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De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 23 septembre 2010 à 22:18:00
SI JAMAIS






La sonnerie d’alarme le tira de son demi somme. Une voix synthétique annonça : « Rixe rue des Martiens Endormis. Appel prioritaire. »
Antonin Koudmou bondit sur ses pieds et quitta en courant le local de permanence, son chien Lecazou sur ses talons, pour s’engouffrer dans le module. Délai d’intervention : vingt-deux secondes.
« Pas mal », sourit-il en sortant du véhicule. Selon la pratique éprouvée, il prit une profonde inspiration tandis que devant lui un white et un black s’affrontaient, l’un portant une barre de fer, l’autre une batte de base-ball.
« Enculé de ta race ! Je vais t’apprendre à regarder ma soeur !
- Ta soeur est une pute, sale négro ! Comme ta mère ! »
Koudmou leva les mains, un sourire béat sur le visage. Le temps suspendit son vol, et l’atmosphère orageuse de cette fin d’après-midi d’été sembla tout à coup plus lumineuse, plus sereine, plus souriante.
« Ca te dirait d’aller boire une bière, mec ?
- Non, viens plutôt dîner à la maison ! Ma soeur a fait des beignets de fleurs de courgette, avec une sauce au curry, c’est génial !
- Ouais, t’es mon pote, toi ! »
Lekazou agita la queue et regarda son maître avec admiration.
« Bah, la routine », murmura celui-ci en flattant l’encolure du chien. « Allez, on rentre. »


Cela faisait dix ans maintenant qu’Antonin Koudmou était Positiveur. Comme la plupart d’entre eux, il avait été recruté parmi les reds, les descendants des Indiens d’Amérique, parce qu’ils avaient une prédisposition naturelle à la communication avec les Esprits, et que de plus, en cas de tentative de suicide par chute d’un lieu élevé, ils n’avaient jamais le vertige.
La radio crépita dans le module.
« Fin de service, Koudmou. Tu peux rentrer chez toi, veinard. Tu as fini ta semaine, non ?
- Ma semaine d’intervention, oui. Mais demain j’entame dix jours de Planante, alors...
- Sans repos ?
- Ben... J’ai dû prendre quelques jours à cause de Lecazou, il a été malade, faut que je récupère...
- Pas de bol, mon vieux ! Et le chien, ça va ?
- Ca va ! Il est à la diète... »


Lecazou avait simplement failli crever d’indigestion. C’était un bon chien attentif et fidèle, mais il avait une fâcheuse tendance à s’empiffrer sans limite. Ce soir-là, Koudmou avait invité quelques collègues à dîner, à la bonne fortune du pot. Par une coïncidence heureuse, sa voisine, mademoiselle Iphigénie Mûrepoire avait sonné à sa porte juste avant l’arrivée des invités.
« J’ai fait des légumes farcis... S’il y en a trop, vous pouvez les congeler... C’était tellement gentil à vous de réparer cette fuite d’eau ! Je n’aurais pas su quoi faire... »
La grande plaque de four était comblée de poivrons, de tomates et de pommes de terre farcis, dont le fumet délicieux aurait pu réveiller tous les morts de Cedar Creek. Quand il eut cette pensée, Antonin Koudmou s’empressa d’envoyer un message apaisant à toutes ces pauvres victimes, qui acceptèrent de rester à leur place, non sans quelque regret.
Mais quand les amis arrivèrent, ils avaient apporté cinq kilos de saucisse fraîche, et malencontreusement l’un d’eux s’exclama :
« Pour le cas où... »
Le chien, en entendant son nom, se précipita sur le paquet et l’entraîna au fond du terrain vague avoisinant, ravi de l’aubaine. Les hommes, d’abord interloqués, éclatèrent de rire quand ils virent le plat qui les attendait. On invita mademoiselle Iphigénie et tout le monde s’amusa beaucoup. Le vin rosé des Everglades n’y était pas étranger.
Au matin, Koudmou trouva son chien agonisant dans le jardin. Le vétérinaire fut consciencieux, les prières de Koudmou firent le reste. Le chien guérit.


La Planante, ce n’était pas ce que Koudmou préférait. Son truc, c’était l’active, l’intervention, le terrain. Mais l’un n’allait pas sans l’autre ; normalement c’était une semaine sur trois où les Positiveurs désignés se regroupaient en méditation afin de reconstituer les réserves d’Energie Positive pour que les collègues en active puissent y puiser à volonté. Quand c’était pour la dispute d’un couple ou un différend entre voisins, ça ne prenait pas grand-chose. Mais si c’était une insurrection ou pire, un début de guerre, ça pouvait épuiser toutes les ressources en quelques heures... A part quelques vieillards comme Sittingcat pour qui c’était un moyen de se rendre encore utile, les gars préféraient les interventions... Mais ils avaient tous la fierté de leur mission, et l’orgueil de se dire que grâce à eux depuis trois cents ans aucune mort par agression n’avait été à déplorer sur la planète.
On ne pouvait pas changer la nature humaine. Toujours les hommes étaient prêts à s’étriper pour un regard de travers ou une place de parking. Mais grâce au réseau de détecteurs d’agressivité, on pouvait intervenir rapidement et les bombarder d’Energie Positive. Et là, même le pire des voyous devenait aussi amical et altruiste qu’une grand-mère bénévole de la SPA...


Ils étaient quarante-deux, assis en cercle sur de grands coussins noirs et carrés, vêtus de la tunique blanche et du pantalon noir, pieds nus. La salle de Méditation Positive, que les pratiquants appelaient Planante, occupait la majeure partie du rez-de-chaussée du bâtiment occupé par le CCP (Centre de Contrôle et de Positivation). Au centre du cercle, debout sur une jambe et les mains jointes devant son coeur, le Pair Rickless, actuel Haut Responsable de l’Energie, dirigeait la séance. Autour de lui siégeaient vingt et un hommes et vingt et une femmes, dont les âges s’échelonnaient entre 25 et 118 ans. La plus jeune était Séléné Larsen, un petit génie de la transcendance, quoiqu’elle fût white et prodigieusement jolie. Le plus âgé était Sittingcat, qui méditait comme il respirait, son éternel demi sourire vissé aux lèvres, à tel point que quand on lui parlait on était persuadé qu’il n’avait rien entendu. Jusqu’à ce que la réponse tombe, pertinente, drôle, incisive, et pourtant empreinte de compassion. Il n’avait jamais voulu être au centre du cercle, prétextant d’abord sa jeunesse, puis sa vieillesse. Mais les HRE successifs qui l’avaient connu lui faisaient toujours face et ne le quittaient pas des yeux.
La séance n’en était qu’au début de la cinquième heure quand Sittingcat toussa. Pris de panique, les méditants ouvrirent les yeux et se tournèrent vers lui. Le vieil homme avait perdu sa sérénité et son sourire. Les sourcils froncés, il s’adressa à Rickless, pâle comme une aube d’hiver, rompant la loi sacrée du silence.
« Nous avons un problème... »
La sirène d’alarme retentit.
« Appel d’urgence. Madison, Cheerok, Grandnez, Koudmou, Renarde, en salle de débriefing. Pause pour les autres. Nous enverrons des agents pour reconstituer le cercle. »
La Paire Hilton Barracuda était le chef de la Sécurité. Une femme qu’on ne voyait jamais, sauf en cas de catastrophe imminente. Autant dire que les cinq Positiveurs, tous chevronnés et surentraînés, n’en menaient pas large.
« Ce matin entre huit heures trente et dix heures, vingt-quatre chiens ont agressé des humains. Les animaux du zoo se jettent contre les barreaux de leur cage. Une bande de pigeons a attaqué un employé municipal, des rats courent partout dans la ville, mordant tout ce qui passe, et on nous a déjà signalé trois cent cinquante-six piqûres d’insectes divers, abeilles, guêpes, taons... Toutes les alarmes sont dans le rouge. Un flot d’énergie négative se déverse en continu. On n’a pas connu ça depuis les évènements de Dublin, où il nous avait fallu trois jours pour rétablir le calme. Nous avons décrété l’état d’urgence, mais nos agents sur le terrain ont été très éprouvés. Vous allez leur prêter main forte. Vous êtes les meilleurs : je vous demande de découvrir la cause de ces troubles. Ensuite, faites votre rapport, n’intervenez pas seul ! Le danger est trop grand, et vous êtes tous précieux. Restez concentrés, que le Positif vous garde. Allez ! »
Par-dessus le bruit des chaises repoussées, Barracuda appela :
« Koudmou !
- Oui, madame ?
- Vous avez un chien, je crois.
- Oui, madame.
- Soyez prudent.
- Oui, madame. Mais c’est un bon chien.
- Sans doute. Mais un animal est un animal.
- Et un bon chien est un bon chien, madame. »


Avant de se rendre dans le quartier qui lui avait été affecté, Koudmou passa chez lui chercher Lecazou. Le chien l’accueillit joyeusement, comme à son habitude. Koudmou prit le temps de s’agenouiller près de l’animal. Il posa une main sur sa tête.
« Ecoute, mon vieux, il se pourrait que quelqu’un t’envoie des idées stupides. Je sais que tu es un bon chien. Si ça arrive, tu te couches et tu ne bouges plus. Tu sais, c’est le genre d’humain méchant qui voudrait que tu me mordes... Le genre à te forcer à manger de la saucisse... »
Un éclair de terreur passa dans les yeux du chien, et il se mit à gémir.
« Mais non, ne t’inquiète pas. Je suis là, je te protègerai. Rien que du boeuf à moins de 5% de matières grasses, du riz et des carottes... »
Le chien soupira.
« Et un morceau de cake le dimanche matin, et un biscuit avant de se coucher... et un sucre quand tu es vraiment un très bon chien. »
Lecazou remua la queue et tendit la truffe vers la poche droite du veston de son maître. Les sucres étaient là.
« Yep ! », jappa-t-il.
- « Alors, en route ! »



C’est au croisement de la rue des Matins de Brouillard et du boulevard des Oies Sans Domicile que Koudmou stoppa son module. Sur le mur blanc de l’immeuble du Ministère des Rollers, une inscription avait été tagguée à la peinture rouge.
« La destruction est création »
Un peu plus loin, une autre phrase dégoulinait encore de peinture fraîche.
« La haine est source de vie »
De l’autre côté de la rue, il lut :
« Je suis votre liberté. Mon nom est Erynnie »
Il descendit du module. Il y avait des traces de peinture sur le trottoir, deux traces parallèles, discontinues... Il tourna le coin de la rue. Une silhouette en combinaison rouge était en train d’écrire un nouveau message, juste à vingt mètres de lui. Il intima silence à Lecazou, qui s’assit. Souriant, il prit une profonde inspiration, leva les bras...
Il se retrouva projeté dans les airs par un souffle puissant et atterrit sur la chaussée heureusement déserte, avec la grâce d’un sac de patates déchargé par un livreur en fin de journée. Il se mit à rire doucement en s’asseyant, et se frotta le coude gauche qui avait violemment heurté le sol. La créature en rouge chaussée de rollers le défiait du regard, les mains sur les hanches. Il vit Lecazou arriver vers lui au grand galop, les babines retroussées, l’oeil halluciné. Il se releva d’un bond, leva l’index droit.
« Lecazou ! De la saucisse ? »
Le chien s’arrêta net dans sa course, et se coucha en gémissant.
« C’est bien, mon garçon. »
Il s’approcha de lui, lui donna un sucre.
« Pas bouger. »
Puis il s’adressa à l’inconnu en rouge :
« C’est super, votre truc ! Vous faites ça comment ?
- T’approche donc poènt, zstupide craeture ! J’ssuis Erynnie, j’ssuis la Haène, j’ssuis la Vengéence !
- Ouais, cool ! Et jeune et jolie comme vous êtes, vous n’avez rien trouvé de mieux à faire ? »
Elle essaya de le projeter à nouveau, mais il s’y attendait et ne recula que d’un pas.
« Remarquez, c’est intéressant, comme théorie, c’est novateur...Vous pourriez m’en dire plus ?
- Toué, tz’es une de ces saletés de Positiveueurs !
- Ah non ! Je me suis douché ce matin. »
La fille sembla un peu interloquée, ce qui lui fit perdre deux secondes que Koudmou mit à profit pour avancer de trois pas.
« Vous avez sûrement des tas de choses à m’apprendre ! Ca tombe bien, je n’avais rien de prévu aujourd’hui. Comment avez-vous réussi à concentrer tant de force en vous ? C’est impressionnant ! »
Erynnie rejeta d’un coup de tête rageur ses longs cheveux noirs. Elle était grande et mince, un phénotype inhabituel pour une yellow, et elle avait un accent nordique totalement déconcertant. De plus, si l’on faisait abstraction de son expression hautaine et agressive, elle était d’une beauté stupéfiante. Vraiment un être exceptionnel !
« Ne raeve pas ! Tu n’y arriveras jamaes ! J’commaencé à méditter quand j’avaès trois zans, et j’porte en moué la force de dix génaérations de tsamouraïs ! Mes aïeux ont été chassés de l’Est, et chassés du Milieu, et chassés de partout ! Toujours il fallait courber la taète, et se taère ! Ils voulaient faère de nous des moutons ! Et il y en a eu des milliers comme nous ! L’monde a ben assez moutonné, tab’nakkle ! L’est ben temps qu’s’révaeille !
- Pauvre petit chat ! Tout ça parce que ton père a jeté ton Doudou ! C’était un chat en peluche, c’est ça ? Et tu as beaucoup pleuré...
- Qu’esx tu dzis ?
- Aucun chat n’est devenu agressif, ce matin. Parce que tu les aimes toujours... »
La fille était toute pâle, toute seule, toute fragile.
« Tu es de l’année du Chat, j’en suis sûr. Et si tu avais pu garder ton Doudou, tu aurais eu moins peur.
- J’aé jamaes eu peur de riain ! J’avaes un arc et des flaèches, et un long pouagnaard...
- Mais quand la nuit venait, il y avait des tigres dans le couloir, alors qu’il n’y aurait dû y avoir que des rossignols...
- Commaent tzu le saès ? »
Koudmou s’approcha encore, et s’assit au bord du trottoir.
« Viens t’asseoir, on a cinq minutes. »
La fille s’assit sans un mot. En la regardant à la dérobée, il vit que ses joues étaient trempées de larmes. Sans bouger, il cligna des yeux vers Lecazou, qui s’approcha en remuant la queue. Ce chien était décidément très intelligent – ou télépathe ? De lui-même il s’assit devant Erynnie et lui tendit la patte. La fille la serra poliment, puis sa main se perdit dans le poil long et soyeux tandis que le chien posait sa tête sur sa cuisse, en toute confiance.



Koudmou n’était encore qu’un tout jeune apprenti quand au sortir d’une séance de formation au CCP il avait croisé Sittingcat qui se battait contre sa chaîne de vélo. Aucun son ne sortait de sa bouche mais Koudmou, qui avait les meilleures notes de son groupe en Empathie pouvait percevoir les étincelles de rage qui s’échappaient de l’aura magnifique du vieil homme.
« Me permets-tu de t’aider, Grand Pair ? Ce serait un honneur... »
Koudmou avait toujours eu de l’or au bout des doigts. Les choses le savaient, et se pliaient sans résistance à sa volonté. A cinq ans, il réparait tous les robots ménagers du voisinage. A dix ans il pouvait démonter et remonter entièrement le moteur d’un module. A quinze ans, quand il décida de devenir Positiveur, il reçut un courrier du Ministère des Maintenances qui le suppliait de bien réfléchir... Un poste de Directeur Général venait de se libérer...
La roue se mit à tourner librement. Sittingcat hocha la tête et son regard noir transperça les yeux naïfs du jeune homme.
« Innocent, hein ? L’Innocent est plus puissant que le Magicien. Mais parfois il a besoin que celui-ci lui enseigne sa technique... disons... pour les cas désespérés...Viens t’asseoir. Un jour, tu auras besoin de te passer du protocole. Je le sais... parce que je le sais. Les Ondes Positives peuvent se projeter, comme on te l’enseigne, et on te l’enseigne très bien. Mais elles peuvent aussi émaner de toi, se diffuser lentement comme un parfum, comme une brume légère... Prends ma main. Tu vas le sentir au fond de toi. N’en parle à personne, mais ne l’oublie jamais ! »


Tandis qu’Erynnie câlinait Lecazou sans y penser, un petit brouillard de plus en plus dense avait recouvert la ville, et Koudmou sentait le coeur de la jeune fille se laisser pénétrer par une douceur dont elle avait depuis longtemps oublié l’existence. Il bâilla.
« J’ai comme un coup de... fatigue... Que dirais-tu d’un bon chocolat chaud, dans un fauteuil... presque pas défoncé ?
- Ouais, s’seraèt ben cool... »
Le module se fichait du brouillard. Il avait un pilote automatique.
Et tandis qu’Erynnie somnolait, pelotonnée en boule dans le fauteuil, Koudmou termina son travail, éradiquant du coeur de la jeune fille toute trace de méchanceté. Puis il envoya Lecazou en mission. Celui-ci revint bientôt, tenant dans sa gueule un petit chaton de quelques mois, trop terrifié pour oser se débattre. Dans un demi rêve, Erynnie poussa un gros soupir quand sa main se posa dans le pelage du chat. Et celui-ci, malgré l’averse de larmes qui s’abattait sur lui, décida que son sort n’était pas si défavorable et se mit à ronronner comme un bon petit moteur bien réglé.
Koudmou vida le contenu de sa poche sur le tapis. Lecazou ne se fit pas prier pour se gaver de sucres.
Heureusement le congélateur était plein. Ce ne serait pas difficile de concocter un délicieux repas, et même en invitant quelques amis...
« J’ai drôlement bien fait de faire les courses la semaine dernière, pour le c... »
Le chien se planta devant lui, l’oeil tout émoustillé, la queue tournant comme la pale d’un hélicoptère.
« Eh non, mon gars ! Boeuf à 5% ! J’ai bien fait de faire les courses, parce que si jamais... »
Le chien lui sourit, sans rancune. C’était vraiment un bon chien.
Narwa Roquen, Bisounours Power!


  
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3 Lecazou ou Lekazou - z653z (Lun 25 oct 2010 à 16:56)
       4 En fait - Netra (Jeu 28 oct 2010 à 17:05)
       4 Ouaip! - Narwa Roquen (Mar 26 oct 2010 à 14:07)


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