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 WA - Participation exercice n°116 FIN Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Lundi 25 fevrier 2013 à 20:32:44
Bonsoir, voici la fin de cette WA. J'ai repris la consigne par les cheveux et j'ai failli déborder dans la WA 117...

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Après, ce fut assez facile.

Sans transition, ils se retrouvèrent au milieu d'un vaste espace nu et désolé. Dans leurs dos, le pont n'était plus visible. Pas plus que la pyramide. Un désert sans limite s'étendait dans toutes les directions. De la poussière et de la rocaille à perte de vue. Le Ciel? Il n'y avait pas de ciel, juste un autre espace vide et délavé. Ce n'était ni le jour ni la nuit. Aucune source lumineuse n'expliquait la clarté spectrale qui baignait les lieux. Les couleurs étaient fades et ternes. Il manquait de rouge et de bleu. De vert et de jaune.

C'était les Confins. Une terre arrachée à la terre. Une terre déracinée. Une terre morte. Une terre juste bonne pour des bagnards. Un exil aride pour des rebelles. C'était une forme de punition particulièrement sévère. Il n'y avait absolument rien qui ressemblait à un arbre, à une fleur, à une rivière. Aussi loin que portaient leurs regards, c'était la même désolation, la même morne uniformité. Le Temps lui-même détonait dans ce non-monde où rien ne bougeait.

Pourtant Vak semblait avoir recouvré une nouvelle vigueur après l'épreuve qu'il avait endurée sur le pont.

"Nous sommes arrivés au bout de notre voyage! Nous voici dans les Confins! L'Assemblée est là-bas, dit-il en montrant un point sur l'horizon! Nous y serons dans très peu de temps!"

Acturius plissa ses paupières pour tenter de distinguer quelque chose dans la direction indiquée par le Phante mais au loin, la terre se confondait avec le ciel. Il n'y avait rien.

Le sol, une succession de larges plaques craquelées, s'avéra spongieux comme s'ils marchaient dans sur une tourbière sans fin. Mais l'eau ne sourdait pas sous leurs semelles. Ils s'aperçurent également de l'absence de tout bruit. Aucun son ne se faisait entendre. Tout était assourdi, même le timbre de leurs voix quand ils échangeaient de maigres propos. Ils devaient hausser le ton pour éviter que leurs paroles ne se perdent à peine articulées et demeurent incomprises par leur destinataire.

Hangus grimaça de fatigue. Tomas étant son ami, il avait assumé plus de relais qu'aucun autre Fauconnier. Malgré sa robuste constitution, à bout de forces, il s'adressa à Eric :

"Faut que je souffle un peu!"

Ils allongèrent délicatement Tomas sur le sol. Leur compagnon était de plus en plus pâle. Ses lèvres avaient blanchi et sa peau était comme aspirée de l'intérieur, creusant ses joues et sa gorge et se plaquant sur ses os. Le bandage qui lui enserrait la tête était inondé de sang. Sa respiration était de plus en plus sifflante et arythmique. Visiblement son état empirait. Vak s'agenouilla à côté de lui et passa sa main sur le front humide de transpiration du blessé. Il extirpa de sa ceinture une autre petite fiole fermée par un cabochon d'argent. En s'aidant du pouce, il entrouvrit la bouche de Tomas et y versa deux gouttes d'un élixir brillant et translucide. Lentement, les joues de Tomas reprirent quelque couleur et sa poitrine se souleva plus régulièrement. Vak refit le pansement en observant le même rituel que la première fois.

"Voilà, je ne peux faire mieux. La blessure de votre ami le rend vulnérable à l'attraction qu'exerce le monde auquel il appartient, même s'il en est infiniment distant. Un lien immatériel le rattache à lui. Cela signifie que ce lien est infiniment distendu mais il n'en est pas pour autant rompu. Votre ami ne perd pas que son fluide corporel. C'est l'essence de son être qui s'échappe de sa blessure comme l'eau d'une jarre poreuse. Elle est rappelée par sa matrice originelle!"

"Cela veut-il dire que nous sommes en ce moment dans une sorte de... rêve?" demanda Acturius.

"Non! démentit Vak. Vous ne rêvez pas. Mais le temps et l'espace recèlent bien des mystères. Vous êtes une minuscule partie de votre monde, à l'instar de ce qu'il contient, objets inanimés ou créatures animées. Et le tout n'est que l'addition de chacune de ses parties. C'est comme un puzzle. S'il lui manque ne serait-cela que la plus insignifiante de ses pièces, il n'est pas complet. En franchissant la Frontière, vous avez altéré la complétude de votre monde. De façon infinitésimale, vous avez porté atteinte aux lois premières de la symétrie. Vous êtes en quelque sorte des prisonniers en fuite qu'il s'efforce de rattraper. Aussi, même séparé par un gouffre insondable d'espace et de temps, votre monde tendra coûte que coûte à recouvrer son intégrité. Grâce au lien, il attire à lui votre essence primordiale pour combler le vide que vous avez laissé derrière vous. Heureusement cette déperdition est très lente. Il faudrait que vous restiez très longtemps dans les Confins avant de commencer à en ressentir les premiers symptômes. Or, nous seront repartis bien avant. Et puis, l'état de conscience ou d'éveil permet de ralentir cette déperdition parce que l'esprit commande au corps.

En revanche, tout état qui réduit votre seuil de vigilance, comme le sommeil ou l'inconscience par exemple, abaisse votre niveau de résistance. En outre, la moindre déchirure dans votre enveloppe corporelle ouvre une brèche dans la muraille de votre propre cohérence. Par cette brèche s'échappera plus facilement votre essence primordiale pour répondre à l'appel impérieux de votre monde. Ainsi, sachez donc que toute blessure est à terme fatale pour vous. Mon Père pourrait vous en dire bien plus et de manière beaucoup plus savante. D'ici là, vous devrez vous contenter de ma courte explication! Hangus, je vais porter Tomas."

Sans effort, le Phante souleva Tomas qui, dans ses bras, ressemblait presque à un jeune garçon, et reprit sa marche. Ils n'avaient pas couvert une grande distance que des tourbillons de poussière se profilèrent à l'horizon. Acturius mit sa main devant les yeux et s'écria :

"Ces tourbillons viennent vers nous! Ils ne me semblent pas naturels! Que sont encore ces démons?"

"Ce ne sont pas des démons, le rassura Vak, mais des gardes E'Einvaes prévenus de notre présence!" Dans sa voix perçait cependant une nervosité inhabituelle.

Dès qu'ils eurent rejoints Vak et ses compagnons, les tourbillons les encerclèrent. Lugnimius en dénombra une douzaine.

Ils ressemblaient à des trombes d'air mues par un perpétuel mouvement circulaire où naissaient des constellations d'astres éblouissantes qui virevoltaient un instant avant de disparaître, aussitôt remplacées par d'autres. Les Fauconniers avaient l'impression de plonger leurs regards dans un ciel sans fond. Un univers tout entier s'offrait à eux, où ils pouvaient distinguer des étoiles autour desquelles ils devinaient des planètes; des étoiles qui grossissaient jusqu'à envahir une bonne partie du tourbillon pour s'éteindre peu à peu; des nuages irisés qui pulsaient avant de se disperser lentement pour laisser apparaître des écrins de perles laiteuses; des colonnes de feu qui tournoyaient autour de nébuleuses chatoyantes; des gouffres sombres qui avalaient tout ce qui passait à leur portée.

Le vertige s'empara des Fauconniers. Ils avaient l'impression d'être attirés par ces ballets hypnotiques, d'être sur le point de basculer dans l'infini à travers la porte qui s'ouvrait devant eux. Lugnimius détourna les yeux et vit Vak reposer son fardeau à ses pieds puis faire un geste fluide avec sa main droite. Ses contours devinrent flous et bientôt, un autre tourbillon fait de lumières et d'ombres s'éleva à la place où il se tenait.

Lugnimius nota que l'activité des fulgurances qui zébraient les colonnes d'air augmentait en intensité, les parant de couleurs fantastiques. Des novas habillées de rouge, pourpre ou carmin, se conjuguaient à des fontaines de jade ou d'opaline. Des myriades d'étoiles filantes traversaient des volutes nuageuses aux teintes soufre ou safran. C'était une féérie multicolore sans cesse renouvelée qui embrasait les E'Einvaes. L'étrange scène dura quelques longs instants puis, par degré, les explosions pyrotechniques se calmèrent.

Vak réapparut sous sa forme humaine et dit à ses compagnons médusés:

"Ils vont nous conduire immédiatement à l'Assemblée. Le Grand Conseil a été convoqué. Mon père y participera. De cette réunion dépend le succès de notre entreprise. En aucun cas, ne paraissez étonnés et ne dites aucune parole inconsidérée. Tomas sera également examiné."

Encadrés par les tourbillons lumineux, ils poursuivirent leur chemin, Vak ayant repris son fardeau. Lugnimius avait beau scruter l'horizon, aucune construction s'était en vue.

"Ces... ces tourbillons... c'est votre... heu... votre apparence normale?" s'enquit Hangus en surveillant du coin de l'oeil les autres E'Einvaes.

"Dans les Confins, répondit le Phante, l'apparence est souvent une affaire d'opportunité. Ce que voient vos yeux n'est qu'une traduction approximative de la réalité en fonction de règles qui ne signifient pas grand chose ici. Les E'Einvaes furent de grands bâtisseurs avant d'être bannis par leurs maîtres. Des bâtisseurs de mondes. Le plus petit brin d'herbe, la plus haute montagne, la goutte de rosée qui perle au matin ou l'océan sans fond, tout sur votre monde porte la marque indélébile de mon peuple. Il connaît toutes les formes et toutes les façons de les agencer! Cela vaut aussi pour leur apparence! "

"Ceux qui nous escortent sont-ils des Phantes comme vous ou des E'Einvaes?" demanda Acturius.

"Ce sont des Phantes bien sûr. Les Seigneurs E'Einvaes sont bien trop sages et trop puissants pour s'adonner à ces tâches subalternes. Je connais leur capitaine. Il s'appelle Torkal et il fut l'un de mes amis. Un ami très proche. Dans votre langue, il pourrait être qualifié de parent puisque nos pères sont frères. Il compta parmi ceux qui me pourchassèrent quand je m'enfuis. J'avais cru pourtant ne laisser aucun survivant derrière moi!"

"Il doit vous en vouloir terriblement?" s'étonna Eric qui jeta un regard torve sur le tourbillon qui les précédait.

« Pourquoi n’ont-ils pas pris forme humaine ? » ajouta Lugnimius, sans laisser le temps à Vak de répondre à Eric.

«Pour les Phantes loyaux, cela serait déchoir, répondit Vak. Cette enveloppe charnelle leur rappelle leur imperfection, leur impureté originelle. Rares sont ceux qui acceptent de la revêtir dans les Confins. Ils n’en éprouvent d’ailleurs jamais le besoin. Leurs mères sont aveugles et ne possèdent pas le Don."

Il continua en se retournant vers Eric :

"Les émotions humaines n'ont pas cours dans les Confins. Les E'Einvaes les ignorent de par leur nature, et la plupart des Phantes n'en ressentent que des échos si affaiblis qu'ils n'influent pas sur leur comportement! "

"La plupart, as-tu dit, reprit Acturius, cela veut dire qu'il y en a d'autres qui les ressentent?"

"Oui, répondit laconiquement Vak. Des infirmes, des imparfaits, des fous... comme moi! Mais regardez, nous sommes arrivés!"

En effet, ils étaient parvenus au bord d'une dépression qui était demeurée jusqu'au bout invisible à leurs regards en l'absence de point de repère dans ce paysage uniforme et gris. Le sol descendait en pente assez douce vers une très large cuvette circulaire. Lugnimius retint son souffle. Ces amas grossiers de pierres étaient-ils les somptueux palais de la capitale du fabuleux royaume des E'Einvaes? Ces disgracieux bâtiments, certains plus grands que d'autres mais tous désespérants et sinistres, s'alignaient au bord de longues rues tracées au cordeau. Des rues parfaitement rectilignes qui se croisaient à angle droit. Il n'aperçut aucune statue, aucun temple, aucun parc arboré, aucune fontaine. Cela ressemblait furieusement aux baraquements d'une caserne militaire, aussi anonyme et utilitaire, définitivement dénuée de tout sens artistique. Il n'y avait aucune recherche architecturale. Des carrés ou des rectangles posés selon un plan rigoureux mais sans âme.

Il aperçut aussi quelques silhouettes humaines qui déambulaient le long des rues ou qui sortaient lentement des baraques de pierre. Il vit alors de nombreux tourbillons jaillir d'une crevasse qui béait au centre de l'étrange cité. Une crevasse étroite et longue, comme une entaille creusée par un prodigieux couteau. Les tourbillons ne cessait d'en surgir et ils se dirigeaient tous vers eux!

Quand ils entamèrent leur descente vers le fond de la cuvette, Vak leur demanda à nouveau et de façon pressante, de le suivre de très près sans montrer d'étonnement. Lugnimius remarqua que le Phante jetait des regards émerveillés à droite et à gauche alors même qu'il n'y avait rien à voir. Vak soupira de contentement. Il sourit devant la mine interdite de Lugnimius.

"Tu ne peux comprendre! Et t'expliquer nous entraînerait trop loin sans certitude que tu puisses finalement mieux comprendre. Je suis chez moi et rien n'a changé depuis mon départ. Les E'Einvaes sont des conservateurs depuis qu’ils vivent en exil. C'est bon de retrouver un environnement familier!"

Les E'Einvaes se massaient sur leur passage et il fallait que leur escorte les maintienne à distance pour qu'ils puissent continuer d’avancer sans trop d’encombre. En les contemplant, Acturius avait l’impression d’assister à des milliers d’orages éclatant au sein de nuées opaques et bourgeonnantes. Des éclairs, se succédant en rafales rapides, diffusaient au sein des tourbillons des couleurs fantomatiques, froides et nerveuses. Le plus impressionnant était cependant l’absence de bruit.

Vak faisait attention où il mettait ses pas comme s’il voulait éviter des obstacles invisibles. Acturius avait beau regarder, le sol était vide, uniformément terne et poussiéreux. Sur le seuil de plusieurs maisons devant lesquels ils passèrent, il distingua fugitivement des femmes indiscutablement humaines, se tenant droites et impassibles. Elles étaient vêtues de robes grises, taillées dans une toile rêche et grossière, qui masquaient leurs formes. Leurs visages, exagérément pâles, étaient d’une grande beauté, à la fois distante et solennelle, triste et digne. Quelque chose attira son attention. C’était l’expression d’absolu détachement qui se peignait sur leurs visages. Ce genre d’expression qui n’appartient qu’à celles et ceux qui voient au-delà de la réalité. Ces regards fixes et déroutants dans lesquels rien n’existe. Cette expression qui n’appartient qu’aux aveugles de naissance. Acturius se remémora d’un coup les anciens récits et les légendes qui étaient colportés sur les E’Einvaes et leurs épouses aveugles.

Les maisons étaient toutes bâties de la même façon. Des moellons simplement assemblés et tenus par une sorte de glaise ou de mortier dont la couleur se confondait avec celle des pierres équarries. Elles étaient toutes de plain-pied et ne possédaient que peu d’ouvertures. Celles-ci se résumaient souvent à une porte, assez large cependant, et à une ou deux fenêtres à meneaux sans volets et sans vitrage. La maigre lumière des Confins interdisait de discerner quoi que ce soit à l’intérieur de ces bâtisses qui semblaient être plongées dans une complète obscurité.

Après avoir traversé une sorte de place vide où se rejoignaient plusieurs rues, ils observèrent une halte devant une maison aux dimensions plus importantes que les autres. Deux Phantes à l’apparence humaine s’approchèrent de Vak et se saisirent avec délicatesse de Tomas. Une jeune femme, aux cheveux de bronze coiffés en chignon sur la nuque, les accompagnait. Elle toucha du bout de ses doigts diaphanes les pommettes du Fauconnier.

« Eh là ! Qu’est-ce que vous faites ? Où emportez-vous Tomas ? » gronda Hangus.

« Du calme ! le rassura Vak. Ils l’emmènent dans la Maison des Accalmies, euh...c’est là où résident les guérisseurs. Ils vont s’occuper de Tomas. Fais-moi confiance, il ne lui arrivera rien de mal. Mais plus nous tardons, moins ses chances de rétablissement seront élevées ! »

« Vak a raison Hangus ! approuva Acturius. Nous ne pouvons vraiment rien faire de plus pour Tomas. N’oublie pas que les E’Einvaes sont des Puissances. S’il existe une petite chance de sauver Tomas, elle leur appartient. Crois-moi !»

«Vak, souffla à mi-voix Lugnimius, dis-moi comment a fait cette aveugle pour que ses gestes soient si assurés? »

« Plus tard ! » lui promit le Phante.

Hangus se renfrogna un peu mais n’empêcha pas les Phantes de réintégrer la Maison des Accalmies en soutenant Tomas auprès duquel marchait la jeune aveugle, une main toujours posée sur le front du blessé. L’obscurité qui régnait à l’intérieur de la bâtisse était telle qu’elle les avala rapidement.

Vak et les autres Fauconniers furent ensuite conduits le long de rues anonymes et identiques. Ils bifurquèrent à plusieurs reprises mais à chaque fois, ils avaient l’impression de se retrouver toujours à l’entrée de la même ruelle. Ils n’avaient aucun moyen de différencier les façades qui s’alignaient toutes de la même façon, maison après maison, rue après rue. Lugnimius fut repris par l’étrange sentiment d’évoluer dans une sorte de rêve atone créé par un esprit malade ou aliéné. Il se souvint soudain d’une comptine qu’il fredonnait lors des veillées d’orage. Une comptine qu’il avait oubliée depuis qu’il avait quitté les rivages de l’enfance :

« Compte lentement à la fin de l’éclair
« Jusqu’à entendre le fouet dans le lointain.
« Si tu comptes moins que les doigts d’une main,
« Alors très vite, récite une courte prière !
« Si tu as été sage, le Faucon t’entendra
« Et chassera au loin le Géant des Nuages.
« Mais dans un grand sac, si tu n’as pas été sage,
« Le Géant des Nuages t’emportera !


Il se rappelait de ses frayeurs enfantines quand l’orage grondait autour des falaises du Duché. Ses mains qui tremblaient quand il comptait les battements de son coeur entre deux éclairs pour mesurer la progression du Géant des Nuages. Il n’avait jamais la conscience tout à fait tranquille. Il craignait toujours, quand les éclairs tombaient sur les tours crénelées du château seigneurial, quand le tonnerre retentissait dans toutes les salles avec un fracas de fin du monde, de voir apparaître dans l’ogive de la fenêtre, la main immense du Géant venant le débusquer jusque dans son lit. L’archer ne s’expliquait pas pourquoi il repensait à cette comptine juste en cet instant. Il sentait confusément qu’il y avait un lien. Mais il n’arrivait à en déterminer la nature. Et puis, il ne parvint plus à la chasser de son esprit. Elle revenait virevolter avec plus d’intensité à chaque fois qu’il changeait d’itinéraire à une intersection.

Il se mit à compter les rues qu’il arpentait. Une... deux... Mais la promenade ne semblait pas avoir de fin. Il lui sembla que cette étrange cité était bien plus vaste que dans son souvenir, quand il la contemplait du bord de la cuvette. Cela ne faisait pas si longtemps ! Il essaya de rappeler à lui ce souvenir. Mais il échoua dans sa tentative. Le souvenir lui échappait. Lui glissait entre les pattes. Or cela lui apparaissait d’un coup très important. Essentiel.

« Compte lentement à la fin de l’éclair
« Jusqu’à entendre le fouet dans le lointain.
« Si tu comptes moins que les doigts d’une main,
« Alors très vite, récite une courte prière !


Une autre partie de son esprit s’évertuait à compter machinalement. Vingt huit... vingt neuf... trente. Cela ne correspondait à rien de logique mais il égrenait le nombre des rues. C’était ridicule puisque jamais leur nombre ne diminuerait. Certes. Mais c’était plus fort que lui.

« Si tu as été sage, le Faucon t’entendra
« Et chassera au loin le Géant des Nuages.
« Mais dans un grand sac, si tu n’as pas été sage,
« Le Géant des Nuages t’emportera !


Il ne voulait pas être emporté par le Géant des Nuages. Est-ce que les Confins pouvaient être comparés à des nuages ? Est-ce que les E’Einvaes et plus encore les Phantes pouvaient être ces Géants tant redoutés ? Pourquoi le petit garçon en lui se pelotonnait craintivement ?

A suivre...
(dans une prochaine WA)


  
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3 Commentaire WA 116 : Maedhros - Estellanara (Ven 19 avr 2013 à 08:54)
3 Commentaire Maedhros, exercice n°116, 3° partie - Narwa Roquen (Mar 5 mar 2013 à 22:38)


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