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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 4 fevrier 2009 à 22:16:08
Vu du chat



A l’heure où tous les humains sont gris...
Ben, rrhoui, quelle que soit l’heure, seul le chat gris est gris. Le tigré est tigré, et le roux reste roux. Il faut être bête comme un humain pour perdre le sens des couleurs dans l’obscurité...
Donc je me suis couchée sur son dos, et j’ai ronronné très fort. Pour qu’elle n’oublie pas qu’elle me doit obéissance. Et en plus elle a nourri les chiens avant moi hier soir.
« Dormir... dimanche... Cléo, s’il te plaît... »
Elle se tourne sur le côté pour se débarrasser de moi. Généreuse, je me laisse glisser et me recouche contre sa tête. J’adore jouer avec ses cheveux. Je les tire de la patte, je les mordille tout en ronronnant, bien sûr, pour l’assurer de ma bienveillance.
« Cléo, t’es mignonne, mais... »
Une main sort de la couette et me gratte la tête sans beaucoup de conviction, mais c’est toujours ça. Rapidement cependant, elle s’endort. Crime de lèse-chat ! Je me glisse sous la couette et je joue à chat-qui-tète dans son dos, les griffes bien sorties s’accrochant au tissu fin de sa chemise de nuit. Elle se pousse, je la suis... Je suis un prédateur nocturne, moi c’est la journée que je dors...


A l’heure où le soleil se lève...
Mon assiette est vide ! Cette humaine est totalement irrespectueuse. Je saute sur son ventre. Elle a un soubresaut, et un petit cri comique dans le genre « outch », puis elle se couche à plat ventre en marmonnant « chiante ». Je fais mes griffes sur la moquette. Ca détend. Mais elle ne se lève pas. En visant bien, je peux faire tomber le réveil sur le téléphone. La dernière fois ça a marché, le téléphone s’est décroché et ça a fait « bip... bip... »
Gagné !
Elle soupire, raccroche le téléphone et se retourne. Elle est vraiment odieuse ce matin. J’ai faim ! Et puis j’ai horreur qu’elle m’appelle Cléo. Mon nom, c’est Cléopâtre.
Plan B. La table de la cuisine. Un verre... Coup de patte... Oh, du verre sur le carrelage... Ca porte bonheur ! Mais de la chambre rien ne vient. Parfait. Je fonce sur Picasso, le vieux berger. Eolia a des réflexes plus vifs, j’évite. Le chien me poursuit jusqu’à la chambre, et saute après moi sur le lit. Un geste rageur rejette la couette, tandis que jaillit une fontaine d’obscénités qui m’écorcheraient la bouche si je les répétais.
J’adore déjeuner de bon matin.


Après, il me faut mon câlin. Je m’allonge donc sur le magazine que l’humaine feuillette en buvant son café au lait. Caresses. Bien. Un petit coup de langue sur le beurre, pour les vitamines du matin ... Je ne sais pas pourquoi ça l’agace... Elle crie. Quel manque de retenue... Le bout de ma queue plonge distraitement dans le bol. En voulant me pousser, elle renverse tout. Les humains sont maladroits !


Je tends l’oreille. Elle est sous la douche – encore une coutume barbare indigne d’un chat. Je ne déteste pas un bon bain très chaud, comme tous les Norvégiens, mais une douche ! C’est le moment rêvé pour aller soulager ma vessie dans la bassine du linge qu’elle a laissé près de la machine à laver. Je déteste la machine à laver. Trop bruyante. Hier soir ça m’a gâché mon repas – enfin, mes septième et huitième repas, puisqu’il serait vulgaire de ne manger qu’une fois par jour. Maintenant que je suis en forme, je vais aller titiller un peu Eolia, pour l’entraîner sous le bureau, là où se croisent plein de fils un peu trop tendus... Quand je l’énerve trop, la jeune chienne se calme en les mordillant, encore et encore...


Elle est sortie de la salle de bains, maquillée, parfumée. Va-t-elle sortir ? En chantonnant, elle ouvre le frigo. Cuisine ? Elle pose sur la table le poulet qu’elle a acheté hier au marché, « un vrai poulet fermier, à l’ancienne ». Elle a le temps de couper les pattes et de vider la carcasse avant que le téléphone sonne. Je saute sur la table. Ces pattes ! J’ai un sursaut d’horreur. C’est une créature de Baba Yaga, j’en suis sûre ! Je m’approche de la tête, tordue au bout d’un long cou ridicule. Mon poil se hérisse. Le cou s’est redressé, les yeux se sont ouverts et Baba Yaga a ricané à travers sa créature « viens là, jolie minette... J’ai besoin d’une paire de gants en peau de chat... »
D’un geste précis, j’ai crevé les yeux, enfoncé mes crocs dans le cou, et j’ai secoué... Les pattes se sont mises à marcher toutes seules, elles ont sauté sur le carrelage, elles se dirigent vers le salon, elles vont jeter un sort à l’humaine... Je me précipite. Je me bats contre les deux pattes ensorcelées, qui bondissent et retombent, je mords, je griffe...
« Cléo ! C’est quoi ce bazar ? »
En reniflant, elle ramasse les pattes qui se sont immobilisées. Baba Yaga est habile.
L’humaine s’est assise lourdement devant le poulet.
« Qu’est-ce que je vais en faire, maintenant ? »
Je saute sur ses genoux et je ronronne.
« Salaud ! La femme de sa vie ! Tu parles, il la connaît depuis huit jours ! Evidemment, elle habite en face de chez lui, ça lui fait moins loin... »
Elle éclate en sanglots, la tête dans les mains. Je me redresse, je lui lèche le menton, ça me permet de jeter un oeil au poulet, qui ne bouge toujours pas.
« Jette ce poulet, il est ensorcelé ! »
Mais rien à faire, les humains ne sont pas télépathes...
Elle s’essuie les yeux d’un revers de main, arrose vaguement le poulet d’huile d’olive et le glisse dans le four. Elle jette les pattes et les intestins dans la poubelle et met les abats dans mon assiette. Ah, le croquant du coeur, le crépitement des poumons... Mais si je mange ça, je suis morte ! Et elle, qui sait en quoi elle sera transformée...
Comment combattre Baba Yaga ? Si encore elle avait mis un peu d’ail autour du poulet... Bon, très bien. Il me faut des renforts. Vite, je miaule à la porte. Elle me fait sortir. Le tour de la maison en galopant, et je gratte à la fenêtre. Elle ouvre, je fais mine d’hésiter, je passe une patte en regardant derrière moi...
« Cléo, décide-toi, tu rentres où tu sors ? »
Je me frotte contre la fenêtre en ronronnant.
« La barbe. Fais ce que tu veux. C’est pas le jour. »
Elle laisse la fenêtre ouverte en sortant de la cuisine. Gagné !


Elle est allée promener les chiens dans le bois. Re-gagné !
J’ai trouvé Carmen et Bob. Bob est un pur gouttière avec qui j’ai un peu... mais très peu ! Et puis c’était avant l’opération. Il n’est pas très malin, mais il pèse cinq kilos, et il est tellement fort qu’on le surnomme « bobcat ». Carmen est une persane très classe et loin d’être idiote. Pas une fille facile, mais pleine d’idées. Comme disait mon grand-père Olaf : « Une chatte teigneuse est une amie précieuse ».
Je leur explique la situation.
« Les pattes et la tête, il faut les enterrer, c’est facile », déclare Carmen. « On met dessus de l’ail et de la crotte, et ça marche. Je l’ai déjà fait une fois. »
Assez fière de son expérience, elle s’étire longuement.
« Mais le poulet ?
- C’est lourd », soupire Carmen
- Mais moi je peux le porter », affirme Bob
- « Et il faut un multisort.
- Oui, je sais. Du genre « verre brisé, ail volé, rose fanée, crotte moulée, haine crachée ?
- Ca peut le faire», sourit Carmen dont l’oeil d’or s’est éclairé d’enthousiasme.



Branle-bas de combat. Faire tomber la poubelle, récupérer les pattes et la tête, qui caquette encore « je vous aurai tous ! Je vous aurai... », ouvrir la porte du four (Bob, d’un seul saut sur la poignée, fortiche !), berk l’huile d’olive... Casser un verre, trouver l’ail dans la panière à légumes (caché !), mettre le tout dans un sac plastique – enfin une invention humaine utile ! Nous sommes au ras du sol, il faut encore sauter sur la petite table devant la fenêtre, et le sac est lourd ! Bob essaie mais retombe lamentablement.
« Tu pèses combien ?
- Oh, à peine trois kilos », minaude Carmen en se lissant les moustaches.
La menteuse ! Je suis sûre qu’elle est plus lourde que moi. Mais pas le temps de discuter. Je prends une anse, Bob prend l’autre, un, deux...
« Bravo les Mat’ », s’exclame Carmen. « Vite, dans le jardin !
- Il y a un terrier abandonné juste sous le frêne. »
Bob le chasseur connaît tous les terriers des environs.
- « Carmen, va chercher des roses.
- Mais... »
Elle se tait devant nos regards furieux. Et puis elle a tellement peur de devoir tirer le sac qu’elle s’éloigne en trottinant.


Nous avons tout trouvé. Chacun à notre tour, nous déposons notre contribution personnelle. Carmen traîne un peu.
« Vite, Carmen, il faut refermer le terrier !
- Voilà, voilà... J’ai fini. Maintenant je crache... »
Oubliant toute dignité, nous voilà comme des chiots en train de gratter la terre pour reboucher le trou. Vite, vite, car à l’intérieur du terrier, la créature se débat et hurle. « Sales chats ! Faites-moi sortir tout de suite ! Aaaah ! Maudits... »
Nous nous asseyons tous les trois sur la terre fraîche, pesant de tout notre poids contre les coups qui viennent d’en bas. Puis plus rien.
« Yes ! », jubile Bob.
- Merci, les amis !
- Je mangerais bien quelque chose...
- D’accord, c’est ma tournée ! »
Je les laisse finir mon assiette. Puis, après une toilette sommaire, je vais me pelotonner sur le divan et je m’endors dans la satisfaction du devoir accompli.


Les cris de l’humaine me tirent hélas trop vite de ma délicieuse sieste.
« Mais qu’est-ce qui s’est passé ? Cléo ! »
J’ouvre un oeil apparemment effrayé et je me force à trembler sur place. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé, mais c’est très très difficile ! Prise de remords, elle s’assied près de moi, me prend sur ses genoux, me caresse.
« Ma pauvre chérie ! Tu as eu peur, c’est ça ? Ce sont de vilains chats qui sont entrés par la fenêtre... Tout va bien, je suis là... »
Je dois encore empester l’huile d’olive, mais les humains n’ont aucun odorat. Après un stupide baiser sur ma tête, elle retourne à sa cuisine. Bon.
« Ca m’apprendra à laisser la fenêtre ouverte. Et mon poulet ! »
Je me glisse par la porte entrebâillée. Rrhoui, bon, on n’a pas fait dans la dentelle. Le carrelage blanc est un champ de bataille où gisent débris de verre, morceaux du plat en grès, huile d’olive, ail, oignons, pommes de terre... Mais elle n’avait qu’à mettre l’ail sur le dessus !



Tandis qu’elle lessive le sol de la cuisine, le téléphone sonne. Elle met le haut-parleur.
« Bonjour ma chérie, c’est maman. Comment vas-tu ? Et comment va Jérôme ?
- Bof. Il vient de me quitter.
- Tant mieux ! Tu étais beaucoup trop bien pour lui, je te l’ai toujours dit... »
Je la connais. Insupportable. Malfaisante. J’ai beau la griffer, elle revient toujours à la charge. Je saute sur le téléphone, je raccroche.
« Cléo, non ! »
Cette idiote rappelle.
« Désolée, maman, c’est le chat qui...
- Le chat, bien sûr, tu me prends pour une imbécile ! Tu me raccroches au nez, après tout ce que j’ai fait pour toi, moi qui me suis toujours sacrifiée... »
Clac. Cette fois c’est elle qui a raccroché. Elle remonte dans mon estime. Cette humaine est perfectible. Je ne regrette pas de l’avoir sauvée.


Elle a avalé une soupe en sachet et s’est installée devant l’ordinateur.
« Vingt pages à taper, tu parles d’un dimanche... »
Les humains sont étranges. Ils protestent contre ce qui les ennuie, mais ils le font quand même. Moi, quand ça m’embête, je griffe et je m’en vais.
Une obscénité de plus. Elle plonge sous le bureau. Eolia a fini de déchiqueter quelques fils...
Des larmes coulent sur son visage. Elle me ferait presque peine. Pliée en quatre, armée d’une petite paire de ciseaux et d’un rouleau de machin collant – j’adore les rouleaux, parce que, justement, ça roule... - elle essaie de réparer les dégâts.
« Cléo ! Non ! Le chatterton ! »
Je ne sais pas qui est ce chat. Par moments, elle dit n’importe quoi. Ou alors elle a des hallucinations. Mais ! Elle me vole mon rouleau !


A l’heure où la nuit tombe...
Il a fallu que je miaule au moins deux minutes pour qu’elle consente à se lever pour remplir mon assiette. Quelle ingratitude ! Tu vas voir, toi, cette nuit... Un petit coup d’autoroute sur le ventre et la poitrine (je passe, je repasse..), un gros ronron collée contre l’oreille, une bonne séance de griffes sur la moquette, et qui sait, un petit entraînement d’escalade de rideaux, suivi d’un saut en piqué sur le lit... C’est important de garder la forme ! Demain c’est lundi, j’ai toute la journée pour dormir...
J’adore le dimanche...
Narwa Roquen, qui adore les chats


  
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Réponses à ce message :
3 Exercice 53 : Narwa => Commentaire - Estellanara (Lun 24 aou 2009 à 17:24)
3 Illustration :) - Elemmirë (Sam 21 fev 2009 à 15:31)
3 Commentaire Narwa n°53 - Elemmirë (Mer 18 fev 2009 à 22:51)
3 WA-Commentaire 53 - Narwa Roquen - Onirian (Ven 13 fev 2009 à 16:14)
3 Un fil à la patte. - Maedhros (Dim 8 fev 2009 à 13:45)
3 Mouahaha - Netra (Mer 4 fev 2009 à 23:18)


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