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 WA, exercice n°56 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mercredi 4 mars 2009 à 23:20:24
Ecrire une pièce de théâtre est un exercice éminemment difficile. C’est pourquoi... je ne vous le demanderai pas. Mais je vous demande d’écrire un texte qui respectera les trois règles du théâtre classique :
-unité de temps (l’action se déroule sur une journée)
- unité de lieu (l’action se déroule en un même lieu, la scène du théâtre)
- unité d’action (un seul fait accompli)
Pour rester dans le sujet, essayez de vous limiter à montrer les faits, sans dévoiler les pensées de vos héros, que les lecteurs devineront (ou essaieront de deviner) d’après leurs comportements. N’oubliez pas de décrire le décor et les costumes !
Votre lieu n’est pas forcément fermé ; ça peut se passer en plein air, et les personnages peuvent entrer et sortir. Vous pouvez faire raconter le passé, mais l’action se situe sous les yeux des spectateurs, donc pas question de parler à la 1° personne.
Enfin, si un téméraire veut se lancer dans une vraie petite pièce de théâtre, j’en serai ravie ! Qu’il n’oublie pas, dans ce cas, le découpage en scènes, quand le nombre des personnages varie sur le plateau ( cf WA n°3 et les commentaires) , et les indications scéniques...
Vous avez deux semaines, jusqu’au jeudi 19 mars. To be or not to be, c’était pendant l’horreur d’une profonde nuit, Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore, et quelle est cette peur dont leur coeur est frappé, etc...
Narwa Roquen,O Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo?


  
Ce message a été lu 10794 fois

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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-16 21:47:00 

 WA - Participation exercice n°56 part 1 Détails
Il est revenu... il revient toujours... et il est question de miroir aussi. Et le côté Noldor pour la consigne...

C'est une pièce en un acte et 2 scènes. Les protagonistes parlent à la 1ère personne.
-------------
LA PRISONNIERE DU MIROIR


DECOR :

Une pièce aveugle, un lit, une table, quatre murs.

Côté jardin : un grand miroir sur le mur.

Côté cour : une femme allongée sur le lit, mains ligotée aux barreaux de la tête de lit. Elle semble jeune et vieille à la fois. Une jeunesse sur laquelle le temps serait passé à une vitesse phénoménale. Des cernes sous les yeux et un teint blafard. Pas loin, un vieux pot de chambre renversé côtoie un plateau repas sur lequel peuvent se voir une assiette à moitié vide d’une sorte de brouet une bouteille d’eau en plastique et un croûton de pain

Sur le mur du fond : une porte fermée.



SCENE 1

La Fille :

(en parlant vers la salle)

La lumière au plafond s’est allumée alors cela doit être un nouveau jour. J’ai l’impression d’avoir dormi longtemps. Très longtemps. J’ai rêvé mais je ne me rappelle aucun de mes rêves. J’ai perdu cette capacité depuis que je suis enfermée ici. J’ai la sensation d’avoir rêvé tant que je garde mes paupières closes, mais il suffit que j’ouvre les yeux pour qu’elle disparaisse d’un seul coup. Il m’a retranché du monde des vivants. C’est son plus grand crime. Il a dit qu’il reviendrait. Il tient toujours ses promesses.

(elle se tourne vers le miroir)

Tu te rappelles ? J’ai commencé à parler à ce miroir après qu’il l’ait posé au mur, le tout premier jour de ma captivité. Je l’ai regardé faire, ligotée sur le lit avec dans la bouche la sensation écoeurante du chiffon avec lequel il m’a bâillonnée pour me jeter dans son fourgon. Ce miroir. Combien je l’ai haï quand j’ai vu ce que je devenais. J’ai voulu le briser mais il semble que rien ne puisse ébrécher son reflet glacé. Je l’ai souillé souvent au début mais chaque matin, à mon réveil, il était parfaitement nettoyé. Et puis, peu à peu, nous nous sommes mutuellement apprivoisés. Ce miroir était devenu un confident, l’ami muet et compatissant, un élément essentiel du décor.

Au début, j’ai cru ça jusqu’à ce que je m’aperçoive que ce n’était pas le miroir qui me fascinait, pas cette surface ouverte sur un ailleurs identique à mon univers. Non. C’était l’inconnue qui y vivait et qui me regardait de l’autre côté. Une inconnue qui me ressemblait vaguement. Une grande fille un peu paumée, amaigrie, avec des cernes sous les yeux. Mon dieu, combien aurais-je donné pour un tube de rouge à lèvres! Toi. D’abord, tu as été une présence silencieuse, puis subtilement et progressivement nécessaire. Les jours ont passé et tu es devenue mon amie. Puis bien plus que mon amie, ma soeur, une soeur jumelle. Celle que mes parents m’avaient toujours cachée ou bien celle que j’avais toujours cachée à mes parents, celle qu’ils avaient finalement abandonnée sur le chemin de l’adolescence, quelque part entre Denver et Dallas.

La Fille dans le miroir :

Je crois que nous sommes plus proches encore que des soeurs jumelles. Nous sommes beaucoup plus intimement liées. Je calque mes gestes sur les tiens comme tu calques tes gestes sur les miens. Si nous nous ressemblons maintenant, c'est parce que chacune a fait un bout du chemin en direction de l’autre, abolissant cette distance qui nous séparait. Dommage qu’il soit apparemment trop tard. Tu as raison sur un seul point : le temps a passé. Moi, je t’ai pardonnée. Peut-être un vieux reste de cette éducation religieuse à laquelle maman tenait tant. Cette religiosité que te faisait marrer jusqu’à provoquer maman avec tes habits noirs, ta musique s_a_t_a_n_i_q_u_e et tes airs cadavériques. Cette religiosité qui te faisait peur, comme te faisait peur le fait de t’ouvrir à tes semblables, d'avoir confiance dans la communauté, d'être comme les autres simplement. Tu as toujours été une fille compliquée.

La Fille :

Nous n’aurions jamais dû quitter Denver. C’était le pays des chevaux et j’adorais les chevaux. Papa avait un ranch où il élevait les plus beaux mustangs de tout l’Etat. Beaucoup de moi est resté là-bas, dans le Colorado et ce vide est toujours là comme une invisible blessure qui s’agrandit de plus en plus. J’aimais par-dessus tout galoper juste avant que l’aube ne se lève, sentir la campagne autour de moi, avoir le sentiment de liberté à perte de vue. Il y a avait moi, le cheval et l’infini. Si j’étais morte à ce moment là, quand le soleil étendait ses premiers rayons sur la grande plaine, par-dessus les Rocheuses, cela aurait été un moment de pure plénitude. Si j’étais morte, je n’aurais pas vécu cet enfer.

La Fille dans le miroir :

Tu sais, le Texas, c’est aussi le pays des chevaux et des cow-boys. Mais dès que nous y sommes arrivés, tu as fermé ton coeur. Moi, je me souviens bien de notre maison à Dallas. Ce n’était pas un ranch puisque Papa a pris le boulot là où il l’a trouvé. Toi, cette maison, tu ne l’as jamais aimée mais as-tu simplement cherché à me demander mon avis? Je te l’ai souvent donné pourtant.

D’après toi, qui écrivait ces lignes sur ton journal intime, ces lignes que tu relisais avec stupéfaction parce que tu ne te rappelais pas les avoir écrites? Ces lignes qui contrastaient tellement avec les tiennes, qui ne correspondaient pas à tes propres sentiments? C’était moi. Ma main était dans ta main quand la plume du stylo glissait en arrondissant des mots que tu refusais d’entendre. Oui, tu en as barré des lignes d’un grand trait rageur, en ajoutant en plus ces petits gribouillages serrés pour interdire toute possibilité de relecture, même en transparence.

Cette négation absolue de tout ce qui n’était pas toi, tout ce qui n’était pas cette autre image que tu te plaisais à renvoyer aux garçons de la classe. Cette arrogance et cette insolence qui t’ont propulsée sur le devant de leur scène. Tu étais devenue cette poupée Barbie qui les émoustillait tant, dévergondée et superficielle. Ce n’était pas toi. Ce n’était pas moi.

Tu étais devenue une étrangère dans ta propre existence et tu ne t’en rendais pas compte. Tu t’es finalement perdue entre tous tes reflets. Mais j’étais là, prête à t’aider. Il aurait suffi que tu regardes plus attentivement dans le miroir, ce miroir devant lequel tu te démaquillais chaque soir. J’étais là, j'étais ce visage qui apparaissait fugitivement sous les traces du coton démaquillant, derrière le fard et la poudre. Si tu avais juste suspendu ton geste, ne serait-ce qu’un instant, tu aurais croisé mon regard et tu aurais lu en moi. Mais non, tu te contentais de nettoyer tout ça au plus vite pour téléphoner à ton petit copain du moment.

La Fille :

Tu n’as jamais compris les raisons qui m’ont poussée à foutre le camp de la maison. Pourquoi je m’étais enfuie... pourquoi j’avais fait toutes ces conneries... pourquoi je me retrouve là aujourd’hui? Je ne suis pas folle. Je n’ai pas réussi à devenir folle hélas... les fêlures et les cassures de mon âme ne m’ont pas permis de me réfugier dans la folie que j’ai souvent appelée de mes voeux.

Alors je l’ai regardé faire... c’est comme s’il s’acharnait sur une autre, pas moi... plus moi... je l’ai regardé faire jour après jour et même si j’ai crié, même si j’ai vomi, je n’ai pas pu expulser ces souillures de mon esprit. Je suis restée froide et lucide, comme détachée. Je n’ai pas pleuré. Je n’ai jamais pleuré ici. Il faut des larmes pour pleurer et je n’en avais déjà plus quand il m’a enlevée dans la nuit glaciale de janvier. Est-ce tu comprends ça? J’ai l’impression que quelques fois tu ne m’écoutes pas et que je contemple un simple reflet dans une glace. Comme une idiote.

La Fille dans le miroir :

Je t’écoute. Je t’ai toujours écoutée. Je t’ai répondu aussi, à chaque fois que tu me posais une question. C’était juste que tu ne m’entendais pas. J’étais à côté de toi quand tu as claqué la porte de la maison. Je me rappelle avoir tourné la tête vers la fenêtre de la chambre du premier étage où dormaient les parents. As-tu pensé à Maman quand tu es partie sans laisser de mot derrière toi ? As-tu pensé à la peine que tu lui faisais en t’enfuyant? Non. Tu n’as pensé qu’à toi, à ton mal-être, à tes fantasmes de petite fille grimée à grands coups de pinceaux outrageux. J’ai souffert car tu m’as empêché d’exister.

Tu dis que tu es prisonnière dans cette geôle hors du temps? Ce n’est que ta réalité. Pas la mienne. Moi, je suis libre ici, libre pour la première fois. Ce qu’il te fait, il me le fait. Mais ce n’est juste qu’une illusion... un reflet qui danse dans le miroir quand ses mains sont sur ton corps. Un simple jeu de lumière. Inoffensif. Il ne me dégoûte pas autant qu'il te dégoûte. Je le connais sans doute mieux que toi parce que j’évolue sur un plan différent. Là, il ne peut cacher les fractures qu’il dissimule aux autres. Il est fragile, presque vulnérable et je peux lire dans ses yeux autre chose que la violence dont il nourrit ses actes.

La Fille :

Comment peux-tu justifier ce monstre? Comment peux-tu lui trouver des excuses? C’est le mal absolu. Tu as vu ce qu’il m’a fait ? Tu as vu les traces sur mon corps? Certaines se lavent mais ne s’effacent pas. Tu crois que c’est un de ces films où la victime est sauvée à la fin? Tu crois que nous jouons dans un épisode de FBI Portés disparus? Ce n’est pas un décor de cinéma. Quand la lumière s’éteint, les machinistes n’envahissent pas le plateau et l’acteur qui joue le monstre ne boit pas un verre de gin en rigolant avec les scénaristes. Non. Ici c’est réel et mortel. Ils ne viendront pas nous délivrer. J’ai beau prié ton bon dieu, il ne me délivrera pas du mal. Non.

Tu dis que tu étais là depuis longtemps. Mais où étais-tu bon sang quand j’ai eu besoin de toi? Quand j’ai appelé au secours. Où étais-tu quand ils m’ont attirée dans leurs filets pleins de mirages et de mensonges. Où étais-tu donc passée? J’ai cru qu’ils allaient faire de ma vie un conte de fée. Que j’allais être une nouvelle star et que le champagne allait couler à flots. Ils m’ont promis tant de merveilles que j’ai voulu les croire. Cela n’a pas duré longtemps.

Mais c’est le passé. Il est mort et enterré. Comme moi ici dans ce tombeau où il me tient à sa merci.

La Fille dans le miroir :

Où il nous tient à sa merci. Je suis comme toi. Si tu ne peux t’échapper, je ne le peux pas également, même si cette prison m’a rendu la liberté. Chut, j’entends du bruit. Ne dis plus rien. Il arrive.

M

à suivre....

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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-16 23:40:02 

 Demande autorisation exceptionnelle de demi-tricheDétails
Bon, voilà, j'ai pas le temps d'écrire une pièce, ni même un bout, en plus j'ai pas une seule idée valable (et non, je ne monterai pas en pièce de théâtre le treizième nain et sa chaussette... quoique) donc voilà je voulais demander à notre chère Istari-professeur une légère dérogation à la règle.

En effet, j'ai écrit une pièce de théâtre en mai dernier, et ne l'ai pas soumise à la critique Faerienne pour une raison fort simple, elle n'est ni fantastique, ni SF, ni rien, en fait, c'est un truc totalement sans prétention avec une histoire partie d'un délire entre copains qui casse pas 3 pattes à un canard.

La question est donc : m'dame Roquen, M'dame Roquen, j'peux vous poster ma pièce ???
Netra, qui a fait la première partie de Melaine Favennec

Ce message a été lu 7000 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-17 07:39:47 

 ...Puisque tu as fait la première partie de Melaine Favennec...Détails
... que tu as écrit une encyclopédie, que tu t'occupes de l'accueil et de remplir le frigo, qu'en plus tu poursuis tes études et que j'aimerais bien savoir quand tu dors... tu es exceptionnellement autorisé à poster ta pièce, même sans histoire de chaussette! Dommage, parce que celle-là... (Soupir) Moi qui me disais, quand j'aurai fini mon exercice je pourrai aller me coucher tôt, le théätre ils n'oseront pas, ça sera vite corrigé... Mais non, je rigole, je suis ravie!
Narwa Roquen,...mais quand même, que les nuits sont courtes!

Ce message a été lu 7405 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:32:35 

 Et la solution est...Détails
... de ne pas dormir, ou d'utiliser le temps imparti aux cours pour ce faire ^^ Bon allez je vais poster ma WA alors !!!
Netra, TADAM

Ce message a été lu 6603 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:41:22 

 WA-exercice 56, Perle d'OrgueilDétails
A M. Edmond Rostand.
Avec ma sincère admiration et mes plus respectueux hommages.
Puisse cette dédicace ne pas le faire se retourner dans sa tombe.

Perle d'Orgueil

Comédie en un acte.

Personnages :
SEAN, fils de noble, ami de Brian et amoureux d’Eleanor
BRIAN, barde, ami de Sean, ami d’enfance et amoureux d’Eleanor
ELEANOR, fille de la sorcière, amie d’enfance de Brian
Un page
Voix de la mère d’Eleanor

Le décor représente la lisière d’un bois, avec dans un coin un mur percé d’une fenêtre à l’étage : c’est celle de la chambre d’Eleanor.

Scène 1 : Sean, Brian

SEAN (Entrant avec Brian)
Et parant de l’écu l’assaut de l’adversaire,
Je triomphais soudain comme un aigle en son aire
De l’ennemi saxon. Mon seigneur chevalier
M’a donné mon congé pour me faire adouber,
Et si Dieu le veut, dans trois jours en sa chapelle,
J’aurais mes éperons et la gloire éternelle
Me tendra les bras. Et alors j’irai voir celle
Que mon coeur a élu pour être demoiselle
Qui ira à mon bras toute ma vie durant.
Je le crois bien la guerre m’a fait si endurant
Qu’elle n’aura à se plaindre de rien : je suis riche,
Fort et vaillant. Elle, roturière. Chiche
Qu’elle me bénira de la faire anoblir,
Et nous vivrons heureux sans craindre de faillir.
Mais dites-moi, Brian, qu’êtes-vous devenu
En toutes ces années que vous avez vécu
Tandis qu’au loin j’allais porter heaume et écu ?

BRIAN
Ami Sean je vous vois bien changé, je l’avoue
J’ai quitté un enfant et trouve homme qui voue
Amour à demoiselle et promis aux honneurs
De son rang et de sa vaillance. Et j’ai peur
De ne vous avoir égalé, car il est encore
Un air qui me manque pour faire enfin éclore
Le plein de mon art. Car je ne sais, voyez-vous
Faire rire : mon coeur est amoureux et, fou
Que je suis ! Je doute l’alliance possible.
Je ne suis pas encore poète et ma cible
Est jeune damoiselle fort instruite et savante.
Je crains que mon mérite ne fût assez grand
Pour que m’offrir son coeur seulement ne la tente !

SEAN
Allons donc, mon ami, vous n’êtes plus enfant !
Montrez-vous homme enfin, prouvez votre valeur !

BRIAN
Encor faut-il que je la connaisse, et j’ai peur
Que ce ne soit le cas.

SEAN
Bah ! Les filles sont naïves
En matière de combat ! Elles sont bien trop chétives
Pour tenir une épée !


BRIAN
Hélas ! Mais moi aussi !

SEAN
Brian, que dites-vous ? Vous êtes mon ami,
Je ne veux vous peiner, mais il est ridicule
De ne savoir se battre.

BRIAN
Si je n’ai rien d’Hercule,
J’espère bien en revanche avoir l’esprit d’Orphée,
Et si la belle daigne un instant m’écouter,
Je la ferais reine d’un royaume de fée
Et aux saveurs du vent je la ferais goûter.

SEAN
Voici, mon ami, un bien étrange langage !
Je douterais fort bien que vous fûtes un homme
Si mes yeux, heureusement ! ne m’en donnaient gage.

BRIAN (exalté, sans l’écouter)
Et je lui offrirais sans qu’elle en prit outrage
Une folle tendresse au goût sucré de pomme...

LE PAGE
Maître Sean !

SEAN
Quoi donc ?

LE PAGE
C’est l’heure de l’entraînement,
J’ai préparé la lice !

SEAN
Ah ! Mais c’est parfait !
J’y cours ! Ami Brian, à très prochainement !
Et croyez-moi, montrez-vous fort et c’en est fait !

(Brian hoche la tête, rêveur, et le salue de la main. Puis il sort à son tour, la tête ailleurs.)

Scène 2 : Eleanor, puis Brian

ELEANOR (fredonnant)
Coquelicot, belladone, millepertuis
Et la belle mandragore si je la puis
Trouver, mes jolies fleurs, mes fleurs de sorcière,
Cachées, sereines, au bord de la rivière
Où je me baignais ce matin, et je songeais
A mon enfance, à Brian qui fut mon ami...
Seulement Brian est depuis longtemps parti
Moi-même j’ai grandi, et bientôt je serai
A l’âge de l’amour. J’ai vu mes charmes naître
Et peu à peu dans les yeux des garçons paraître
Le reflet de ma beauté. Mais l’heure n’est pas
Encor à la rose, pas plus qu’au froid trépas,
Elle est aux joies, aux rires et à la jeunesse,
Et puis... aux chants. Je deviendrai enchanteresse
Bientôt, comme le fut ma mère. De ces fleurs,
Je ferai des onguents, je ferai du poison,
J’extrairai patiemment de leurs calmes douceurs
La maladie, la mort ou bien la guérison...
Mais fi de ma beauté, qui donc voudra de moi
Si à tous je n’inspire que frissons d’effroi ?
Bien peu m’importe car je deviendrai leur rêve,
Celle que tous désireront au crépuscule
A l’heure où, dans le bois, le vieux hibou hulule...

BRIAN (Entré depuis quelques secondes, les vêtements déchirés et une rose rouge cachée dans le dos)
Tout comme à l’heure blanche où le soleil se lève.

ELEANOR (Surprise, accourt et lui prend la main.)
Brian !

BRIAN
Eleanor, mon Dieu ! Tu es plus belle
Encor qu’à mon départ ! Ah, jolie demoiselle,
Fi des années, tu ne m’as donc pas oublié !

ELEANOR
T’oublier, Brian ? Un ami qui m’es tant lié ?
Dis, comment fuiraient nos souvenirs, enfermés
Qu’ils sont dans mon coeur ?

BRIAN
Ah ! En fait de souvenir,
Te rappelleras-tu d’un matin embrumé
Où avant ton réveil j’étais allé cueillir
Une rose au rosier qui grimpait à l’église ?
ELEANOR
Oh, oui, je m’en souviens ! Tu étais revenu
Tout fier, les vêtements en lambeaux, courbatu,
Mais tu souriais tant quand je la dis exquise !

BRIAN (tirant la fleur de son dos)
Et bien, vois ! Je n’ai pas changé !

ELEANOR
Oh ! Quelle fleur !

BRIAN
Je te l’ai cueillie tout à l’heure, tout à l’ardeur
De te revoir ! Mais las ! Elle ne rivalise
En rien avec toi, ma petite fleur d’église...

ELEANOR
Allons, asseyons-nous, conte-moi ton voyage !
Qu’as-tu fait, tout ce temps qui nous a séparés ?

BRIAN
J’ai gagné l’Ouest étrange et ses terres sauvages,
J’ai vu un Océan, ai été effaré
De l’étendue immense de mon ignorance
Et un jour quelque part, j’ai perdu mon enfance.
Et j’ai rêvé de toi, chaque nuit, chaque jour,
En espérant, Eleanor, qu’à mon retour
Tu n’aurais pas encor suffisamment grandi
Pour que mon souvenir soit tombé dans l’oubli.
Et ta voix me manquait, comme tes moqueries.

ELEANOR
Avais-je donc déjà le goût de l’ironie ?

BRIAN
Mais toute fillette, tu avais tant d’esprit
Que je n’osais parfois forcer ta répartie,
Certain d’être vaincu !

ELEANOR
Oh, cher Brian, tu ris !

BRIAN
Non point, je suis sérieux ! Tes paroles sont d’or !

(Voix de femme en coulisse)
Eleanor ! Que fais-tu donc ? Eleanor !

ELEANOR
Hélas ! Ma mère m’appelle, et je dois te laisser !

BRIAN
Va donc, mais promets-moi de ne pas m’oublier !

ELEANOR
Sot ! Nous nous verrons demain, je n’ai pas d’ouvrage !

BRIAN
Parfait ! j’achèverai mon récit de voyage !

ELEANOR
A demain donc !

BRIAN
Oui, à demain !

(Voix de femme en coulisses)
Eleanor !

Eleanor fait volte-face et disparaît dans les coulisses. Brian demeure seul, l’air béat.

BRIAN
A demain donc, quand reviendra le soleil d’or...
Netra, et re-TADAM

Ce message a été lu 6401 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:45:36 

 WA-exercice 56, Perle d'Orgueil suite Détails
Scène 3 : Brian, Sean

SEAN (entrant, l’air sûr de lui)
Et bien, Brian, que fais-tu là ? (remarquant l’état des vêtements de son ami) Tes vêtements !
De vrais lambeaux ! Mais que t’est-il donc arrivé ?

BRIAN
Mais la meilleure chose qui soit, assurément !
Imagineras-tu que nous ayons parlé ?

SEAN
Avec qui ?

BRIAN
Mais avec elle ! Cette demoiselle
Dont je t’ai parlé tantôt ! Ah ! Elle est si belle !

SEAN
Alors, à quand la noce ?

BRIAN
Enfin ! Il est trop tôt !
Je ne la veux point effrayer... Je n’ai rien dit !

SEAN
De la conversation ? Voilà qui est bien sot !

BRIAN
Mais non, de mon amour ! Songe : si elle rit ?

SEAN
Tu es trop timide !

BRIAN
C’est vrai... Je n’y peux rien !
Mais toi, donc, où vas-tu ? Tu t’es vêtu fort bien !

SEAN
Moi ? Je vais d’où tu viens, seulement je dirai
Ce que tu n’as pas dit !

BRIAN
Alors, mon ami, fais !
Je ne te retiens pas : c’est un si doux moment !

SEAN
Certes, et j’obtiendrai son agrément !

BRIAN
Quoi ? dès maintenant ?
SEAN
Mais bien sûr ! Allons, j’y vais !

Ils sortent chacun de leur côté.

Scène 4 : Sean (entré le premier), Eleanor

ELEANOR (entrant, son panier à la main)
Trouver du gui, et rentrer ! Je suis fatiguée !

SEAN
Le bonjour, demoiselle !

ELEANOR (sans le regarder, commence à chercher du gui dans les buissons du décor)
Bonjour !
SEAN
Mon épée
Est vaillante, savez-vous ? et mon bras, puissant !
(il fait de grands moulinets avec son épée, puis s’appuie crânement contre un arbre)
Je suis fils de seigneur, et digne descendant
D’une haute lignée de fervents chevaliers.

ELEANOR (sans l’écouter, voulant examiner l’arbre près duquel il se tient)
Poussez-vous, je vous prie...

SEAN (lui barrant la route)
C’est un sang de guerrier
Qui coule dans mes veines ! (elle le contourne sans un regard) Je vous ai choisie
Pour femme : (il tend le bras) prenez mon bras fort, soyez ma mie !

(Eleanor, qui a entretemps trouvé et cueilli son gui, sort sans paraître s’être aperçu de quoi que ce soit)

SEAN
Mais ? Est-elle partie ? C’est impossible ! Ma mie !

(entre Brian)

Scène 5 : Sean, Brian

SEAN
Horreur et tragédie, mais où est-elle passée ?

BRIAN (voit Sean et l’aborde)
Alors, mon fier ami, ton affaire est réglée ?

SEAN
Non point ! Je ne comprends pas, j’avais tout prévu,
Calculé, répété... Elle ne m’a pas vu !

BRIAN
Pas vu ? C’est impossible !

SEAN
Ah ! Mais je le croyais !

BRIAN
Enfin, réfléchissons : dis ce que tu as fait !

SEAN
Bien, je lui ai parlé !

BRIAN
Bien sûr, mais qu’as-tu dit ?
Qu’elle était belle, très aimable et vive d’esprit ?

SEAN
Non... Il fallait ?

BRIAN
Evidement ! Les demoiselles
Aiment les compliments ! Toutes les jouvencelles
Aspirent à être louées ! Que lui as-tu porté ?

SEAN
Rien... Je ne comprends pas, fallait-il un cadeau ?
Mon nom ne suffit pas ?

BRIAN
Ton nom ? C’est là bien beau,
Mais les fleurs sont pour elles plus charmants présents,
Ou bien un bijou, même quelque vêtement !
Tu en as les moyens !

SEAN
J’ignorais seulement
Qu’il me fallait tout cela ! Bon ! Des compliments ?

BRIAN
Mais oui !

SEAN
Et des fleurs, as-tu dit ?

BRIAN
Ah oui, vraiment !

SEAN
Parfait ! Donc, j’y retourne !

BRIAN
Maintenant ? Comment ?

SEAN
Pour sûr ! Je me veux marier avant la guerre !

BRIAN
Tu repartirais donc ? As-tu un coeur de pierre ?

SEAN
Voyons ! Elle m’attendra : c’est une fille, non ?
Ami Brian, merci ! ne me retarde pas ! Allons !

(Sean sort, laissant Brian seul sur scène. Celui-ci soupire, hausse les épaules et sort.)
Netra

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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:47:52 

 WA-exercice 56, Perle d'Orgueil finDétails
Scène 6 : Eleanor puis Sean

SEAN (un énorme bouquet de pissenlits caché dans le dos)
Bien ! je vous retrouve enfin !

ELEANOR
Ah ? Vous me cherchiez ?

SEAN
Ma mie, je vous cherchais pour que vous me preniez...
J’oubliais ! Acceptez ce bouquet délicat ! (il lui met de force le bouquet dans les mains. Elle le jette aussitôt. Puis il parle comme si elle n’était pas là.)
Ah, ah ! Je me perds, où en étais-je, déjà ?
Mais oui ! Le compliment, c’est vrai ! (à Eleanor) Mademoiselle,
Vous êtes...

ELEANOR
Je suis ?

SEAN
Vous êtes...

ELEANOR
Achevez !

SEAN
Belle.

ELEANOR
Belle ? Voyons, quelle fadeur en matière de mot tendre !
Je suis belle ? Je le sais ! Croyiez-vous me l’apprendre ?
Belle ? Est-ce tout ? Votre esprit n’est point vif...
Vous eussiez pu, enfin ! Être imaginatif !
Vous auriez pu le dire, tenez, messire,
Tout en chaste amitié : Demoiselle, je me mire
En vos yeux pétillants d’une douceur vermeille.
Aveugle : Est-ce là une éclipse ? Mais non ! Merveille !
Mademoiselle, vous avez éteint le soleil !
Reverrais-je jamais un miracle pareil ?
Enfantin : Ah ! Je crains bien que ma douce mère
N’atteignit, même en sa prime jeunesse, ma chère,
La grâce qu’en les moindres choses vous savez
Si savamment, si délicatement ourler.
Mystique : de quel choeur êtes-vous, ô fier ange ?
Alchimiste : je sens quelque parfum étrange
Fillette, seriez-vous du Grand Oeuvre l’accomplissement ?
Observateur : votre bouche a ce plissement
Contrarié qui la rend fraîche comme une rose.
Délicat : votre main ? C’est à peine si j’ose
L’effleurer d’un souffle, de peur de la briser.
Guerrier : de toutes les victoires à priser
Celle de votre coeur est la plus attirante.
Rêveur : j’ai cru voir une lueur enivrante
Et comme un papillon, attiré l’ai suivie...
En fait de lampe, c’était vos cheveux, ma mie !
Timide : Puis-je, s’il vous plaît, lever les yeux
Vers vous ? Rien qu’un instant, pour mon coeur amoureux...

Voici ce que l’on dit aux filles pour louer
Leur grâce, leur jeunesse et leur beauté furtive
Qui brillent en vos yeux, rapides fugitives
Et qui s’en vont s’éteindre aux travaux du foyer,
Et s’étiolent et se fanent comme les fleurs d’été.
Messire chevalier, m’aimeriez-vous laide ?
Non, vous savez bien que non : la Nature m’aide
A attirer vos yeux, votre coeur desséché
Que vos hardes d’acier ont transformé en pierre,
Et qui d’un homme ont fait une machine de guerre !

Apprenez donc, mon cher, que les filles d’Irlande
Ne sont pas à aimer pour leur seule beauté.
Vaillantes, elles demeurent dans le vent de la lande
Pétries de la douceur, et de la dureté
Qui ont forgé leurs coeurs et tissé leur silence.
Vous croyiez vous si grand que dans votre innocence
Vous vous complaisiez à vous imaginer
Que sont simples et aisées les tâches du foyer,
Que le calme est aux femmes comme aux hommes la gloire ?
Vous êtes vous avisé, rentrant de la victoire,
Qu’elles avaient enduré plus que vous tout ce temps
Sans attendre une chanson relatant, au printemps
Le silencieux courage qui animait leur âme ?
Moi, messire, j’ai fait de ma voix une lame
Plus noble et plus censée que toutes vos épées !
J’ai fait de tout mon être une armure et une arme
Destinée à tarir, sur ces terres brisées
Par la haine et la guerre, le flot courant des larmes.

SEAN
Demoiselle, je pense...

ELEANOR (railleuse)
Silence ! Taisez-vous,
Votre esprit est aussi gourd que le bois de houx
Du manche de votre hache ! J’en ai assez !
Vous n’êtes qu’un pédant idiot ! Disparaissez !

SEAN
Mademoiselle ! Qui vous permet ?

ELEANOR
Moi, simplement.

SEAN
C’est un peu fort !

ELEANOR
Un peu faible, visiblement !
Vous êtes encor devant mes yeux... Ennuyeux !

SEAN
Est-ce ainsi que vous traitez un noble amoureux ?

ELEANOR
L’acier n’aime pas ; vous avez jusqu’à trois.
Un !

SEAN
Diable ! Elle est sérieuse ! Par ma foi !

ELEANOR
Deux !

SEAN (saluant pour partir)
C’est bon ! je capitule ! Pour cette fois...

(Il sort. Eleanor ne tarde pas à en faire autant, mais de l’autre côté.)

Scène 7 : Brian (avec Eleanor à sa fenêtre)

BRIAN (dans l’ombre sous la fenêtre d’Eleanor)
Je voudrais être rossignol, et chaque soir
Sous ta fenêtre illuminée, ainsi pouvoir
Te chanter que tu es belle, en une berceuse
Tendre, et t’offrir l’argent de la Lune en veilleuse.
Entrevoir ton peigne passer dans tes cheveux
Ou un voile de fatigue douce dans tes yeux,
Me suffirait à vivre. Et lorsqu’à la fontaine
Tu t’en irais puiser en fredonnant, sereine,
Une vieille ballade, posé au bord de l’eau
Je t’attendrai sans peur ; tu remplirais ton seau
Et peut-être m’accorderais-tu un regard.
Alors j’oserai te le dire, sans retard :
Je t’aime, Eleanor, je t’aime et c’est dans l’ombre
Seule que je te le puis déclarer. Nombre
De fois j’ai voulu laisser parler mon coeur...
Je craignais ton refus, je craignais ta rancoeur,
Ce soir pourtant, sous ce pauvre masque factice,
Qui me cache bien mal, car tu connais ma voix,
Je parviens à dire que t’aimer est mon choix,
Et que mon âme est tienne sans un artifice,
Je t’aime, Eleanor, toi la perle d’Irlande,
Une perle d’orgueil et je ne te demande
Qu’un signe me donnant le droit fou d’espérer
Ou m’intimant sur l’heure de l’abandonner.

(Eleanor laisse tomber son foulard par la fenêtre. Brian quitte l’ombre de l’arbre pour s’en saisir, avant de la regagner vivement. Il le respire avec passion, puis sort en silence. Les lumières s’éteignent.)


RIDEAU.
Netra

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-18 23:35:41 

 WA, exercice n°56, participationDétails
L’aveu



Décor : La salle de Délibération du Conseil des Sept, à Cortia, capitale de la planète Persépolis. Une grande table en bois dans la longueur, côté cour une chaise à haut dossier au bout et trois de chaque côté. Côté jardin, une chaise à haut dossier, recouverte de tissu violet. A l’extrémité cour, un clavier est intégré dans la table, ainsi qu’un petit écran. Au milieu de la table, un saladier plein de fruits, avec une dague sertie de pierres précieuses plantée dans une pomme. Côté cour, une cheminée un peu en oblique, et deux fauteuils, un de chaque côté. L’entrée se fait côté jardin.
En fond de scène, un écran géant.


Personnages :
Astréïa : Rayonnante. Grande, fine, les cheveux d’un blond doré jusqu’à la taille, peau couleur métisse mais avec les traits d’une blanche, la trentaine.
Oryx : Chef du conseil des Sept. La soixantaine. Cheveux blancs, pas très grand, mince, sec, un visage osseux, un front haut, on le sent intelligent et retors
Tharnothen : Chef des armées. Brun, grand, carré, 45 ans. Violent.
Egaël : Chef de la diplomatie .La cinquantaine, un visage rond, des cheveux blonds, barbu, pas très grand.
Trendis : Commandant de vaisseau. 40 ans, brun, musclé, un peu lourd.
Nerken : Capitaine, co-pilote. 35 ans. Brun, beau, raffiné, froid.
Siryo : Lieutenant. 25 ans, fait plus jeune. Blond, pâle, mince, un visage d’enfant, yeux bleus. Passionné, impulsif.
Mavina : mère d’Astréïa : 60 ans, usée, cheveux gris.
Deux soldats, deux gardes.


Costumes :
Astréïa : - acte I : robe violette longue, manches longues, cintrée en haut, large en bas, décolleté rond. La robe est déchirée, presque en lambeaux, laissant voir les deux bras et les jambes jusqu’au genou.
- acte 2 : robe blanche, manches longues, col montant en dentelle, bottines
Oryx : col roulé noir, pantalon noir moulant, veste noire à large col.
Tharnothen : uniforme noir, épaulettes dorées. Manche droite bleu ciel.
Egaël : costume gris, pantalon moulant, veste longue à petit col officier, ouverte sur une chemise blanche à jabot.
Mavina : robe longue marron, informe, usée.
Guerriers : uniforme bleu ciel avec épaulettes noires, pantalon moulant, blouson court, bottes
Gardes : uniforme bleu foncé, pantalon moulant, bottes, veste longue à col officier, deux rangées de boutons dorés.




Acte I



Scène I

(Tharnothen, Egaël, puis Oryx)


Egaël est assis dans un fauteuil près de la cheminée, la tête dans les mains. Tharnothen, visiblement agacé, fait les cent pas. Entre Oryx, côté jardin.
Oryx : Eh bien ?
Egaël (lève la tête vers lui) : Rien. J’ai discuté avec elle tout ce matin. J’ai menacé, j’ai supplié. Rien.
Oryx (à Tharnothen) : Tu ne l’as pas assez préparée, Maître de Guerre !
Tharnothen (furieux) : Mes hommes l’ont torturée toute la nuit, Seigneur !
Oryx : Ils ont été trop tendres ! Je t’avais dit de t’en occuper personnellement.
Tharnothen : Et je l’ai fait. Et j’ai perdu patience. Je suis sorti juste avant de la tuer.
Egaël (hausse les épaules, résigné) : C’est l’Esprit le plus puissant de l’Empire, Seigneur Oryx. Vous l’avez choisie pour ça.
Oryx : Mais nous en viendrons à bout, Egaël. Nous aurons le nom de ce traître, d’une manière ou d’une autre. La Loi est la Loi.
Egaël : Elle nie toujours, Seigneur. Elle dit peut-être la vérité...
Oryx : Alors pourquoi a-t-elle refusé de risquer cet astronef, alors qu’il nous aurait apporté la victoire ?
Egaël : Elle dit que ce sacrifice était inutile, qu’elle est lasse de voir mourir des hommes pour l’ambition de Persépolis.
Tharnothen : Mais ce n’est pas à elle de décider qui vit et qui meurt. Qu’elle distribue l’énergie aux vaisseaux, c’est tout ce qu’on lui demande. Sans compter que les Moniteurs ont détecté des sentiments, chez elle, à ce moment-là. Cela prouve bien qu’il s’est passé quelque chose...
Egaël : Peut-être effectivement s’est-elle écoeurée de la guerre... Le bannissement sera une punition suffisante.
Tharnothen : Si elle a failli, c’est la mort, pour elle comme pour lui !
Egaël (ironique) – Combien de morts te faudra-t-il, Tharnothen, pour apaiser ta colère ?
Tharnothen (bouillant de rage) : Ce n’est pas une question de colère ! Chacun ici-bas a son rôle à jouer. Elle a accepté d’être Rayonnante, elle doit mener sa mission jusqu’au bout. Et nous sommes en guerre ! Le soldat qui déserte est puni de mort ! Et ce qu’elle a fait est... (Il s’arrête, ne sait plus quoi dire)
Oryx : Allons, mon ami, reprends-toi. Il y a sûrement une solution. Raconte-moi. Comment s’est-elle comportée sous la torture ?
Tharnothen (hausse les épaules) : Elle a ri, elle a chanté, elle a déclamé des vers... Nous avons tous eu l’impression qu’elle se moquait de nous. Les écrans de surveillance enregistraient une intensité de douleur maximale, et elle chantait !
Oryx (fronçant le sourcil) : Est-il possible qu’elle ait pu... par son Pouvoir... s’insensibiliser ?
Tharnothen : Impossible, Seigneur. Tous les champs de force étaient dressés. Elle n’avait plus aucun pouvoir. Et les écrans...
Egaël : C’est une femme exceptionnelle. Et sa défection risque de nous faire perdre la guerre. Puisque rien n’est prouvé, ne pourrait-on pas...
Oryx : Toi aussi, elle t’a séduit, Egaël.
Egaël : Je suis marié et je suis fidèle, Seigneur Oryx. Mais j’admire la puissance et le courage de cette femme, qui depuis dix ans s’est dédiée corps et âme au destin de notre planète.
Oryx : Et tu sais que la Rayonnante doit rester vierge et intacte de toute passion humaine.
Egaël : Mais rien ne prouve qu’elle ait failli ! Elle a dit qu’elle ne comprenait pas ce qui lui était reproché, et l’Inquisitrice a confirmé que...
Tharnothen : Un Esprit de sa trempe peut aisément berner une Inquisitrice !
Egaël : La colère t’aveugle, Tharnothen ! Astréïa est vierge, c’est un fait. Alors si son âme a vacillé un instant à l’idée d’envoyer des hommes à la mort...
Oryx : Nous ferons en sorte qu’elle n’ait plus l’occasion de recommencer.
Egaël : Mais Seigneur, aucune Apprentie n’est en mesure de la remplacer !
Oryx : Nous utiliserons du carburant, comme autrefois !
Egaël : Dans les astronefs de combat ? Vous savez très bien que leur extrême maniabilité, qui fait notre force unique dans tout le Multivers, est liée à leur faible poids !
Tharnothen : Nos ingénieurs trouveront une solution.
Egaël : En combien de temps ? Réfléchis, Tharnothen : la Rayonnante ne se borne pas à transmettre aux vaisseaux l’énergie de la persépolite. Elle est en contact permanent avec l’esprit des guerriers, elle les guide, elle les soutient, elle capte les attaques ennemies et aide à les esquiver...
Oryx : Nous savons tout cela, Egaël. Que t’a-t-elle dit d’autre ?
Egaël : Quand j’ai demandé si son coeur éprouvait un sentiment particulier, comme de l’amour, elle a acquiescé. J’aime Persépolis, a-t-elle poursuivi, et je ne pense pas que ce soit un crime. J’aime Oryx, notre Guide éclairé, et Tharnothen le valeureux, et... vous aussi, mon cher Egaël, toujours prêt à arrondir les angles...
Oryx : Devrais-je te soupçonner aussi, Egaël ?
Egaël (a un haut-le-corps) : Seigneur !
Oryx : Bien sûr que non. Tu es trop lâche pour ça.
(Il appuie sur une touche du clavier, sur la table, pour allumer l’intercom).
Qu’on la fasse venir.
Tharnothen : Ici ?
Oryx : Les cachots sont trop humides pour ma vieille carcasse. Et puis quoi, la Salle de Délibération est bien gardée, que je sache. Je ne prends aucun risque.
Tharnothen : C’est un constat d’échec.
Oryx : Mais non. Laissons-lui penser que pour l’instant elle est victorieuse. La fatigue, petit à petit, amoindrit les défenses, même chez les êtres exceptionnels. Et l’espoir lui fera baisser la garde, si la douleur ne l’a pas pu...

Silence. On entend chanter dans les coulisses, côté jardin, une voix de femme.
Si vous croyez que je vais dire
Qui j’ose aimer
Je ne saurais pour un Empire...

Scène II

(les mêmes, Astréïa)



Astréïa entre. Elle est vêtue d’une robe violette longue, déchirée, laissant voir les bras nus et les jambes, couverts d’ecchymoses et de plaies. Elle porte des traces de coups sur le décolleté, et des marques de strangulation. Seul son visage est épargné. Elle est pieds nus, et ses pieds sont en sang. Ses longs cheveux blonds sont défaits, collés de sueur et de sang. Elle est menottée, les mains dans le dos. Elle se redresse en entrant, et marche à pas lents (on sent que cela lui coûte) sans boiter, majestueuse, le regard fier et un peu amusé, un demi sourire aux lèvres.

Astréïa (en parlant) : ... vous le nommer. Mes salutations, Seigneur Oryx. Avez-vous passé une bonne nuit ? (Elle salue d’un signe de tête les deux autres.) Seigneur Tharnothen... toujours en colère ? Seigneur Egaël... j’ai beaucoup apprécié notre conversation.
Tharnothen : Ca suffit ! Tu te moques de nous, femme !
Egaël (se levant) : Tharnothen, tu t’adresses à notre Rayonnante !
(Tharnothen le foudroie du regard et se dresse vers lui comme pour le défier)
Oryx : Allons, messieurs, allons... Approchez, ma chère, nous parlions justement de vous.
Il parle dans l’intercom.
Branchez les champs de force. Allumez les Moniteurs.
Trois spots blancs s’allument, et quatre douches de couleur (bleu, jaune, rouge, vert) se braquent sur Astréïa, qui est seule de profil sur le devant de la scène.
(A Astréïa) Que diriez-vous de revoir certaines images ?
Il pianote sur le clavier, et sur l’écran géant du fond de scène apparaît le film d’une bataille spatiale. Un vaisseau-mère hakorien est attaqué par quatre astronefs de combat, qui le mitraillent en zigzaguant pour échapper aux ripostes. On entend la voix d’Astréïa.
Vautour 1, esquive, repli, revenez par 45° nord. Vautour 2, droit devant, c’est bien. Vautour 3 ...
Oryx baisse le son tandis que le combat se continue. On voit l’astronef 4 tirer, et une brèche s’ouvre dans le flanc du vaisseau-mère.
Oryx : Et c’est là le moment que je préfère.
Il remonte le son. On voit l’astronef 4, qui est le plus près du vaisseau-mère, se diriger vers la brèche. Et la voix d’Astréïa.
A tous les Vautours, mission terminée. Vous rentrez à la base. Bien joué, messieurs.
Une voix d’homme : Mais, Rayonnante...
Astréïa : Je ne fournirai plus d’énergie. Vous rentrez à la base. Terminé.

Oryx : Pouvez-vous m’expliquer ça ? En tirant de près dans la brèche, Vautour 4 pouvait définitivement neutraliser le vaisseau ennemi !
Astréïa : Non. Je l’ai déjà dit. Ce sont les Hakoriens eux-mêmes qui ont ouvert la brèche. C’était un piège. Leur vaisseau était parfaitement cloisonné. Mais les astronefs qui seraient passés trop près auraient été pris dans leurs champs et détruits.
Tharnothen : Foutaises !
Astréïa : C’est la vérité, Tharnothen. Les Hakoriens ont un meilleur niveau technologique que nous, que cela vous plaise ou non.
Oryx : Admettons. Mais les Moniteurs ont enregistré chez vous une émotion intense.
Astréïa : J’étais fatiguée. Je ne voulais voir trois morts de plus. Le travail de transmission d’énergie est épuisant. Mais bien sûr, vous l’ignorez. Vous n’êtes pas Rayonnant.
Tharnothen : Insolente ! Je te...
Oryx (agacé) : Cela suffit, Tharnothen. (A Astréïa) Saviez-vous qui était à bord de Vautour 4 ?
Astréïa (dédaigneuse) : Evidemment. Je connais les noms de tous mes équipiers, pour chaque mission. Dans Vautour 4, il y avait le Commandant Trendis, le capitaine Nerken, co-pilote, et le lieutenant Siryo, responsable des armements. Dans Vautour 3...
Oryx : C’est bien, c’est bien.
Egaël : Les Moniteurs n’enregistrent rien, Seigneur Oryx. Pas la moindre émotion. Il faudrait peut-être reconsidérer...
Oryx : Silence, Egaël. Tu vas trop loin. Je n’ai pas besoin de toi. Ni de toi, Tharnothen. Laissez-moi seul avec elle.

Egaël et Tharnothen sortent.

Scène III

(Oryx, Astréïa)


Oryx : Allons, ma Dame, venez vous asseoir près du feu. Un moment de calme vous fera du bien.
Une fois qu’elle est assise, il ouvre ses menottes grâce à une petite clé magnétique qui diffuse une lumière bleue, et les pose à terre, près du fauteuil. Puis il s’assied dans le fauteuil d’en face, le plus en avant de la scène. Astréïa pose ses mains dans son giron, sans se frotter les poignets.
Oryx : Je suis vraiment très ennuyé, ma chère. Votre valeur est inestimable pour Persépolis, surtout en temps de guerre...
Astréïa (en riant) : Mon intérêt est donc de prolonger le conflit, c’est ce que vous me suggérez ?
Oryx : Vous êtes une femme très intelligente, Astréïa. Néanmoins, je conçois que votre beauté puisse susciter des passions violentes chez les hommes de votre entourage... et vous êtes faite de chair et de sang... Je ne vous demande que le nom de votre séducteur. Vous reprendrez votre poste et nous n’en parlerons plus.
Astréïa : Et que feriez-vous à cet homme, s’il existait ?
Oryx : Vous connaissez la Loi.
Astréïa : La Mort, la Mort, toujours, partout ! La guerre entre les planètes, la guerre entre les peuples... Les Innocents, les premiers habitants de Persépolis, massacrés jusqu’au dernier, les Néoliens, qui prônaient la paix et l’harmonie entre les hommes, exterminés en quarante-huit heures...
Oryx : Vous ne pouvez pas vous souvenir de ça, vous n’étiez pas née !
Astréïa : Vous oubliez que j’ai accès à la Mémoire Universelle, et que je sais tout ce que vous avez fait, vous, votre père, votre grand-père et tous vos aïeux depuis le commencement des temps !
Oryx : Mais aucune Rayonnante...
Astréïa : Vraiment ? Serais-je donc la meilleure ?
Oryx, nerveux, se lève, se retourne, lui fait face.
Oryx : Astréïa, si m’humilier vous réconforte, après ce que vous avez subi, je vous le pardonne. J’ai besoin de vous, nous avons besoin de vous. Mais je ne peux pas laisser vivre un homme qui compromet l’avenir de Persépolis.
Astréïa (fièrement): Et qu’en savez-vous ?
Oryx : Je le sais parce que tout le monde le sait, parce que cela est vrai depuis le Commencement : une Rayonnante doit se consacrer exclusivement à sa tâche, et toute relation... toute passion autre lui ferait perdre ses pouvoirs.
Astréïa : Une Rayonnante parmi tant d’autres... peut-être...
Oryx : Voulez-vous dire que vous n’êtes plus...
Astréïa : Allons, Oryx, vous vous montez la tête ! Votre chère Inquisitrice vous l’a confirmé : je suis vierge et intacte comme au jour de ma naissance.
Oryx : Mais vous aimez !
Astréïa (faussement langoureuse) : Oui... J’aime Persépolis, ses enfants, ses femmes, ses hommes... Ses beaux guerriers, ses fidèles inquisitrices, ses politiciens pervers, ses soldats assassins, ses femmes soumises...
Oryx (presque suppliant) : Un nom, et je vous fais grâce !
Astréïa : Je n’enverrai personne à la mort. Vous vous en chargez très bien, sans qu’il y ait eu de faute.
Oryx : Cessez de me défier ! J’ai le pouvoir de vie et de mort sur tous mes sujets ! Je pourrais très bien décider...
Astréïa : ... de m’assassiner pour une faute que je n’ai pas commise. Oui. Je suis persuadée que vous pouvez le faire.
Oryx : Ce n’est pas ce que j’ai dit.
Astréïa (se lève aussi) : Croyez-vous que j’aie peur de la mort ? La persépolite, votre précieuse Pierre de Feu, dont je canalise l’énergie pour propulser votre flotte de guerre... Vous savez comme moi de quoi elle se nourrit...
Oryx (haussant les épaules) : Ils sont morts, de toute façon...
Astréïa : Ils sont morts. Mais de tous ces cadavres que vous jetez comme des charognes en pâture à la Pierre de Feu, montent des milliers de voix que vous n’entendrez jamais. Astréïa ! Tu me reconnais ? C’est moi, Descor, le boulanger... Et je suis Minaka, ta nourrice... Moi, c’est Oxion, j’avais huit ans... Et toutes ces voix reprennent en choeur : ne nous oublie pas, Astréïa, ne nous oublie pas...
(Un silence)
Quand vous me jetterez dans la fosse, je parie que vous gagnerez une année entière d’énergie grâce à moi. Finalement, ce serait mieux pour vous. Vous trouverez une Rayonnante jeune, un peu naïve, un peu inexpérimentée mais docile, qui vous regardera comme le dieu que vous voudriez être et qui se tuera à la tâche dans le seul espoir de vous arracher un sourire distrait...
Oryx : Taisez-vous !
(Il va à grands pas vers la table, appuie sur l’intercom)
Gardes, ramenez la Rayonnante au cachot.
Les gardes entrent, emmènent Astréïa qui jette un regard de défi vers Oryx, mais lui, les mains appuyées sur la table, ne la regarde pas.


Scène IV

Oryx, seul


Oryx : Femelle ! Tu m’as poussé à bout ! Je ne veux pas ta mort, par toutes les flammes de la Pierre, non ! Je donnerais ma vie pour un regard de toi qui ne soit pas de haine... Mais tu te moquerais de moi, et tu aurais raison. Un vieillard, puissant certes, mais un vieillard, quand tu resplendis de toutes les beautés de la Femme ! Que je sois foudroyé à l’instant si tu dois seulement te douter... Je dois réfléchir encore. Tu ne peux pas me narguer ainsi indéfiniment, il y va de mon prestige et de mon autorité. Oh, Astréïa... J’ai passé ma vie à me battre pour obtenir le Pouvoir Suprême... et je te jure, en ce jour de malheur, je te jure par toutes les Puissances du Ciel et de la Terre, à toi qui ne peux pas, qui ne dois pas m’entendre...
(Il se laisse tomber sur son siège, en bout de table, accablé)
... j’aimerais tant, aujourd’hui, être quelqu’un d’autre...
Rideau


ACTE II



Scène I

Nerken, Siryo, qui entrent ensemble.



Nerken (en regardant sa montre) : Nous sommes en avance.
Siryo : Il serait peut-être mieux d’attendre dehors...
Nerken : Quoi, nous avons été convoqués, non ?
Siryo : Oui mais... C’est la Salle du Conseil...
Nerken : Justement ! Nous y siègerons sûrement un jour, autant faire connaissance. Et puis, il n’y a personne. Viens donc t’installer près du feu...
Il ouvre son blouson, retire son écharpe blanche.
Siryo : Tu as une belle écharpe !
Nerken : Ah, tu trouves ? C’est un cadeau anonyme ! Un garçon l’a portée chez moi et n’a pas voulu me dire le nom du donateur (en riant)... ou plutôt de la donatrice ! Une écharpe de soie, douce comme la peau d’une femme... Sûrement la fille d’un riche bourgeois... Mais elle connaît bien mes goûts, la coquine ! J’adore la soie...
Siryo (voit du sang par terre, jusqu’au fauteuil où tout à l’heure s’est assise Astréïa) : Par la Pierre de Feu, c’est du sang ! C’est le sien, c’est celui d’Astréïa, j’en suis sûr ! Ils ont osé la torturer, les monstres, les ingrats, comme une vulgaire criminelle ! C’est la Rayonnante !
Nerken : Oui, et sa défaillance d’hier nous a privés d’une immense victoire. Il est bien normal qu’on lui demande des comptes.
Siryo : Mais Elle ! Si majestueuse, si belle ... Comment peut-on porter la main sur elle, si ce n’est pour l’effleurer avec respect...
Nerken : Allons, mon ami, mesure tes paroles ! Si tu es amoureux, cache-le mieux que ça, il y va de ta vie !
Siryo : Ma vie... Oh je la lui donnerais sans hésiter, si elle pouvait lui être utile !
Nerken : Tu es fou !
Siryo : Mais qui peut rester aussi insensible ? C’est une Déesse incarnée...
Nerken : C’est une femme puissante, et comme telle bavarde, autoritaire et dangereuse. Pour ma part, je les préfère silencieuses, soumises... et blanches ! Cette peau de singe !
Siryo : C’est au service de Persépolis qu’elle a perdu son teint de lumière, et cette couleur que tu méprises, je l’honore et je la vénère...
Nerken : Tu n’es qu’un enfant ! Même sans danger, je ne voudrais pas d’elle dans mon lit, quand bien même elle me le demanderait !


Scène II

Entrent deux gardes, encadrant Astréïa



Astréïa porte une robe blanche, manches longues et col montant. Le tissu est fin, et on devine la présence de pansements sur ses blessures. Les marques de strangulation sont encore visibles à la limite du col ; ses poignets sont bandés ; un peu de sang a traversé les bandages, aux poignets et au bras droit.
Nerken (à Siryo, quand il voit entrer Astréïa) : Viens, tu as raison, allons attendre dehors.
Il se dirige vers la sortie, côté jardin, Siryo derrière lui, en passant derrière la table, alors qu’ Astréïa, que les gardes ont laissée, s’avance devant la table.
Astréïa (avec un sourire) : Bonjour, messieurs. Restez, je vous en prie...
Nerken (le visage fermé, en regardant Siryo qui n’a d’yeux que pour Astréïa) : Viens, te dis-je !
Siryo : Mais j’aurais voulu lui parler...
Nerken (lui prenant le bras) : Ne sois pas sot. Nous n’avons rien à lui dire.
Ils sortent.

Scène III

Astréïa, seule.



Astréïa (en regardant côté jardin, là où ils sont sortis) : Eh bien va, puisque tu ne supportes pas ma présence ! Va, que la Pierre de Feu te garde ! Folle que je suis, à aimer un homme qui me fuit et qui me méprise...
Elle marche près de la table, caressant des doigts le dossier des chaises avec un demi-sourire nostalgique, puis se tourne vers le public.
O Esprit du Feu, donne-moi le courage de ne pas le regarder ! Que mon coeur reste sage, qu’aucun de mes gestes ne trahisse mon précieux secret ! Je lui sauverai la vie une deuxième fois... et lui, ignare et indifférent, ira se vautrer dans le lit de femmes dociles qui ne sauront jamais ce qu’aimer veut dire ! Si beau, si distant, si cruel... J’aurais combattu et j’aurais triomphé, si seulement ses yeux m’avaient laissé un peu d’espoir...
Elle a un vertige, s’agenouille, regarde à terre.
Mais il ne m’aime pas. J’ai en moi le Pouvoir de terrasser une planète, et je ne peux rien faire pour gagner le coeur d’un homme !
Elle ferme les yeux, retient ses larmes.
J’aurais tant voulu... au moins une fois... le toucher... caresser son visage... effleurer ses lèvres d’un baiser... me blottir dans ses bras !
Elle serre ses bras autour d’elle, se balance, toujours les yeux fermés.
J’aurais tout quitté, tout donné, tout perdu...
Elle s’assied sur le côté, regarde le sol.
Je ne lui ai même pas dit « je t’aime ». Est-ce que j’aurais su, seulement ? (tendrement) Je t’aime... Non, c’est trop niais ! (Avec passion) Je t’aime ! Non, cela lui ferait peur... (Avec intensité) Je t’aime... et tu ne le sauras jamais...
Elle couvre son visage de ses mains, est secouée de sanglots mais ne pleure pas. Puis elle se relève dignement, fait face au public, regarde droit devant.
Rien. Je ne cèderai rien.
Son regard s’allume, elle sourit cyniquement, l’excitation la gagne.
J’ai encore le pouvoir de les faire danser. Et si je jouais la folie ?
Yeux exorbités, grands gestes, elle parle à des interlocuteurs invisibles.
Qui ça ? Le Seigneur Oryx ? Cette espèce de vieillard pervers dont on dit qu’il force les petites filles les soirs de pleine lune ? Non, je ne le connais pas. Vous dites qu’il est le Chef du Conseil des Sept ? Pauvre planète que vous avez, dont le Chef Suprême est la proie de passions coupables... Ah ! Taisez-vous ! J’entends l’Esprit du Feu qui me parle ! Vous serez tous détruits, par le Fer et le Feu, et vos enfants, et les enfants de vos enfants... Vos femmes violées, vos filles piétinées, vos maisons réduites en cendres... Elle éclate d’un rire dément.
Redevient sérieuse.
Ca pourrait marcher. Ils me laisseraient la vie sauve. Mais hélas ! A quoi me servirait une vie qu’il ne partage pas ?
Elle se dirige vers la table, prend la dague qui est sur la coupe de fruits et la cache dans la poche de sa robe.
Il vaut mieux abréger mes souffrances et sauver ce qui peut l’être.

Entre Mavina, côté cour, par une porte dérobée en fond de scène, près de la cheminée.


Scène IV

Astréïa, Mavina




Astréïa (très étonnée) : Maman ?
Elle va vers elle aussi vite qu’elle peut, en boitant, et se jette dans ses bras.
Mavina : Ma petite fille... J’ai voyagé toute la nuit, j’étais si inquiète... Mais tu as encore beaucoup d’amis ! Comment te sens-tu ?
Astréïa (en se détachant, froidement) : Je vais bien.
Mavina (caresse sa joue) : Tu es toute pâle. Tu as beaucoup souffert ?
Astréïa : Non. Je... Ca va.
Mavina : Ah... je suis si fatiguée... Le voyage est long jusqu’à Cortia. Laisse-moi m’asseoir un peu...
Elle va s’asseoir dans le fauteuil qui fait face au public, et Astréïa s’installe à ses pieds, en lui tenant les mains.
Mavina : Ton frère voulait venir aussi mais... Il faut s’occuper de la ferme...
Astréïa : Bien sûr, maman, bien sûr.
Mavina (en attirant la tête d’Astréïa sur ses genoux) : Ah ma petite fille, ma petite fille... J’ai toujours été tellement fière de toi... Tu as toujours été si courageuse, si forte... Mais cette tâche si lourde... Comme tu as changé... Toi qui avais le teint le plus clair, le plus pur de toute la contrée, te voir ainsi... Cette maudite Pierre, qui t’a brûlée de l’intérieur pendant si longtemps... J’aurais dû refuser ! Nous aurions dû refuser, ton père et moi... Tu aurais pu simplement te marier et être mère de famille, comme moi... Nous serions restées proches, et j’aurais pu t’aider à élever tes enfants... Ma petite fille... Dis-moi... Pendant toutes ces années, est-ce que cela ne t’a jamais manqué, l’amour d’un homme, la paix d’un foyer...
Astréïa (rêveuse) : Si, quelquefois...
Mavina : Et tenir un enfant dans ses bras... Si tu savais... Le regard d’un tout-petit, blotti contre ton sein... Tu as l’impression d’être la reine du monde... Quand tu me regardais ainsi, autrefois, je pensais que rien n’était impossible, que pour toi je pouvais surmonter tous les obstacles, endurer toutes les souffrances...
Astréïa (très émue) : Maman, oh maman...
Mavina : Mais tu sais, tout n’est peut-être pas perdu. Je l’ai rencontré. Il m’a dit qu’il avait un plan pour te délivrer. Vous allez vous enfuir très loin et...
Astréïa (se redresse brusquement, s’écarte) : Qui ça, il ?
Mavina (regardant autour d’elle, l’air apeuré) : Tu le sais bien, voyons...
Astréïa (se lève, agressive) : Que t’a promis Oryx ?
Mavina : Mais que dis-tu, ma chérie ? Allons, reviens là, le Seigneur Oryx n’a rien à voir dans tout ça... Tu ne vas pas te méfier de ta propre mère ?
Astréïa : Quand ma propre mère m’a trahie, je ne vois pas en qui j’aurais confiance ! Que t’a-t-il promis, parle ! De l’argent ? Des terres ? Un titre d’ambassadeur pour Venork ? Et tu l’as cru, n’est-ce pas ? Tu as cru qu’il était sincère, qu’il tiendrait ses promesses !
Mavina (au bord des larmes) : J’essaie simplement de te sauver... Le Seigneur Oryx m’a dit que...
Astréïa : Que si je parlais j’aurais la vie sauve ? Alors qu’il n’attend qu’un aveu pour me condamner ? Alors que je n’ai rien à dire parce que je suis innocente ? Et même toi, même toi, tu as cru la parole d’un étranger contre la mienne...
Elle lui tourne le dos, se concentre, se calme.
Va-t-en. Je ne t’en veux pas. Tu as peut-être fait ce que tu croyais bon pour moi.
Elle se retourne, sereine, royale.
Sache que tu n’as pas à rougir de ta fille.

Mavina se lève, mal à l’aise. Astréïa s’écarte pour la laisser passer. Mavina se dirige vers la sortie côté jardin, tête basse. Juste avant de sortir elle se retourne vers Astréïa, debout, impassible, les yeux au loin.
Entrent Oryx, Tharnothen, quatre conseillers. En entrant le premier, Oryx a croisé Mavina qui a écarté les bras en signe d’impuissance, récoltant un regard furieux d’Oryx.
Il y a deux gardes à la porte. Oryx s’assied à sa place, en bout de table ( cour) ; à sa droite Tharnothen, puis une place vide, puis un conseiller ; à sa gauche, trois conseillers, dos au public.


Scène V

Astréïa, Oryx, Tharnothen, quatre conseillers



Oryx : Messieurs, je vous en prie, prenez place. Dame Astréïa, si vous voulez bien...
Il lui montre l’autre bout de la table. Elle y va et se tient debout devant son ancienne place au Conseil.
(A Astréïa) Vous allez être jugée pour Haute Trahison, complicité avec l’ennemi en temps de guerre et manquement au devoir de Rayonnante, en présence du Commandant Trendis, du capitaine Nerken et du lieutenant Siryo. Avez-vous quelque chose à déclarer ?
Astréïa (fière) : Je suis innocente. Je n’ai pas trahi ma patrie, j’ai protégé ses guerriers et je n’ai pas manqué à mon devoir. Devant ma conscience, je n’ai rien me reprocher.
Tharnothen (A Oryx) : Où est Egaël ?
Oryx : Il est ... en mission spéciale. Nous n’allons pas l’attendre. Gardes, faites entrer les guerriers.
Entrent Trendis, Nerken et Siryo ; ils se placent derrière la table, face au public. Astréïa ne leur jette pas un regard.


Scène VI

Les mêmes, plus Trendis, Nerken et Siryo




Oryx (aux guerriers): Messieurs, nous jugeons ce jour Dame Astréïa pour Haute Trahison. Il apparaît que sa conduite est en rapport avec des sentiments inspirés par l’un d’entre vous, et que c’est pour sauver cet homme qu’elle a délibérément mis fin à une mission qui se devait victorieuse. Au nom de l’honneur de notre Armée, je demande à cet homme de se désigner.
Silence. Les trois hommes se regardent, à la fois préoccupés et curieux. Siryo semble mal à l’aise.
Oryx : Dois-je ajouter, messieurs, et cela m’attriste fort, que si aucun de vous ne se dénonce, je serai dans l’obligation de vous mettre à mort tous les trois.
Les gardes de la porte arment leurs fusils mitrailleurs.
Astréïa (chante) : Si vous croyez que je vais dire
Qui j’ose aimer...
(En parlant) O malheureuse innocence
Sur qui ont tant de licence
Les astres injurieux !
Oryx : Je ne vous savais pas poète...
Astréïa : J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir...
Je ne suis pas poète. D’autres civilisations, auprès desquelles nous ne sommes que des barbares, ont composé ces vers, dont les échos voguent encore sur l’ansible, au gré des ondes...
Oryx : Personne ne m’en a jamais parlé !
Astréïa (avec un sourire amer) : C’est que pour entendre ces mots, ô Chef Suprême de Persépolis, il faut une sensibilité que tout votre pouvoir ne vous donnera jamais !
Tharnothen : Des mots, des mots ! Nous sommes en guerre ! Poursuivons ce procès, et que justice soit faite !
Oryx (pousse un soupir) : Commandant Trendis ?
Trendis : Je peux jurer sur mon honneur, Seigneur Oryx, que jamais...
Oryx : Je le sais, Commandant. Vous êtes un bon père de famille, et d’un tempérament placide, peu enclin aux passions. Nerken ?
Nerken (agacé) : Je suis un soldat, Seigneur Oryx. Je suis prêt à mourir pour ma patrie. Mais sûrement pas pour une femme qui...
Siryo (l’interrompt, s’avance vers la table) : J’avoue, Seigneur Oryx. J’aime Astréïa, follement, passionnément, et je suis le seul responsable de son moment de faiblesse. Prenez ma vie mais ne la punissez pas ! Je lui ai fait une cour assidue, et elle a résisté avec toute la force d’une digne Rayonnante. Peut-être un instant son coeur s’est-il troublé, mais je suis le seul coupable.
Astréïa malgré elle met les mains devant sa bouche, son regard va de Nerken à Siryo, et de Siryo à Nerken.
Siryo (A Astréïa): Je t’aime, Astréïa. C’est avec joie que je te donne ma vie. J’ai dans l’âme une fleur que nul ne peut cueillir...
Il sort son pistolet laser, le pointe contre son coeur, tire et s’effondre sur la table. Les gardes se sont élancés pour l’en empêcher, mais sont arrivés trop tard. Astréïa se précipite vers lui en criant.
Astréïa : Non ! Pauvre enfant... (elle regarde Oryx et les Conseillers) Pauvre Persépolis, où l’amour est un crime ! Pauvre Persépolis, où l’on peut se réjouir de la mort d’un enfant ! Soyez maudits, tous, et que la Pierre de Feu vous dévore ! Vous pouvez disposer de la vie de vos sujets, Seigneur Oryx ? Vous ne disposerez pas de la mienne !
Elle a un dernier regard vers Nerken, puis sort la dague de sa poche, se l’enfonce dans le coeur et s’écroule sur Siryo. Oryx se lève d’un bond. A ce moment-là on entend dans les coulisses des cris, des coups de feu, des explosions.
Entre Egaël, en chemise blanche pleine de sang, blessé à la tête et à la poitrine, soutenu par deux soldats.



Scène VIII

Les mêmes, plus Egaël et les deux soldats



Un soldat : Les Hakoriens attaquent !
Oryx s’élance vers Egaël, le prend par les épaules.
Egaël (mourant) : J’ai ... échoué, Seigneur. Les Hakoriens ont... refusé la trêve. Ils...
Il laisse tomber sa tête, mort. Les soldats le couchent à terre et se reculent. Les conseillers et Tharnothen se lèvent.
Oryx (à Tharnothen) : Tharnothen, vite, il faut faire décoller la flotte !
Tharnothen (froidement) : Et comment, Seigneur ? Je n’ai plus de Rayonnante !
Oryx (désespéré) : Alors organise la défense à terre !
Tharnothen sort, et tous les présents avec lui, sauf Oryx. Le bruit en coulisses se poursuit.


Scène IX

Oryx, seul


Il s’approche d’Astréïa, caresse ses cheveux tendrement.
Oryx : Ainsi tu m’as vaincu, moi et toute mon armée. Tu as résisté à toutes les tortures, tu as déjoué tous mes pièges, et tu nous as tous condamnés à périr. (Avec un sourire) Tu as gardé ton secret, mais j’ai gardé le mien aussi. Tu me ressemblais plus que tu ne le pensais... Est-ce que tu pourras me pardonner ? Je vais te rejoindre bientôt. Ici, je n’ai plus rien à défendre.
Il s’assied sur la table, la prend dans ses bras.
Rideau.

Narwa Roquen,"Où vas-tu?" - "J'en vais écrire une autre."

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-19 10:47:39 

 WA - Participation exercice n°56 part 2 & fin.Détails
La fin... et bon courage! C'est une histoire assez bizarre finalement.

________________________


LA PRISONNIERE DU MIROIR


SCENE 2


La porte du fond s’ouvre. Un homme pénètre dans la pièce sans fenêtre. Il est grand, très grand, massif. La fille sur le lit ne bouge pas et ses yeux sont clos. Il tourne ostensiblement le dos au miroir.


L’Homme :

Je sais que tu es réveillée. Ton visage est différent quand tu dors. Une forme d’absence que je ne peux maîtriser.

La Fille :

Quel jour ? On est quel jour ? Dis-le moi.. J’ai perdu le compte des jours... dis-le moi !

L’Homme :

Jeudi, vendredi, dimanche... quelle importance ? Ce qui importe vraiment c’est le temps que tu passes avec moi. C’est le temps que nous partageons ensemble. Tout ce que je peux te dire, je te l’ai déjà dit Tu es restée ici plus longtemps que toutes les autres avant. Quelque chose de différent m’intrigue en toi. Quelque chose que j’entrevois et qui me fascine même si je n’arrive pas à dire exactement quoi. Mais il y aura une fin à l’histoire, c’est sûr... ça aussi je te l’ai dit... Il y a une fin à toutes les histoires. En fait, c’est ce que je préfère quand je lis un bouquin. La dernière page, sous le dernier paragraphe, l’apparition magique du mot de trois lettres en gros et gras caractères. Finalement, je ne dévore les lignes que pour arriver plus vite à ce putain de mot. J’en rêve tout le temps avant. J’aime les fins. Autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais eu de vrai commencement. C’est ennuyeux les commencements. Il faut placer le décor, les personnages, trouver l’intrigue et les péripéties et puis remplir, remplir.... Jusqu’à ce que la fin devienne incontournable. Ce sont les fins qui ont jalonné ma vie, qui ont structuré mon existence. Je n’aime que les fins.


La Fille :

Détache-moi s’il te plaît. J’ai mal aux poignets et mon dos n’est qu’un noeud de douleur. J’ai faim aussi. Très faim.

La Fille dans le miroir :

Tu joues à quoi ? Que crois-tu qu’il recherche ? Chaque jour, il réclame son dû. Il prélève son tribut. C’est sa seule façon d’être au monde. Il est si seul dans son enfer quotidien. Je t’ai dit que je le connais mieux que toi. Tu veux savoir pourquoi ? Tu veux que je te montre comment ? Demande-lui donc de regarder dans le miroir !

L’Homme :

La faim n’est plus un problème pour toi. J’ai écouté les infos et j’ai lu les journaux. Ils disent que tu es déjà morte. Ta photo a disparu des flash télévisés. L’actualité va vite. Il y a encore eu des morts en Irak, des morts en Afghanistan... il y a tant de morts qui ont pris ta place. Moi, je dis que ce sont les morts qui nous montrent la route. On parle de moins en moins de toi, cela signifie qu’ils parlent de moins en moins de moi non ?
La Fille :

Pourquoi tournes-tu le dos au miroir? C’est vrai ça...pourquoi lui tournes-tu tout le temps le dos? Je ne crois pas t’avoir vu une seule fois le regarder en face ? Et si tu ne peux le regarder en face, pourquoi l’avoir posé ?

L’Homme :

Le miroir, ah oui... il y avait un miroir dans le dortoir là-bas. Juste en face des lits. Un miroir qui nous renvoyait inlassablement nos peurs et nos démons. Mes peurs et mes démons en particulier. Il y a des images qui sont gardées prisonnières du miroir, des images horribles et douloureuses. Des images fantomatiques qui dansaient dedans alors qu’ils faisaient tous semblant de dormir. Moi aussi, j’ai fait semblant de dormir. Nous avons tous fait semblant de dormir et de ne rien entendre. Tu ne peux pas t’imaginer ce que cela fait de ne pas bouger dans le noir, de crisper ses paupières pour ne pas qu’elles s’ouvrent intempestivement sur l’horreur qui se déployait juste à côté. Tu ne peux t’imaginer ce que cela fait de garder ses bras inertes le long du corps, par-dessus la couverture, en réprimant cette envie insupportable de se boucher les oreilles. Afin de ne pas entendre les gémissements et les cris, les râles et les coups. Quand je suis parti, je n’ai jamais plus regardé dans un miroir mais paradoxalement, je n’ai jamais pu vivre bien loin non plus. C’est une répulsion qui m’attire et qui m’est nécessaire. Il y a tout au fond des miroirs tant de choses qui ne demandent qu’à être révélées. Je sais que j’y suis quelque part prisonnier aussi mais je sais aussi que je ne supporterais pas de voir cette image de moi.

La Fille dans le miroir :

Il a raison Toi, tu ne vois que son dos dans le miroir. Mais moi, je vois son visage et je pense que nous ne voyons pas le même homme. Il est jeune et fragile. Il est perdu et pourtant il espère. Il refuse d’affronter de qu’il est de l’autre côté, ce qu’il est devenu. Ce n’est pas lui...

L’Homme dans le miroir :

A qui parles-tu ? Nous sommes seuls ici. Je ne vois que toi. Tu sais bien que je t’aime et que je ne te quitterai jamais. J’ai l’impression de vivre par intermittence mais ce que je sais, c’est que malgré tout mon amour, tu te meurs un peu plus chaque fois que tu m’appelles à toi. Tu es toujours un peu plus pâle, un peu plus lasse. Comme si la vie te fuyait inexorablement. Je ne sais pas si ce que je vis est un rêve mais ce n’est que dans ce rêve que j’ai l’impression de vivre.

La Fille dans le miroir :

Il y a un monde en dehors de nous. Un monde tellement différent qu’il nous est définitivement inaccessible. Un monde brutal et gris, sale et douloureux, un monde où tout ce que nous sommes est aussi plus noir et plus glauque. Je sais bien que tu ne peux te retourner et c’est mieux ainsi. Si jamais tu étais tenté de regarder par-dessus ton épaule, je crois que nous serions frappés par la même malédiction qui a scellé le destin d’Orphée. Notre univers se briserait en mille morceaux et nous nous perdrions à jamais. Tu veux savoir à qui je parle? Je ne parle qu’à moi-même en fait, une étrange forme de monologue... je deviens sans doute un peu folle. Ce mal qui me ronge entame désespérément mon énergie. Regarde, j’ai les bras qui me font tellement mal qu’il n’y a que dans cette position que je puis trouver un peu de repos. Oui, je parle toute seule parce que tu n’es pas avec moi. Tout contre moi.

La Fille :

Je ne vois effectivement que ton dos dans le miroir. Je sais ce qui te fait si peur. Tu ne veux pas voir ce que tu es devenu pour laisser une chance à ce que tu as été d’être à nouveau. J’ai fait aussi beaucoup d’erreurs et je me suis trompé sur toute la ligne. Je n’ai pas fait confiance aux bonnes personnes, à celles qui m’aimaient et qui me voulaient du bien. Non, j’ai suivi celles qui m’ont entraîné sur le chemin où règne l’ombre. Ce chemin qui m’a conduit jusqu’ici. Le caniveau longe toujours le trottoir et bien souvent, ce qui traîne sur l’un finit dans l’autre. Je ne suis qu’une pauvre pute dont le sort a fait un tout petit tour de manège enchanté et puis a quitté la scène. Personne ne s’en est aperçu. Et toi, tu n’es qu’un tueur de putes comme ce beau pays a réussi à en enfanter beaucoup. Pourquoi tu ne te retournes pas? Tu dis que tu aimes les fins. Cela serait une excellente fin pour cette histoire non ? Tourne-toi et contemple celui que tu es réellement. Enterre une fois pour toutes ce qui reste de pur en toi. Moi, je vois mon reflet et je sais que j’ai bousillé ma vie. Mais la fille dans le miroir m’a pardonné et je crois que je suis en paix avec moi-même maintenant. Cela n’a pas été douloureux, à peine dérangeant. Dans le miroir qui te fait si peur, nous sommes tels que nous aurions pu être.

L’Homme :

Tu parles... tu parles.... et tu m’embrouilles l’esprit. Il est temps d’en finir. Le miroir n’est pas pour moi. Le miroir n’est pas pour toi non plus. C’est juste un témoin. Dans ses reflets sont prisonnières toutes celles qui ont été ici avant toi. Je n’ai nul besoin d’y plonger mes regards, elles sont toutes présentes et elles y resteront à jamais. Pourquoi ? Je n’en sais rien, c’est plus fort que moi.

L’Homme dans le miroir :

J’ai envie de t’embrasser. De t’embrasser longtemps.. Si je pouvais par mon souffle t’insuffler une nouvelle énergie, interrompre cette glissade vers le néant... Si je pouvais, par le miracle de ce baiser, te maintenir en vie, je voudrais qu’il ne s’arrête jamais. Ta peau est si douce et ton corps contre le mien est une exquise sensation. Laisse-moi poser mes lèvres sur les tiennes et que le temps nous emporte à jamais...


Le miroir se ternit progressivement au fur et à mesure que s’achève le destin de la fille sur le lit sous l’étreinte implacable de son geôlier. Fondu au noir.

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-19 23:13:50 

 Commentaire Maedhros, exercice n°56Détails
TU L'AS FAIT! Tu as eu la force de surmonter ta répugnance et le courage de te lancer: rien que pour ça, smack! Tu continues à me surprendre!
Qui plus est pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. C'est du pur Maedhros, et ça passe la rampe! Bien sûr, ce n'est pas un texte facile. C'est un questionnement sartrien sur l'Identité dans le Temps, avec un personnage qui me rappelle un peu Goetz dans l'acte I de "Le Diable et le Bon Dieu": lui aussi préfère prendre plutôt que recevoir. C'est un texte dépouillé à l'extrême: aucun repère temporel, un décor réduit au minimum, les personnages n'ont rien qui leur appartienne, même pas un nom. Deux personnages. On est dans l'essentiel. Et puis de deux, tu en fais quatre, et nous revoilà dans la spirale infernale, à essayer de ne pas perdre pied. Je me souviens avoir ressenti la même sensation de vertige en allant voir une pièce de Sartre, avec les acteurs qui ne s'arrêtent jamais alors qu'on aimerait bien avoir le temps de savourer une phrase, d'y réfléchir... Tu fais partie des auteurs cruels, qui malmènent leur public. Ce n'est pas commercial, mais quand on aime, on est accro...


Les ressemblances et les différences des deux personnages hors miroir tiennent lieu d'intrigue. Tous deux blessés dans leur narcissisme, elle trouve la rédemption dans le miroir, alors que lui joue avec l'idée du peut-être, mais ne parvient pas à l'affronter. On se dit que le hasard n'existe pas et que ces deux-là se sont reconnus, même si l'histoire doit suivre son cours inéluctable. Quand on y ajoute le reflet de chacun et ce qui se passe entre les deux reflets, c'est un kaléïdoscope d'identités qui s'entremêlent, et se retrouvent pour mieux se perdre... Je suis personnellement très impressionnée par ce genre d'exercice de haute voltige!

Sur le plan de la mise en scène: la fille est allongée tout le temps; quand tu dis qu'elle se tourne vers le miroir, en fait elle ne peut tourner que la tête. J'y vois deux inconvénients: les spectateurs ne la voient pas bien, et dans le miroir on ne la voit pas mieux. Et si elle pouvait s'asseoir, en n'étant attachée que d'une main? Mais peut-être as-tu choisi la position couchée et immobile pour signifier sa totale impuissance.


Quelques détails:
- éducation qui tenait tant à maman: à laquelle maman tenait tant, non?
- cette religiosité qui te faisait peur, t'ouvrir..., avoir... : tu mets sur le même plan un nom et des verbes, ça choque un peu l'oreille


Des fautes de frappe:
- le champagne allait couler à flots
- tout ce que je peux te dire
- je ne dévore les lignes
- moi je dis que ce sont les morts
- pourquoi tournes-tu le dos au miroir?
-afin de ne pas entendre les gémissements
- tu es toujours un peu plus pâle
- la fille dans le miroir m'a pardonné


Quand tu publieras en un recueil toutes tes nouvelles sur le thème du miroir, je pense que ce texte constituera une fin élégante...
Narwa Roquen,vulnerant omnes...

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-20 22:44:37 

 Commentaire Netra, exercice n°56 (1° partie)Détails
Eh bien! Si le niveau de la WA continue de monter comme ça, ça va déborder! Que voilà une jolie pièce, fraîche comme une comédie de Shakespeare et avec un petit air de Cyrano...
La présentation en scène I est claire et efficace. On se fait déjà une idée des caractères des personnages et on attend de savoir qui sont les belles de ces messieurs. Le rôle-titre apparaît en scène II, dans un monologue d'une fraîcheur exquise. Puis c'est un ballet de scènes à 2 personnages, où tout tourne autour de l'héroïne. C'est agréable à lire, ce doit l'être encore plus à entendre et à voir car c'est vraiemnt fait pour être joué, ce qui est la qualité essentielle d'une pièce de théâtre!
La question que je me pose c'est: pourquoi les 2 amis ne découvrent-ils pas qu'ils aiment la même fille? Tu évites soigneusement de leur faire poser la question sur l'identité des (de la ) belle(s), comme tu évites la scène à 3 personnages... Mais c'est sûr qu'ensuite il aurait fallu gérer les conséquences, et ça aurait rallongé...
P'tites fautes d'orthographe:
- je triomphais: c'est un passé simple: -ai
- un ami qui m'est tant lié
- plus noble et plus sensée : c'est censé être ainsi!
- je la ferai reine... et je la ferai goûter...: futur et non conditionnel


Et maintenant le gros morceau: la versification;

Déjà, je tire mon chapeau au travail accompli! De plus, tu as scrupuleusement respecté l'alternance masculines et féminines. Les dialogues, avec des vers interrompus et continués par le 2° personnage, sont excellents: je reconnais bien là l'influence heureuse de mon ami Edmond. Mention particulière pour la scène 2, qui est à la fois poétique, sentimentale, enjouée, dynamique: vraiment super!
Par contre tu es censée rester en rimes plates tout le temps. Tu intercales des rimes croisées, mais comme ça ne vient pas en fréquence fixe, le lecteur averti subodore que ça devait t'arranger pour les rimes; de plus, quand l'oreille est calée sur la musique des rimes plates, l'arrivée des rimes croisées c'est comme un coeur qui rate un battement: désagréable!
J'ai adoré la parodie de la tirade des nez!

A suivre: commentaire des vers dans le détail et conclusion...
Narwa Roquen,dans mon espoir même le moins modeste, je n'ai jamais espéré tant!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-21 23:19:59 

 Commentaire Netra, exercice n°56 (suite)Détails
J'ai numéroté les vers, par commodité.
D’abord une remarque générale sur la faute qui revient le plus souvent : tu prononces les e de fin de mot quand ça t’arrange, mais le plus souvent tu les laisses muets alors qu’ils devraient être prononcés ; tu devrais relire les règles sur www. poesies.net... Exemples : 10, 34, 35, 40, 49...
Les vers que j’ai bien aimés : 76, 159 à 162, 211 à 213, 222 à 226, 241
Ca ne veut pas dire que les autres soient mauvais ! Mais ceux-là ont quelque chose de plus.
Vers 22 : 13 pieds
26 : 11 pieds
131 : même avec la diérèse, je n’en compte que 11
164 : 14 pieds
173 : 11 pieds
187 : 3 e rendus muets dans le même vers !


Tu vois que finalement, à part ces problèmes de e, il n’y a pas grand-chose !

Au total : avec mes félicitations, je te dirai ce que mon ami Edmond, avec qui j’étais à la maternelle, t’aurait sûrement dit s’il avait pu te lire :
Mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Narwa Roquen,rêver, rire, passer, être seul, être libre...

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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-22 15:26:05 

 De la difficulté de la règle du e muetDétails
Raaah voui je sais, je les connais par coeur les règles (même si je les ai relues quand même pour être sûr) mais voilà, j'y arrive prodigieusement pas... parce que j'ai un accent breton très prononcé, lui, pour le coup, et qui avale (tiens, lui j'aurais dû le prononcer par exemple) tous les e, plus quelques syllabes de temps en temps. C'est difficile, de s'auto-contrarier comme ça : quand je réfléchis j'ai l'impression que c'est super laid, et quand je réfléchis pas... ben ça donne le vers 187 !!!

Mais je suis en train de tout reprendre d'après tes critiques (j'en suis au vers 22) et je reposte tout après ^^
Netra, ben ouais...

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-22 16:18:38 

 Les racines du ciel.Détails
Une tragédie cornélienne dans laquelle deux forces irréductibles s’affrontent et finissent par s’annihiler, emportant le destin de cette civilisation en guerre. Deux destins manichéens que tout oppose, aux trajectoires si dramatiquement parallèles. Deux caractères forts que rien n’ébranle. L’un est l’incarnation absolue de la grandeur et du pouvoir, l’autre a découvert l’amour, un amour inconcevable, un amour qui la rendra traître à son peuple. L’amour et la mort. Eros et Tanathos. Il est vieux et puissant et il a voué sa vie à la plus grande gloire de la cité. Elle est belle et puissante mais elle aime alors qu’elle ne peut aimer. Un amour mal récompensé puisque l’objet aimé ne l’aimera jamais en retour. Car Nerken pense au plus profond de son âme et sans vouloir d'acrostiche :

"Cette insigne faveur que votre cour réclame
Nuit à ma renommée et répugne mon âme."


C’est aussi l’histoire de deux solitudes, la solitude de ces êtres d’exception qui paraissent fabuleux pour leurs contemporains. Ils iront au bout de leurs convictions, refusant tout compromis, toute compromission, toute négociation, à l’image d’Egael qui ne pourra ramener un accord avec les ennemis.

Sur l'autel de cette folie, l'innocent paie toujours le prix.

Et puis, ces vers de Fortunio, qui résument tout... Et puis ces personnages secondaires (la mère, le diplomate, le jeune romantique...) qui enrichissent l’intrigue en l’irriguant de points de vue différents.

Mais Alfred avait déjà tout dit :

Mais vous, analyseurs, persévérants sophistes,
Quand vous aurez tari tous les puits des déserts,
Quand vous aurez prouvé que ce large univers
N’est qu’un mort étendu sous les anatomistes ;
Quand vous nous aurez fait de la création
Un cimetière en ordre, où tout aura sa place,
Où vous aurez sculpté, de votre main de glace,
Sur tous les monuments la même inscription ;
Vous, que ferez-vous donc, dans les sombres allées
De ce jardin muet ?


Tu as planté le décor dans un lointain futur, habillant les personnages classiques de tenues dignes d’un space-opéra flamboyant, avec des trouvailles alléchantes (l’alimentation originale de la pierre qui produit de l’énergie). Tu as pris le risque d'utiliser un vocabulaire martial et tu t'en tires avec les honneurs (!).

Au final, un résultat convaincant et captivant. Mais qu’est-ce qui est plus intemporel que les tragédies où les histoires d’amour finissent mal ?

Au rayon des broutilles :
-"...qui depuis dix ans s’est dédiée..." : j'aurais employé "se consacrer" ou "se vouer".
-Dans ces temps futurs, aurons-nous l'air encore vieux à 60 pauvres petites années?

M

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-22 19:50:20 

 Je ne sais pas ce que le futur nous réserve...Détails
Le Monde d'Astreïa est un monde très dur, c'est pour cela que les gens vieillissent vite. Mais sur notre planète bleue, si elle survit, je ne sais pas de quoi auront l'air nos arrière-petits-enfants... Pour l'instant, quand on voit Kim Basinger et Pierce Brosnan, on se dit que tout n'est pas perdu...
Narwa Roquen,éternellement adolescente

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z653z  Ecrire à z653z

2009-03-27 00:47:57 

 le fameux lâcher prise ...Détails
... auquel mon esprit d'analyse se refuse...
Quand un texte tourne (tourbillonne) autant sur lui-même, j'ai toujours le réflexe de prendre du recul et de m'impatienter de l'éventuel changement de rythme qui vient rarement dans les textes de Maedhros (j'entends parfois le boléro de Ravel quand je les lis).

Sinon, excellente idée de faire naître deux personnages de plus.

z653z, pourquoi je réponds ici

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z653z  Ecrire à z653z

2009-03-27 16:35:51 

 Je rêve....Détails
... il va améliorer une pièce déjà belle,
et nous la renvoyer pour qu'elle nous ensorcelle

Un très grand Bravo !

PS : c'est long et c'est bon !

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z653z  Ecrire à z653z

2009-03-27 17:47:03 

 tous les ingrédients de la tragédie sont là...Détails
personnages de haut rang
histoire lointaine (dans le temps et l'espace)
passions contrariées et fin malheureuse

Seules les deux premières scènes m'ont paru longues mais peut-être était-ce voulu pour ensuite mieux accélérer le rythme.
Et décrire les personnages bien avant leur entrée sur scène donne des indices.
Dans le descriptif, tu dis "Deux soldats, deux gardes."... puis guerriers et gardes.
Je comprends que les gardes et les soldats sont habillés pareil et les guerriers autrement.

Et Oryx qui ne voit rien dans les regards d'Astréïa :
"son regard va de Nerken à Siryo, et de Siryo à Nerken" -- "Elle a un dernier regard vers Nerken"

Et "Oryx se lève d’un bond" après deux suicides, il est si fatigué de cet interrogatoire pour réagir aussi lentement ??


J'ai bien voyagé dans cette tragédie. Merci.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-03-29 21:17:59 

 Netra WA56 : mini-commentaireDétails
Alors là, trop fort ! Une pièce complète en vers ! Et jolie de surcroit et fort plaisante à l'oreille ! Franchement, félicitations, j'en reste sur le postérieur. Mention spéciale pour la tirade des nez version compliments, excellente de bout en bout. Cette petite Eleanor est d'ailleurs fort spirituelle. Un vrai bonheur. Une critique plus détaillée suivra quand je commencerai de rattraper mon retard de lecture mais ce "waouh !" ne pouvait pas attendre.

Est', qui vient de terminer son bébé dragon.

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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-29 21:33:19 

 Heu... Détails
Nan mais attendez là entre Z, Narwa, Est, j'croule sous les compliments !!!
J'vais finir par vouloir la monter, cette pièce !!!
Netra, d'une humeur à décorer les menhirs avec des crêpes.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-07 13:40:24 

 Exercice 56 : Narwa => CommentaireDétails
Pas fastoche, le théâtre. Je n’ai pas encore osé essayer...
Du théâtre sci-fi, voilà qui est inhabituel. De toutes évidence, tu maîtrises parfaitement la forme. Les noms propres sont bien choisis, à la fois originaux et faciles à différencier les uns des autres. Et c’est important vu le nombre de personnages. L’ambiance est un curieux métissage d’antique avec les tenues et la mise en scène et de moderne avec le background.
L’idée de la Rayonnante transmettant de l’énergie mystique aux vaisseaux est intéressante. La compassion et les hésitations d’Egaël permettent de l’individualiser facilement et de repérer ses dialogues mais c’est moins clair pour les deux autres hommes de la scène 1. Dans la scène 2, c’est plus clair avec l’impulsivité de Tharnothen. Astréïa, courageuse et sarcastique, est un beau personnage. Et puis, un crime d’amour, c’est romantique. Le fonctionnement de la Pierre de feu est habilement suggéré.
Ah joli, le moment de faiblesse d’Oryx dans la scène 4. Très... euh, théâtral !
Voilà enfin l’amant. J’aurais aimé savoir comment elle l'a connu. Jolie scène de tragédie que le monologue d’Astréïa. C’est vraiment un chouette texte, un de tes meilleurs WA, je pense.
Un bémol toutefois sur la fin. Les morts sont drôlement soudaines. J’aurais prolongé le dialogue, quitte à faire parler Astréïa agonisante. J’ai été surprise et choquée de cette rapidité. Du coup, la fin tombe brutalement. Dommage que les sentiments d'Oryx restent dans l'ombre. J'aurais bien aimé quelques confrontations psychologiques.

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-07 13:47:05 

 Exercice 56 : Netra => CommentaireDétails
Euh... comment dirais-je ? J'adore !!!!!!!!!
C'est sans doute l'un des trois meilleurs textes de l'année. D'ailleurs, faudrait faire un hit parade, ça serait sympa pour ceux qui découvrent les WA maintenant et reculent devant la quantité de lecture.
Comme je l’ai dit précédemment, chapeau pour ce texte, entièrement versifié et de fort belle facture de surcroît. Il n’y a pas beaucoup de personnages donc c’est facile de s’y repérer.
La langue est jolie avec des mots anciens qui donnent le ton et l’époque. Tes personnages masculins sont bien tranchés avec Brian, poète tandis que Sean est bien martial et un rien simplet dans sa façon de concevoir le monde. J’aime bien l’épisode de la rose.
Le quiproquo des deux amis amoureux de la même fille à leur insu est fort bien amené, une bonne idée. J’ai adoré le passage où Brian explique comment faire sa cour et le « Elle m’attendra : c’est une fille, non ? » de Sean. C’était cocasse.
Eleanor est quand même sacrément vaniteuse ; celui nuit à son capital sympathie, je trouve.
Ta tirade des nez version amour courtois est un authentique morceau de bravoure. Et pourtant, ce n’était pas facile. Eleanor en profite pour glisser ce qu’elle pense de la condition des femmes et du comportement des hommes. C’est plutôt bien vu. La fin est sobre et dans la logique de l’histoire mais j’aurais bien aimé une confrontation entre les deux hommes !
Et ben, les amis, quel niveau pour ce WA !!

Est', encore sur le popotin.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-07 13:49:43 

 Exercice 56 : Maedhros => CommentaireDétails
Oh, un miroir ! Ca faisait longtemps, hihi ! Je ne sais pas trop quoi dire de ce texte. Il m’a laissée perplexe. Je me suis embrouillée dans les personnages et leurs reflets et je n’ai rien compris de la fin, snif. Ah, si, j’ai trouvé que la phrase « Tu crois que nous jouons dans un épisode de FBI Portés disparus? » jurait avec le reste du texte. Cela met un élément trivial dans un texte d’un ton extrêmement sérieux.

Est', larguée.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-09-08 23:00:16 

 Un détail...Détails
Je suis formellement opposée à une quelconque idée de notation voire de classement en ce qui concerne les WA. Ce sont des exercices, certains sont plus réussis que d'autres, mais le but n'est pas de savoir si tel auteur est meilleur qu'un autre. Tous les participants sont respectables, dans la mesure où chacun donne le meilleur de lui-même. Nous avons parfois de jeunes auteurs, qu'il faut encourager, et des auteurs plus chevronnés, à qui il serait dommage de donner la grosse tête. Il m'arrive parfois d'avoir un coup de coeur pour un texte, mais ça, c'est de l'émotionnel, ça n'est pas toujours en rapport avec la qualité intrinsèque du texte. Et je serais bien en peine de savoir quel texte je préfère parmi trois ou quatre ou plus, car chacun est différent et possède ses qualités propres. Je tiens à conserver le caractère informel et convivial de la WA, où les critiques sont constructives et où la récompense est dans le partage des expériences, sans souci de performance. Le monde au dehors est déjà assez sauvage pour qu'on ne pollue pas ce havre de paix pour apprentis-écrivains...
Et quant aux lecteurs, laissons-les vagabonder au hasard des pages, et s'y perdre pour mieux s'y retrouver...
Narwa Roquen,qui a toujours détesté la Sélection du Reader's Digest... de même que les soupes en sachet, le café instantané et le politiquement correct...

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Netra  Ecrire à Netra

2009-09-09 14:54:52 

 *complètement rouge*Détails
Ah, heu uh ben merci, Est', je pensais vraiment pas que ce texte aurait autant de succès... Je vais finir par le proposer à une troupe de théâtre ^^
Pour Eleanor, oui, elles est carrément vaniteuse, et même un poil cruelle, mais j'aime pas les personnages parfaits, et puis elle est plus piquante comme ça, je trouve... Quant à faire une confrontation entre Brian et Sean, l'issue est prévisible : Brian, il se fait casser la g***, et je préférais éviter...
Netra, ben, heu ^^

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-09 15:38:39 

 Des notesDétails
C'est également en terme de coup de coeur, et pas forcément de qualités littéraires que je faisais cette remarque. Je comprends pourquoi tu ne veux pas. Mais ce système existe pour les concours et je le juge utile. Il me sert à savoir lesquels de mes textes sont les plus appréciés, comment je me place par rapport aux autres auteurs... La notation sert aussi à savoir si on progresse au fil des textes. Et je ne trouve pas qu'elle casse le côté convivial. Sur les autres sites de partage de nouvelles amateur, des notations existent de façon quasi-systématiques sans que l'on se croit pour autant revenus sur les bancs de l'école.

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-09 15:45:11 

 Choups !Détails
Certes, Eleanor est plus piquante ainsi. Oh, il taperait son copain ? Dommage quand même pour la confrontation entre les deux hommes.
Très joli, au fait, ton site internet.

Est', et hop.

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Netra  Ecrire à Netra

2009-09-10 13:48:33 

 Taper or not taper ?Détails
Ben, vu sa psychologie, ce serait le plus logique, non ??? Puis faut avouer qu'après la tirade, j'avais presque plus rien à dire, c'est un tel point culminant qu'il interdit de trop durer après...

Et pour le site, merci ^^ ça va encore s'améliorer, au fil du temps.
Netra, ben, heu ^^

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