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De : Elemmirë  Page web : http://lemondedelemm.canalblog.com Date : Vendredi 30 mai 2008 à 20:32:00 | ||
| Lors d'un récent ciné-resto avec mon père et mon grand frère, et alors que je fustigeais les cons, ledit grand frère me fit part d'une théorie intéressante sur la connerie, en la distinguant très clairement de la bêtise: la bêtise, c'est quand les moyens intellectuels sont trop limités pour comprendre. Mais si on sait expliquer plus clairement, plus simplement, le bête est capable de comprendre, et peut progresser. La connerie, elle, consiste (selon lui, donc) à utiliser ses ressources intellectuelles en dépit du bon sens, pour protéger ses préjugés. Le con, donc, n'a pas besoin d'explications ou de raisonnements, puisque s'il ne les comprend pas, c'est qu'il ne veut pas les comprendre. Sa connerie fonctionne comme un écran entre son monde et le nôtre, en le protégeant des réalités par un système de raisonnement logique, mais erroné. En fait (ai-je donc ajouté à sa théorie), ça s'apparente presque au mode de fonctionnement de la psychose, ou du délire, en ce sens que la maladie (psychose ou connerie) éloigne le sujet du monde réel, construisant tout un système parallèle cohérent pour lui. On pourrait en dire autant (ajouta mon père) des religions et des croyances en général. Tout ça pour dire qu'en effet, ni le prendre de haut, ni même argumenter, n'est une bonne stratégie avec les cons. Avec les idiots, l'argument peut prendre, par contre; mais prendre de haut les gens n'a jamais convaincu personne. Bon d'accord, ce n'était pas ton but, dis-tu. Une simple envie de te défouler, et de cracher à la gueule de ce gamin-là, trucmuch (je ne sais plus son pseudo), toute la haine que tu sembles avoir envers "la jeunesse", la jeunesse qui regarde la télé, a un portable dernier cri, joue aux jeux vidéos et ne s'intéresse à rien. Je te trouve injuste, ma chère Est', car tu ne leur laisse aucune chance. Moi aussi, parfois, les pintades de 15 ans juchées maladroitement sur talons aiguilles, atifées comme JLo et incapables de faire une addition à la main ou d'écrire un mot d'absence autrement que "j'ai rater le trin" ou "intauxicassion éllimantère", moi aussi, disais-je, ça me hérisse le poil, ça m'exaspère, je pousse un long soupir et je ne leur fais même plus corriger les fautes. Mais parfois aussi, quand je parle avec ces gosses, je me rends compte que dans leur monde à eux, l'imaginaire n'existe pas, parce qu'ils sont ancrées dans le réel: elles vont à la CAF pour leur mère parce que celle-ci est malade, elles s'occupent de leurs petits frères et soeurs, elles connaissent le montant des factures EDF, et quand on leur parle elfes et sorcières, elles ouvrent des yeux tout ronds en disant "Bah mais c'est pour les enfants, ça existe pas! Ca va pas d'y croire encore, toi!". Tout ce qui n'existe pas en vrai n'existe pas dans leur univers. Et je trouve ça suffisament triste pour ne plus leur en vouloir de quoi que ce soit... Quand je parle avec elles aussi, je me rends compte souvent qu'elles n'ont pas de projet professionnel. Qu'elles sont là par défaut, parce qu'on n'a pas voulu d'elles ailleurs. Qu'elles n'aiment pas ce qu'elles étudient, et qu'elles ne font pas d'effort pour comprendre les cours, c'est vrai, ni même pour y assister. Parce qu'elles n'en voient pas l'intérêt! Elles ne veulent pas être Nouvelle Star, ni gagner au loto, elles ne veulent juste rien. Si, s'occuper d'enfants, souvent (juge pour enfants, puéricultrice, etc). Pour réparer leur enfance à elles, peut-être? Moi quand j'étais ado, j'aimais pas les gosses et j'en voulais pas. Une de mes lycéennes, un jour, était punie pendant deux heures. Je cherche un livre au CDI pour effectuer une "punition intelligente": une heure pour lire quelques pages, une heure pour le résumer. Quand je lui ai dit "C'est quand même mieux que de recopier le règlement, non?", elle m'a répondu "Non, je préfère le règlement. -Mais non, le règlement c'est une punition bête, je vais pas te faire faire ça! -Mais si... je suis bête, moi, recopier je saurai faire. Le livre je saurai pas...". Il a fallu que je la convainque qu'elle pouvait le faire, parce qu'elle ne se sentait pas rabaissée de faire quelque chose d'idiot. Finalement, elle a lu quelques pages, fait un résumé (plein de fautes) et demandé à garder le livre. Bon ok, elle l'a jamais rendu. Tant pis pour le CDI, tant mieux pour elle! Je dis "elles", mais "ils" ne sont ni mieux ni pires. Ils cachent leur manque d'assurance sous des survêt' de marque, ou de copies de marques, et quand on les met face à un téléphone pour appeler des patrons pour trouver des stages, ils se mettent à bégayer. Quand ils essuient deux refus, ils veulent tout laisser tomber, le stage, le lycée, tout. Quand ils l'obtiennent enfin, ils se retiennent d'avoir l'air fiers, deviennent très vite inquiets et cachent ça aussi. Moi, je crois que les vrais cons sont heureux, parce que leur connerie les protège. Les ados qui n'ont pas l'imaginaire pour fuir, qui sont ancrés dans le sol sans rien qui les pousse vers le ciel, ni projet d'avenir ni rêves, je ne crois pas qu'ils le soient. Je pense plutôt qu'ils n'ont pas eu de chance, qu'ils essaient de faire bonne figure avec la façade que leur propose la société (téléphone, fringues, etc), et font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Les premiers de la classe qui se font insulter s'en sortiront sûrement mieux qu'eux... Elemm', ils m'énervent, mais ils vont me manquer, ces petiots Ce message a été lu 4738 fois | ||
Théorie sur la connerie
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 7 Court - Estellanara (Ven 13 jun 2008 à 12:27) 7 L'autre façon d'être un con - Maedhros (Lun 2 jun 2008 à 07:52) |
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