuer. Alors, sauf si c’est indiscret, pourquoi avez-vous entrepris de grimper jusqu'ici? »

Elle ne répond pas immédiatement. Elle se contente de me fixer de ses yeux couleur noisette. Le temps a suspendu son vol. Cette image n’a jamais eu de meilleure illustration.

M


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 37 : Maedhros => Commentaire - Estellanara (Jeu 2 oct 2008 à 10:04)
3 Commentaire Maedhros, exercice n°37 - Narwa Roquen (Jeu 15 mai 2008 à 17:31)
       4 détails - z653z (Jeu 11 sep 2008 à 14:01)


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