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  WA - Participation exercice n°57 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 28 mars 2009 à 23:54:01
Un texte très particulier. Aucune description gore mais un tout assez dérangeant.

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REACTION EN CHIENNE


IN VITRO VERITAS



L’eau qui fouette ton visage te ramène brutalement à la réalité. La créature n’est pas allée de main morte. Elle t‘a renversé sur la tête tout le contenu d’un seau d’eau glacée. Tu suffoques, essayant de récupérer tant bien que mal des repères chancelants dans une réalité étrangère.

Une lumière grise filtre d’une ouverture percée dans la muraille à plusieurs mètres au-dessus de toi. Impossible d’apercevoir le ciel, le mur est bien trop épais. La créature vaguement humanoïde te file un coup de pied vicieux dans l’aine et pose sans ménagement sur le sol inégal une grossière écuelle de bois. Une bonne partie de l’infâme gruau où flottent quelques cubes d’une viande gélatineuse, dégueule sur la terre battue. Tu ramènes tes jambes en un réflexe de défense. Mieux vaut ne pas la provoquer. Il t’en coûtera encore plus cher. Tu te redresses péniblement sur la paillasse crasseuse qui te sert de couchette. Deux jours. Cela fait deux jours que tu es en enfer. Tu grimaces quand ta langue passe sur les trous béants de ta mâchoire. Les gencives sont encore sanguinolentes là où les tenailles ont arraché les dents. Tu as hurlé longtemps jusqu’à ce que cette brûlure s’imprime dans ton esprit de façon indélébile.

La douleur. Tu vis avec elle depuis deux jours. Les créatures semblent fascinées par les ravages qu’elle laisse sur ton corps et dans ton esprit. Leur imagination est sans limite. Tu commences à hurler dès qu’elles ouvrent la porte du cachot. Quand elles te traînent sans ménagement vers la salle de pierre, tout au fond du couloir. Quand tu te débats pendant qu’elles resserrent les liens de cuir autour de tes poignets et de tes chevilles. Quand elles fixent l’étau de métal sur des tempes. Tu ne peux réfréner tes hurlements quand tu te retrouves, nu et impuissant, sur le chevalet de torture qu’elles renversent en arrière. Et tête en bas, tu fixes d’un regard fou la lourde tenture noire qui va le laisser apparaître...

Tu te rappelles parfaitement le moment où le cauchemar a débuté. C’était la nuit. Tu dormais profondément après une rude journée aux champs. Le dortoir des novices est abrité dans une annexe du grand séminaire. Ta cellule est au dernier étage, à l’extrémité de l’aile nord. Tu avais prié après les vêpres, à genoux au bord de ton lit, égrenant lentement le rosaire, grain après grain. Tu avais récité les prières consacrées aux trois Anges de l’Apocalypse, pendant que le mince bâton d’encens se consumait devant le petit autel dressé près du lit. Les silhouettes graciles des trois Anges, statuettes taillées dans une pierre semi-précieuse, se découpaient en ombres chinoises sur le mur blanchi à la chaux. Tu as toujours préféré l’Ange du milieu. L’Ange Rebondi. Il semble toujours sourire et perpétuellement compréhensif.

Au milieu de cette nuit, tu t’es brusquement réveillé, en sueur sous le drap. Il faisait trop sombre. Le silence était trop dense. Fébrilement, tu as battu le briquet pour allumer une petite bougie qui a chassé tant bien que mal les ténèbres oppressantes. Il y avait quelque chose d’anormal. Quelque chose d’imminent. Une tension surnaturelle. Cela agaçait tes sens. Une veine pulsait douloureusement sous ton front. Tu as passé la main sous ton nez et tu as contemplé le sang qui maculait tes doigts. Soudain, une lumière intense et crue, vivante et solide, a transpercé les meneaux du fenestron et t’a épinglé comme un papillon de nuit sur un bouchon de liège. Ta volonté a été annihilée par la douleur de plus en plus vive qui irradiait à partir de la tempe. C’est comme si une lame de fer pénétrait de force à travers l’os de ton crâne, centimètre après centimètre. Une douleur grandissante avec cette impression terrifiante qu’elle ne finirait jamais de croître. Tu n’as pu lutter, tous tes efforts restant vains. Tu étais paralysé, aucun de tes muscles ne réagissant à tes sollicitations. Tu étais cloué contre le mur, prisonnier de ton propre corps. Ta langue pesait une tonne, aucun son n’a pu franchir la barrière de tes dents. La lumière s’est faite plus insistante et solide, s’insinuant par chacun de tes pores. Inondant tes yeux. Colmatant tes oreilles. Remontant tes narines. S’engouffrant comme un mascaret dans ta bouche grande ouverte... Jusqu’à ce qu’il n’y eut plus aucune différence entre matière et lumière.

Tu es devenu lumière, sentant progressivement le reflux te ramener vers le fenestron. Tu as glissé, léger comme un souffle d’air, contemplant la cellule vide s’éloigner... s’éloigner... et tu as flotté dans l’air nocturne, à l’extérieur du bâtiment, au-dessus des grands arbres figés, au coeur d’une lumière dense et chaude. Tu ne sentais plus ton corps. Ton être s’était réduit à cette infime partie de ta conscience qui résistait encore. La stase immobile n’a duré qu’une fraction de seconde et tu a été aspiré vers les étoiles, le long d’une vertigineuse ascension. Tu as sombré dans l’inconscience et pour toi ce fut un apaisement.

Quand tu t’es réveillé, tu as crié pendant qu’elles piquaient et sondaient tes membres et ton corps avec des instruments de métal brillant sans se soucier du mal qu’elles t’infligeaient. Tu as pleuré quand elles ont découpé tes vêtements pour mieux étudier certaines parties de ton anatomie. Elles te fixaient de leurs grands yeux déformés. Silhouettes vaguement humaines, terriblement étrangères. Tu t’es évanoui pendant qu’un ruisseau rouge s’élevait dans un tuyau transparent. Tu savais déjà où tu étais n’est-ce pas ? Tu ne pouvais pas l’ignorer. Te souviens-tu des leçons de ton maître, là-bas sur la montagne sacrée. Tu étais son disciple. Il t’a montré les voies de la sagesse et de la complétude. Il a guidé tes premiers pas sur le chemin de l’Eveil. Que te disait-il le soir, quand les étoiles filantes striaient le ciel d’été comme une averse de lumière ?

Ce matin, elles vont venir te chercher. Comme hier. Es-tu encore un homme, obéissant aux commandements des écritures ? Tes dents, tes deux magnifiques dents qui avaient poussé lors de ton quatorzième anniversaire, ne sont plus. Elles ont fini au fond d’une cuvette de métal brillant, arrachées par une créature aux lignes courbes et cauchemardesques. Des caricatures d’hommes. Car tels sont les démons qui descendent des cieux pour cueillir le fruit de Dieu. Cela aussi est écrit dans les livres sacrés. Les démons sont imprévisibles et seules les prières ferventes sont capables de repousser leur convoitise millénaire.

Tu n’es pas le premier. Ton maître te l’a enseigné. Ils descendent des étoiles pour essayer de ravir l’essence divine de l’homme. Ils essaient depuis longtemps. Leur quête n’a pas de cesse car ce qu’ils recherchent, jamais ils ne le trouveront. Le paradis leur est inaccessible. Seuls les élus fouleront les prairies infiniment vertes des champs élyséens, sous le regard éternel du Vrai Dieu. Les démons ne peuvent pas rivaliser avec lui. Seuls les hommes sont à l’image de Dieu. Les prêtres murmurent les psaumes consacrés au centre des pierres levées, à l’ombre des arbres sacrés là où le miracle se répète saison après saison. Là où la vie pleure doucement en ouvrant les yeux sur le ciel sans nuage, là où le visage de Dieu est amour et infinie bonté. Là où la récolte, l’offrande divine, attend les moissonneurs. Les créatures qui guettent dans les limbes extérieures ne sont pas faites à Son image. Alors, elles cherchent à contrefaire son oeuvre. Leur dessein n’est pas clair pour toi car tu n’es qu’un jeune novice et il existe bien des mystères qui dépassent ton entendement.

Il y a une créature. Elle est toujours présente quand tu hurles en te tordant de douleur. Elle t’observe de près, son faciès à moitié humain penché sur toi. Quand elles te laissent un bref moment de répit, tu essaies de déchiffrer l’expression énigmatique de cette caricature du divin, cette esquisse grossière du Vrai et du Beau. Une peau trop lisse, trop claire. Trop différente. Des lignes douces et écoeurantes. Un crâne dépourvu de toute chevelure. Cela t’inspire dégoût et colère. Quand la créature tend vers toi une main diaphane et légère, tout ton être se révulse. Tu crispes tes poings quand elle suit d’un doigt long et fin une veine bleutée qui saille à la saignée de ton bras jusqu’à la naissance de l’épaule sous l’aisselle.

La porte s’ouvre à nouveau. Tu ne les reconnais que trop et tu te réfugies piteusement dans le coin le plus éloigné. Sans pitié, l’une des créatures pointe vers toi un engin court et oblong. Une machine du diable. Un faisceau de lumière te frappe au creux du sternum. La décharge déclenche des spasmes irrépressibles. Une créature s’approche et te passe une laisse autour du cou. Quand elle tire dessus, tu la suis sans pouvoir résister. Ces démons sont pourtant plus petits que toi. Une bonne tête de moins. Et encore, tu es jeune, ta croissance n’est pas achevée. Il est trop tard pour toi. Que disait ton Maître ?

« Ecoute bien, jeune Siddhartha, la forme n’est rien d’autre que la vacuité, la vacuité n’est rien d’autre que la forme. Comprends moi bien. La vacuité n’est pas la négation de toute chose mais au contraire, elle en est l’essence même. Il y a bien des mystères qui entourent le destin les hommes, les seules créatures élues de Dieu au sein de l’univers infini mais le premier entoure son origine. Regarde, cette poule. Vois-tu le coq qui la surveille ? Tous les animaux autour de nous s’accouplent et procréent. Tel n’est pas notre destinée. Nous naissons d’une étincelle divine et irrésistible. Chacun d’entre nous est un miracle de la création, la parfaite illustration de la volonté de Dieu. Une infinitésimale parcelle de son essence.

Et toute notre vie, nous marchons à l’aveugle sur un chemin sinueux où bien peu, je l’avoue, finiront par entrevoir la lumière au-delà de l’obscurité. Cet instant merveilleux où la connaissance se transforme en compassion et la compassion en énergie. Cette énergie devenant elle-même une nouvelle connaissance.... Ainsi commence le mouvement perpétuel idéal. C’est ainsi que le véhicule d’or prend sa pleine vitesse et que la lumière du Vrai Dieu éclaire notre misérable condition. Ceci est vrai quel que soit le chemin emprunté, quel que soit l’Ange Miséricordieux qui a été choisi pour guide. »

Il a hésité un instant en te regardant droit dans les yeux. Avec une branche tombée d’un arbre, il a tracé dans la poussière un symbole que tu n’as pas compris. Il l’a rapidement effacé en disant tout bas, presque de façon inaudible :

« Sur cette voie qui nous réconcilie avec le divin, il y a une étape désagréable. Une étape indispensable. Un prix à payer. C’est le plus grand des Nobles Mystères. Il garde le premier des quatre Voiles. Dieu nous attend derrière le dernier. Tu es trop jeune mais il faut que tu saches. Avant toute espérance de libération, il te faudra accepter le fait que l’existence est d’abord souffrance. C’est la première vérité. Apprends son nom. Dukkha. Elle revêt bien des formes mais tu n’auras aucun espoir d’écarter le quatrième voile si tu ne l’as pas regardée en face. C’est ce qui est écrit dans tous les livres sacrés. Même sur ceux qui se lisent de droite à gauche. Même sur ceux-là !»

Les démons te guident le long de couloirs vides et sombres, à peine éclairés de loin en loin par des blocs de lumière magique, froide et immobile. C’est le même chemin. Il conduit à la salle de la douleur. La créature t’attend près du chevalet. Elle est vêtue d'une étonnante tunique blanche et son visage démoniaque est caché sous un masque aux traits vaguement humains. Elle se tient parfaitement immobile pendant qu’ils t’attachent sur le croisillon de bois qui mord tes cuisses. Ils vérifient une dernière fois les liens qui t’emprisonnent et font quelques pas en arrière. D’autres démons poussent un lourd chariot de métal dans ta direction. Des instruments brillants sont disposés dessus. Tu en reconnais certains. Ils t’ont déjà piqué ou coupé.

Une autre créature entre dans ton champ de vision. Tu ne l’as encore jamais vue. Elle est pareille aux autres. L’image déformée de Dieu, la marque du Diable hante ses traits. Elle prend une paire de pinces aux spatules dentelées. Elle saisit ta main droite et elle applique la pince sur l’extrémité d’une de tes griffes. Elle regarde le démon en blanc qui hoche la tête. Elle tire violemment et tu hurles quand la griffe se sépare de la phalange. La douleur est inimaginable. Tu hurles comme ces loups que tu chassais sous la lune montante. Le sang jaillit. Impitoyablement, la créature se saisit du doigt suivant et arrache l’ongle de la même façon. Tu n’es plus rien qu’un cri primal et inhumain. Les tendons de tes bras sont des cordes prêtes à se rompre sous l’effort que tu fais pour t’échapper à tes liens. Les démons demeurent inexpressifs. Tes yeux se révulsent et tu pries pour sombrer rapidement dans le néant. Au quatrième doigt, c’est plus que tu ne peux supporter. Mais elles te réveillent pour mieux continuer leur sinistre besogne. Tes mains sont une seule et unique plaie où suinte un sang rouge et épais. Ton esprit est en déroute. Tu es incapable de penser à autre chose qu’à cette douleur qui broie ton coeur. Le démon met un linge humide sur tes phalanges mutilées et la douleur n’est plus. Tu te retrouves seul sur un champ de bataille déserté par un ennemi qui allait te submerger. Un bien-être étrange et inespéré s’empare de toi et tu ne peux que pleurer doucement en contemplant tes bourreaux qui ne bougent pas.

Alors, la créature s’attaque à tes pieds et le supplice recommence, plus intense et plus violent. Les griffes qui faisaient de toi un Homme sont éparpillées au sol. Tu cries encore plus fort. Tu n’es plus rien, rien que spasmes et cris. Rouge et noir. Haine et douleur. Cela ne finira jamais. Au paroxysme de la douleur, tu fixes en bavant la silhouette en blanc à travers les larmes qui embuent ta vue. Ne la reconnais-tu pas ? Ne la reconnais-tu pas enfin ? Elle s’appelle Dukkha. La vie n’est que douleur, c’est la première vérité, le premier voile. Es-tu sur le chemin de Dieu ? Trouveras-tu Dieu en ce lieu improbable où les hommes sont mis en pièces par des créatures monstrueuses ? Le paradis passe-t-il par cet enfer?

Tu es nu. Tes canines rituelles ont été arrachées. Tes griffes claniques ont été arrachées. Tu es nu et tous les attributs qui te conféraient ton statut d’homme t’ont été arrachés. Pourquoi ? Pourquoi ? Tu ignores quel est cet endroit démoniaque sauf qu’il est quelque part dans les ténèbres extérieures, comme le disent toutes les saintes écritures. Tu n’es plus sur Terre. La créature a fini. Elle étend un autre linge sur tes orteils et un froid divin engourdit la souffrance.

Le démon blanc fait un signe et toutes les créatures s’écartent de toi, s’alignant contre le mur. Il s’approche et libère un levier sous le chevalet qui se renverse et tu te retrouves en position allongée. Il dégrafe sa tunique révélant son corps difforme, aux lignes courbes et aux excroissances malsaines. La caricature tourmentée de l’homme. L’effort avorté d’une copie ratée. Que veut-il quand il se plaque contre toi ? Que veut-il quand il caresse ton entrejambes? Que cherche-t-il quand il insiste. Encore et encore. Que se passe-t-il ? Quelle est cette réaction de ton corps que tu ne comprends pas? Il y a une tension qui croît, une exaltation singulière qui inonde tes reins, une envie qui soulève ton bassin. Que se passe-t-il?

Une émotion oubliée remonte le long de ta moelle épinière, une réaction atavique que tu ne connais pas. Que fait ce démon en s’allongeant tout contre toi. Epousant la moindre de tes formes. Tu sens une excitation particulière, une turgescence qui t’affole. Quelle est cette réponse de ton corps aux mouvements lascifs du démon sur toi. Il se redresse et plaque ton visage entre ses excroissances molles et disgracieuses. C’est écoeurant. C’est au-delà de la douleur. Tu étouffes mais un râle monte du fond de ta gorge. Ton corps répond aux caresses obscènes. Le démon s’aide de ses mains et tu es en lui. Un ballet commence. Une sensation qui te désoriente. L’ignorance devient mouvement. Le mouvement énergie. L’excitation s’intensifie comme le démon se balance au-dessus de toi.

Tu as peur. Peur de ce qui va se passer et que tu ignores. Peur de ce désir inéluctable qui trouble tes sens, qui ne cesse de croître et que tu ne peux réprimer. Tu grognes en poussant tes reins vers le haut. C’est cela. Encore. Encore. Cela vient. Le démon gémit également. Il se redresse et s’abat sur toi en cadence. Soudain, il s’immobilise. L’attente devient souffrance. Bien plus que les tenailles, bien plus que les pinces....Pourquoi s’est-il arrêté ?

Le démon se penche sur toi. Ses mains se plaquent sur ta gorge et commencent à serrer. Tu es en équilibre sur la frontière entre la vie et la mort, tu le sais précisément. Il serre de plus en plus tandis que ses hanches ondulent lentement sur les tiennes. Un voile rouge descend devant tes yeux. Est-ce le deuxième voile? Le plaisir devient urgence. Le démon conduit la danse et tu ne peux que suivre, docile et haletant. Tu respires de plus en plus mal. Il accentue la pression sur ton cou, enfonçant ses doigts de pierre dans ta tendre chair. Un voile noir succède au voile rouge. Est-ce le troisième voile? Tu ne trouves plus d’air à respirer. Tu ouvres la bouche comme un poisson hors de l’eau quand cela explose en toi. C’est une libération frémissante, une extase divine qui n’en finit pas, et qui sature des sens. Le démon ne desserre toujours pas son étreinte. Tu es projeté si haut que rien ne peut plus t'atteindre désormais. En secouant la tête frénétiquement, le démon fait choir son masque sur ta poitrine. Ta poitrine qui ne se soulève déjà plus. Est-ce le dernier masque, celui derrière lequel se dissimule Dieu? Alors que l’obscurité s’empare de toi, tu aperçois distinctement le visage radieux tant désiré qui te sourit du haut des cieux. Il est vraiment là. Et avant que le silence ne t’emporte à tout jamais, tu entends une voix angélique te murmurer tout bas :

« Aime-moi ! »


M


  
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Réponses à ce message :
z653z  Ecrire à z653z

2009-03-29 01:37:21 

 dérangeant ?Détails
Car cela manque cruellement d'explications.
En même temps, il fait nuit et mon esprit tourne au ralenti... et je vais dormir une heure de moins...
L'arrachage des ongles/griffes est limite...

"Tes canines rituelles ont été arrachées. Tes griffes claniques ont été arrachées." -- c'est surtout ce passage qui m'interpelle....

J'ai tout lu d'un coup mais je n'ai vu que trop peu d'indices. J'espèrais une fin qui m'éclaire un peu.

On dirait que tu avais écrit ce texte à la 3e personne :
"Tu a passé la main sous ton nez et tu a contemplé le sang qui maculait tes doigts
Tu a glissé
tu a flotté dans l’air nocturne
Tu a sombré dans l’inconscience"

D'autres détails :
"cauchemardesques Des caricatures d’hommes" -- il manque le point
"Que disait ton Maître?" -- il manque un espace
"finiront pas entrevoir la lumière au-delà de l’obscurité" -- par

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-03-29 10:09:38 

 Même pas mal... attention, spoiler...Détails
Pour les fautes, deux explications : d'une part, j'avais commencé à conjuguer les verbes de ce paragraphe au présent. Puis le passé m'a paru plus pertinent. J'ai donc conjugué tous les verbes. Sauf que, d'autre part, il était tard et que mes yeux ne voyaient plus très clair...

SPOILER :

 Pour le contexte : cette histoire raconte un temps et un monde où après une guerre apocalyptique, l'humanité s'est scindée : les hommes sont restés sur Terre et ont vécu les âges obscurs et les femmes ont fui dans les étoiles. Mettons ça sur le compte de la religion où le Dieu unique est souvent voire toujours un Homme. Donc les hommes ont oublié les femmes se concentrant sur l'étude de la spiritualité et écartant toute notion de sexualité. Les femmes ont conquis les étoiles et la technologie qui va avec. Mais alors, comment les hommes assurent leur pérennité? Grâce à ces cérémonies sacrificielles dans lesquelles après avoir été enlevé (le mythe très US des ET ravisseurs), un homme féconde une femme (plutôt une sorte de reine des abeilles ) dont les bébés de sexe masculin sont déposés dans les clairières du réveil sur Terre.

Les dents et les griffes : l'évolution des hommes s'est faite un peu anarchiquement...héritage des âges obscurs... finalement, leur aspect nous paraitrait très "barbare" voire simiesque... mais pour eux, telle est l'image de Dieu... et la femme, à leurs yeux, ne peut être que le démon.... 


M

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-04-03 18:18:54 

 Nouvelle édition...Détails
J'ai apporté quelques modifications formelles au texte initial.

M

jamais content

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2009-04-03 22:36:58 

 Commentaire Maedhros, exercice n°57Détails
On nous a changé notre Maedhros ! Quoi, pas le moindre petit miroir où le supplicié aurait pu se regarder pleurer, saigner et souffrir ? Par le moindre miroir pour égarer le lecteur quant au tutoiement ?
Excellente idée, ce tutoiement, à mon avis sous employé par les auteurs. Ca donne tout de suite une dimension décalée et ça permet au lecteur plus de distanciation qu’avec le « je ». De plus, on peut le rapprocher d’un exercice classique du yoga où on demande au méditant de placer sa conscience à l’extérieur de lui et de se regarder méditer. Puis le professeur posera la question : dans cette situation, qui regarde ?
C’est un texte excellent, un peu trop court à mon gré, et où sans ton spoiler j’avoue que je serais restée en rade. Les extraterrestres j’y étais, mais l’espèce divisée en deux, je n’avais pas capté. Je pense que ça mériterait quelques pistes supplémentaires ; celles que tu laisses permettent de comprendre que la procréation est liée aux enlèvements, mais rien n’indique que les démons soient lointainement d’origine humaine. Et par ailleurs, quel est le signe que le Maître trace dans la poussière ?
Le mélange de tradition chrétienne et orientale est intéressant ; le dogme de la vacuité juxtaposé à l’image de Dieu (ce qui est totalement paradoxal) donne un peu le vertige... Les humanoïdes sont décrits de belle manière, à travers les yeux innocents de ton pauvre héros.
La scène de l’enlèvement est somptueuse. J’adore cette phrase « jusqu’à ce qu’il n’y eut plus aucune différence entre matière et lumière.
La mise en place de nouveaux espaces dans la 2° version est une bonne idée, ainsi que les mots rajoutés.
La scène finale est également très forte, et je t’y ai trouvé plus à l’aise que dans la description du ressenti de la douleur, où tu es peu prolixe, mais il est vrai que c’est difficile, surtout si on n’en a pas l’expérience personnelle. La conjonction de la douleur et du plaisir est un classique, mais le fait que ton héros soit un novice innocent, dans un monde sans sexualité, te permet d’y ajouter la notion d’inconnu envahissant, de soumission détestée mais finalement consentie, parce qu’il est pratiquement impossible de résister à l’instinct si on n’a pas une volonté éclairée par le savoir pour l’étouffer. Et ceci ajoute un raffinement SM très efficace. Dérangeant ? Non, pas plus que le divin Marquis.

Quelques bricoles :
- pour commencer, le titre : je trouve dommage de faire un jeu de mots limite trivial sur un texte aussi raffiné.
- L’étau de métal sur des tempes : les (faute de frappe)
- Il semble toujours sourire et perpétuellement compréhensif : mettre sur le même plan un verbe et un adjectif, ça choque l’oreille
- C’est comme si une lame de fer : c’était
- Tu n’as pas pu lutter, tous tes efforts restant vains : s’il a fait des efforts, c’est qu’il a lutté ; soit « tu n’as pas pu lutter longtemps », soit « rapidement tu n’as plus lutté »
- Quand une phrase est sous forme interrogative (te souviens-tu, que veut-il etc...), ce serait bien de mettre un point d’interrogation
- Tel n’est pas notre destinée : telle
- T’échapper à tes liens : échapper à, ou t’échapper de
- Entrejambes : sans s
- Et qui sature des sens : les


Au total si tu glissais encore quelques petites pistes explicatives pour le lecteur moyen, dont je suis, il t’en serait reconnaissant... et ça ferait un texte accessible à tous, original et délicieusement troublant...
Narwa Roquen,qui adore être troublée...

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z653z  Ecrire à z653z

2009-04-03 23:45:46 

 Après lecture du spoiler...Détails
... on voit comprend mieux certains passages qui étaient en fait de toutes petites pistes.... mais sans spoiler...

Par contre, je ne comprends pas trop l'utilité de faire souffrir au moment d'arracher les ongles et les dents. Peut-être pour sélectionner les plus endurants ? Mais alors le linge apaisant posé sur les mains et les pieds me parait superflu.


"Il y a bien des mystères qui entourent le destin les hommes" -- des hommes ?

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Eltanïn  Ecrire à Eltanïn

2009-04-14 20:52:58 

 perplexeDétails
A la première lecture, j'ai été franchement déroutée par le manque d'informations, ce qui diminue d'autant l'impact du texte.

Après lecture du spoiler et relecture du texte, je ne comprend toujours pas le but de la torture.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2009-04-15 20:04:25 

 Pourquoi?Détails
Je pense que tout dépend de quel point on se place.

En aucune façon, je n'ai utilisé le terme de "torture". Tout au plus ai-je décrit, plus ou moins bien du reste, les émotions éprouvées par cet homme, de son point de vue.

Evidemment, selon notre perception actuelle, ces mutilations peuvent être assimilées à de la torture. Mais que dire alors du taureau qui avant d'être foudroyé se voit infliger des blessures par les banderilles? Sauf à considérer que c'est une tradition séculaire qui ne peut être contestée ou que le taureau, in fine, est un animal et qu'en tant que tel, il ne souffre pas!

Quant à moi, je pencherais plutôt pour un sacrifice rituel réalisé par ces femmes qui sans doute ont idéalisé les rapports hommes/femmes notamment en vue de la procréation. Aucune clé n'a été donnée pour expliciter les causes originelles qui ont conduit à ritualiser ce sacrifice.

Alfred Loisy a défini ainsi le sacrifice comme rite : « Une action rituelle - la destruction d'un objet sensible, doué de vie ou qui est censé contenir de la vie - moyennant laquelle on a pensé influencer les forces invisibles, soit pour se dérober à leur atteinte , soit afin de leur procurer satisfaction et hommage, d'entrer en communication et même en communion avec elles. »

Qui sait ce que demain apportera. Quand j'étais jeune, la notion de religion était une notion ringarde et passéiste. Aujourd'hui, je crois que Malraux avait raison!

M

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Eltanïn  Ecrire à Eltanïn

2009-04-17 14:23:43 

 Question de Point de vueDétails
Merci pour l'explication. Il suffisait d'y penser. Après tout, ce ne serait pas la première tradition séculaire incompréhensible et inacceptable pour qui ne la connaîtrait pas.
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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2009-09-08 14:23:58 

 Exercice 57 : Maedhros => CommentaireDétails
Double jeu de mot de mauvais goût, compliment ! Tu as toujours été doué pour les titres. Après lecture, cependant, je ne vois pas bien le rapport avec le texte.
La formulation avec des « toi, tu... » est curieuse. Qui parle ??
J’ai appris le mot mascaret. Pas facile à recaser dans la conversation mais ça fait toujours plaisir d’étendre son vocabulaire.
Ah ouais, il a été abducté ton moine ?? Voilà qui est inattendu. J’ai pas compris le coup des deux dents. Punaise, j’ai rien capté à ce que dit le maître. Ah tiens, une griffe, le héros n’est donc pas humain ? Ou au moins pas totalement.
C’est un texte drôlement intriguant, dis donc, avec un background sci fi à peine suggéré.
« Il dégrafe sa tunique révélant son corps difforme, aux lignes courbes et aux excroissances malsaines. La caricature tourmentée de l’homme. » Il me semble commencer à comprendre que le bourreau est une femme et que le héros n’en a jamais vu. Donc, on peut en déduire que les hommes et les femmes de cette époque vivent séparément, qu’ils ont trouvé une façon inédite de se reproduire chacun de leur côté. Et les femmes doivent profondément haïr les hommes pour les attraper de cette façon pour les torturer. J’imagine que les deux sexes sont entrés en guerre à un moment donné. Et les hommes auraient même pu monter cette religion bizarre pour contrôler leurs pulsions sexuelles refoulées... Espérons que les explications me permettront de vérifier mes hypothèses.

Je m’attaque aux spoilers dans la foulée. Mais la corrida EST une torture ! Pour une pauvre bête qui n’a rien demandé ! Et ce truc n’a pour but que de défouler les instincts sanguinaires les plus ignobles de l’exécutant et de son public. C’est bien un des meilleurs exemples de la méchanceté naturelle de l’Homme.
Un rituel ? Pourquoi pas ? Après tout, elles portent des toges, des masques... Dans ce cas, peut-être faudrait-il d’avantage insister sur les aspects rituels.
Oh punaise, chapeau le coup de l’enlèvement systématique et de déposer les bébés mâles sur Terre. Mais elles doivent enlever des tas de mâles ! Sinon, l’espèce disparaîtrait. Tu aurais peutêtre pu mentionner le mystère de cette naissance.
Et du coup, j’en déduis que les femelles choisies pour se reproduire doivent être furieuses de devoir se frotter aux mâles honnis. Pas étonnant qu’elles les torturent comme préliminaires, hihi ! Sympa, comme histoire !

Est', en pleine lecture.

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