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 WA-exercice 56, Perle d'Orgueil Voir la page du message Afficher le message parent
De : Netra  Ecrire à Netra
Page web : http://terredelune.eu
Date : Mardi 17 mars 2009 à 10:41:22
A M. Edmond Rostand.
Avec ma sincère admiration et mes plus respectueux hommages.
Puisse cette dédicace ne pas le faire se retourner dans sa tombe.

Perle d'Orgueil

Comédie en un acte.

Personnages :
SEAN, fils de noble, ami de Brian et amoureux d’Eleanor
BRIAN, barde, ami de Sean, ami d’enfance et amoureux d’Eleanor
ELEANOR, fille de la sorcière, amie d’enfance de Brian
Un page
Voix de la mère d’Eleanor

Le décor représente la lisière d’un bois, avec dans un coin un mur percé d’une fenêtre à l’étage : c’est celle de la chambre d’Eleanor.

Scène 1 : Sean, Brian

SEAN (Entrant avec Brian)
Et parant de l’écu l’assaut de l’adversaire,
Je triomphais soudain comme un aigle en son aire
De l’ennemi saxon. Mon seigneur chevalier
M’a donné mon congé pour me faire adouber,
Et si Dieu le veut, dans trois jours en sa chapelle,
J’aurais mes éperons et la gloire éternelle
Me tendra les bras. Et alors j’irai voir celle
Que mon coeur a élu pour être demoiselle
Qui ira à mon bras toute ma vie durant.
Je le crois bien la guerre m’a fait si endurant
Qu’elle n’aura à se plaindre de rien : je suis riche,
Fort et vaillant. Elle, roturière. Chiche
Qu’elle me bénira de la faire anoblir,
Et nous vivrons heureux sans craindre de faillir.
Mais dites-moi, Brian, qu’êtes-vous devenu
En toutes ces années que vous avez vécu
Tandis qu’au loin j’allais porter heaume et écu ?

BRIAN
Ami Sean je vous vois bien changé, je l’avoue
J’ai quitté un enfant et trouve homme qui voue
Amour à demoiselle et promis aux honneurs
De son rang et de sa vaillance. Et j’ai peur
De ne vous avoir égalé, car il est encore
Un air qui me manque pour faire enfin éclore
Le plein de mon art. Car je ne sais, voyez-vous
Faire rire : mon coeur est amoureux et, fou
Que je suis ! Je doute l’alliance possible.
Je ne suis pas encore poète et ma cible
Est jeune damoiselle fort instruite et savante.
Je crains que mon mérite ne fût assez grand
Pour que m’offrir son coeur seulement ne la tente !

SEAN
Allons donc, mon ami, vous n’êtes plus enfant !
Montrez-vous homme enfin, prouvez votre valeur !

BRIAN
Encor faut-il que je la connaisse, et j’ai peur
Que ce ne soit le cas.

SEAN
Bah ! Les filles sont naïves
En matière de combat ! Elles sont bien trop chétives
Pour tenir une épée !


BRIAN
Hélas ! Mais moi aussi !

SEAN
Brian, que dites-vous ? Vous êtes mon ami,
Je ne veux vous peiner, mais il est ridicule
De ne savoir se battre.

BRIAN
Si je n’ai rien d’Hercule,
J’espère bien en revanche avoir l’esprit d’Orphée,
Et si la belle daigne un instant m’écouter,
Je la ferais reine d’un royaume de fée
Et aux saveurs du vent je la ferais goûter.

SEAN
Voici, mon ami, un bien étrange langage !
Je douterais fort bien que vous fûtes un homme
Si mes yeux, heureusement ! ne m’en donnaient gage.

BRIAN (exalté, sans l’écouter)
Et je lui offrirais sans qu’elle en prit outrage
Une folle tendresse au goût sucré de pomme...

LE PAGE
Maître Sean !

SEAN
Quoi donc ?

LE PAGE
C’est l’heure de l’entraînement,
J’ai préparé la lice !

SEAN
Ah ! Mais c’est parfait !
J’y cours ! Ami Brian, à très prochainement !
Et croyez-moi, montrez-vous fort et c’en est fait !

(Brian hoche la tête, rêveur, et le salue de la main. Puis il sort à son tour, la tête ailleurs.)

Scène 2 : Eleanor, puis Brian

ELEANOR (fredonnant)
Coquelicot, belladone, millepertuis
Et la belle mandragore si je la puis
Trouver, mes jolies fleurs, mes fleurs de sorcière,
Cachées, sereines, au bord de la rivière
Où je me baignais ce matin, et je songeais
A mon enfance, à Brian qui fut mon ami...
Seulement Brian est depuis longtemps parti
Moi-même j’ai grandi, et bientôt je serai
A l’âge de l’amour. J’ai vu mes charmes naître
Et peu à peu dans les yeux des garçons paraître
Le reflet de ma beauté. Mais l’heure n’est pas
Encor à la rose, pas plus qu’au froid trépas,
Elle est aux joies, aux rires et à la jeunesse,
Et puis... aux chants. Je deviendrai enchanteresse
Bientôt, comme le fut ma mère. De ces fleurs,
Je ferai des onguents, je ferai du poison,
J’extrairai patiemment de leurs calmes douceurs
La maladie, la mort ou bien la guérison...
Mais fi de ma beauté, qui donc voudra de moi
Si à tous je n’inspire que frissons d’effroi ?
Bien peu m’importe car je deviendrai leur rêve,
Celle que tous désireront au crépuscule
A l’heure où, dans le bois, le vieux hibou hulule...

BRIAN (Entré depuis quelques secondes, les vêtements déchirés et une rose rouge cachée dans le dos)
Tout comme à l’heure blanche où le soleil se lève.

ELEANOR (Surprise, accourt et lui prend la main.)
Brian !

BRIAN
Eleanor, mon Dieu ! Tu es plus belle
Encor qu’à mon départ ! Ah, jolie demoiselle,
Fi des années, tu ne m’as donc pas oublié !

ELEANOR
T’oublier, Brian ? Un ami qui m’es tant lié ?
Dis, comment fuiraient nos souvenirs, enfermés
Qu’ils sont dans mon coeur ?

BRIAN
Ah ! En fait de souvenir,
Te rappelleras-tu d’un matin embrumé
Où avant ton réveil j’étais allé cueillir
Une rose au rosier qui grimpait à l’église ?
ELEANOR
Oh, oui, je m’en souviens ! Tu étais revenu
Tout fier, les vêtements en lambeaux, courbatu,
Mais tu souriais tant quand je la dis exquise !

BRIAN (tirant la fleur de son dos)
Et bien, vois ! Je n’ai pas changé !

ELEANOR
Oh ! Quelle fleur !

BRIAN
Je te l’ai cueillie tout à l’heure, tout à l’ardeur
De te revoir ! Mais las ! Elle ne rivalise
En rien avec toi, ma petite fleur d’église...

ELEANOR
Allons, asseyons-nous, conte-moi ton voyage !
Qu’as-tu fait, tout ce temps qui nous a séparés ?

BRIAN
J’ai gagné l’Ouest étrange et ses terres sauvages,
J’ai vu un Océan, ai été effaré
De l’étendue immense de mon ignorance
Et un jour quelque part, j’ai perdu mon enfance.
Et j’ai rêvé de toi, chaque nuit, chaque jour,
En espérant, Eleanor, qu’à mon retour
Tu n’aurais pas encor suffisamment grandi
Pour que mon souvenir soit tombé dans l’oubli.
Et ta voix me manquait, comme tes moqueries.

ELEANOR
Avais-je donc déjà le goût de l’ironie ?

BRIAN
Mais toute fillette, tu avais tant d’esprit
Que je n’osais parfois forcer ta répartie,
Certain d’être vaincu !

ELEANOR
Oh, cher Brian, tu ris !

BRIAN
Non point, je suis sérieux ! Tes paroles sont d’or !

(Voix de femme en coulisse)
Eleanor ! Que fais-tu donc ? Eleanor !

ELEANOR
Hélas ! Ma mère m’appelle, et je dois te laisser !

BRIAN
Va donc, mais promets-moi de ne pas m’oublier !

ELEANOR
Sot ! Nous nous verrons demain, je n’ai pas d’ouvrage !

BRIAN
Parfait ! j’achèverai mon récit de voyage !

ELEANOR
A demain donc !

BRIAN
Oui, à demain !

(Voix de femme en coulisses)
Eleanor !

Eleanor fait volte-face et disparaît dans les coulisses. Brian demeure seul, l’air béat.

BRIAN
A demain donc, quand reviendra le soleil d’or...
Netra, et re-TADAM


  
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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:45:36 

 WA-exercice 56, Perle d'Orgueil suite Détails
Scène 3 : Brian, Sean

SEAN (entrant, l’air sûr de lui)
Et bien, Brian, que fais-tu là ? (remarquant l’état des vêtements de son ami) Tes vêtements !
De vrais lambeaux ! Mais que t’est-il donc arrivé ?

BRIAN
Mais la meilleure chose qui soit, assurément !
Imagineras-tu que nous ayons parlé ?

SEAN
Avec qui ?

BRIAN
Mais avec elle ! Cette demoiselle
Dont je t’ai parlé tantôt ! Ah ! Elle est si belle !

SEAN
Alors, à quand la noce ?

BRIAN
Enfin ! Il est trop tôt !
Je ne la veux point effrayer... Je n’ai rien dit !

SEAN
De la conversation ? Voilà qui est bien sot !

BRIAN
Mais non, de mon amour ! Songe : si elle rit ?

SEAN
Tu es trop timide !

BRIAN
C’est vrai... Je n’y peux rien !
Mais toi, donc, où vas-tu ? Tu t’es vêtu fort bien !

SEAN
Moi ? Je vais d’où tu viens, seulement je dirai
Ce que tu n’as pas dit !

BRIAN
Alors, mon ami, fais !
Je ne te retiens pas : c’est un si doux moment !

SEAN
Certes, et j’obtiendrai son agrément !

BRIAN
Quoi ? dès maintenant ?
SEAN
Mais bien sûr ! Allons, j’y vais !

Ils sortent chacun de leur côté.

Scène 4 : Sean (entré le premier), Eleanor

ELEANOR (entrant, son panier à la main)
Trouver du gui, et rentrer ! Je suis fatiguée !

SEAN
Le bonjour, demoiselle !

ELEANOR (sans le regarder, commence à chercher du gui dans les buissons du décor)
Bonjour !
SEAN
Mon épée
Est vaillante, savez-vous ? et mon bras, puissant !
(il fait de grands moulinets avec son épée, puis s’appuie crânement contre un arbre)
Je suis fils de seigneur, et digne descendant
D’une haute lignée de fervents chevaliers.

ELEANOR (sans l’écouter, voulant examiner l’arbre près duquel il se tient)
Poussez-vous, je vous prie...

SEAN (lui barrant la route)
C’est un sang de guerrier
Qui coule dans mes veines ! (elle le contourne sans un regard) Je vous ai choisie
Pour femme : (il tend le bras) prenez mon bras fort, soyez ma mie !

(Eleanor, qui a entretemps trouvé et cueilli son gui, sort sans paraître s’être aperçu de quoi que ce soit)

SEAN
Mais ? Est-elle partie ? C’est impossible ! Ma mie !

(entre Brian)

Scène 5 : Sean, Brian

SEAN
Horreur et tragédie, mais où est-elle passée ?

BRIAN (voit Sean et l’aborde)
Alors, mon fier ami, ton affaire est réglée ?

SEAN
Non point ! Je ne comprends pas, j’avais tout prévu,
Calculé, répété... Elle ne m’a pas vu !

BRIAN
Pas vu ? C’est impossible !

SEAN
Ah ! Mais je le croyais !

BRIAN
Enfin, réfléchissons : dis ce que tu as fait !

SEAN
Bien, je lui ai parlé !

BRIAN
Bien sûr, mais qu’as-tu dit ?
Qu’elle était belle, très aimable et vive d’esprit ?

SEAN
Non... Il fallait ?

BRIAN
Evidement ! Les demoiselles
Aiment les compliments ! Toutes les jouvencelles
Aspirent à être louées ! Que lui as-tu porté ?

SEAN
Rien... Je ne comprends pas, fallait-il un cadeau ?
Mon nom ne suffit pas ?

BRIAN
Ton nom ? C’est là bien beau,
Mais les fleurs sont pour elles plus charmants présents,
Ou bien un bijou, même quelque vêtement !
Tu en as les moyens !

SEAN
J’ignorais seulement
Qu’il me fallait tout cela ! Bon ! Des compliments ?

BRIAN
Mais oui !

SEAN
Et des fleurs, as-tu dit ?

BRIAN
Ah oui, vraiment !

SEAN
Parfait ! Donc, j’y retourne !

BRIAN
Maintenant ? Comment ?

SEAN
Pour sûr ! Je me veux marier avant la guerre !

BRIAN
Tu repartirais donc ? As-tu un coeur de pierre ?

SEAN
Voyons ! Elle m’attendra : c’est une fille, non ?
Ami Brian, merci ! ne me retarde pas ! Allons !

(Sean sort, laissant Brian seul sur scène. Celui-ci soupire, hausse les épaules et sort.)
Netra

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Netra  Ecrire à Netra

2009-03-17 10:47:52 

 WA-exercice 56, Perle d'Orgueil finDétails
Scène 6 : Eleanor puis Sean

SEAN (un énorme bouquet de pissenlits caché dans le dos)
Bien ! je vous retrouve enfin !

ELEANOR
Ah ? Vous me cherchiez ?

SEAN
Ma mie, je vous cherchais pour que vous me preniez...
J’oubliais ! Acceptez ce bouquet délicat ! (il lui met de force le bouquet dans les mains. Elle le jette aussitôt. Puis il parle comme si elle n’était pas là.)
Ah, ah ! Je me perds, où en étais-je, déjà ?
Mais oui ! Le compliment, c’est vrai ! (à Eleanor) Mademoiselle,
Vous êtes...

ELEANOR
Je suis ?

SEAN
Vous êtes...

ELEANOR
Achevez !

SEAN
Belle.

ELEANOR
Belle ? Voyons, quelle fadeur en matière de mot tendre !
Je suis belle ? Je le sais ! Croyiez-vous me l’apprendre ?
Belle ? Est-ce tout ? Votre esprit n’est point vif...
Vous eussiez pu, enfin ! Être imaginatif !
Vous auriez pu le dire, tenez, messire,
Tout en chaste amitié : Demoiselle, je me mire
En vos yeux pétillants d’une douceur vermeille.
Aveugle : Est-ce là une éclipse ? Mais non ! Merveille !
Mademoiselle, vous avez éteint le soleil !
Reverrais-je jamais un miracle pareil ?
Enfantin : Ah ! Je crains bien que ma douce mère
N’atteignit, même en sa prime jeunesse, ma chère,
La grâce qu’en les moindres choses vous savez
Si savamment, si délicatement ourler.
Mystique : de quel choeur êtes-vous, ô fier ange ?
Alchimiste : je sens quelque parfum étrange
Fillette, seriez-vous du Grand Oeuvre l’accomplissement ?
Observateur : votre bouche a ce plissement
Contrarié qui la rend fraîche comme une rose.
Délicat : votre main ? C’est à peine si j’ose
L’effleurer d’un souffle, de peur de la briser.
Guerrier : de toutes les victoires à priser
Celle de votre coeur est la plus attirante.
Rêveur : j’ai cru voir une lueur enivrante
Et comme un papillon, attiré l’ai suivie...
En fait de lampe, c’était vos cheveux, ma mie !
Timide : Puis-je, s’il vous plaît, lever les yeux
Vers vous ? Rien qu’un instant, pour mon coeur amoureux...

Voici ce que l’on dit aux filles pour louer
Leur grâce, leur jeunesse et leur beauté furtive
Qui brillent en vos yeux, rapides fugitives
Et qui s’en vont s’éteindre aux travaux du foyer,
Et s’étiolent et se fanent comme les fleurs d’été.
Messire chevalier, m’aimeriez-vous laide ?
Non, vous savez bien que non : la Nature m’aide
A attirer vos yeux, votre coeur desséché
Que vos hardes d’acier ont transformé en pierre,
Et qui d’un homme ont fait une machine de guerre !

Apprenez donc, mon cher, que les filles d’Irlande
Ne sont pas à aimer pour leur seule beauté.
Vaillantes, elles demeurent dans le vent de la lande
Pétries de la douceur, et de la dureté
Qui ont forgé leurs coeurs et tissé leur silence.
Vous croyiez vous si grand que dans votre innocence
Vous vous complaisiez à vous imaginer
Que sont simples et aisées les tâches du foyer,
Que le calme est aux femmes comme aux hommes la gloire ?
Vous êtes vous avisé, rentrant de la victoire,
Qu’elles avaient enduré plus que vous tout ce temps
Sans attendre une chanson relatant, au printemps
Le silencieux courage qui animait leur âme ?
Moi, messire, j’ai fait de ma voix une lame
Plus noble et plus censée que toutes vos épées !
J’ai fait de tout mon être une armure et une arme
Destinée à tarir, sur ces terres brisées
Par la haine et la guerre, le flot courant des larmes.

SEAN
Demoiselle, je pense...

ELEANOR (railleuse)
Silence ! Taisez-vous,
Votre esprit est aussi gourd que le bois de houx
Du manche de votre hache ! J’en ai assez !
Vous n’êtes qu’un pédant idiot ! Disparaissez !

SEAN
Mademoiselle ! Qui vous permet ?

ELEANOR
Moi, simplement.

SEAN
C’est un peu fort !

ELEANOR
Un peu faible, visiblement !
Vous êtes encor devant mes yeux... Ennuyeux !

SEAN
Est-ce ainsi que vous traitez un noble amoureux ?

ELEANOR
L’acier n’aime pas ; vous avez jusqu’à trois.
Un !

SEAN
Diable ! Elle est sérieuse ! Par ma foi !

ELEANOR
Deux !

SEAN (saluant pour partir)
C’est bon ! je capitule ! Pour cette fois...

(Il sort. Eleanor ne tarde pas à en faire autant, mais de l’autre côté.)

Scène 7 : Brian (avec Eleanor à sa fenêtre)

BRIAN (dans l’ombre sous la fenêtre d’Eleanor)
Je voudrais être rossignol, et chaque soir
Sous ta fenêtre illuminée, ainsi pouvoir
Te chanter que tu es belle, en une berceuse
Tendre, et t’offrir l’argent de la Lune en veilleuse.
Entrevoir ton peigne passer dans tes cheveux
Ou un voile de fatigue douce dans tes yeux,
Me suffirait à vivre. Et lorsqu’à la fontaine
Tu t’en irais puiser en fredonnant, sereine,
Une vieille ballade, posé au bord de l’eau
Je t’attendrai sans peur ; tu remplirais ton seau
Et peut-être m’accorderais-tu un regard.
Alors j’oserai te le dire, sans retard :
Je t’aime, Eleanor, je t’aime et c’est dans l’ombre
Seule que je te le puis déclarer. Nombre
De fois j’ai voulu laisser parler mon coeur...
Je craignais ton refus, je craignais ta rancoeur,
Ce soir pourtant, sous ce pauvre masque factice,
Qui me cache bien mal, car tu connais ma voix,
Je parviens à dire que t’aimer est mon choix,
Et que mon âme est tienne sans un artifice,
Je t’aime, Eleanor, toi la perle d’Irlande,
Une perle d’orgueil et je ne te demande
Qu’un signe me donnant le droit fou d’espérer
Ou m’intimant sur l’heure de l’abandonner.

(Eleanor laisse tomber son foulard par la fenêtre. Brian quitte l’ombre de l’arbre pour s’en saisir, avant de la regagner vivement. Il le respire avec passion, puis sort en silence. Les lumières s’éteignent.)


RIDEAU.
Netra

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-20 22:44:37 

 Commentaire Netra, exercice n°56 (1° partie)Détails
Eh bien! Si le niveau de la WA continue de monter comme ça, ça va déborder! Que voilà une jolie pièce, fraîche comme une comédie de Shakespeare et avec un petit air de Cyrano...
La présentation en scène I est claire et efficace. On se fait déjà une idée des caractères des personnages et on attend de savoir qui sont les belles de ces messieurs. Le rôle-titre apparaît en scène II, dans un monologue d'une fraîcheur exquise. Puis c'est un ballet de scènes à 2 personnages, où tout tourne autour de l'héroïne. C'est agréable à lire, ce doit l'être encore plus à entendre et à voir car c'est vraiemnt fait pour être joué, ce qui est la qualité essentielle d'une pièce de théâtre!
La question que je me pose c'est: pourquoi les 2 amis ne découvrent-ils pas qu'ils aiment la même fille? Tu évites soigneusement de leur faire poser la question sur l'identité des (de la ) belle(s), comme tu évites la scène à 3 personnages... Mais c'est sûr qu'ensuite il aurait fallu gérer les conséquences, et ça aurait rallongé...
P'tites fautes d'orthographe:
- je triomphais: c'est un passé simple: -ai
- un ami qui m'est tant lié
- plus noble et plus sensée : c'est censé être ainsi!
- je la ferai reine... et je la ferai goûter...: futur et non conditionnel


Et maintenant le gros morceau: la versification;

Déjà, je tire mon chapeau au travail accompli! De plus, tu as scrupuleusement respecté l'alternance masculines et féminines. Les dialogues, avec des vers interrompus et continués par le 2° personnage, sont excellents: je reconnais bien là l'influence heureuse de mon ami Edmond. Mention particulière pour la scène 2, qui est à la fois poétique, sentimentale, enjouée, dynamique: vraiment super!
Par contre tu es censée rester en rimes plates tout le temps. Tu intercales des rimes croisées, mais comme ça ne vient pas en fréquence fixe, le lecteur averti subodore que ça devait t'arranger pour les rimes; de plus, quand l'oreille est calée sur la musique des rimes plates, l'arrivée des rimes croisées c'est comme un coeur qui rate un battement: désagréable!
J'ai adoré la parodie de la tirade des nez!

A suivre: commentaire des vers dans le détail et conclusion...
Narwa Roquen,dans mon espoir même le moins modeste, je n'ai jamais espéré tant!

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-03-21 23:19:59 

 Commentaire Netra, exercice n°56 (suite)Détails
J'ai numéroté les vers, par commodité.
D’abord une remarque générale sur la faute qui revient le plus souvent : tu prononces les e de fin de mot quand ça t’arrange, mais le plus souvent tu les laisses muets alors qu’ils devraient être prononcés ; tu devrais relire les règles sur www. poesies.net... Exemples : 10, 34, 35, 40, 49...
Les vers que j’ai bien aimés : 76, 159 à 162, 211 à 213, 222 à 226, 241
Ca ne veut pas dire que les autres soient mauvais ! Mais ceux-là ont quelque chose de plus.
Vers 22 : 13 pieds
26 : 11 pieds
131 : même avec la diérèse, je n’en compte que 11
164 : 14 pieds
173 : 11 pieds
187 : 3 e rendus muets dans le même vers !


Tu vois que finalement, à part ces problèmes de e, il n’y a pas grand-chose !

Au total : avec mes félicitations, je te dirai ce que mon ami Edmond, avec qui j’étais à la maternelle, t’aurait sûrement dit s’il avait pu te lire :
Mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Narwa Roquen,rêver, rire, passer, être seul, être libre...

Ce message a été lu 7121 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-03-22 15:26:05 

 De la difficulté de la règle du e muetDétails
Raaah voui je sais, je les connais par coeur les règles (même si je les ai relues quand même pour être sûr) mais voilà, j'y arrive prodigieusement pas... parce que j'ai un accent breton très prononcé, lui, pour le coup, et qui avale (tiens, lui j'aurais dû le prononcer par exemple) tous les e, plus quelques syllabes de temps en temps. C'est difficile, de s'auto-contrarier comme ça : quand je réfléchis j'ai l'impression que c'est super laid, et quand je réfléchis pas... ben ça donne le vers 187 !!!

Mais je suis en train de tout reprendre d'après tes critiques (j'en suis au vers 22) et je reposte tout après ^^
Netra, ben ouais...

Ce message a été lu 8164 fois
z653z  Ecrire à z653z

2009-03-27 16:35:51 

 Je rêve....Détails
... il va améliorer une pièce déjà belle,
et nous la renvoyer pour qu'elle nous ensorcelle

Un très grand Bravo !

PS : c'est long et c'est bon !

Ce message a été lu 6430 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-03-29 21:17:59 

 Netra WA56 : mini-commentaireDétails
Alors là, trop fort ! Une pièce complète en vers ! Et jolie de surcroit et fort plaisante à l'oreille ! Franchement, félicitations, j'en reste sur le postérieur. Mention spéciale pour la tirade des nez version compliments, excellente de bout en bout. Cette petite Eleanor est d'ailleurs fort spirituelle. Un vrai bonheur. Une critique plus détaillée suivra quand je commencerai de rattraper mon retard de lecture mais ce "waouh !" ne pouvait pas attendre.

Est', qui vient de terminer son bébé dragon.

Ce message a été lu 6967 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-03-29 21:33:19 

 Heu... Détails
Nan mais attendez là entre Z, Narwa, Est, j'croule sous les compliments !!!
J'vais finir par vouloir la monter, cette pièce !!!
Netra, d'une humeur à décorer les menhirs avec des crêpes.

Ce message a été lu 6812 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-07 13:47:05 

 Exercice 56 : Netra => CommentaireDétails
Euh... comment dirais-je ? J'adore !!!!!!!!!
C'est sans doute l'un des trois meilleurs textes de l'année. D'ailleurs, faudrait faire un hit parade, ça serait sympa pour ceux qui découvrent les WA maintenant et reculent devant la quantité de lecture.
Comme je l’ai dit précédemment, chapeau pour ce texte, entièrement versifié et de fort belle facture de surcroît. Il n’y a pas beaucoup de personnages donc c’est facile de s’y repérer.
La langue est jolie avec des mots anciens qui donnent le ton et l’époque. Tes personnages masculins sont bien tranchés avec Brian, poète tandis que Sean est bien martial et un rien simplet dans sa façon de concevoir le monde. J’aime bien l’épisode de la rose.
Le quiproquo des deux amis amoureux de la même fille à leur insu est fort bien amené, une bonne idée. J’ai adoré le passage où Brian explique comment faire sa cour et le « Elle m’attendra : c’est une fille, non ? » de Sean. C’était cocasse.
Eleanor est quand même sacrément vaniteuse ; celui nuit à son capital sympathie, je trouve.
Ta tirade des nez version amour courtois est un authentique morceau de bravoure. Et pourtant, ce n’était pas facile. Eleanor en profite pour glisser ce qu’elle pense de la condition des femmes et du comportement des hommes. C’est plutôt bien vu. La fin est sobre et dans la logique de l’histoire mais j’aurais bien aimé une confrontation entre les deux hommes !
Et ben, les amis, quel niveau pour ce WA !!

Est', encore sur le popotin.

Ce message a été lu 6770 fois
Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-09-08 23:00:16 

 Un détail...Détails
Je suis formellement opposée à une quelconque idée de notation voire de classement en ce qui concerne les WA. Ce sont des exercices, certains sont plus réussis que d'autres, mais le but n'est pas de savoir si tel auteur est meilleur qu'un autre. Tous les participants sont respectables, dans la mesure où chacun donne le meilleur de lui-même. Nous avons parfois de jeunes auteurs, qu'il faut encourager, et des auteurs plus chevronnés, à qui il serait dommage de donner la grosse tête. Il m'arrive parfois d'avoir un coup de coeur pour un texte, mais ça, c'est de l'émotionnel, ça n'est pas toujours en rapport avec la qualité intrinsèque du texte. Et je serais bien en peine de savoir quel texte je préfère parmi trois ou quatre ou plus, car chacun est différent et possède ses qualités propres. Je tiens à conserver le caractère informel et convivial de la WA, où les critiques sont constructives et où la récompense est dans le partage des expériences, sans souci de performance. Le monde au dehors est déjà assez sauvage pour qu'on ne pollue pas ce havre de paix pour apprentis-écrivains...
Et quant aux lecteurs, laissons-les vagabonder au hasard des pages, et s'y perdre pour mieux s'y retrouver...
Narwa Roquen,qui a toujours détesté la Sélection du Reader's Digest... de même que les soupes en sachet, le café instantané et le politiquement correct...

Ce message a été lu 5898 fois
Netra  Ecrire à Netra

2009-09-09 14:54:52 

 *complètement rouge*Détails
Ah, heu uh ben merci, Est', je pensais vraiment pas que ce texte aurait autant de succès... Je vais finir par le proposer à une troupe de théâtre ^^
Pour Eleanor, oui, elles est carrément vaniteuse, et même un poil cruelle, mais j'aime pas les personnages parfaits, et puis elle est plus piquante comme ça, je trouve... Quant à faire une confrontation entre Brian et Sean, l'issue est prévisible : Brian, il se fait casser la g***, et je préférais éviter...
Netra, ben, heu ^^

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-09 15:38:39 

 Des notesDétails
C'est également en terme de coup de coeur, et pas forcément de qualités littéraires que je faisais cette remarque. Je comprends pourquoi tu ne veux pas. Mais ce système existe pour les concours et je le juge utile. Il me sert à savoir lesquels de mes textes sont les plus appréciés, comment je me place par rapport aux autres auteurs... La notation sert aussi à savoir si on progresse au fil des textes. Et je ne trouve pas qu'elle casse le côté convivial. Sur les autres sites de partage de nouvelles amateur, des notations existent de façon quasi-systématiques sans que l'on se croit pour autant revenus sur les bancs de l'école.

Est', hop hop hop.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-09 15:45:11 

 Choups !Détails
Certes, Eleanor est plus piquante ainsi. Oh, il taperait son copain ? Dommage quand même pour la confrontation entre les deux hommes.
Très joli, au fait, ton site internet.

Est', et hop.

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Netra  Ecrire à Netra

2009-09-10 13:48:33 

 Taper or not taper ?Détails
Ben, vu sa psychologie, ce serait le plus logique, non ??? Puis faut avouer qu'après la tirade, j'avais presque plus rien à dire, c'est un tel point culminant qu'il interdit de trop durer après...

Et pour le site, merci ^^ ça va encore s'améliorer, au fil du temps.
Netra, ben, heu ^^

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