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 WA, exercice n°46 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 2 octobre 2008 à 19:43:37
Voilà un exercice qui va faire appel à votre imagination, certes, mais aussi à vos capacités de cohérence et de structuration. Avec une petite réflexion sur la meilleure manière de présenter les choses...
Vous allez décrire un Monde en privilégiant le plan politique, et tout ce qui en découle : classes sociales, maintien de l’ordre, justice, éducation... Fantasy ou SF, comédie ou drame, délire loufoque ou horreur, tout est permis ! Vous pouvez mettre des personnages pour alléger le récit, mais attention, ne vous engagez pas trop, il y aura une suite, avec ses contraintes propres.
La difficulté sera d’organiser la présentation claire d’un Monde cohérent... sans que ça soit indigeste ! Au pire, vous corrigerez le tir dans l’exercice suivant.
Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 15 octobre.
Je vous entends déjà réfléchir...
Narwa Roquen, qui est assez contente de cette idée...


  
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Réponses à ce message :
Netra  Ecrire à Netra

2008-10-09 11:19:46 

 De retourDétails
Chouette, j'ai plus qu'une semaine mais je suis tellement content d'avoir à nouveau Internet pour pouvoir tous vous lire que je vais participer... Un monde ? C'est chouette ça !!! Pour une fois, on va pouvoir en faire une montagne !!!!
MorganNetra, content ^^

Ce message a été lu 6836 fois
Onirian  Ecrire à Onirian

2008-10-14 16:39:45 

 TricherieDétails
En attendant d'arriver ici (j'en suis a la neuvieme wa !), j'vais tricher un peu :
Le monde d'Oneira.

;-p

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-10-15 17:42:58 

 Participation WA n°46Détails
Le tour de chacun



Il s’agit d’un monde sans peine, sans douleur, sans mal. Chacun est libre dans la mesure et le partage, et si la vie n’est pas égale à chaque instant, le tour de chacun viendra.

Chaque matin, Éléa choisit ses vêtements du jour au Dépôt Central, qu’elle rapportera le lendemain lavés et pliés. Elle choisit une voiture sur le Parking Central, selon ses besoins du jour : monoplace, biplace pour les matins en couple ou en co-voiturage, minibus lorsqu’elle prend soin des enfants. Elle se rend au poste qu’elle a choisi d’occuper parmi ceux proposés par le Grand Organiseur. Chaque tâche doit être accomplie, mais aucune n’est attribué exclusivement à l’un ou l’autre : le tour de chacun viendra, d’être éboueur, médecin s’il a choisi d’y être formé, ingénieur, couturier. Éléa s’est formée à la jardinerie, l’enseignement, la pédiatrie, le tri du courrier. Après sa tâche quotidienne, elle suit sa prochaine formation sur l’écran du Grand Formateur, la plomberie : le Grand Organiseur prévoit un déficit dans ce domaine pour décembre, selon les statistiques des décès.
Chaque midi, Éléa s’assied avec les citoyens présents sur le secteur, et partage le repas choisi en leur compagnie. Ils font connaissance, rient ensemble, et s’enrichissent les uns les autres de leurs savoirs. Parfois, si un citoyen lui plaît, s’il le souhaite aussi, ils choisissent un logement pour deux personnes pour la nuit suivante. Demain, ou un jour prochain, Éléa découvrira le corps d’un autre citoyen : chacun a ses qualités et ses charmes, et le tour de chacun vient toujours. Éléa a ainsi découvert les beaux yeux de Lucile, le sourire de Jérémy, la voix chaude de Paul, le crâne lisse d’Anselme, la vivacité de Juliette. De ces rencontres est né un enfant, qui a rejoint les autres à l’École Centrale. Éléa aime s’occuper des enfants, comme elle aime chacune de ses attributions. Lorsque c’est son tour, elle leur enseigne le fonctionnement de la cité, les formations accessibles dès leur douzième année, et ce qu’ils savent déjà d’instinct, l’importance du respect des autres dans les choix quotidiens et l’équilibre parfait de la Cité grâce à la liberté de chacun. Chaque enfant écoute et apprend. La vie est un éternel fleuve de sérénité, où le bonheur et l’innocence sont les fruits du partage et de la mesure. Chacun sait vivre du nécessaire, sans priver un autre de ce dont il a besoin. Le travail de chacun profite à tous, et nul ne songe à posséder quoi que ce soit : le tour de chacun vient toujours.

Lorsqu’un citoyen atteint sa quatre-vingtième année, et s’il a accompli douze formations complètes, il peut choisir d’être formé par les Veilleurs. Peu en font la demande, mais un citoyen est toujours volontaire lorsque cela est nécessaire pour la Cité. On lui enseigne alors les rituels de début et fin de vie, l’Ultime Remerciement et le rituel de la Naissance, qui protège les citoyens du paradoxe du Vieux Monde, paradoxe que l’on appelle Passion. Seuls les veilleurs savent ce que signifie ce concept, sans pour autant pouvoir ressentir ce dont il s’agit : une maladie terrible qui dominait l’époque heureusement révolue où l’amour menait à la haine, le plaisir à la douleur, où l’excès et la déraison guidaient les êtres. Ceux qui reçoivent ces enseignements perçoivent simplement combien l’érradication de la Passion a sauvé la Cité de l’horreur et du désordre. Il est bien mieux que le tour de chacun vienne, et la légère cicatrice qui orne le front de chaque citoyen prend toute sa valeur, celle de la marque d’un paradis sauvegardé.

Les Veilleurs, dont le nombre varie en fonction des décès et des besoins liés au nombre de naissances, recueillent les nouveaux-nés pour pratiquer sur eux la chirurgie salvatrice qui corrige les deux erreurs de la Nature sur l’Homme : l’appendice, erreur mineure, et les Passions, erreur majeure. La cicatrice en demi-lune sur le haut du front signe leur appartenance à la Cité. Par la suite, les enfants sont remis dans les mains des hommes et des femmes qui, chaque jour, choisissent d’accomplir le rôle de nourrice.
Chaque naissance, chaque décès est répertorié afin que le grand Organiseur recalcule les besoins de la Cité. Les bornes informatiques présentes partout proposent à chacun la liste des postes à pourvoir pour le lendemain, en fonction de l’avancement des tâches, des besoins et des compétences de chacun. Nul besoin de monnaie, puisque chacun peut se procurer la nourriture, les vêtements, les médicaments dont il a besoin, lorsqu’il en a besoin, parmi ceux disponibles dans la Cité.
Le Grand Formateur, centre informatique situé dans l’enceinte de l’École Centrale, forme les hommes et les femmes aux métiers nécessaires, alors que les enfants, jusqu’à leurs douze ans, sont éduqués par les adultes. On leur enseigne le partage, la mesure, le respect de chacun, et la façon dont leur contribution permettra à la Cité de perdurer sans que personne ne manque de quoi que ce soit. À douze ans, ils choisissent leur première formation, et en entament une seconde dès la première terminée, chaque soir après le travail. Chacun doit et souhaite se former en continu, pour agrandir ses connaissances et améliorer le service de la Cité. Chaque citoyen participe à produire pour tous de quoi se loger, se nourrir, se soigner, s’instruire, et prendre soin des personnes dépendantes, vieux, enfants et handicapés. Chacun doit avoir sa place dans la Cité, et lorsque le handicap ou la vieillesse empêchent définitivement la personne d’accomplir la moindre tâche utile à la Cité, il est remis aux mains des Veilleurs qui lui injectent l’Ultime Remerciement. Les Veilleurs ne sont pas considérés comme supérieurs, ils se mêlent aux citoyens avec leur treizième formation, et continuent d’occuper tantôt un poste d’électricien, tantôt celui de technicien de surface, tantôt celui de Veilleur, tant que leur état de santé le permet. Chacun est seul juge de ses capacités, et nul ne songe à mentir : le bien de tous passe par la participation de chacun, dans la mesure et le partage. Le tour de chacun vient toujours.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-16 14:06:35 

 le grand organiseur...Détails
... qui est-il ?

"Chacun doit et souhaite se former en continu" <--- je crois que cette tournure est volontaire mais elle me choque un peu...

"l’érradication" <-- un r de trop ;)

Il n'y a pas d'artistes ? Ni de loisirs ?

Et ça doit être une sacrée organisation pour gérer les différents choix de membres de la cité ? Tout le monde choisit en même temps la tâche du lendemain ou y a-t-il des petits malins qui choisissent les premiers (pour avoir plus de choix) ?

J'attends la suite :)

Ce message a été lu 6398 fois
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-10-16 14:19:48 

 WA - Participation exercice n°46Détails
Le sommeil des Tardigrades


Je suis pressé. C’est aujourd’hui le grand jour. Le plus grand depuis la dernière migration. La promesse d’un nouveau départ. La promesse d’une nouvelle existence. Peut-être simplement quelque chose qui nous rattachera à nouveau à la vie et aux étoiles, quelque chose qui fera scintiller brièvement notre gloire enfuie. Quand je me suis réveillé, il m’a semblé que je ne me réveillais pas d’une nuit courte et agitée, entortillé dans des draps fermés comme un suaire, respirant difficilement un air insipide à force d’être recyclé. J’ai eu l’impression que je sortais d’une longue torpeur qui aurait duré plusieurs siècles. Un sommeil de conte de fées. Mais les fées sont parties laissant le cercueil de verre à l’abandon. Jusqu’à aujourd’hui.

Quand j’émerge du boyau principal, je ne fais plus attention à la lumière pâle et jaunâtre du petit matin, comme si un voilage sale et impalpable était tendu dans le ciel vide. Un voilage pisseux. Cette lumière de perpétuel crépuscule nimbe ce bout de terre du matin au soir et du soir au matin; donne à toute chose une teinte particulière, décalée et étrange. Anachronique. Moi, je suis le Bibliothécaire. Le Gardien du Patrimoine. Formé par mon prédécesseur et choisi dès la couveuse pour mes prédispositions à cette fonction. J’aime le passé. Quand je regarde le futur, je ne vois que les ombres du passé. Elles me sourient tristement. Nous marchons vers elles, quoi que nous fassions. Inéluctablement. Elles nous y attendent depuis si longtemps.

Je suis un scribouillard. Chaque jour, je parcours les longues galeries de stockage. Je parle tout bas à mes gentils fantômes. Ils ne bougent plus. Ils ne me répondent jamais. Ce sont toutes ces machines inertes qui dorment sous un drap immaculé, au fond des salles silencieuses. Elles ont des touches et des poussoirs, des écrans et des becs holographiques. Je connais tous les termes qui les désignent mais beaucoup plus sommairement leur vraie signification. Ne suis-je pas le Gardien de la Mémoire? Le Bibliothécaire. Plus assez d’énergie, plus assez de savoir pour les faire fonctionner. Quelle frustration quand je songe à tous les trésors enfouis, inaccessibles, au coeur de ces entrailles métalliques. Je pleure quand je ramasse un drap étalé sur le sol. Celle quu'il recouvrait est partie, réquisitionnée pour que soit récupéré ce qui peut être réutilisé. La déchirure devient imperceptiblement plus profonde, plus indélébile. Une fraction de notre passé définitivement oblitérée. Mais comment puis-je m’opposer aux pillards qui portent le brassard rouge et blanc de la garde du Laboratoire. Le Laboratoire, c’est l’endroit où sont usinés les maigres produits manufacturés indispensables ; ceux-la mêmes qui nous permettent de ne pas nous enfoncer trop vite dans les ténèbres. Régression.

Mais je radote. Je ressasse. Je rabâche les mêmes mots. Les mêmes concepts surannés. Cette folie n’est pas une maladie, elle fait partie de ma fonction. Elle est même nécessaire. Quand je marche, je ne peux contenir le flot de pensées qui me submerge alors. Autrefois, les déserts qui nous encerclent étaient des immensités marines. Il y avait de l’eau, beaucoup d’eau. Sur la terre et dans le ciel. Cela fait longtemps que les nuages ont disparu. Il y avait de la glace aussi, cette forme d’eau pétrifiée qui recouvrait la Terre Verte, notre bout de terre, sur une épaisseur inimaginable. Maintenant, il ne reste que du sable grège à perte de vue.

Mais aujourd’hui...je me hâte vers le Palais, le siège de l’Administration, un bâtiment boursoufflé qui s’enroule sur lui-même comme un gigantesque coquillage dominant Godthab, la capitale. Malgré son nom, elle ne nourrit aucune espérance. La planète est moribonde. J’emprunte l’avenue principale bordée de baraques d’adobes plus ou moins bien alignées, rarement hautes de plus de deux étages. A cette heure matinale, il y a beaucoup de monde qui se dirige comme moi vers le Palais. Quand le soleil mangera le plus gros du ciel, plus personne ne sera à l’extérieur. Depuis que les derniers générateurs continentaux sont tombés en panne, les radiations ne sont plus filtrées par les écrans exosphériques et les tenues de protection sont bien trop lourdes. Là-haut tournent aussi de grands cercueils vides, les stations orbitales rouillées et désertées, pitoyables anges aux ailes immenses qui se désagrègent peu à peu.

Je passe devant la Couveuse et son dôme translucide qui coiffe un profond puits central d’où rayonne une multitude de galeries. Là sont confinés les berceaux autonomes. La plupart sont hors service : il y a de moins en moins de naissances. Les Adeptes de la Spirale se font rares également. Quelques vieillards irascibles aux mains tremblantes qui se courbent encore au-dessus de la piscine remplie de la soupe primordiale. Malgré les perfusions interdites qu’ils s’administrent, ils déclinent lentement. L’éclat qui brillait au fond de leurs yeux se ternit irrémédiablement. C’est avec eux que travaille Daphné qui rosit quand je m’approche et qui pâlit quand je m’éloigne. Cela ressemble fort à un réflexe archaïque. Elle ne prononce jamais un mot, se contentant de me fixer de son regard délavé comme le ciel. J’éprouve une curieuse sensation le long de la colonne vertébrale, enfin une amorce de sensation, comme si quelque chose d’atavique essayait de se frayer un chemin à travers des strates calcaires ; une sorte d’ondulation agréable qui vrille de haut en bas. Il faudrait que je cherche des informations là-dessus.

Je frissonne malgré moi quand je traverse la passerelle qui enjambe la faille. Je maudis le jour où le Grand Anthroposophe a décidé qu’il fallait construire la fosse aux damnés ici, au coeur de la ville : au plus près de chacun d’entre nous. Sous mes pieds, sous les planches, bien plus bas, vivent les monstres. Nos frères. Nos soeurs. Ceux qui ont subi une mutation foudroyante. Une altération physique et mentale consécutive au dérèglement inopiné des nanos. Effet domino. Des jets de chairs incontrôlés, des résurgences glauques et vitreuses, des membres surnuméraires au développement anarchique, des perceptions excédant les capacités cognitives... Cela peut arriver à tout moment à chacun d’entre nous. Nul n'est à l'abri. Ils sont nombreux à être précipités du haut de la passerelle. Ils tournoient un instant puis sont avalés par le néant. Le fond est si lointain qu’il semble qu’ils ne finissent jamais de tomber. Mais la mort n’a pas de prise sur eux. Où qu’ils soient, quel que soit leur état, ils ont survécu. Les microscopiques merveilles qui nagent dans nos artères peuvent devenir folles mais ignorent toute défaillance.

Je retrouve mon calme quand je parviens à l’autre bout. Les gardes en uniformes rouge et blanc me dévisagent nerveusement. Ils sont alignés sur le périmètre du parvis du Palais, tenant fermement leur hallebarde. Une petite foule se presse déjà aux portillons d’entrée, essayant de faire partie des privilégiés admis à prendre place dans la grande salle capitulaire.. J’aperçois des représentants des communautés éloignées : de Tasiilaq, reconnaissables à leurs bonnets multicolores, de Scoresbysund avec leur haute et maigre stature et de Qaanaaq dont le symbole ailé scintille sur le surcot jaune ou bleu. Le message des étoiles a été reçu par tous. Je présente à un guichet isolé mon insigne, deux courbes qui partent du même point, se croisent et se fuient. Le symbole du poisson, cet être légendaire qui représente la sagesse, la connaissance et l’immortalité. Quel meilleur symbole pour ma mission ?

Les sentinelles me cèdent le passage. J’emprunte un chemin dérobé pour gagner ma place. Sous le regard blanc et impassible des hautes statues installées sur la corniche qui épouse sa circonférence, la salle est déjà bien remplie : des pleureurs qui se serrent les uns contre les autres et des fermiers aux longues chasubles blanches qui cachent leurs yeux derrière une visière dépolie ; des magiciens aux chapeaux pointus qui tournent comiquement leur baguette de plastique et des rêveurs aux longs cheveux blancs qui protègent leur peau d’albinos sous une épaisse couche de crème ; des insomniaques sinistrogyres qui vitupèrent en oscillant dangereusement et des chasseurs de monstres qui se poussent du coude, fiers et menaçants. Des nageurs des sables et des marchands de corps. Ils sont tous là, hommes, femmes, enfants... attendant qu’il apparaisse.

Des murmures accompagnent le Grand Anthroposophe quand il pénètre à son tour dans l’hémicycle. Malgré les gradins et les coursives, il parvient à dominer naturellement l’assistance du haut de ses trois mètres. Il est nu et gras. Ses bourrelets de graisse forment d’interminables plis sur son ventre. Ses bras et ses jambes ont des proportions hors normes, aux veines apparentes qui forment un réseau bleu et rouge. Il paraît que cet étrange motif cacherait la route empruntée par les fuyards. Mais aucun Scrutateur des Cieux n’a jusqu’à ce jour percé son secret. Il contemple ses sujets avec un air de mépris souverain. Il est laid et sale mais son esprit est vif et brillant. Sous un front dégarni, un regard rouge et inquisiteur fouille les coeurs et les reins bien plus efficacement que les sièges infernaux de la Cohorte, la sinistre police secrète aux méthodes expéditives. Dans son sillage suivent, également nus, quatre hauts dignitaires de la secte religieuse dominante. Celle des Illuminés. Ils sont tatoués de la tête aux pieds de glyphes ésotériques multicolores qui forment la spirale galactique originelle dont le motif se referme sur leur pubis.

Tout cet équipage prend place dans la tribune qui fait face aux gradins. Une puissante trompe retentit, interrompant le brouhaha général. Chacun se tait pendant que les gardes referment les portes. L’hémicycle est scellé. Alors, la voix forte du Grand Anthroposophe s’élève. Moi, je vois son image qui tremblote sur le seul écran géant qui daigne encore fonctionner.

« Mes enfants, je ne ferai aucun discours. Les étoiles se sont souvenues de nous et leur messager est là. Sa venue était paraît-il, écrite en lettres de feu dans le ciel. Ecoutons-le !» Il se tourne vers les Illuminés qui ferment doucement les yeux tout en souriant.

Je le vois surgir d’une porte latérale. Seul. C’est un homme élancé, à la fois semblable et différent. Il est vêtu d’un étrange vêtement aux reflets d’argent qui déconcerte les regards. Une sorte de tunique ajustée qui souligne sa haute taille et le port altier de ses épaules. Ses yeux sont gris et pénétrants. Il marche sans crainte jusqu’au centre de la salle capitulaire. Il se dégage de sa personne une puissance apaisée et une intelligence bienveillante. Il marque une légère pause pour mieux captiver l’attention. Sa voix est fluide et musicale, douce et harmonieuse. J’entends chanter un rossignol sur les plus hautes branches d’un arbre légendaire. Il prononce quelques mots mais je reconnais cette voix. Nous la reconnaissons tous. Inconsciemment. C’est la voix du passé qui nous ouvre la voie de notre avenir :

« Mon nom est Oromë ! »

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-10-16 18:29:45 

 WA n°46, participationDétails
Vieilles canailles





L’évolution bien sûr se fit de manière progressive, et même insidieuse, car la mentalité terrienne, prudente et avide de traditions, présente une résistance aux changements beaucoup plus élevée que chez la plupart des créatures vivantes du Multivers.
On peut sans doute détecter les prémisses de cette évolution pendant le krach de 2008 ; la gestion imprévoyante de certains financiers déclencha une dépression sévère, que la mondialisation entraîna dans un gouffre sans fond. Quand les Banques d’Etat et les Grands Assureurs furent à court de moyens, ils décidèrent d’un commun accord de puiser dans les Caisses de retraite, dans l’espoir de remplir, même partiellement, ce tonneau des Danaïdes qu’était devenue l’économie mondiale. Le chômage atteignit des chiffres absurdes, de l’ordre de 30 % de la population active ; les gouvernements licencièrent plus de la moitié des fonctionnaires, bradèrent au plus offrant les monuments historiques et les oeuvres d’art des musées, tout en refusant catégoriquement de réduire les émoluments des hommes politiques; ces mesures dérisoires ne firent qu’amplifier le désordre. Quand il apparut clairement que la situation était sans issue, les chefs des dix états les plus puissants se réunirent en secret et se prononcèrent à l’unanimité pour le seul recours possible afin de diminuer les charges du chômage et de relancer l’épargne : la guerre.
Le but à atteindre était de diminuer la population terrienne de 20%, objectif qui fut largement atteint en quelques mois. Toutefois, afin de préserver l’avenir des survivants, aucune arme nucléaire ne fut utilisée. Parallèlement, avec le prétexte de l’effort de guerre, toutes les aides financières et logistiques aux pays en voie de développement furent suspendues, ce qui, par le fait de maladies, famines et luttes fratricides, entraîna l’extermination de presque un continent entier.
Quand le conflit cessa, la pyramide des âges avait été profondément remaniée, avec une destruction préférentielle de la tranche 20 – 40 ans. Les Gouvernants, qui faisaient tous partie des seniors, se trouvèrent alors confrontés à une situation totalement nouvelle : la population active traditionnelle avait été largement décimée, et les Caisses de retraite étaient en cessation de paiement. Il fallait donc envisager de prolonger la durée de travail des survivants jusqu’à leur mort, ce qui n’était pas sans poser quelques problèmes ardus. Comment rendre productive, et heureuse de l’être, une population vieillissante et donc plus sujette aux maladies, et tout simplement, à la fatigue physique et à l’inefficacité intellectuelle ? Comment éviter les mouvements sociaux de révolte ? Si même on réussissait à prolonger l’espérance de vie, comment empêcher que les nouvelles générations ne viennent concurrencer les anciens sur le marché du travail ?

La réponse à ces interrogations fut double : d’une part fut lancé un vaste programme de limitation des naissances, sous le prétexte que les ressources de la planète s’épuisaient plus vite que prévu ; d’autre part l’effort fut mis sur la recherche :
- recherche en robotique, la plus urgente, afin que des machines, puissantes, polyvalentes et dociles, viennent remplacer les humains dans toutes les tâches où la force physique était indispensable.
- recherche en médecine, également, afin de prolonger la durée de vie humaine avec une meilleure résistance aux maladies, et surtout la conservation d’une efficience physique et mentale compatible avec la poursuite de l’activité professionnelle.


La chance sourit enfin à la planète Terra, durement éprouvée par les décisions peu altruistes de ses dirigeants. Une équipe Suisse (un tout petit Etat célèbre pour ses banques, sa neutralité en cas de conflit, ses montagnes, ses horlogers et ses friandises), découvrit un procédé permettant de transformer des cellules diversifiées en cellules souches, capables de se multiplier et de régénérer tous les tissus où elles étaient injectées ; mais le véritable génie de l’affaire fut un biologiste pakistanais, qui découvrit l’adjuvant évitant que ces cellules souches ne puissent dégénérer en cancers. La protéine G, extraite du géko, petit lézard familier qui avait toujours eu la réputation de porter bonheur, fit de lui pendant de longues années l’homme le plus adulé et le plus riche de la planète.
L’espérance de vie humaine passa, en moins de dix ans, de 75 à 250 ans, ce qui fut le véritable tournant de l’évolution humaine. Bien entendu, les riches et les puissants furent les premiers à bénéficier de l’aubaine, afin de consolider leur position.
Le développement de la robotique fut par contre essentiellement lié aux échanges secrets avec Hypra, Titan et Sellix, les trois premières planètes de la galaxie XKA 325 qui entrèrent en contact avec Terra. Ceci permit de réduire à néant le besoin en main d’oeuvre non spécialisée. De ce fait, la maintenance et la surveillance vidéo des robots représentèrent la plus grande partie du travail manuel encore nécessaire.
Les structures éducatives et scolaires s’en trouvèrent profondément modifiées.


Dans les années 2050, la situation était la suivante : la dénatalité battait son plein, le taux de fécondité atteignant les 0,30. Les crèches furent détruites et remplacées par des centres de massage, thalassothérapie, physiothérapie et cures d’entretien (nom pudiquement attribué aux injections répétées de cellules souches). Les écoles n’accueillirent les élèves qu’à partir de 20 ans ; auparavant, les enfants et jeunes gens fréquentaient des établissements « d’accueil », internats gratuits mais obligatoires où toute mixité était prohibée. Tout enseignement étant interdit, on occupait les élèves à des activités manuelles qu’ils n’auraient probablement jamais l’occasion de pratiquer plus tard, puisqu’elles étaient dévolues aux robots. Ils pratiquaient également toutes sortes de sports (activités physiques individuelles ou en groupe régies par des règles strictes), vestiges des civilisations passées au même titre que le culte de la beauté et de la jeunesse.
Les jeunes qui le désiraient, ou dont les parents ne pouvaient payer le prix exorbitant des études, commençaient leur formation pratique à 20 ans, formation d’où toute connaissance théorique était exclue, pour le plus grand bénéfice des dirigeants en place pour qui, mais c’est une évidence, l’illettrisme a toujours été le meilleur rempart contre les troubles de l’ordre public.
Pour ceux qui suivaient un cursus scolaire, la durée des études s’échelonnait entre 10 et 20 ans. Seule une minorité pouvait y engager les frais nécessaires, ce qui garantissait aux riches la certitude que leurs rares rejetons seraient en situation de plein emploi. Bien entendu, cette société ultra conservatrice se donnait les moyens de limiter les risques de changement : certaines matières comme l’histoire et la philosophie, réputées subversives, n’étaient plus enseignées.
La majorité légale, autrefois fixée à 18 ans dans la plupart des pays, fut déclarée notion caduque et remplacée par celle de citoyenneté : pour être citoyen, avoir le droit de voter et de former un couple, il fallait avoir un emploi, ce qui, en raison de la durée particulièrement longue des études (comprenant notamment de longues années de stage non rémunéré), ne pouvait pas se produire avant 30 ans, et plus volontiers autour de 40.
Avant la crise, la plupart des Etats influents (c'est-à-dire riches) étaient des démocraties. En apparence, rien ne changea. La démocratie donne au peuple l’illusion de se gouverner lui-même par l’intermédiaire de ses représentants. Mais la véritable démocratie - utopie encore jamais atteinte, sur aucune planète connue à ce jour -, nécessiterait un degré d’honnêteté et de responsabilité dont seuls les vrais libertaires peuvent avoir une idée précise. Dans la réalité, la démocratie permet de laisser le pouvoir à une caste fondée sur l’argent, l’hérédité, le compromis et le favoritisme ; les quelques inévitables idéalistes sont en général rapidement assimilés, ou détruits par le système. Néanmoins le vote du peuple étant potentiellement facteur d’instabilité (quoique de fait cela se produise rarement), la nécessité pour les dirigeants en place d’un immobilisme rassurant les amena à n’utiliser le suffrage universel que pour les élections locales au plus petit niveau possible ; du niveau régional au niveau national, et bien entendu au niveau mondial quand le Conseil Suprême Terrien fut créé, les élections se firent par suffrage indirect.
Sur le plan théorique, l’observateur extérieur pourrait s’étonner qu’au décours d’un krach dont la mondialisation était en grande partie responsable, les gouvernants aient non seulement continué dans la même voie mais soient allés encore plus loin dans le même sens. Même s’il est établi dans tout le Multivers que la politique du « plus de la même chose » conduit inéluctablement au désastre, les dirigeants de l’époque, campés sur leur position et refusant de renoncer à une once de leur pouvoir, préférèrent mondialiser non seulement l’économie mais aussi la politique, plutôt que de remettre en cause leurs pratiques au risque d’être destitués. Ainsi les différences nationales s’estompèrent peu à peu ; le risque de guerre mondiale était totalement écarté, mais en contrepartie de petits foyers de guerre civile entre ethnies proches éclosaient régulièrement, soigneusement respectés voire entretenus comme un exutoire salutaire aux frustrations inhérentes à une société rigide et non-permissive, et surtout comme un rempart contre toute velléité de contestation du pouvoir établi.



Le système de santé s’uniformisa sur toute la planète pour devenir exclusivement payant. Quelques grandes campagnes médiatiques, et un conditionnement habile entamé dès la petite enfance, transformèrent les mentalités en moins d’une génération, avec l’apparition de la notion pervertie de « dignité humaine », qui devenait le refus absolu de toute aide caritative ou étatique en cas de maladie, accident ou handicap. En conséquence, l’épargne se mit à progresser aussi vite que disparaissaient les notions d’entraide et de solidarité. Les enfants handicapés étaient euthanasiés dès la naissance, les grands malades et autres accidentés de la vie totalement laissés pour compte, ce qui les amenait à mourir rapidement s’ils ne s’étaient pas suicidés avant.


La caste dirigeante, maintenue en bon état physique et mental par les progrès de la médecine, avait néanmoins besoin de dérivatifs ; il n’y avait plus de sport, toute activité physique étant considérée comme dégradante puisque pratiquée par des êtres inférieurs (les robots et les enfants). Les activités artistiques, toujours plus ou moins suspectes de subversivité, n’étaient pas non plus au goût du jour. Paradoxalement, alors que les moeurs devenaient d’une rigidité fanatique, les maisons de tolérance furent légalisées et leur fréquentation considérée comme un passe-temps de bon aloi. Pour résumer de manière un peu caricaturale, on pourrait dire qu’en dehors de leurs horaires de travail, les pauvres s’entretuaient tandis que les riches allaient au bordel.


L’ordre public, dans une société aussi bien structurée et par ailleurs largement vidéosurveillée, était maintenu par des robots policiers, programmés pour tirer à vue devant toute infraction à la loi, sans distinction de gravité. Ce système était économiquement rentable, puisqu’il rendait inutile l’entretien de prisons et de tribunaux.



Le « modèle terrien »fut longtemps cité en exemple aux quatre coins du Multivers, comme un parangon de cohérence et d’efficacité.





Extrait de « Histoire de Terra », de Stilzion Nelkvoor, historien transgalactique et conseiller gouvernemental sur Titan (XKA 325).


Narwa Roquen
Narwa Roquen, vous avez dit fiction?

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-10-16 21:27:25 

 La science sans passionDétails
Le Grand Organiseur n'est qu'un bête ordinateur.

Des artistes? Sans Passion?? ^^ Donc non, pas d'artistes, de la musique d'ascenceur tout au plus. Les loisirs, j'y avais pensé, c'est vrai que je ne l'ai pas développé mais en fait chaque personne qui apprend une technique de loisir (par exemple, le tennis, la broderie) le fait aussi pour l'enseigner par la suite, puisque le savoir est le principal plaisir de la Cité.
Ceux dont la tâche du jour finit plus tôt choisissent d'abord, mais pour personne ça n'a la moindre importance, personne ne se sent plus malin de choisir d'abord ou lésé de choisir en dernier, puisque les tâches choisies en premier ne sont pas forcément les moins difficiles: le tour de chacun vient toujours, et chacun sait doser ses actions pour que tous puissent satisfaire à leurs besoins, dans une équité pas forcément immédiate, mais qui viendra forcément avec le temps.

Quant à la suite, euh, j'en ai pas la moindre idée, comme toujours! Si certains d'entre vous veulent réutiliser des débuts de textes à moi pour écrire des scénars, servez-vous, je vous offre mes photos pour faire un film avec :)

Elemm', créatrice de statique.

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-21 12:55:17 

 tardigradesDétails
J'ai cherché sur wikipédia et je suis tombé sur un animal assez particulier.

Ton monde ressemble à la Terre dans le futur.
Et il est bien décrit par un personnage qui a beaucoup d'importance.

Quelques petits détails :
Celle quu'il
c’es l’endroit
il y a de moins en moins de naissance -- "s" à la fin
Nul n'st à l'abri
les siègesinfernaux
"Moi, je vois son image qui tremblote sur le seul écran géant qui daigne encore fonctionner". Pourquoi as-tu utilisé un "moi, je" ?

J'attends la suite :)

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z653z  Ecrire à z653z

2008-10-21 13:39:19 

 Description un peu trop longue...Détails
... j'espère juste que la plupart des détails serviront dans ta révolution.

"Le « modèle terrien »fut longtemps cité en exemple aux quatre coins du Multivers" -- Cela veut dire que ce modèle durera longtemps ?

Et les dirigeants de Terra n'auront-ils pas envie d'étendre leur influence au delà d'une seule planète ?

"transformèrent les mentalités en moins d’une génération" <--- ça me parait un peu exagéré ;)
Quoique ta génération dure peut-être 50 voire 60 ans avec les progrès de la médecine. D'ailleurs, je me demande jusqu'à quel âge les nouveaux humains peuvent procréer.

J'attends la suite ;)

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-10-22 17:37:02 

 Commentaire Elemmirë, exercice n°46Détails
Un monde glacé, follement raisonnable... Ca me fait penser au Village (« Le Prisonnier »). A certaines collectivités aussi (abeilles, fourmis...), où le collectif prime sur l’individu. Ton texte renvoie à l’Eternelle Question : qu’est-ce que le bonheur ? C’est bien pensé, c’est bien écrit, c’est original et c’est cohérent. Ta petite musique, précise, en couleur pastel, faussement innocente et très ravellienne, enserre progressivement le lecteur dans un étau de malaise d’autant plus inconfortable que oui, c’est vrai, on ne peut rien reprocher à ce système, pas de misère, pas de souffrance, l’égalité, la fraternité... C’est quoi la liberté ? La liberté de souffrir ?
Il manque un tout petit détail pour coller à la consigne : l’aspect politique. Qui est le Grand Organiseur ? Si c’est un ordinateur, qui fait le programme ? Qui dirige cette société ? Comment est-il choisi (élu) ?
Tu ne précises pas non plus la durée de vie moyenne de tes citoyens. On peut supposer qu’elle est très élevée, puisqu’ils deviennent Veilleurs à 80 ans.
Etrange cette aversion pour l’appendice, petit doigt de gant innocent accroché au caecum, et qui chez de nombreuses personnes ne fait jamais parler de lui... Un psychiatre freudien y verrait sûrement une métaphore phallique...
Une faute de frappe : érradication (un seul r).
Au total : un très bon texte, intelligent, logique, envoûtant, et désagréable à souhait !
Narwa Roquen, chevaucheuse de consignes

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-10-22 17:39:07 

 Commentaire Maedhros, exercice n°46Détails
Tu nous entraînes dans un Monde très Maedhrosien, post-apocalyptique ou presque, à un moment-clé de son histoire. Le choix du narrateur te permet de décrire ce Monde et de donner quelques repères sur son passé et son présent. Bien sûr tu nous allèches avec des mystères que nous n’avons pas encore les moyens d’élucider : qui sont les Tardigrades ? Comment connaître les prédispositions d’un sujet dès la naissance ? Qu’est-ce qu’un pleureur ? Un insomniaque sinistrogyre ? Un marchand de corps ? Toutes ces inconnues renforcent l’atmosphère étrange et glauque, mais n’oublie pas de donner les réponses dans la suite !
J’adore la phrase « qui rosit quand je m’approche et qui pâlit quand je m’éloigne », suggestion délicate d’une émotion « archaïque » dont le sujet ne sait trop que faire, mais qui rassure le lecteur quant à son humanité.
Après Zeus, voici maintenant Bouddha dans le rôle du Chef Suprême, mais c’est un Eveillé qui n’a pas l’air franchement bienveillant...
Tes monstres me font penser à « Trahison », de O. Scott Card, une merveille que je conseille à tout le monde...
Quant à la fin... Mon coeur a eu un raté, j’ai éclaté de rire et j’ai dit tout haut « il est gonflé ! ». Spectaculaire et inattendue, cette fin !
Ce qui m’émerveille, c’est que tu as écrit ce texte avant de savoir quelle serait la contrainte de l’exercice suivant, et ça va tomber pilepoil... Télépathe ?
Quelques petits détails :
-« celle qu’il recouvrait est partie ». « Celle » représente « machine », mais le mot est trop loin dans le texte (8 lignes), et le lecteur ne s’en souvient plus...
- « la déchirure devient plus imperceptiblement... » Ce « plus » est superflu, et même gênant avec les 2 « plus » qui suivent.
- un petit t oublié 3 lignes plus loin, et un accent sur « ceux-là », un s à calcaires (strates), un espace entre « sièges » et « infernaux » (de la Cohorte), et enfin un petit e à « une puissante trompe ».


Je n’ai pas trop vu de politique dans cette histoire... On a un Chef, une Police, une Administration, des religions. Mais on ne sait pas comment ça fonctionne, quelle est la hiérarchie, comment est choisi le Grand Anthroposophe. Tu as l’air de suggérer qu’il est là depuis toujours, et que même le Gardien de la Mémoire ne se souvient pas d’autre chose... Oui mais la consigne c’était quand même la politique...
Je ne doute pas que tu retomberas sur tes pattes de télépathe dans le prochain épisode...
Narwa Roquen, impatiente!

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-10-22 22:04:34 

 J'ai enfin vu de la lumière...Détails
Pour les tardigrades, il y a bien un lien entre le petit ours d'eau et l'histoire ... la suite arrive!

sinon, j'ai utilisé une syntaxe qui souligne l'opposition entre l'apparente réalité du grand timonier, forte et immuable, et la fragilité que pressent le bibliothécaire et symbolisée par l'image vacillante, cette fragilité qui naît de l'arrivée d'Oromë.

Mais bon, c'est très "affectif"

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2008-10-24 11:13:21 

 Ambiance.Détails
L'ambiance est glauque à souhait, mais j'ai tout de même une remarque.
Le tout premier paragraphe est franchement "joyeux", ou à tout le moins, remplis d'espoir (Le plus grand depuis la dernière migration. La promesse d’un nouveau départ.)
Et presque aussitôt, on sombre dans la vision déprimée que le bibliothécaire à de son monde, décadent à l'évidence.

Je trouve le paralèlle étrange, l'impression que tu as écrit sans tenir compte de l'état d'esprit affiché du narateur, où plus probablement que tu as commencé le texte dans une direction, qu'il est parti dans une autre très vite, parce qu'un texte, ça ne se laisse jamais vraiment faire, et tu n'as pas repris les premières lignes pour les accorder avec le reste.

Après, c'est peut-être aussi volontaire pour marquer un malaise. Je ne sais pas.

Bref, à part ce décalage légèrement incongru, l'ambiance est très bien rendu et le texte se lit franchement tout seul.

--
Onirian, pré-apocalyptique.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-10-31 14:57:38 

 SimCity 224Détails
Je rattrape le temps perdu...

et ton texte me fait penser justement au roman de HG Wells, « la machine à remonter le temps ». Tu sais, l’univers des Elois. Non que le contexte soit le même, loin de là, mais plane sur les deux textes cette « riante et inquiétante monotonie ». Il ne semble pas y avoir de secret derrière cette société paisible et normalisée, où tout est neutre comme l’emploi que tu fais des termes « chacun « (21 citations) et de citoyen (9 citations). Cela donne l’impression d’une charge contre une utopie socialiste où tout est tellement équitablement réparti et où l'individualité s'efface tant derrière le collectif, que cela en devient tout simplement insupportable !

Tu utilises un style assez professionnel, avec des tournures de phrases qui pourraient être tirées de rapports administratifs. Un style volontairement banal, lisse qui renforce le côté normatif de ce monde où tout est réglé, de la naissance à la mort, avec un dévouement individuel aux tâches collectives digne des meilleures imaginations des planificateurs des célèbres gosplans. Peu de couleur dans ton texte. Cela conforte le style et l’univers. Car les passions sont au départ des couleurs et sans passion, la vie n’a pas de couleur non ? J’ai été un peu surpris par cette écriture qui me semble être aux antipodes de ta nature. Mais c’est sans doute encore une fois volontaire ! Oui, cette histoire me fait penser finalement à ces jeux dans lesquels il faut bâtir une ville avec tous ses services publics, jusqu’au moindre détail, une ville où les humains ne sont que des silhouettes très pixélisées, un legoland peu attrayant...

Au rang des broutilles, j’ai rangé :

-Organiseur : sauf à me tromper, ce terme désigne en français nos petites machines facilement transportables qui gèrent agenda et répertoire téléphonique. J’aurais utilisé « organisateur » ou « planificateur ».
- « Chaque tâche doit être accomplie, mais aucune n’est attribuée »

M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2008-10-31 16:05:16 

 La queue du lézard.Détails
Tu dévides la pelote des conséquences avec une habileté redoutable où tout conspire à précipiter l’équilibre bien fragile de notre société vers une forme de totalitarisme que n’aurait pas renié Georges Orwell. Ton cycle est finement construit et paraît cohérent. La guerre est souvent une forme de respiration au cours de l’histoire, comme les grandes épidémies (peste noire notamment), qui permet de revenir à des équilibres démographiques plus sains avec l’immense pas en avant technologique permis par les recherches militaires qui font fi des déficits ou de la morale. Toutefois, en poussant encore plus loin, pourquoi les grands chefs n’ont-ils pas choisi la portion de l’humanité à « saigner » (au sens médical bien sûr). L’Afrique et quelques régions de même nature auraient pu cumuler plusieurs avantages ! En outre, bien choisir sa cible permet de limiter les dégâts infligés à son propre camp. Les ratios de pertes dans les guerres modernes ne souffrent aucune exception : les plus forts meurent moins que les plus faibles, beaucoup moins....

La description des relations inter-générationnelles est croustillante et le recours au gecko et aux maisons closes est bien vu. Tu extrapoles intelligemment les modifications entraînées par ces circonstances nouvelles et tu es rarement prise à défaut même si à une ou deux reprises tu frôles la limite ! Ce qui est assez jubilatoire, c’est le soin méticuleux à ne permettre aucune amélioration. Toujours un peu plus noir. Aucune rédemption. Tu réunis tous les ingrédients pour que le couvercle de la marmite ne tienne plus très longtemps. Mais pris séparément, chaque élément a déjà été connu dans l’histoire de l’humanité (suffrage censitaire, esclavage, gérontocratie...) sauf évidemment les détails futuristes !

Au rang des broutilles, j’ai rangé :
- « Le chômage atteignit des chiffres absurdes, de l’ordre de 30 % de la population active » : en 29, le chômage avait atteint des taux quasi similaires.
- «de 75 à 250 ans, ce qui fut le véritable tournant de l’évolution humaine» : c’est un tournant en épingle à cheveu !
- «qu’ils n’auraient probablement jamais l’occasion de pratiquer plus tard, puisqu’elles étaient dévolues aux robots. Ils pratiquaient... »: les 2 verbes sont trop proches.
- «les gouvernants aient non seulement continué dans la même voie mais soient allés encore plus loin dans le même sens... »: dans la même voie et dans le même sens forment une répétition inutile.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-11-03 18:31:11 

 CaricatureDétails
J’avais pensé effectivement à décimer l’Afrique et les pays dits « en voie de développement » ; encore qu’en les privant d’aides financières et logistiques, ça revenait au même. Mais j’ai trouvé plus caricatural de montrer que ce qui gêne le plus les puissants, dans cette histoire, c’est d’avoir des jeunes à leur porte qui vont les pousser dehors et les priver non seulement de pouvoir, mais aussi de ressources, puisque leur épargne a été compromise par la crise. Comme ils sont d’un égoïsme forcené, ils sont prêts à sacrifier leurs propres enfants pour conserver leur place !
Merci pour tes autres remarques : c’est vrai que j’ai écrit ce texte un peu vite...
Narwa Roquen, au four et au moulin...

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-11-11 22:18:31 

 Avec plein de retard :)Détails
Merci pour ton commentaire. C'est vrai qu'organiseur a ce sens-là d'habitude, mais je reconnais que quand j'écris, je m'inquiète peu de faire des recherches pour mon texte, je prends "comme ça vient" ^^ C'est d'ailleurs pour ça que je ne sais pas qui programme le Grand Organiseur, si quelqu'un parmi vous a une réponse intéressante à cette question considérez-la comme vraie! (Je sais que je vais faire bondir Roquen là, avec ma flemme de répondre moi-même à la question ^^)

C'est vrai que les émotions ont généralement une place prépondérante dans ma vie et dans mes textes. Dans une période où elles m'emmerdent dans ma vie, je les vire aussi de mes textes, c'est mieux :) Bon j'avais une idée pour qu'elles reviennent avec la suite de l'histoire, mais je ne sais toujours pas qui est derrière le Grand Organiseur, j'ai du mal avec les scénar, et j'ai encore plus de mal à écrire à partir d'une idée précise que juste à partir des mots qui passent par ma tête ^^

Mais si j'y arrive, promis, je vous ferai part du résultat!


Elemm', yé souis oune artiste, mais faut pas mé démander dé travailler mon talent! :s

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-12-12 16:59:12 

 Exercice 46 : Narwa => CommentaireDétails
Houla, encore un texte affreusement réaliste et qui fait froid dans le dos. Traverserais-tu une grande période de pessimisme ? Pour un peu, je reprendrais bien du bisounours (^_^).
Le titre m’a d’abord fait penser à Gainsbourg. Il est bien trouvé, comme souvent chez toi.
On sent dès le départ qu’on est dans la SF et que c’est un extra-terrestre qui parle. On sent aussi qu’il résume des évènements très lointains dans le temps.
La suite de décisions stupides voire catastrophiques que tu décris est néanmoins crédible, jusqu’à la guerre. Cela dit, je pense que de limiter dès maintenant les naissances serait à long terme très profitable à la planète... Je suis plus dubitative quand tu dis que les gouvernements encouragent la recherche. Ils ne l’ont jamais fait jusqu’à présent et je doute que cela serait une des solutions envisagées. Mais enfin, nous sommes dans un récit de fiction.
La description de la Suisse est rigolote.
Je n’ai pas bien compris pourquoi on gardait les gosses sans rien leur apprendre. On aurait pu les préparer à leurs futurs emplois de surveillants de robots. Ce ne leur aurait pas pour autant permis de reprendre le pouvoir.
On sent un certain militantisme dans le texte, comme avec « l’illettrisme a toujours été le meilleur rempart contre les troubles de l’ordre public ». Mais les uchronies et autres utopies sont souvent des occasions de dénoncer un système que l’on n’aime pas. La critique de la démocratie telle qu’elle est pratiquée est tout de même un peu extrême.
Le passage sur le système de santé est particulièrement ignoble. Pareil pour l’ordre public. Mais tout cela sonne terriblement juste. Bien que le modèle terrien soit cité en exemple, l’ET qui écrit n’a pas l’air particulièrement d’accord...
Un texte intéressant et manifestement très réfléchi mais qui manque un peu de vie. J’espère que la suite, la révolution, mettra en scène des personnages.

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-12-12 17:02:45 

 Exercice 46 : Maedhros => CommentaireDétails
Waaah !! Génial, un texte sur les tardigrades ? Des animaux méconnus mais sympathiques ! A moins que ce ne soit métaphorique. En tous cas, ce titre éveille ma curiosité.
Il y a dans ce texte une très chouette ambiance de fin du monde, de post-apocalyptique, dans un camaïeu de jaune, orange et sable, poussière et cendres.
Habile la manière dont tu suggères les raisons de cette fin du monde, notamment avec « Quand le soleil mangera le plus gros du ciel ». Subtile aussi la façon dont tu révèles la raison du conseil, le message des étoiles.
Pittoresque le passage sur l’amour qui a disparu et le narrateur qui ressent un truc inconnu de lui.
J’ai bien compris en quoi consistaient les nanos mais comment les nouveaux habitants peuvent-ils en avoir si la population a perdu le contrôle de la technologie ? Ils se reproduisent d’eux-mêmes dans les berceaux ?
Bonne idée que ces mutants. Ca fait froid dans le dos.
Super foule bigarrée avec des noms évocateurs et exotiques dans la salle du conseil. Tout cela fleure bon Dune ou les Derniers hommes, avec un ptit côté Mad Max aussi. J’aimerais bien revoir ces tribus dans la suite pour en apprendre plus sur elles. Certaines ont des noms qui mettent l’eau à la bouche. Tu nous écris quand un roman de SF ?
Excellente la description du Grand Anthroposophe ! J’adore l’ambiance de cette nouvelle ! Inattendue la fin ! Vivement la suite !

Est', en pleine lecture.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-12-12 17:08:15 

 Exercice 46 : Elemmirë => CommentaireDétails
Ce texte court contient d’excellentes idées. Et ton gimmick : « le tour de chacun vient toujours » rythme très judicieusement le récit.
Ta société semble assez agréable, par opposition aux deux précédentes. Evidemment, elle repose sur la bonne volonté et, comme je ne crois guère que l’humain en soit pourvue, il y a du y avoir une époque où des despotes éclairés l’ont imposée de force. Ah oui, voici l’explication : « la légère cicatrice qui orne le front de chaque citoyen ». Idée géniale que cette opération !
Tout le monde aime ce qu’il fait, et flotte dans un bonheur tranquille, il n’y a plus d’argent... voilà un doux rêve, un Meilleur des mondes. Sauf que c’est une vraie prison. On n’y est libre que de faire comme tout le monde, sans réfléchir. Le détail vraiment horrible est l’élimination des vieux. Le nom poétique est d’ailleurs très bien trouvé. J’attends la suite avec impatience pour voir si ça va s’effondrer. Un excellent texte !

Est', en pleine lecture

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