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 WA-Exercice 7 - Guerre Voir la page du message Afficher le message parent
De : Onirian  Ecrire à Onirian
Page web : http://oneira.net
Date : Mardi 7 octobre 2008 à 21:49:11
L'air a une saveur différente juste avant une bataille. Comme ce moment si particulier qui précède les orages. Le vent ne souffle plus, le ciel s’assombri, donnant une couleur incroyable aux arbres, les bruits mêmes sont différents.

Je pose un instant mon regard sur ceux qui me tiennent lieu de compagnons. Ils sont excités. Pour la plupart, cette bataille sera leur première, et d'expérience, pour la majorité je sais qu'elle sera également leur dernière. Le général est doué, il a su galvaniser ses troupes. Ils ont tellement hâtes, tous...
Je crois que le plus effrayant est que je suis une des causes même de leur empressement à aller sur le champ de bataille. Ils me regardent à la dérobée, avec des yeux fascinés. Il y a de la jalousie aussi, souvent ;un véritable respect, trop rarement ; et de la peur aussi, quelquefois.

Moi, je crains la bataille à venir. Car elle n'est pas ma première, et, trois fois, mille fois hélas, elle ne sera pas ma dernière. De petites ombres mouvantes s'agitent au loin, les premiers fantassins. L'armée d'en face arrive, noircissant la colline. J'imagine qu'il faudrait dire l'armée « ennemie », au lieu de l'armée « d'en face », mais c'est pourtant juste ce qu'il sont, les mêmes que nous, mais en face. Par habitude plus que par une quelconque nécessité, je vérifie que toutes mes armes coulissent bien dans leurs fourreaux, une par une. En sourdine, j'entends déjà dans ma tête les voix de ceux qui vont mourir... Ceux que je vais tuer. J'ai horreur de çela, je ne le supporte pas, mais je suis attiré par les champs de batailles comme une mouche l'est par du purin, et je n'ai pas la chance des papillons qui se brûlent les ailes à la lueur d’une bougie, je ne meurs pas. Toujours ma tête s'abaisse à temps. Toujours je pare ces maudites lames incapables de m'ôter la vie. Toujours je gagne les duels, et je sème la mort.

Une trompe sonne. De quelle armée ? Quelle importance... Comme la marée montante, les soldats s'avancent, et moi avec eux, en première ligne. Une volée de flèches arrive, trois d’entre elles peuvent me toucher, je me tourne légèrement et décale ma jambe droite de quelques centimètres. Une seconde plus tard, je les entends se ficher à terre sans même m'effleurer. Puis vient l’inévitable premier cri. Des yeux jadis plein d'envies n'auront même pas la chance de vivre leur première bataille. Au moins n’es-tu pas mort de ma main, mon ami.

Je sens, là... tout au fond de moi, cette indéfinissable force qui me pousse en avant. Nous marchons toujours, essuyant d'autres volées. Des corps inertes tombent autour de moi, mais je ne les vois plus, je ne les entends plus, tout occupé que je suis à vivre mon déchirement intérieur. Le combat va commencer... seulement quelques instants. Je peine à ne pas courir pour tuer tout de suite tant l'envie me presse, mais l'idée même que je vais éteindre des vies m’est intolérable. Cette douleur me terrifie... Oh par pitié, fuyez avant que mon bras ne frappe. Partez loin, vite... Laissez moi encore un peu de répit... S’il vous plait...

Mais ils ne partent pas. Ils ne partent jamais. Et pourquoi le feraient-ils d’ailleurs ? Ils n’ont aucune conscience de ce que je vis. Ils se contentent juste de mourir. Un premier visage « ennemi » apparaît à portée de lame. Quel âge as-tu petit ? Vingt ans. Que sais-tu de la vie ? As-tu une femme, des enfants ? Elle s'appelle Mirda, elle est enceinte... Tu lui as promis que tu reviendrais et que tu lui ramènerais un liseron cueilli sur le chemin. Mais par Delvë, fuit imbécile ! Va la retrouver ! Le temps s'écoule si lentement. Je jouis intensément de cette infinie seconde.

Puis la douleur me terrasse.

Il me regarde avec des yeux exorbités. Il ne comprend pas comment j'ai évité son coup. Il ne sait pas comment ma lame s'est retrouvée dans son ventre, passant par un petit défaut d'armure. Je sens sa vie s'écouler par mon bras, et je l’entends hurler dans ma tête. Il crie, il se bat, il cogne de toutes ses forces. Des larmes de rage et de frustration embrument mon regard. Je ne voulais pas... Il ne reverra plus ce visage si doux... Pardonne moi... J'ai si mal...
Sur ma droite, un autre. Sa jambe lui fait défaut, délicieux souvenir d'une mauvaise chute quand il avait quinze ans. Il savourait l’été déclinant avec sa cousine, et ils ont failli se faire surprendre. Je baisse la tête, son arme me frôle, la mienne le décapite.

Nouvelle explosion. J'aimerais mourir. Mon bras part, presque tout seul, j'attrape un couteau sur le corps de l'homme sans tête. Les secondes s'égrènent si lentement que celui-ci n'a pas encore touché le sol. Je lance la lame sur le soldat suivant. Il aimait la tarte aux pommes et son plus grand plaisir était de faire un grand feu et de le garder vivant le plus longtemps possible, avec de petites brindilles...

Son hurlement vient se mêler à l’abominable concert des autres. Ils sont tous si lents. Je vois les corps tomber au ralenti. Les cris dans ma tête sont si forts qu’ils m'empêchent d'entendre ceux produits par les vivants. J'ai l'impression d'être paralysé et pourtant je marche au milieu de ces statues sans la moindre difficulté. Un autre, à droite cette fois-ci. Mais cet inconscient qui fait tomber sa hache vers moi, probablement furieux d'avoir vu ses deux meilleurs amis mourir va échouer lui aussi. J'aimerais tant qu'il atteigne son but. Oh, comme il me déteste, il s'est engagé dans cette bataille juste pour avoir une petite chance de me frapper. J'ai tué son frère, il y a deux ans. Dans le brouhaha de ma tête, un cri s'élève un instant au dessus des autres. Rejoint ton frère mon ami ; mon épée se fiche dans sa gorge.

Le corps du premier homme que j'ai tué vient à peine de retomber, et il faudra longtemps avant qu’il ne soit froid. Je repense à la masse grouillante que j'ai vue de loin, juste avant que le combat ne commence. Le nombre de ces âmes me fait frémir. Tellement de souffrance mais à peine une poignée de secondes.

Et dire qu’une bataille de cette ampleur dure généralement des heures...

Edit : Texte corrigé après remarques.
--
Onirian, Danseur de Lame.


  
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Réponses à ce message :
3 Next... - Maedhros (Dim 12 oct 2008 à 19:19)
       4 Le plus grand guerrier du monde. - Onirian (Lun 13 oct 2008 à 11:39)
3 Commentaire Onirian, exercice n°7 - Narwa Roquen (Ven 10 oct 2008 à 17:05)
3 cela manque un peu de profondeur... - z653z (Mer 8 oct 2008 à 13:38)
       4 Eclaircissements. - Onirian (Mer 8 oct 2008 à 17:10)


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