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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Mercredi 12 mars 2014 à 21:39:49
Voici la première partie de l'histoire. Je suis très en retard mais je suis actuellement en transit professionnel qui m'accapare quelque peu....

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FRANCTIC


Une forme pyramidale était posée sur la plaine désertique et silencieuse. Il s’agissait d un grand vaisseau spatial venu du secteur de Bellatrix, l’une des étoiles les plus brillantes de la constellation d’Orion. Il faisait partie du contingent scientifique et diplomatique autorisé à rétablir le contact.

Auparavant, l’expédition avait patienté quelques cycles aux abords de la Barrière qui ceinturait hermétiquement le Cadran Interdit. Elle avait assisté au départ des immenses barges remorquant les six trous noirs de confinement qui avaient été disposés autour du système solaire. La barrière qu’ils avaient ainsi édifiée, avait été infranchissable, même pour la lumière. Aucun atome n’avait pu entrer ou sortir de la petite portion d’espace prisonnière des horizons des évènements tissés autour d’elle.

Les motifs qui avaient justifié une telle sanction s’étaient enfoncés depuis longtemps dans les sables du temps. Les machines gardiennes dévolues à l’application de la peine auraient été en capacité d’en conserver le souvenir dans leurs mémoires absolues mais elles n’avaient jamais été intéressées par les attendus du jugement qui avait retranché l’ancienne civilisation de la communauté universelle.

Il restait bien un vestige mémoriel sur un satellite, terraformé pour l’occasion, d’un système solaire inhabité dans la proche banlieue du centre galactique. C’était un mémorial érigé au sommet d’une douce colline dominant une petite étendue d’eau carmin. Sous une coupole aérienne soutenue par douze graciles colonnes, un frêle autel de marbre blanc supportait une bougie de cire blanche tout à fait ordinaire. La bougie n’avait cependant jamais été allumée. Aucune inscription n’était visible nulle part, la pierre lisse et froide du mémorial était vierge de toute inscription.

Grâce aux efforts conjugués des astronomes et des ingénieurs, à chaque seconde galactique une ligne imaginaire reliait l’autel et le centre de la planète bannie. Et, lorsque l’alignement était parfait, c'est-à-dire quand l’écart azimutal entre les deux corps célestes était inférieur au seuil mesurable, certains visiteurs particulièrement sensibles juraient avoir perçu l’écho d’un choeur ténu de voix lointaines qui semblait exprimer une détresse insondable. Leurs témoignages, cependant, n’avaient jamais été confirmés par des relevés scientifiques officiels.

Dix mille ans d’obscurité et de silence s’étaient écoulés depuis que la sentence avait été prononcée. Cent siècles s’étaient refermés comme une chape de plomb sur le système rebelle, l’éteignant comme on bascule un interrupteur. Les cris de protestation et les supplications désespérées s’étaient tus, coupés net.

Qu’étaient-ils devenus? Ce mystère avait enflammé les imaginations durant des siècles standards, donnant naissance au plus grand des mythes. Qu’étaient-ils devenus? Eux, les habitants du berceau de l’Empire humain?

Des aventuriers, intéressés ou romantiques, avaient tenté de briser le blocus, malgré les avertissements des Veilleurs, en utilisant les techniques les plus baroques et les plus délirantes. Bien entendu, aucun de ces téméraires n’avait survécu à sa tentative et ceux qui avaient prudemment abandonné ne s’en étaient jamais vantés. Des sectes millénaristes avaient régulièrement vu le jour, apportant chacune son lot de révélations stupéfiantes vendues aux âmes crédules. La plus répandue faisait l’objet d’un culte dans de nombreux systèmes des bras spiralé. L’Apocalypse Sigiliste. Ses prêtres, vêtus d’une chasuble immaculée frappée de six disques noirs enchaînés, annonçaient dans leurs prêches véhéments le déchaînement irrésistible des forces obscures du Chaos à l’ouverture du Sceau, la barrière constituée de trous noirs.

L’heure de la libération avait enfin sonnée. La peine avait été purgée. Les forces de sécurité avaient refoulé des centaines de vaisseaux affrétés par les congrégations et remplis à ras bord de pèlerins désireux de communier à l’aube du dernier jour de l’Univers.

Bien évidemment, les opérations techniques de repliement et de remorquage des trous noirs s’étaient déroulées sans difficulté particulière. Le système solaire, qui comptait huit planètes et des dizaines de planètes naines, naturelles ou artificielles, était toujours là. Le Soleil brûlait sans faiblir en son centre. Cependant, alors que les prédicateurs énuméraient, sur toutes les fréquences autorisées, les catastrophes qui n’allaient pas manquer de survenir, aucune activité hostile ou surnaturelle ne se manifesta. Le silence régnait en maître. Les Psynavigos de classe militaire, baignant au fond de leurs cuves dans une atmosphère qu’eux seuls pouvaient respirer, n’enregistrèrent aucune distorsion anormale des champs interstitiels. Bien vite, les premières images furent reconstituées sur les écrans virtuels. Elles délivrèrent des successions de paysages rongés et pétrifiés, des plaines pelées jusqu’à l’os aux teintes passées. Toute végétation semblait avoir disparu. Les fleuves et les mers s’étaient volatilisés, remplacés par des étendues sablonneuses ou crayeuses. Les transducteurs sonores demeuraient silencieux malgré le balayage serré et ininterrompu des sondes automatiques lancées au coeur du système qui avait abrité le berceau de l’Humanité.

Alerté, le Concile de Pierre décréta l’embargo sur toute l’opération, exigeant des mesures drastiques de confidentialité et approuva la mise en place immédiate d’un large périmètre d’exclusion. Les médias furent repoussés et des Unités Singes furent déployées tout autour pour monter une garde vigilante et intraitable. Ces troupes d’élite étaient les plus redoutées des unités d’assaut et d’intervention des armées impériales. Elles étaient fanatiquement soumises au Concile. Rien ne pouvait les détourner des ordres reçus. Elles étaient ainsi appelées parce qu’elles avaient la réputation de ne jamais discuter la validité d’un ordre donné par une autorité habilitée, de ne jamais prendre en compte les conséquences de leurs actes et de rester de marbre devant les prières ou les menaces. Par dérision ou simplement par provocation, elles avaient choisi de coudre sur leur uniforme noir, juste au-dessus du coeur, trois petits singes stylisés : l’un se cachait les oreilles, le second les yeux et le dernier la bouche.

Alviest éprouvait une émotion inédite, mélange d’exaltation et de tristesse, qui ne l’avait pas quitté depuis qu’il était descendu de la Pyramide. Avec sa section, il explorait une surface de quelques dizaines de kilomètres carrés dont la localisation, longitude et latitude, avait été soigneusement déterminée par les IA selon des algorithmes sophistiqués destinés à maximiser les probabilités de mettre à jour des preuves ou des témoignages permettant de comprendre ce qui s’était déroulé derrière la Barrière. Les raisons qui pouvaient expliquer comment les milliards d’êtres humains qui vivaient sur cinq planètes et huit planètes naines, sans compter leurs dizaines de satellites avaient purement et simplement disparu.

Les trous noirs n’avaient pu être directement la cause de cet holocauste. De nombreuses théories avaient été échafaudées : des guerres et des représailles en chaîne annihilatrices, des épidémies à large spectre et à déclenchement différé foudroyant toute vie, animale ou végétale, l’oscillation erratique de valeurs critiques des matrices de l’espace local bouleversant les équilibres quantiques. Et d’autres encore plus hermétiques : la collision dégénérative entre la trame sous-tendant l’espace-temps et une n-brane prisonnière des trous noirs, les flux désordonnés de rayons létaux amplifiés à l’infini le long de boucles de résonnances fermées, la naissance d’une fontaine blanche au fond d’un puits gravitationnel entraînant la libération de flots d’énergie de nature inconnue. Aucune n’avait réellement convaincu.

Alviest arrêta le module. Il avait atteint les coordonnées stockées dans la mémoire du petit véhicule. Il évalua la situation. C’était la sixième halte sur le tracé prédéfini. Le jour s’abaissait peu à peu. Les cinq arrêts précédents avaient été infructueux. Du temps perdu. Et pas que du temps machine. Du temps humain, précieux et rare. Alviest maudit en silence les Prognauspices, les Prévisionnistes Scientifiques semi-humains, qui avaient exigé une présence humaine à la tête des expéditions d’exploration. Les autres membres de son équipe, serviteurs cybernétiques ou machines, s’immobilisèrent derrière lui.

Autour de la petite colonne, la plaine offrait le même morne spectacle. Elle aurait très bien pu se trouver sur n’importe quel autre site choisi par les IA. Celles-ci avaient virtuellement découpé le globe en bandes méridiennes. Le Jugement avait enjoint à toutes les autorités de procéder à l’effacement de la moindre donnée relative au système coupable. D’immenses et impitoyables purges avaient été conduites durant le premier millénaire qui avait suivi la sentence.

A l’aube du second, la Terre était devenue une légende. La légende avait nourri le mythe. Les fantômes habitaient de l’autre côté du Sceau. Des milliards de fantômes haineux et vengeurs qui n’attendaient qu’une chose. Déferler sur l’Empire et le réduire à néant, pierre après pierre. L’Apocalypse Silligiste.

Alviest effectua les dernières triangulations pour déterminer avec précision le point zéro du forage. Il paramétra les divers robots et machines qui, bourdonnant et cliquetant, s’attelèrent bientôt à la tâche. Le chantier avança très vite. L’Empire avait mobilisé les dernières technologies, notamment celles développées en partenariat avec les Gnomes Forgerons dont les domaines s’étendaient entre les nuages évanescents du Bras de la Carène. Avant que le soleil eut sombré derrière l’horizon, l’ingénieur s’assit, terrassé par l’émotion, bouleversé par ce qu’il venait de mettre à jour. Les doigts délicats de l’astre couchant caressaient d’une lumière rouge et rasante les contours d’un édifice enseveli dans les profondeurs de la poussière stratifiée.

Dans le silence absolu qui s’était reformé quand les machines obéissantes s’étaient mises au repos, Alviest plongea ses regards dans le gouffre du passé où une force mystérieuse l’attirait. Il distingua quelques moellons descellés et des murs écroulés, des moulures courant sur une colonne décapitée, des fenêtres béantes sur une noirceur de tombeau et les degrés d’un grand escalier rompu en deux. Il esquissa un mouvement de recul, s’attendant malgré lui à voir des cohortes de silhouettes brumeuses surgir des ouvertures obscures. Le réveil des fantômes. La colère des fantômes. Il ne croyait pas au Culte mais précisément en cet instant, isolé à des centaines de kilomètres de toute autre présence humaine, ses certitudes scientifiques devenaient très relatives. Mais rien ne se profila entre les ombres épaisses.

Quand la clarté inonda violemment le site de recherches, il sursauta une nouvelle fois. Les assistants cybernétiques avaient suivi les procédures et avaient déployé les mâts supportant d’énormes marmites qui déversaient des flots d’une lumière amplifiée. Les ombres disparurent comme avalées par le sable et les pierres. Alviest regarda autour de lui. La lumière formait un dôme au coeur de la nuit qui recouvrait la plaine. Dans le ciel, des points brillants convergeaient déjà vers lui. Les systèmes de transmission automatiques avaient rapporté la découverte à la base équatoriale. Tous accouraient pour la rencontre du douzième type. La rencontre avec les vestiges d’une civilisation disparue.

C’était une sorte de temple qui comprenait plusieurs parties distinctes. Il avait dû élever quatre tours aux angles d’un vaste quadrilatère. Il ne restait que les niveaux inférieurs des anciennes tours effondrées qui avaient la particularité de posséder une section en L. Des enfilades de salles désertes déconcertèrent les explorateurs qui s’élancèrent en nombre après que les machines eurent cartographié et géolocalisé les lieux, millimètre après millimètre. Il n’y avait plus rien. Tout était vide. Il ne s’agissait pas de ce vide excrété par la lente digestion du temps. C’était le désert aride de la pièce abandonnée par ses occupants qui n’avaient rien laissé derrière eux. Les Fantômes. Des récits non contrôlés se propagèrent sur les réseaux, insidieusement manipulés par les zélateurs du Culte de l’Apocalyspe Silligiste.

Puis les scientifiques refluèrent dépités, les mains vides et le coeur rempli de frustration. Il n’y avait rien. Ce n’était ni logique ni naturel. Alors que les préparatifs du départ avaient commencé, une petite machine était restée en arrière. Elle avait été envoyée comme des dizaines d’autres explorer chaque recoin du site archéologique. Mais sa programmation avait dû être, d’une façon ou d’une autre, altérée. Elle ne revint pas avec ses jumelles mais bifurqua de sa trajectoire prédéfinie de façon inattendue. Elle se retrouva à l’intérieur d’un étroit conduit technique dont les parois étaient recouvertes d’un matériau qui absorbait les rayonnements utilisés pour le balayage topographique, le rendant indétectable. La petite boîte agile avait progressé jusqu’à une salle dont toutes les ouvertures avaient été scellées.

Ne sachant plus comment revenir en arrière, elle épuisa ses réserves d’énergie en se cognant contre les murs. Quand la jauge dépassa une valeur minimale, la petite machine indisciplinée émit un puissant signal de détresse qui jaillit hors du temple et fut intercepté. Du plafond éventré de la salle perdue, les scientifiques descendirent lentement le long de câbles. Les pinceaux de leurs lampes frontales révélèrent la Relique simplement posée sur le sol dallé. Ils la remontèrent avec soin pour une expertise plus approfondie. Un peu plus tard, une navette rapide l’emportait dans ses flancs vers le Coeur de l’Empire.


(à suivre)

M


  
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