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 WA, exercice n°140 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 19 mars 2015 à 22:41:59
C’était un auteur de fantasy, un des plus grands et des plus prolixes ; c’était un auteur drôle, qui ne reculait devant aucun paradoxe, aucune situation outrancière. Son imagination était sans limite, et son style ne s’embarrassait pas de convenances. Dans un texte de fantasy, il pouvait faire des comparaisons issues de notre monde moderne, sans aucun scrupule. Mais il pouvait se le permettre, il était Terry Pratchett. Toutes ses histoires avaient du sens. Sous couvert d’histoires amusantes et fantaisistes, il dénonçait la dictature, la guerre, l’ambition, la discrimination... Ses gentils étaient souvent démunis face à l’adversité, mais ils étaient tous courageux et ils recevaient toujours l’aide nécessaire pour triompher à la fin. Ses personnages récurrents n’étaient pas des héros infaillibles, mais il savait nous les rendre attachants. Le Disque Monde est un chef d’oeuvre et il a fait sa gloire. Et pourtant c’est en lisant « Nation », un roman radicalement différent, que j’ai réalisé que cet homme était un très grand écrivain.
Nous sommes tous orphelins de sa perte. Le Cercle de Faëries se doit de lui rendre hommage, et ce sera l’objet de la WA 140. Vous avez deux possibilités : soit écrire votre article pour la revue XYZ, pour honorer sa mémoire et donner envie de le lire à ceux qui ne le connaîtraient pas, soit écrire une histoire construite dans son univers, avec son Monde, ses personnages, son humour, ses valeurs... et du sens.
Vous avez pour cela quatre semaines, jusqu’au jeudi 16 avril.
Laissez parler votre coeur. L’humanité de Pratchett éclatait dans tous ses livres. Soyez sûrs qu’il appréciera avant tout votre sincérité.
La mort, pour terrifiante qu’elle soit, fait partie du contrat. Sa Mort, à lui, était masculine, et avait envers les humains une curiosité bienveillante. Nous souhaitons tous que ce soit Lui qui l’ait emporté.
Narwa Roquen, semper fi


  
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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2015-04-12 18:13:06 

  WA - Participation exercice n°140 - Part I (edit)Détails
Voici la 1ère partie d'une histoire dédiée au Maître du Disque-Monde. J'ai essayé de ne pas dénaturer l'esprit qui souffle dans ses romans (et c'est bien difficile!)

Finalement, je ne vais vous proposer que les 2 premiers chapitres d'un roman potentiel!

--------------------

LE CRIME DE L’AURIENT EXPRESS


Cela rappellera à certains de très vieux souvenirs...

1


« Ramenez-moi Vimaire et, oserais-je dire dans les plus brefs délais ? »

C’était un filet de voix à peine audible qui avait jailli des lèvres pâles et serrées du seigneur Vétérini. Le Patricien reposa doucement le rapport sur son bureau tandis que son regard se perdait au loin, au-delà du damier verdoyant moutonnant vers l’horizon. Du bout de ses doigts manucurés, il tambourina sur le palissandre lustré recouvrant le plan de travail devant lequel il était assis. Son visage demeura imperturbable mais il ne fallait pas vraiment s’y fier. Certaines oubliettes du dernier niveau des sous-sols du Palais renfermaient encore des naïfs ayant cru plus que de raison à l’impassibilité trompeuse du Patricien d’Ankh-Morpock.

Avant que le mot n’ait eu le temps de s’évanouir dans l’air, les deux gardes avaient déjà filé à la plus rapide vitesse permise par leur harnachement et le débattement de leurs longues hallebardes. Une plume voletait de-ci de-là à l’endroit où ils se tenaient un instant plus tôt. Le zèle n’était pas un défaut aux yeux de l’homme mince, tout vêtu de noir, qui essayait de maintenir un équilibre précaire entre l’Ordre et le Chaos, chose peu aisée dans une ville cultivant comme nulle part ailleurs une propension naturelle à l’entropie. Il poussa un discret soupir. Dans le ciel immensément bleu qui se découpait dans l’arrondi de la fenêtre du Bureau Oblong, il aperçut un gros nuage noir s’avançant lentement vers la Ville, annonciateur d’ennuis. De très gros ennuis, même ! Bien sûr, cela avait un point commun avec ce qu’il venait d’apprendre.

En toutes circonstances, Vétérini gardait un flegme et une maîtrise de soi exemplaires, ce qui, somme toute, revenait au même. Cela faisait partie du personnage, avait osé un jeune persifleur qui s’était cru à la fois spirituel et suffisamment bien né. Le bourreau lui avait rapidement fait comprendre l’inanité de ses certitudes, à l’aide de pinces coupantes, de crochets de dentiste et d’autres instruments variés qui, tous, luisaient sinistrement dans les flammes du brasero où ils patientaient. Au départ, on ne pouvait reprocher au persifleur qu’un manque de jugeote. Bien vite, mais sans doute pas assez pour lui, il ne lui resta qu’assez peu de ce qui constituait l’intégrité physique de sa petite personne. A la fin, il avait capitulé, au sens étymologique du terme. A force de faire de l’esprit, on en perd la tête. Telle fut la modeste mais vitale leçon que lui donna, post-mortem, le Patricien.

Le seigneur Vétérini tourna ses pensées vers un lointain royaume désuni, couvert de profondes forêts et de châteaux aux tours flanquées d’innombrables échauguettes. C’était la terre des Loups-Garous et des Vampires, sans compter ces petits mineurs compulsifs qui creusaient les montagnes bien plus vite que la carie n’attaquait les dents des citoyens d’Ankh-Morpock. Oui, Vétérini pensa à l’Uberwald, source régulière de maux qui mettaient à mal son sens du devoir.

Il se souvint alors de l’histoire de ce Baron visionnaire ayant voulu concurrencer le Comptoir Inter-Cités de Diligences qui reliait les villes du continent entre elles, avec des itinéraires bien définis, des horaires respectables et des prix qui ne l’étaient pas moins. L’iconoclaste, originaire d’Uberwald, avait voulu proposer un autre modèle économique plus flexible. Il avait commencé d’ouvrir des boutiques où les propriétaires de charrettes, carrioles, carrosses, bref de tout ce possédait des roues, pouvaient proposer, sans être affilié à une quelconque guilde professionnelle, leurs services à des tarifs particulièrement attractifs. Il suffisait de s’inscrire sur un grand tableau d’ardoise effaçable, les caractéristiques de leur proposition dans la colonne Vendeur. Ceux qui étaient intéressés faisaient leur choix ou, si aucune offre ne correspondait à leur besoin, pouvaient également décrire celui-ci dans la colonne Client. Le prix de la course était nettement moins onéreux que le tarif officiel, malgré la petite commission prélevée au passage par l’ingénieux Baron. Sa petite entreprise avait prospéré et n’avait pas tardé à menacer dangereusement l’hégémonie de la Compagnie Inter-Cités. Celle-ci avait alors vigoureusement protesté, arguant du fait que son habile et imaginatif concurrent ne respectait pas la règlementation ; qu’il n’avait pas acheté l’exorbitante licence indispensable à la pratique ; que ses conducteurs occasionnels n’étaient pas suffisamment formés et assurés, et crime impardonnable s’il en était, qu’il ne payait pas les taxes et impôts sur une bonne partie de son activité ! Autant de recettes en moins pour les caisses régulièrement asséchées d’Ankh-Morpock.

Vétérini fronça les sourcils. Comment s’appelait cette compagnie déjà ? Elle avait un rapport avec la terre natale du Baron. La Compagnie Uber, c’est bien ça, avec un accent sur le U. Il en avait même déposé le nom au Bureau des Agréments, des Brevets et des Sorts Magiques. Mais, pour l’entrepreneur précurseur, trop en avance sur son temps, la roue de la Fortune avait tourné contre lui. Il se retrouva ligoté dessus, les reins arqués sur le moyeu, tandis qu’une lourde barre de fer maniée avec dextérité, rompait un à un tous ses membres ! On ne plaisantait pas avec les taxes et les arrangements politiques, à Ankh-Morpock. Ses boutiques furent fermées et ses avoirs confisqués, autrement dit saisis par l’administration Fiscale ! Le Baron ignorait que le Patricien, comme une bonne partie de ceux qui possédaient le pouvoir, visible ou invisible, à Ankh-Morpock, détenait une part dans le capital du CID. Mais le Baron était trop sûr de lui et le trop de confiance attirait le danger, n’est-ce pas ?

« Vous m’avez demandé ? »

Entre les deux gardes encore tout essoufflés par la course, le capitaine Vimaire n’avait pas eu le temps de se refaire une beauté. Il avait gardé le manteau à courtes pointes endossé toute la nuit dans les rues agitées d’Ankh-Morpock. Le Capitaine du Guet était un homme dans la force de l’âge, aux traits durs et burinés. Il affichait un air impénétrable, ce qui impressionnait de plus en plus le Praticien. Celui-ci fronça à nouveau les sourcils quand il découvrit que le casque rutilant d’un de ses gardes était pas mal enfoncé d’un côté.

« Pas eu le temps de prévenir mon agent ! dit le Capitaine, goguenard, qui avait suivi ce regard. Carotte a cru que vos sbires voulaient en découdre.
- Carotte ? fit Vétérini, interrogatif.
- Un jeune Nain qui a été recruté par votre secrétaire, sur recommandation, je crois !
- Ah oui, Le Nain ! fit encore Vétérini, qui tordit le cou à son air interrogatif. Il nota l’expression incrédule qui se peignit aussitôt sur le visage de ses gardes. Fallait pas exagérer, disait-elle, La race avait bien changé, dites-donc ! Un Nain, ça ? Ouais, peut-être dans le cri sauvage qui accompagna le coup !
- Tout petit, il a été adopté par un roi Nain mais, question taille, il se rapproche d’un Troll, si vous voyez ce que je veux dire ! expliqua Vimaire en levant la main au-dessus de lui pour atteindre la bonne hauteur.
- Bob, bon... A l’avenir, laissez mes gardes tranquilles, voulez-vous bien ? Vétérini rassembla ses idées. Capitaine, j’aurais besoin de vos services pour une mission d’une exceptionnelle importance ! La façon dont vous avez mené à terme la difficile enquête sur le Grand Dragon...
- ... et d’avoir écarté le retour du Roi ou d’avoir démasqué l’ambition de Wonse, votre secrétaire particulier? demanda benoîtement Vimaire, qui faisait tout son possible pour déchiffrer la vérité derrière les paroles du Praticien.
- C’étaient des éléments périphériques, argumenta le Patricien. Les hommes sont prêts à suivre n’importe quel bonimenteur du moment qu’il leur montre ce qu’ils veulent voir et qu’il les caresse dans le sens du poil ! Vous avez entendu parler de l’inauguration qui aura lieu demain ?
- Laquelle ? Une ville d’un million d’habitants compte chaque jour son lot d’inaugurations. Je peux vous en citer au moins...
- Capitaine, je vous parle de l’inauguration de la première Voie Faeriée du Monde !
- Oh, celle-là ! Vimaire haussa les épaules. Je croyais que vous ne la portiez pas dans votre coeur ! Il parait que les plans ont été dessinés par Léonard de Quirm lui-même.
- Pas suffisamment surveillé de près, sur ce coup-là ! marmonna Vétérini en jetant un regard noir sur les gardes qui firent mine de ne rien entendre. Il est certain, reprit-il à haute voix, que la paternité en revient à un obscur nobliau d’Uberwald, Otto Von Landau, même si c’est la Compagnie Inter-Cités de Diligences qui va exploiter la ligne promise à un bel avenir. Bref, là n’est pas l’affaire qui nous intéresse.
- Ah bon... ponctua Vimaire, attentif.
- Oui, selon des informations que je tiens de source sûre, continua Vétérini en tapotant le rapport, une machination est ourdie dans l’ombre pour attenter à la vie d’un Prince Agatéen en résidence actuellement dans notre belle ville ! C’est un neveu de l’Empereur lui-même. Si cette funeste entreprise venait à réussir, nous risquerions d’encourir les foudres de l’Empire. Je n’ose même pas penser aux conséquences.
- Je peux mener l’enquête. Avec mes hommes, on a eu de bons résultats récemment ! proposa Vimaire.
- Le temps nous est compté, regretta Vétérini, la tentative est imminente. J’ai invité pour cette nuit le Prince au Palais mais, demain, il a décidé de participer au voyage de la première Caravane à emprunter la Voie Faeriée. Si je refuse de le laisser partir, l’Empire va considérer que je le retiens contre son gré et on se retrouve au même point ! Donc, Capitaine, c’est décidé, je veux que vous fassiez le voyage avec lui pour qu’il atteigne sans dommage Kondom. J’ai averti par Clic-Clac les autorités locales qui se chargeront du Prince à son arrivée. Une fois là-bas, son sort ne me concernera plus !
- Quoi, il y a plus de mille deux cents miles jusqu’à Kondom, en Uberwald. Cela fait des jours et des jours de voyage ! protesta Vimaire à l’idée de quitter Sybil Ramkin, sa tendre et incommensurable épouse.
- Triple paie pour vous, barguigna Vétérini, et ceux de vos hommes qui vous suivront. Vous aurez droit à un billet all-inclusive à bord de la Caravane !
- Tous les imprévus seront aussi payés ? demanda Vimaire, poussant sans vergogne son avantage.
- Sur justification alors, et attention, les dépenses somptuaires seront rejetées, grimaça Vétérini.
- Alors, entendu. Quand pourrai-je rencontrer ce Prince ?
- Sur le champ, si vous le souhaitez ! »

Le Patricien claqua dans ses mains. Une porte dissimulée dans la tapisserie s’effaça et comme si tout avait été parfaitement orchestré par un réalisaeur d’Olive Oued forcé manu militari d’interrompre sa grève menée au bord de la psicine, un majordome à l’allure d’automate pénétra dans le Bureau Oblong, précédant une silhouette gracile et ramassée, que s’empressa de détailler Vimaire.

« Bonsoir Altesse, dit Vétérini en s’avançant vers le Prince et en le saluant exactement comme le prescrivait l’étiquette en la circonstance. Bon, quelquefois, l’étiquette était trop visible et il fallait bien la repasser pour qu’elle ne dépasse pas du col cassé. Cela tombait bien, les cols du Patricien étaient tous parfaitement amidonnés. Il se préoccupait certes des relations internationales avec ses voisins, notamment les plus puissants, mais il ne fallait tout de même pas exagérer. Il fallait néanmoins lui reconnaître qu’il n’était pas aveuglément belliciste.

A vrai dire, physiquement, le Prince était un représentant assez peu banal des ressortissants agatéens habituels. Tout d’abord, sa peau n’avait pas cette teinte vieil ivoire si caractéristique des natifs d’Aurient, bien que ses traits étaient pétris de cet éternel côté enjoué qui passait souvent pour une impassibilité narquoise. Ensuite, une élégante moustache soulignait l’absence de proéminence nasale mais ses pointes, au lieu de retomber de part et d’autres des lèvres pincée et princières, se relevaient comme les extrémités d’un bateau Klatch. Enfin, il était vêtu à la dernière mode sautillant tant bien que mal entre les caniveaux d’Ankh-Morpock : gilet empesé, chemise à manches bouffantes et étroits pantalons rembourrés aux endroits stratégiques. Personne ne lui avait soufflé, charitablement, qu’il ressemblait à un citoyen de la Ville comme un Nain à un Pictsie. Cette inhabituelle réaction polie était peut-être due à la légende du Premier Touriste Prodigue qui aurait distribué autour de lui, disait-on, les pièces d’or comme s’il s’agissait de piécettes de vil métal.

« Altesse, reprit Vétérini, permettez-moi de vous présenter le Capitaine Vimaire ! Il fera partie de l’escorte protocolaire d’Ankh-Morpock qui vous accompagnera jusqu’à Kondom. Elle témoigne de l’estime et du respect de la Cité envers l’Empire Agatéen ainsi que des indéfectibles liens amicaux qui les unissent.
- Seigneur Patricien, vous me faites trop d’honneur ! Mon séjour dans votre belle ville n’était pas la visite officielle d’un ambassadeur impérial ! Je suis venu, en tant que simple étudiant, m’inscrire à une formation dispensée par l’Université de l’Invisible.
- Dans quel domaine, intervint Vimaire, la formation, je veux dire ?
- En Licence d’Holmésologie !
- C’est une technique de lancer de sorts ? demanda poliment Vimaire.
- Heu non, c’est tout le contraire. C’est l’art de faire parler des petits détails de prime abord insignifiants, qui permettent ensuite de résoudre des énigmes de toute nature, même criminelles !
- Oh, pour ça, j’ai mes techniques, avoua Vimaire, qui se sentit intéressé. Un petit passage à tabac est une bonne entrée en matière !
- Non, non, Capitaine, sourit le Prince, l’Holmésologie est une science rigoureuse et intellectuelle, presque cérébrale ! Elle fait appel à une excellente mémoire, à une loupe et à une bonne pipe, la plupart du temps.
- Alors, vous avez décroché votre diplôme ? dit le Patricien en se mêlant à la conversation.
- Oui, avec une mention passable ! la voix du Prince trahissait un léger regret. Le grand oral final était particulièrement ardu. L’examinateur était assez déstabilisant !
- Ah oui, qui était-il ? s’enquit Vétérini, qui connaissait plusieurs membres de l’Université.
- Le Bibliothécaire ! A bien y réfléchir, ce n’est pas tant son apparence qui m’a troublé, mais la vitesse avec laquelle il engloutissait les bananes ! Echangeant un éloquent regard, Vimaire et Vétérini ne répondirent pas, mais leurs visages affichaient une expression compatissante.
- Bien, tout est dit ! conclut Vétérini. Capitaine, demain, avec vos hommes, vous vous joindrez à la Caravane. Voici vos ordres de mission et vos laissez-passer, pour les frontières. Ceci est la charte d’embarquement, comme convenu. Vous complèterez les lignes vierges avec le nom de vos agents ! Vos places sont dans la Nacelle Huit, celle du Prince. C’est une première classe. Régulièrement, vous me ferez des rapports par Clic-Clac, c’est entendu, Capitaine ?
- Parfaitement Seigneur ! répondit Vimaire en s’emparant des papiers que lui tendait Vétérini.
- Altesse, je reviendrai demain matin pour vous chercher ! dit Vimaire en s’adressant au Prince.
- Allons Capitaine, pas de formalisme entre nous, répliqua ce dernier. Appelez-moi plus simplement par le patronyme sous lequel je voyage actuellement. J’ai utilisé le nom de naissance de ma mère, qui est beaucoup moins encombrant ! Appelez-moi donc Abbott DeuxPoireaux ! »

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2015-04-21 17:14:36 

  WA-Exercice 140 - Hommage à PratchettDétails
Je ne prétend pas approcher le Maitre, même de loin, mais j'ai essayé de mettre dans ce texte un peu de ce qui me semble être l'essence de Terry Pratchett, de l'absurde pour illustrer la vérité, le tout avec un peu d'humour.

--

Seuls


Cela faisait trois fois que La Mort (qui comme chacun sait, est un mâle, un mâle nécessaire) passait dans ce hall. Trois fois. Selon les règles élémentaires de la magie, lorsque l'on voit trois fois une chose, c'est qu'elle existe véritablement (contrairement au fait de la voir en double qui signifie qu'on a abusé de la bouteille). Avec une voix évoquant la chute d'une pierre tombale sur la tête d'un alchimiste en train d'inventer de pénibles lois sur l'attraction des corps et l'orientation des tartines à la confiture de pomme en train de choir, il se résolu donc à poser sa question.
- ALBERT ? CETTE PORTE, ELLE N'ETAIT PAS LA HIER ?
- Qu'est-ce que vous voulez que j'en sache, le temps ne s'écoule pas ici. Mais pour sûr, non, je ne l'ai jamais vu, ni le hall dans lequel nous sommes. Et d'ailleurs, comment on est arrivé ici ?
La Mort détestait que son manoir se modifie sans son consentement. Ce n'est pas le rôle d'une habitation que de décider elle-même s'il lui manque une pièce ou pas. La nouvelle porte en question était très grande et très ouvragée. De par sa longue expérience de la vie, la Mort savait que la plupart des portes inconnues, et plus particulièrement quand elles avaient le bon goût d’être très grandes et très ouvragées, ouvraient généralement sur des problèmes qui, comme il se doit, s’arrangeaient pour être eux aussi, très grands et très ouvragés.
Résigné, La Mort poussa le battant et se retrouva dans une salle de dimensions tout à fait improbables, le genre de hauteur et de largeur que l'on retrouve seulement en rêve. Spontanément, il s’était dit que le plafond était à une distance infinie du sol, mais il était néanmoins visible. La remarque valait également pour les murs.
Au centre de cette pièce se trouvait, La Mort l'identifia d'un seul coup d'oeil, le plus grand, et le plus ouvragé des problèmes qu'elle n'ait jamais eu l'occasion de contempler.
Albert, lui se contenta de siffler et de souligner l'évidence.
- Mazette, ça c'est du sablier.

* * *


Lorsque Mustrum Ridculle, Archichancelier de l'université de l'invisible se réveilla, trois remarques le percutèrent immédiatement. La première lui racontait des choses à propos du soleil radieux qui perçait ses fenêtres et réchauffait agréablement la pièce. La seconde évoquait le fait qu'il s'était endormi la veille du sommeil du juste, avec le sourire enfantin de celui qui n'a pas le moindre souci. La troisième remarque, dérivé direct des deux premières, lui proposait amicalement de ne pas se lever, ceci afin d'éviter la fin du monde qui faisait immanquablement suite aux instants parfaits susnommés.
- Ce n'est pas la fin du monde, tout de même ! Et puis c'est naturel.
- Naturel ? Voir votre ventre bedonnant et votre peau flasque ? Les asticots qui sortent de la tête des zombies sont naturels aussi, ce n'est pas pour autant qu'on aime les contempler avant le petit-déjeuner. Et puis je me fiche de ma robe, je veux mon chapeau ! Mon chapeau ! Un mage sans chapeau c'est comme... Euh...
- Des zombies sans asticots ?

A l'oreille, l'Économe et le Doyen s'écharpaient joyeusement pour une probable mauvaise blague d'un tiers, ce qui chiffonnait un peu Ridculle. Non pas qu'il désapprouvait les blagues, au contraire, mais il n'aimait pas être tenu à l'écart de ce qui était amusant, surtout quand c'était au dépend de l'économe. Il se leva donc pour enfiler sa robe et son chapeau, mais ne trouva ni l'un ni l'autre. Il ouvrit son armoire mais n'y découvrit que quelques mites désoeuvrées. De vêtements, points.
Haussant les épaules, il décida que la première personne qu'il croiserait ferait un coupable idéal et serait en charge de résoudre le problème. Le vainqueur fut donc un doyen aussi nu que lui. Par ailleurs, celui-ci se faisant invectiver depuis un bon quart d'heure par l'Économe, il était déjà au courant de tout ce qu'il y avait à savoir sur cette affaire.
- Taisez-vous, vous deux. Je viens de me réveiller, je suis nu et j'ai faim. Doyen, résolvez-moi ce problème. Et après, vous irez faire du sport, l’Économe a raison, votre vision risque de troubler l'appétit des esprits les plus faibles. Économe... Apportez-moi une tartine à la confiture de pomme. Et ne la faites pas tomber !

* * *


Nounou Ogg n'avait rien à se mettre. Littéralement. Non pas que ça la gênait particulièrement, mais qu'une sorcière se fasse voler ses vêtements, ce n'est pas correct. En plus, Mémé Ciredutemps devait passer prendre le thé tout à l'heure et elle n'avait pas envie de subir ses remontrances. Alors qu'elle se demandait ce qui était pire entre aller nue s'acheter de nouveaux vêtements en ville ou attendre Mémé, quelqu'un frappa à la porte. Nounou répondit d'une voix tout à fait convaincante :
- J'suis pas là.
- Ouvre-vite, c'est Magrat, je suis nue !
Elle aussi ? Nounou ouvrit la porte et fit entrer son amie.
- Du thé ?
- Avec deux sucres.
Il ne restait donc plus qu'à attendre Mémé.

* * *


La Mort contemplait un sablier immense, en bois, intégralement sculpté. A sa base se trouvait un livre surmonté d’une tortue, sur laquelle était posé quatre éléphants, eux même supportant l'ensemble du sablier. Quatre colonnes entouraient ce sablier et représentaient divers personnages. La Mort y trônait d'ailleurs en bonne place.
- Eh, je suis là ! Par contre ils m'ont mis à côté de cette andouille de Rincevent. Mais patron, je ne comprends pas. C'est le sablier de qui ? A'Tuin ?
La Mort mis sa main dans sa manche et sorti un (toute proportion gardée) grand sablier orné d'écailles de tortue et dont le sable s'écoulait très, très lentement.
- NON.
- Alors qui ?
- DESOLE, ON M'APELLE. JE REVIENDRAI.

* * *


Ridculle n'en revenait pas, le Doyen avait été efficace, il se passait donc quelque chose de vraiment grave. Le problème n’avait pas été résolu, évidemment, et certains tentaient déjà d’établir des équations entre la taille du chapeau, de la barbe et celle de ... Bref. Le problème restait entier, mais ses idées avait été bonnes. D'abord il avait envoyé Cogite Stibon consulter S.O.R.T., puis il avait proposé d'invoquer La Mort pour le questionner. Il avait même émis l'hypothèse, pas si farfelue que ça, qu'un nouveau trop plein de croyance avait invoqué un animal mythique mangeur de vêtement.
- OUI ? FAITE VITE, JE SUIS TRES OCCUPE. ET VOUS AURIEZ PU VOUS HABILLER. UN PEU DE TENUE QUOI, JE SUIS LA MORT QUAND MEME.
Tous les mages qui comptaient (et pas mal des autres) étaient présents pour cette invocation. L'important n'était pas tant de faire quelque chose que de montrer qu’ils le faisaient. Curieusement, le fait que la population d'Ank-Morphok se soit massée devant l'université pour réclamer qu'on lui rende ses vêtements avait eu un effet positif sur la motivation des mages. Ridculle tenterait de se souvenir de cette astuce.
- Justement, c'est là le problème. Nos vêtements ont disparu. Tous. Auriez-vous une idée de l'endroit où ils se cachent ?
- NON.
- Peut-être qu'un gnome mangeur de vêtement est apparu récemment ? Une armée de licornes roses invisibles ? Un trou noir absorbeur de textile ?
- NON.
Pas causante La Mort. Mais c'est ce moment que choisi Cogite pour entrer.
- J'ai la réponse de S.O.R.T., apparemment, c'est un problème très compliqué.
- TRES COMPLIQUE ?
- Oui, Méta-fort même.
- META-FORT ? OH. JE CROIS BIEN QUE C'EST LA FIN DU MONDE DANS CE CAS. SI VOUS PERMETTEZ, JE VAIS AVOIR BEAUCOUP DE TRAVAIL.

* * *


Lorsque Mémé entra, elle était d'une humeur massacrante (c'est à dire, bien plus que d'habitude). Elle s'assit sans un mot, pris une tasse de thé sans sucre. Et lâcha d'une voix lugubre :
- J'aime pas être nue.
Nounou pouvait comprendre ça, surtout aujourd'hui, mais le fait est que Mémé était habillé. Magrat fit l'erreur de lui faire remarquer.
- Mais... Mémé, tu es habillée toi.
- Mais j'avais plus de vêtement quand je me suis réveillée.
- Alors... Comment as-tu ?
Mémé lança un regard noir à Magrat, probablement le même genre de regard que celui qu'elle avait dû lancer à son armoire. Selon toute probabilité, l'armoire, étant incapable de se suicider sans aide extérieure, avait décidé d’invoquer toute seule une vieille robe plutôt que de supporter ces yeux de plombs plus longtemps. A bien des égards, c'était compréhensible, la réalité avait tendance à aller se cacher quand elle n'était pas au goût de Mémé.
- J'vous ais pris deux robes aussi. C'est des vieilles à moi, mais sortir nue, c'est pas correct.
- Et où on va ?
- Au rendez-vous.

* * *


La Mort ne comprenait pas, c'était encore plus agaçant que d'avoir des pièces surnuméraires dans son manoir. Même les chats semblaient mal à l'aise devant ce sablier. Les grains s'écoulaient de manière erratique mais très rapide. A ce rythme, il n’y en aurait plus d’ici une heure, tout au plus.
Ce sablier-là désignait clairement la vie de quelqu'un, ou de quelque chose. Mais ce quelque chose était plus grand que lui. Les contrôleurs ? A sa connaissance, ceux-là n'avaient pas de sablier, parce qu'en avoir un signifiait exister, donc mourir instantanément.
Les sculptures ressemblaient à la pièce dans laquelle se trouvait le sablier. De loin, on ne voyait que quelques personnages principaux, mais en regardant les détails, La Mort se rendait compte que tous les habitants du Disque-Monde, sans exception, y étaient. De Cohen au bagage, des dieux petits et pas, des assassins, des voleurs, le guet, sa Suzanne, la fée des dents, le père Porcher, sans compter les bâtiments, des temples, des banques, des guildes, des villes complètes étaient représentés là... Chaque regard amenait de nouveaux détails. La surface ne permettait pas une telle quantité d'information, mais il fallait se rendre à l'évidence, tout était gravé sur ce sablier.
- Dites Patron, cette histoire de vêtements. Pourquoi on en a encore nous ?
La Mort se retourna et vit un Albert complètement nu.
- REGARDE-TOI.
- Eh ! Mais qui a fait ça !
- JE CROIS QUE C’EST UN MESSAGE.

* * *


Les trois sorcières venaient de sortir leurs balais et les regardaient d'un air mauvais. Lorsque Mémé avait parlé d'un rendez-vous, Nounou et Magrat n'avaient pas osé demander où celui-ci se passerait, ni avec qui. Mais si elles avaient perdu leurs vêtements, alors la magie devait y être pour quelque chose. Et les balais, c'est magique.
- Je ne veux pas monter là-dessus.
- Magrat, tu as raison. Mémé ? Ce rendez-vous, je crois que ce serait plus pratique s'il était ici non ?
- Mouais.

Alors elles attendirent.
Et la Mort apparu.

- BONJOUR.
Les trois sorcières se regardèrent d'un air perplexe et d'une même voix répondirent.
- C'est pas notre heure encore.
- EN TEMPS NORMAL, VOUS AURIEZ RAISON, MAIS VOUS ETES LES SEULS ETRES VIVANTS DU DISQUE MONDE ENCORE HABILLES. ET JE CROIS QUE CA A UN RAPPORT AVEC LE SABLIER GEANT QUI EST APPARU CHEZ MOI CE MATIN ET UNE HISTOIRE DE FORT META.
Les yeux plissés par la concentration, Mémé pris alors parole.
- Il manque du monde encore.
- QUI ?
- Ceux qui comptent. Les Principaux.
Il y a avait quelque chose de presque... hésitant, dans la voix de Mémé. C'est à ce moment-là que Nounou compris que c'était vraiment grave.

* * *


Lorsque Rincevent se présenta à l'université, L'archimage Ridculle, par pur souci d’efficacité, eut d'abord envie de le remettre aussitôt à la porte, mais le Bibliothécaire, bien content d'être vêtu de poils plutôt que de tissu (le bibliothécaire, comme vous le savez surement, est un mage tout ce qu'il a de plus normal, à ceci près que suite à une expérience un peu hasardeuse, il est devenu un Oran-Outan. S'étant rendu compte qu'il était en fait revenu à l'embranchement juste avant l'erreur qui avait créé l'homme (bien plus stupide et méchant que l'Oran-Outan moyen, il faut en convenir), il s'en est trouvé fort aise et est resté ainsi depuis) , l'invita à entrer. En outre, l’ex-détenteur du huitième sortilège n’était visiblement pas là que de son plein gré, car un bagage aux multiples pieds, quoique dépourvu d’yeux, regardait tout le monde d’un air menaçant.
- Ook.
- Je ne voulais pas, mais je n’ai pas eu le choix.
- Ook ?
- Oui, les autres arrivent.
- Les autres ? Demanda Ridculle.
- Les autres, répondit Rincevent avec une mauvaise humeur tout en considérant que la conversation était intelligible.
- Ook Ook Eek !
- Bah, pourquoi pas.

* * *


- Tout le monde est prêt ?
L'Économe, qui visiblement ne l'était pas, redemanda pour la quinzième fois, pourquoi tout le monde, y compris un tas de non-mages, s'entassait dans cette salle de téléportation expérimentale. Le fait est que la téléportation échouait parfois. La plupart du temps, les vêtements étaient perdus, ce qui, pour l'occasion, n’avait pas grande importance. Restait le risque qu'à la place d’un chapeau, l'une ou l'autre personne perde un doigt, mais la magie serait bien bête de confondre un doigt et un chapeau non ?
Dans un nuage de fumée rose, l’assemblée, mages en tout genre, membre du guet, et même le Patricien Vétérini, disparu.

* * *


Tout le monde était là. Certains cachés comme Vimaire et ses acolytes, d’autres qui se mettaient un peu plus en avant, comme le Patricien qui vociférait des ordres à qui voulait les entendre. Des mages, des sorcières, des barbares, des dragons, des artefacts... Il y avait même un touriste du nom de Deux-Fleurs qui prenait des photos et souriait comme un gamin. Il faut dire, ce n'est pas tous les jours qu'on peut visiter la demeure de la Mort.
Comment la téléportation des mages sur ordre d'un bagage en poirier savant avait ramené tout le monde ici, la plupart l'ignoraient. Rincevent tentait, lui, de se faire tout petit, convaincu qu'il était que le sort qui devait transporter toute l'équipe s'était emmêlé quand il avait découvert qu’il devrait reconstituer la personne qui avait contenu le huitième sortilège dans sa tête. Qu'importe, tout le monde - Tout le monde - était là. Et le grand Sablier ouvragé perdait son sable à une vitesse alarmante.
- Ook ?
La question était pertinente, mais personne n'avait de réponse. A moins que...
- Le sablier est presque finit.
- Et quand il le sera ?
- COUIIIIII
- On va tous mourir !
- NON, PERSONNE NE VA MOURIR, CA, C’EST MON TRAVAIL. MAIS SELON TOUTE PROBABILITE NOUS CESSRONT D'EXISTER. CE QUI, A CERTAINS EGARDS, EST BIEN PIRE.

Et le sablier n'eut plus de sable.
- EEEEEEEKKKKKK !
...
...
- CE N'EST PAS POSSIBLE.
- On vit encore ?
- Là, regardez, des grains apparaissent avant de s'écouler.
- Mes vêtements, ils reviennent !
- Mon chapeau !
- Les nouveaux grains, ils ralentissent ! On dirait même qu’il y en a qui vont du bas vers le haut !
La mort ne comprenait pas. Tout le monde parlait en même temps, il ne savait plus qui disait quoi à qui. C’est pour ça qu’il vivait à l’écart du monde, parce que le monde lui donnait mal au crâne.
- Métaphore ! C'est ce que vous avez dit non ?
Tout le monde se tourna vers Mémé.
- EUH... OUI.
Et alors, la Mort, lui aussi, compris. Et les vêtements de chacun commencèrent à réapparaitre.
- MON AMI TERRY EST PARTI. JE CROIS QU'IL NOUS PROTÉGEAIT DU FAIT DE NE PAS EXISTER.
- Alors maintenant qu’il est plus là, on est, métaphoriquement, à poil ?
- OUI ARCHIMAGE RIDCULLE, C'EST EXACTEMENT CA. MAIS JE CROIS QUE CE SABLIER, CE SONT LES AMIS DE TERRY QUI LE NOURRISSENT. POUR SURVIVRE... JE CROIS QUE NOUS N'AVONS QU'A VIVRE. CHAQUE HISTOIRE VÉCUE ET A VENIR GÉNÉRERA DES GRAINS DE SABLES. DES MILLIERS, DES MILLIONS, UNE INFINITÉ.
NOUS POURRONS MOURIR A NOUVEAU, MAIS PAS CESSER D'EXISTER.

* * *


En hommage à Terry Pratchett, qui avec ses concepts absurdes, m'aide à comprendre le monde au quotidien.
--
Onirian, grain de sable dans un sablier géant.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2015-05-03 21:07:23 

  WA - Participation exercice n°140 - fin (edit)Détails
Le deuxième chapitre, donc...
j'espère que les fans de TP ne m'en auront pas trop voulu!

La bande son n°2

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Le capitaine Vimaire se détendit peu à peu. Les légères secousses régulières de la caravane lancée à bonne allure dans la plaine morpockienne avaient fini par apaiser la nervosité qui l’avait étreint, comme tous les passagers, lorsque le convoi s’était sèchement ébranlé sous les vivats un peu inquiets des badauds venus assister en masse à l’ouverture de la première ligne faeriée qui devait, à terme, relier Ankh-Morpock à l’Empire Agatéen, dans le lointain Aurient.

La cérémonie avait été mortellement ennuyeuse, interminable succession de discours fleuve à l’image de celui qui traversait péniblement la cité. Ce fleuve qui charriant tellement de matières inconnues et généralement nauséabondes qu’il pouvait être découpé à la livre pour permettre, une fois le vague dépôt aqueux qu’il contenait évaporé, la fabrication de briquettes assez compactes propices à de multiples usages. Des rubans avaient été coupés. Une petite fille s’était égosillée sous le regard bienveillant et attendri des officiels, en tout cas de ceux qui avaient pris soin de se munir de bouchons auriculaires performants, tandis que les autres tentaient de réfléchir à la façon la plus sophistiquée de faire payer ses parents. La meilleure façon de leur présenter la douloureuse. Des dizaines de colombes symbolisant la paix avaient été lâchées dans le ciel, suivies par une multitude ruminant l'endroit où étaient rangés les petits pois et les navets. Ces pauvres volatiles avaient une espérance de vie qui ne pouvait dépasser les limites de la ville. L’Archichancelier de l’Université avait enfin déclamé une longue tirade où il avait mélangé pêle-mêle la nostalgie du bon vieux temps, le cynisme débridé des temps modernes, la magie comme moteur principal du progrès et la baisse des subventions publiques qui étranglaient ses finances.

«Ook ! » avait vigoureusement approuvé le Bibliothécaire qui se tenait à ses côtés.

Cependant, celui à qui s’adressait cette diatribe avait brillé par son absence. Le Patricien fuyait comme la peste ces manifestations publiques.

Voulant mieux connaître ce dans quoi il s’embarquait, Vimaire était arrivé de très bonne heure et avait mis à profit la quiétude du petit matin pour se livrer à une rapide mais efficace inspection de cette fameuse caravane.

Il avait été assez impressionné par le caravansérail, érigé dans le faubourg d’Ankh-Morpock. C’était un long bâtiment en forme de fer à cheval qui délimitait une esplanade de terre battue d’où partait la première ligne faeriée. Bien sûr, celle-ci était un peu perdue dans l'espace disponible mais les concepteurs avaient dû parier sur un développement rapide de ce nouveau moyen de transport. Le capitaine s’était accroupi pour étudier de plus près cette nouvelle technique. La voie faeriée proprement dit était constituée de deux lignes de métal parallèles, rivetées à d’épaisses traverses de bois. La Caravane comprenait une quarantaine de nacelles peintes en bleu, en rouge et en jaune vif. A certains détails,  Vimaire comprit que la couleur devait être associée à une gamme de prix. En tête du convoi, il y avait une nacelle plus imposante, aux formes aérodynamiques et agressives, dont le rôle de traction semblait évident. Les roues des nacelles étaient évidées de telle façon qu’elles venaient parfaitement épouser le profil des filaments de métal.

La huitième nacelle méritait bien son rang. Contrairement à ce que son numéro pouvait laisser penser, elle était directement accrochée à la nacelle motrice. Bien plus spacieuse qu’un carrosse de bonne taille, tout respirait le luxe dans son ameublement. Huit personnes pouvaient s’y tenir très confortablement, profitant de fauteuils moelleux tendus d’un véritable velours cramoisi. Une large table séparait les deux rangées de sièges qui se faisaient face, surmontées de profonds casiers qui pouvaient accueillir de volumineux bagages. De belles lampes à huile au corps en laiton rutilant ornaient les angles de la nacelle tandis que les ouvertures latérales étaient garnies de jolis rideaux assortis aux tentures qui habillaient le compartiment. Il y avait même une échelle, accrochée au flanc de la cabine, qui accédait à une petite terrasse aménagée sur le toit où un grand parasol pouvait être déployé au-dessus de petits sièges de bois. Enfin, une porte s'ouvrait aux deux extrémités de la voiture.

Virmaire était assis à la droite de DeuxPoireaux, Carotte à sa gauche. Celui-ci était l’un des trois agents du Guet qui accompagnaient le capitaine. Chicard et Côlon, qui complétaient l’escorte, occupaient la nacelle Une, celle qui suivait immédiatement la Huit. Vimaire avait consulté le manifeste de bord, même s’il doutait du résultat. Il avait néanmoins fait discrètement arrêter une demi-douzaine de gredins non officiellement mandatés par les Guildes auxquelles ils appartenaient, celles des Voleurs et des Assassins. Ils seraient autant de problèmes potentiels en moins. Vimaire était pragmatique, voire expéditif. Pour le réconforter, Carotte lui avait naturellement fourni une bonne dizaine d’articles tirés de l'épais recueil des Lois et Ordonnances des cités d'Ankh et de Morpock légitimant indubitablement ces arrestations. C’était le jeu éternel de la forme contre le fond ou, plus exactement, de la lettre contre l’esprit ! Pour Carotte, visiblement, chaque lettre comptait triple et chaque mot valait son pesant de fers aux pieds !

La caravane se mouvait dans un relatif silence. Seul le bruit des roues cerclées de métal sur les jonctions de rails rythmait le défilement du paysage derrière les fenêtres de la voiture. La sensation de vitesse avait beaucoup étonné les voyageurs. Quelques cavaliers avaient tenté de suivre le convoi en galopant le long de la voie faeriée mais, rapidement, ils avaient été distancés. Le plus stupéfiant, c’était la constance avec laquelle la caravane avalait les lieux. Aucune diligence ne permettait une telle régularité à si grande allure. Une fois l’étonnement de la découverte émoussé, le spectacle des champs et des haies était vite devenu assez répétitif. Alors les voyageurs de la nacelle avaient entrepris de faire plus ample connaissance. 

Outre DeuxPoireaux et les membres du Guet, quatre autres personnes avaient pris place à bord de la nacelle. Le premier à prendre la parole fut un homme encore assez jeune, assis en face de Vimaire, près de la fenêtre de tribord. Sa peau était d’une pâleur excessive qui contrastait avec ses cheveux, aile de corbeau, gominés et plaqués sur le crâne. Il avait un port de tête guindé et ses yeux ténébreux brillaient d’un éclat fiévreux. Sous un gilet cintré à motif pied-de-poule, il portait une chemise blanche à jabot, au col amidonné, d’où jaillissaient de longues mains aux doigts effilés et comme translucides.

« Che me présenTe. Che suis le Comte Otto Von Landau, commença-t-il. Comme meine akcent le laisse entendre, che suis origuinaire d’Uberwald. Che suis le Koncepteur de cette liggne, même si l’eksploitation en a été Konfiée au CID pour 99 années.

Vimaire entrebâilla ses paupières. Il avait lu le nom sur le manifeste mais n'avait pas fait le rapprochement. Le comte avait vraiment le teint cadavérique. Pourtant, dehors, le soleil dardait ses rayons. Cela ne collait pas. Le Comte s'aperçut de la question qui s'affichait sur le visage de Vimaire.

« Non, je ne suis pas un Vampire, mais ma famille est très proche de Lady Margolotta et vit d'ailleurs dans les dépendances privées de son château aux environs de Bonk. Mon père a pris soin de me donner une solide formation de métallurgiste en m'envoyant auprès des meilleurs mineurs Nains. Il m'a légué également mon bien le plus précieux ! Le sens de l'organisation et de la planification, avant qu'il ne parte à Ankh-Morpock dans l'espoir de faire fortune !  Bien mal lui en a pris ! répondit le Comte, avec l'écho d'un immense regret dans la voix.
- Que lui est-il arrivé, demanda une très jeune femme qui avait également les yeux charbonneux et les longs cheveux aussi noirs que les plus profondes ténèbres. Elle devait à peine sortir de l'adolescence mais était déjà d'une très grande beauté. Elle était assise à coté de Carotte qui était plongé, comme à son habitude, dans la lecture du Règlement. Il recherchait les parties qui pouvaient s'appliquer en pareilles circonstances.
- Il n'est jamais revenu d'Ankh-Morpock. Il a été traduit devant un tribunal et il a été jugé coupable, éluda le Comte. Mais j'ai poursuivi son oeuvre. J'avais une idée qui me trottait derrière la tête depuis un petit bout de temps. L'idée d'un moyen de transport plus sûr, plus rapide et innovant. Cette idée, je l'ai eue pendant mon séjour dans une mine de Nains. Leurs galeries s'enfonçaient loin sur terre et pour ramener le minerai à la surface, ils utilisaient de petits chariots qui roulaient sur des rails en bois et qui étaient mus par tout un système de cordes, de poulies et de treuils hydrauliques. Je me suis dit que cela valait peut-être le coup d'essayer de réfléchir à un système plus autonome et qui serait capable d'emporter des voyageurs d'un point A à un point B à une vitesse jusque là jamais atteinte. J'ai essayé de faire des croquis et des plans mais je me suis retrouvé rapidement bloqué. Je savais où je voulais aller mais il me manquait des notions et des savoirs me faisaient défaut. Jusqu'à ce que je rencontre le grand Léonard de Quirm.
- Oui, quand ce jeune homme m'a présenté ses esquisses, sur de grandes feuilles bleues, j'ai immédiatement compris qu'il tenait une bien belle idée. Bien sûr, il lui fallait un véritable expert en la matière, intervint un vieillard sans âge et chauve, assis en face de la belle jeune femme ».

Une cascade de neige dégringolait sur ses épaules et ses sourcils très fournis étaient aussi immaculés que la barbe qui flottait devant sa poitrine. Ses yeux où luisait une intelligence qui se faisait peur elle-même, étaient profondément enfoncés dans leur orbite comme pour mieux se cacher.

Léonard de Quirm était un ingénieur de premier plan, capable du meilleur comme du pire. Son génial esprit était constamment habité par des machines volantes, des machines sous-marines ou des machines ultra-rapides pour faire le café. Il avait fabriqué les machines de guerre les plus sophistiquées même s'il n'imaginait pas un instant que les hommes pussent s'en servir pour anéantir d'autres hommes. Ce en quoi, il se trompait et pas qu'un peu ! Le Patricien l'avait exceptionnellement autorisé à faire le voyage inaugural uniquement parce que Vimaire l'avait assuré qu'il pouvait constituer un atout dans une main incertaine. Vétérini avait apprécié l'analogie, lui qui ne jouait jamais aux jeux de hasard. Ni à aucun autre jeu, du reste, sauf au plus grand d'entre eux. La Politique, qui, par définition, était la somme de tous les jeux. Et à ce jeu-là, Vétérini était le Joueur par excellence.

« L'idée de départ était excellente, continua le Génie. Simple et fonctionnelle. Une route de fer où roulait un convoi, sans danger, grâce à l'ingénieux emboîtement des roues et du rail. Pas de risque de déraper ou de glisser. Mais le système de cordes des Nains était inapplicable sur les distances projetées. J'avais à l'esprit une nouvelle machine capable de fournir une énergie bon marché. J'avais même dessiné un bleu. Une machine où la vapeur d'eau qui, sous l'effet de la chaleur, se dilaterait, poussant un piston puis quand elle se refroidissait, ramènerait le piston à son état premier et ainsi de suite. C'était génial. Bon, en gros, c'était l'idée ! J'avais appelé cette machine, la machine à faire de la vapeur qui pousse et qui ramène ! »

L'assistance, suspendue aux lèvres du Génie durant ses explications techniques qui semblaient tout droit sorties d'un manuel Agatéen traduit par un Trouduc'teur novice, ne put s'empêcher d'exprimer une légère déception !

« Ouais, je sais, c'est pas très fun, mais j'ai pas trouvé mieux !  se justifia Léonard, un brin philosophe. Quoi qu'il en soit, quelque chose me disait que mon idée pouvait se marier avec celle de mon jeune ami. Nous fîmes des essais, et encore des essais mais après plusieurs échecs, il fallut se rendre à l'évidence. Nous ne parvenions pas à transmettre l'énergie convenablement au convoi. Le moteur à vapeur d'eau n'était pas suffisamment puissant. Et puis, il crachait une fumée noire qui maculait tout ce qui suivait derrière !
- Alors vous vous être rabattus sur ce qui est connu !  En conclut le septième passager, assis juste à la gauche du Grand Inventeur. »

C'était un homme assez jeune et assez maigre, vêtu d'une robe rouge qui avait de nombreuses heures de marche à son compteur. Il était coiffé du chapeau pointu caractéristique de l'Université de l'Invisible qui proclamait fièrement que son propriétaire était un MAJE. Dans ses yeux, quelques fois, fulgurait une étincelle octorine, souvenir indélébile du Sort qui l'avait hanté de nombreuses années et dont il s'était finalement débarrassé au terme d'une éprouvante épopée.

Au-dessus de lui, le Bagage était assoupi dans son compartiment. Rincevent, puisque tel était son nom, maudissait l'ordre que lui avait intimé l'Archichancelier Mustrum Ridculle. Il devait faire partie de ce voyage inaugural. L'utilisation de la Magie à des fins mécaniques était sujette à caution. Il devait faire un rapport à la fin du voyage afin que l'Université de l'Invisible puisse statuer sur les suites à donner à cette affaire. On ne mélange pas Magie et Transports en Commun.

« Vous croyez qu'il est bien normal de détourner la Magie à des fins mercantiles ? » demanda Rincevent.
« Tout notre monde est bâti sur la Magie, s'écria le jeune Comte, les joues gonflées de certitude. A tel point que, parfois, je me demande si notre réalité n'est pas, en fait, une abstraction. Une représentation réduite d'une réalité plus lointaine, qui échapperait à jamais à notre entendement. Quelques fois, j'ai l'impression que nous ne sommes, tous autant que nous sommes, que des ombres projetées sur le mur d'une caverne, les ombres d'une vie infiniment loin d'ici. Nous ne ferions que reproduire, encore et encore, des gestes faits là-bas et qui nous sont à jamais étrangers ! Alors oui, nous avons utilisé des procédés magiques pour arriver à nos fins. C'est écologique. Pas de pollution, pas de dégradation de l'environnement, pas d'épuisement de ressources naturelles, pas d'accident technologique. Rien de tout cela. C'est propre, c'est silencieux, c'est moderne et rapide. C'est efficace. La Magie au service de l'Homme... et des autres Races, bien sûr, s'empressa d'ajouter l'aristocrate utopiste, c'est peut-être ça, l'avenir. Regardez, nous avalons les lieux à travers les plaines de Sto. Nous avançons plus vite que deux fois la vitesse atteinte par un cheval lancé au triple galop. Et cette vitesse est constamment maintenue ! »
- S'il n'y a pas de danger, je suis votre mage ! Répondit Rincevent en se grattant la tête. Pour ça, c'est sûr, au danger mon déplaisir !
- Quelqu'un sait-il pourquoi le huitième fauteuil est vide ? Demanda DeuxPoireaux, en désignant la place inoccupée en face de lui.
- Heu, non, répliqua Vimaire, en faisant mine de s'intéresser à la conversation qui, jusque là, l'avait laissé de marbre. Sur le manifeste, il n'a pas été attribué. J'ai mis ça sur le compte d'une tradition quelconque.
- Ou du prix particulièrement prohibitif du billet ! s'exclama Léonard.
- Je crois bien qu'aucun de nous n'a vraiment payé sa place, à ce que j'en juge ! dit Vimaire. Et cela me convient parfaitement, en ce qui me concerne ! »

Sur ces mots lourds de sous-entendus, les autres passagers se murèrent dans le silence, chacun ruminant sur les raisons qui l'avaient poussé jusque là. Pourtant aucun des sept ne pouvait réellement voir qu'il y avait effectivement un huitième passager dans la voiture. Un passager qui se tenait coi mais qui avait paru très intéressé par les échanges des sept autres. Un passager invisible vêtu d'un immense manteau noir et qui avait rangé une longue faux dans le compartiment à bagages au-dessus de son siège. Cela donna, bien plus tard et de façon légèrement déformée, naissance à la place du mort.

« IL N'Y A RIEN DANS CE MONDE QUI SOIT ETRANGER A MON POUVOIR ! » murmura-t-il.

C'est alors qu'il se retourna vers Rincevent. Il le contempla un instant et, hochant la capuche, soupira un peu résigné :

« PEUT-ETRE QUE SI, FINALEMENT !»

M

voici qq éléments que j'avais néanmoins prévu d'intégrer à la suite:

- Les ch'tis minots : ouvriers affectés à la construction et à l'entretien des voies.
- Des clins d'oeil à des films célèbres : 3'15 pour Yuma, mon nom est personne (la Horde d'argent remplaçant la horde sauvage), l'attaque du train d'or...
- L'invention des montagnes russes.
- Des propos agronomiques : 50 nuances d'engrais (une histoire de la jeune femme mystérieuse de la voiture 8).
- L'intervention de DeuxPoingsZéro, un ninja auriental féru des nouvelles techniques.

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2015-06-17 23:15:48 

 WA, exercice n°140, participationDétails
Une Communauté en quête d’Auteur








Le soleil n’aurait jamais dû se lever. Il avait failli ne jamais plus se lever pour bien moins que ça ! Ou bien la grande A’Tuin aurait dû verser une larme, se frotter l’oeil avec sa patte et hoqueter de chagrin retenu, déséquilibrant ainsi au moins l’un des quatre éléphants qui portent le Disque-Monde. Mais il n’en fut rien. Le Disque-Monde continua à dériver sereinement dans l’espace. Le soleil bâilla, s’étira de tous ses rayons et franchit le Bord d’une roulade pour s’ébrouer gaiement au-dessus de l’horizon. Sur les montagnes du Bélier, il se leva. Sur les collines du Causse, il se leva. Et il se leva sur Ankh-Morpork, la cité aux deux visages, traversée par un fleuve qui charrie plus de pourriture et de cadavres que d’eau claire et de poissons.
Les trois balais se posèrent aux abords de la ville, puis les sorcières continuèrent à pied, six bottines noires aux talons ferrés frappant le sol de toute leur détermination irréductible. Dans les poches du tablier de Tiphaine Patraque, la plus jeune mais non la moins douée, se terraient Rob Deschamps et Guiton Simpleut.
« On porraet pwin discende, Rob ? Mi vodraet ben me daegoteu les gambes !
- Ta goule, Guiton. La kelda a dit « tu y vaes, et tu faermes ta goule! »
- Mae mi j’ae des formis...
Tiphaine glissa les mains dans ses poches.
« Vous pouvez marcher, maintenant. Mais pas de bêtises ! Vous restez près de moi, vous ne volez rien, vous ne buvez rien. Allez ! »
Sur la place des Lunes-Brisées, Planteur je-m’tranche-la gorge vendait toujours ses petits pâtés à la viande – ou à peu près de la viande. Il n’avait pas l’air troublé ni affecté. Il avait juste une nouvelle ride au milieu du front. Les sorcières passèrent leur chemin.
« Peut-être au « Tambour rafistolé » ? D’abord j’ai soif », se plaignit Nounou Ogg d’une voix agonisante, « et puis c’est bien connu, ils savent toujours tout, dans les tavernes.
- Humpf ! », maugréa Esméralda Ciredutemps, « tu entres, tu demandes et tu sors. Ce n’est pas un lieu pour les jeunes filles... ni pour les sorcières respectables, d’ailleurs. »
Nounou se renfrogna (elle avait soif), Tiphaine se renfrogna (elle était une sorcière, pas une jeune fille), et les deux Nac mac Feegle s’éclipsèrent à toute allure avant que quiconque ait pu les arrêter.
Deux minutes plus tard, ils ressortaient en courant, poursuivis par un aubergiste rouge de colère qui tomba nez à nez avec Mémé Ciredutemps.
« Euh... ces vauriens m’ont sifflé une bouteille et...
- Deux piastres ?
- Trois !
- Deux piastres et la protection de ton établissement contre les mauvais sorts, les inondations et l’invasion des extra-terrestres.
- Des extra... ???
- Deux piastres.
- D’accord. »
L’argent changea de main et Nounou Ogg sortit alors, s’éventant avec son chapeau, un sourire béat aux lèvres.
« Rien, ils ne savent rien.
- Tu n’as rien bu, au moins ?
- Mais non, Esmé, hips, pas une goutte... »
Elles visitèrent aussi « La grappe de Raisins », « Les Bières », « Le seau », « Chez Vrille », « Le Gritz », « La tête de Troll », « L’Antre », et même « La Tête du Roi ». Personne ne pouvait répondre à leur question. Le regard bleu de Mémé Ciredutemps se voilait de nuages noirs, Nounou Ogg avait mal aux pieds et Tiphaine Patraque les larmes aux yeux. Les Nac mac Feegle trouvaient le temps long. Mais ils avaient promis à la kelda de protéger leur ch’tite michante sorcieure jaeyante.
« Euh... », suggéra Tiphaine, « peut-être que la police saurait... les personnes disparues, tout ça.... »




Dans le bureau du Guet, le caporal Chicard Chique astiquait amoureusement son arbalète, tandis que le sergent Détritus ronflait de l’innocence du juste troll.
« Excusez-moi », demanda Tiphaine poliment, « est-ce que vous savez où Il est ?
- Qui ça ?
- Lui ! », vociféra Mémé, « Lui, enfin ! Il a disparu hier !
- Oh, une journée, vous savez... Il a dû aller faire un tour...
- Regardez-moi, jeune homme ! »
Chicard Chique connaissait la peur. Mais le regard de Maîtresse Ciredutemps... c’était autre chose... Surtout qu’elle sortit de son chapeau une épingle longue comme une épée, qu’elle fit tourner dans sa main plusieurs fois avant de la refixer d’un oeil mauvais.
« Vous... cherchez... qui ?
- Lui ! TP !
- Oui, bien sûr... Je vais consulter le registre...TP... TP... Timothée Proton ? Tantale Passegrain ? Tiphaine Patraque ?
- Tiphaine Patraque c’est elle, idiot ! Et elle a un chapeau tout aussi pointu que nous autres, vu ? »
Même Nounou Ogg s’impatientait. Le caporal Chique ressentit un immense moment de solitude.
« Le... Commissaire Vimaire... n’est pas là... C’est l’heure du repas des dragons... et sa femme, vous comprenez... Je ne demande pas mieux que de vous aider... Mais TP... c’est qui ?
- L’Auteur », lâcha Mémé Ciredutemps d’un ton funèbre.
- L’Auteur ? Vous voulez dire celui... grâce à qui j’ai eu mon arbalète à la fête de Porcher ? Celui qui m’a fait caporal ? Celui... Il a disparu ? Comment on va faire ?
- C’est pour ça qu’on Le cherche », résuma Tiphaine. « Et personne ne sait où Il est.
- Et nos on protaeje not ch’tite michante sorcieure jaeyante, faudraet pwint se paeyeu not tchaete passe qu’on va pas se laisseu anmaerder par un aepwasonneu, bougrae d’inochaet ! », hurlèrent les pictsies, en sautant sur le bureau.
Les larmes aux yeux, le caporal Chique s’étrangla dans sa phrase.
« Où qu’Il soit, je viens avec vous... Il faut que je Lui dise... Nous devons... Lui ! »




Il étaient quatre plus deux, maintenant, dans les rues d’Ankh-Morpork, résolus mais indécis, déterminés mais perdus, volontaires mais irrésolus.
« La Guilde des Assassins ? » suggéra Gytha Ogg.
- Les Mages ? » proposa Tiphaine Patraque.
- N’importe quoi ! », sanctionna Maîtresse Ciredutemps.
- Oui mais quand même », protesta faiblement Chicard Chique.
Au coin de la rue Caliminou se tenait une petite marchande d’allumettes. Elle était assise par terre, mais sur un joli coussin brodé. Chicard Chique la reconnut tout de suite.
« Comment vas-tu, petite ? Tu te souviens de moi ?
- Oh oui ! C’est vous le gentil monsieur du Guet à qui m’a confiée le père Porcher... sauf que c’était pas vraiment le Père Porcher... Et vous m’avez emmenée chez Toubon et Machine Lecoeur, et vous savez, je suis leur fille, maintenant, je mange trois fois par jour et j’ai un lit à moi !
- Mais tu vends toujours des allumettes ?
- Non, seulement le mercredi. J’aime bien voir du monde... Mais vous avez l’air tout drôle, monsieur Chique... et vos amis aussi...
- C’est que... l’Auteur a disparu depuis hier, et on le cherche...
- L’Auteur ? C’est grâce à lui que j’ai trouvé une famille... C’est un homme bon, je crois. Il est mort, n’est-ce pas ? Pourquoi vous faites cette tête ? Il n’y a pas de honte à être mort. Ca fait partie de la vie, vous êtes des adultes, vous devriez le savoir... Alors, s’il est mort... Je ne suis qu’une petite fille... mais, logiquement, la Mort devrait savoir où il est. Lui aussi, c’est... quelqu’un de bien. Ah... Et si vous le trouvez, remerciez-le pour moi. Et la Mort aussi... Je l’ai reconnu sous son déguisement... »



« La Mort », ruminait Tiphaine, « et comment on va le (1) trouver ? »
Mais Esmé Ciredutemps marchait d’un pas accéléré qui ne laissait pas à ses compagnons le temps de réfléchir. Elle pila devant une maison et frappa à la porte. La jeune femme qui ouvrit avait une étrange mèche blanche au milieu de ses cheveux noirs, et une coupe lisse au carré.
« Suzanne, nous avons besoin de toi. »
La coupe lisse se transforma en voluptueuse chevelure bouclée. (2)
« Oh la barbe », murmura Suzanne pour elle-même. « Oui, bien sûr. Je vous accompagne. »
Dans la rue, elle siffla entre ses doigts et aussitôt apparut Bigadin, l’étalon blanc de la Mort elle-même. Mais quelqu’un s’interposa, en se plaçant à la tête du cheval. L’oeil hagard et le chapeau étoilé définitivement mâchouillé au point que ses tripotages convulsifs n’arrivaient plus à lui rendre forme, suivi par une sorte de malle claquant du couvercle comme un rapace furieux, Rincevent était la caricature de lui-même.
« Je viens aussi ! » lança-t-il, tandis que Suzanne, le contournant, enfourchait Bigadin et que Chicard Chique s’accrochait déjà à la taille de Tiphaine, à cheval sur son balai.
« Je sais qu’il est mort ! Moi aussi je veux... »
Sept bouches furieuses hurlèrent à mi-voix :
« CHHHUUUTTT ! »
Et Maîtresse Ciredutemps ajouta :
« C’est un secret ! Vous imaginez les... émeutes, le désespoir, le chaos... si la population venait à l’apprendre ?
- Ah ! Ouille ! »
Le Bagage, en le percutant par derrière, l’avait projeté à trois mètres.
« Ah bon, mais... Il vous faut un représentant de l’Université de l’Invisible... diplomatiquement... Sort nous a dit que...
- Oook ! »
Le bibliothécaire s’était installé en croupe sur le balai de Nounou Ogg, et ceignant sa taille de son bras gauche, il sortit une banane de sa musette et la lui présenta du côté droit, avec un clin d’oeil complice.
« Nous sommes au complet ! », lança Gytha Ogg en s’élançant dans les airs.
« Mais je... mais je... Sur le carreau, hein, comme d’habitude... Mais dites-lui, au moins, dites-lui...
- On lui dira. Maintenant si vous vouliez bien me pousser un peu, jeune homme, mon balai a toujours du mal à démarrer en côte... »
Le Bagage s’esclaffa.
« Toi, la ferme. Et inutile de me suivre. Je... te déshérite ! »



Il y a les vols d’oies sauvages, qui fendent le ciel d’automne en formation serrée. Chacune connaît sa place, contre vents et bourrasques chacune sait la garder, et elles passent, magnifiques et ordonnées, en ligne droite vers le sud. Il y a les escadrilles de chasseurs, stupides engins métalliques tueurs et pollueurs, pilotés par des humains qui se croient investis d’une mission tellement suprême qu’elle justifie la mort d’autres humains... Et qui pour un souci mécanique ou météorologique ou de contre-attaque ennemie s’écrasent lamentablement sur le plancher où ruminent les vaches, dans un désordre confus de morceaux de tôle, de débris de microprocesseurs et d’écrabouillis de chair et de cervelle...
Et puis, dans le ciel limpide du Disque-Monde, au grand étonnement de quelques aigles royaux, il y avait une étrange formation volante. En tête, Suzanne, dont les cheveux malmenés par le vent avaient abandonné toute velléité de changement de coiffure, et qui talonnait Bigadin dont le galop ascendant était imperturbablement régulier. Derrière elle, Gytha Ogg, qui réprimait ses fous-rires quand le bibliothécaire lui parlait à l’oreille. En dernière position, Tiphaine Patraque, qui hurlait en vain au caporal Chique de cesser de l’étouffer en lui serrant la taille – quand elle ne criait pas aux Nac mac Feegle d’arrêter de s’agiter dans ses poches.
Sur le côté droit, parce qu’elle n’avait jamais suivi personne, Esméralda Ciredutemps se penchait sur son manche pour limiter la prise au vent. Tiphaine l’admirait à la dérobée.
« On est à des centaines de lieues du sol, les parachutes n’ont pas été inventés, je crève de trouille, notre destination est la demeure de la Mort... et elle ! A l’âge où toutes les autres tricotent au coin du feu en se plaignant de leurs rhumatismes, elle fend les airs avec son chapeau bien planté sur la tête, comme si elle était la reine du monde ! »
Bigadin ralentit jusqu’au trot, puis au pas.
C’était l’été dans le jardin de la Mort. Les rosiers éclataient de toute leur splendeur, les coquelicots ondulaient légèrement dans la brise légère, et au potager des tomates grosses comme des melons faisaient transpirer leurs tuteurs.
Suzanne frappa à la porte.
« OH, SUZANNE ? QUELLE BONNE SURPRISE ! JUSTEMENT, ALBERT A FAIT DES COOKIES. AH, MAIS TU N’ES PAS SEULE... TES AMIS SONT LES BIENVENUS... EVIDEMMENT...
- Grand-père, tu es le seul à pouvoir nous aider ! S’il te plaît... Où est-Il ?
- EUH... QUI CA ?
- Grand-père, je sais que tu le sais. Et tu sais que je sais que tu le sais.
- ET JE SAIS QUE TU SAIS... J’AI ETE LE PREMIER A EN ETRE DESOLE, MON ENFANT... MAIS... COMMME TU LE SAIS, J’AI UN METIER DIFFICILE, PLEIN DE RESPONSABILITES ET DE SECRETS... LE SECRET PROFESSIONNEL, VOIS-TU... »
Esmé Ciredutemps marcha sur lui, d’un pas tellement lourd qu’une charge de bisons aurait, en comparaison, ressemblé à un vol de moineaux. Elle se campa devant la Mort, le chapeau droit, le regard fier, et battit entre ses mains écartées de toute son envergure une nuée sonore qui ressemblait à un paquet de cartes.
« Une partie de poker, cher monsieur ? Je vous dois bien votre revanche...
- AH... MAIS... JE NE ME SENS PAS EN VEINE AUJOURD’HUI... C’EST UNE JOURNEE A NE SORTIR QUE DES « UN »...
- Soyez sympa », implora Tiphaine en s’approchant doucement. On est tous tellement malheureux... On aimerait Le voir encore une fois... »
Chicard Chique avait humblement ôté son casque, le bibliothécaire avait gravement rangé ses bananes, Nounou Ogg cillait de son regard 13 bis, et Rob Deschamps comme Guiton Simpleut s’était agenouillé sur les épaules de Tiphaine. En silence.
La Mort hocha la tête.
« D’ACCORD. MAIS IL FAUT ME JURER...
- Bien entendu, Grand-père. Bien entendu. »
La Mort enfourcha Bigadin, avec Suzanne en croupe. Les trois balais le suivaient, formant un V dans le ciel toujours clair. Tiphaine était au milieu, Nounou Ogg à sa gauche, Maîtresse Ciredutemps à sa droite. Quelques oies sauvages s’approchèrent pour engager la conversation, mais personne ne leur répondit. Chacun des voyageurs était tendu comme un ressort prêt à claquer, l’oeil fixe et le coeur battant. Il... était au bout du voyage. Bigadin se posa en douceur dans une verte prairie parsemée de fleurs sauvages. Des oiseaux chantaient, des arbres fruitiers portaient des pommes, des poires, des prunes, des cerises... en même temps ? Ce lieu ne connaissait pas de saison.
Un large chemin de graviers, sans la moindre potentille ni le moindre chiendent, menait à une vaste demeure, une sorte de gentilhommière dont plusieurs cheminées fumaient. Sur la façade, une inscription gravée dans la pierre blanche indiquait « M.A.D. »
« Ca veut dire quoi, grand-père ?
- OH... C’EST... LA MAISON DES AUTEURS DISPARUS. PAS TRES ORIGINAL, JE TE L’ACCORDE...
- Bon, maintenant on y va ? », s’impatienta Tiphaine. Devant le silence des autres, elle ajouta :
« On n’a pas fait tout ce chemin pour rester là ! On y va, on frappe à la porte... »
Sauf que le caporal Chique regardait ses pieds, Nounou Ogg s’extasiait devant les nuages, le bibliothécaire mâchouillait une banane, Mémé Ciredutemps semblait perdue dans ses pensées, Suzanne changée en statue et la Mort... toussotait avec une application aussi gênée que diplomatique.
« Merci de votre aide. Je veux Le voir et je Le verrai. »
Tiphaine Patraque, sorcière du Causse, avait entre autres assommé la maléfique reine des fées avec une poêle à frire, embrassé l’hiverrier pour faire revivre l’été, triomphé d’un Rucheur et d’un Rusé... Elle se dirigea vers la porte d’un air décidé, en croisant les doigts de ses deux mains et en regrettant de ne pas savoir croiser ses orteils.
« Et alors », maugréa-t-elle pour elle-même, « au pire, Il ne veut pas nous voir. Ca ne nous tuera pas ! Enfin, je n’en sais rien, ça nous tuera peut-être... »
Et bravement elle s’ajouta : « Et alors ? »
Une bonne sorcière doit toujours être concentrée sur sa tâche, mais elle ne doit négliger aucun détail. C’est ce que lui avait appris Maîtresse Ciredutemps, qui en ce moment précis semblait avoir décidé de s’accorder un congé récupérateur... ou une grève surprise...ou va savoir quoi... Une épreuve pour son apprentie ? Comme toujours, tout est épreuve ! Tiphaine fronça le sourcil, bien résolue à atteindre cette fichue porte pour laquelle elle avait affronté le vacarme d’Ankh-Morpork, les turbulences des Nac mac Feegle et son épouvantable vertige dès que son balai s’éloignait du sol de plus d’une coudée. Mais les détails... La grande maison était entourée d’un immense parc. Les arbres fruitiers sautaient aux yeux d’emblée. Mais si on regardait un peu plus loin, il y avait une large piste ensablée pour jouer aux boules, une petite rivière avec trois bateaux sur la rive, un kiosque ombragé avec quelques chaises longues, un court de tennis en terre battue rouge, un mur d’escalade, une série de cibles pour le tir à l’arc, un green de golf... et, en reniflant avec attention, on en déduisait qu’il devait y avoir une écurie derrière la maison. De quoi répondre aux voeux les plus divers de personnes désormais libérées de leurs obligations professionnelles.
« Faudra que je me mette à écrire », pensa Tiphaine, « des fois que... »
Elle n’était encore qu’à une dizaine de pas de la porte quand celle-ci s’ouvrit doucement, et Il apparut. Lui, à n’en pas douter, chapeau noir, barbe grise, lunettes rondes, et ce sourire tellement doux, et ce regard qui savait tellement de souffrances... Sur chacune de ses épaules se tenait un Nac mac Feegle triomphant, bien campé sur ses pieds, le regard conquérant et le sourire narquois.
« Miyards ! On l’a trouvaet !
- Bondlae de bondlae !
- Guiton Simplet, tu ne dwas pas...
- Miyards, alors, miyards, miyards, miyards... »
L’homme s’arrêta, l’émotion troublant son visage.
« Tiphaine ! Comme c’est gentil à toi... Mais... »
Tous les autres les rejoignirent en une course éperdue, se plaçant juste un pas derrière Tiphaine, silencieux et ravis.
« Mes amis, mes chers amis ! Quelle joie, quel honneur ! Mais il ne fallait pas vous déranger... Oh je suis tellement heureux de vous voir ! »
Etonnamment, ce fut le caporal Chique qui parla le premier.
« On voulait... vous remercier... L’arbalète, tout ça...
- On est venus vous dire... », commença Esmé Ciredutemps.
- « Quelque chose comme merci » , poursuivit Gytha Ogg.
- « Vous avez toujours pris soin de nous », ajouta Suzanne.
- « ET...EUH... C’ETAIT BIEN...
- Oook ! », conclut le bibliothécaire.
Tiphaine Patraque contemplait la scène. Tout le monde avait la larme à l’oeil, et elle aussi, sauf les pictsies qui paradaient. Mais tout le monde se taisait, alors que les questions...
« Moi aussi je vous suis très reconnaissante... Sauf que là maintenant... qu’est-ce que vous allez devenir ? Et nous, qu’est-ce qu’on va devenir ?
- Si vous aetes pas bien... », commença Guiton Simpleut
- Nos on peut vous faere aechapeu, vos saveuz... », continua Rob Deschamps. « On vous anmaene... et on peut vos camucheu, nae problemo, on vos lodjera, et on vos norrira, ça c’est seur... et on vous protaejera... »
L’Auteur éclata d’un rire léger qui avait la fraîcheur du vent avec tous les parfums de l’automne.
« Mes amis ! Je vous aime, je vous aime ! Mais non, je suis bien, ici. La maison est immense, et j’y ai trouvé des gens adorables, que j’aime, que j’admire, avec qui je m’entends bien... Il y a Richard, un type passionnant, et son ami le Chat Maltais...
- Un chat ? », s’enquit Nounou Ogg
- Oui... Non... C’est un cheval, en fait... Et Mark, le roi du Mississipi, un vrai gamin... Et Victor, un type très drôle, c’est un homme qui rit tout le temps... Et Isaac, qui passe ses journées dans l’atelier, à fabriquer des robots improbables... Et GK « Ches », qui fait des brownies tous les jeudis – justement, c’était hier... Ah donc on est vendredi 13... C’est sans importance... Et puis il y a Conan, toujours la pipe au bec, et Lewis, qui a toujours peur d’être en retard, et Marion, notre belle ténébreuse... Et Homère, si, si, en personne... Et Dante, qui rêve toujours de Béatrice... Et Virgile... Et Hermann, qui a fabriqué un drôle de jeu avec des perles de verre... et tant d’autres encore... Ce sont tous mes amis... Je suis vraiment bien, ici, ne vous inquiétez pas pour moi ! »
Tiphaine se renfrogna.
« Et nous ? Qu’est-ce qu’on devient, nous, maintenant ? »
L’Auteur soupira.
« Ah, ma petite fille... Je ne suis pas maître du Temps... Mais vous existez. Vous êtes vivants dans les milliers de feuillets qui vous racontent, dans l’esprit de tous ces lecteurs qui ont eu, ont et auront encore la gentillesse de m’accorder leur confiance... Vous allez continuer de vivre vos vies, de perfectionner vos talents, de triompher de vos ennemis... parce que l’imagination est un don divin qui ne cessera jamais et qu’elle garantit votre existence éternelle...et puis, hein, j’ai pris soin de vous donner des armes pour vous défendre ! Bon... Euh... Votre visite m’a beaucoup touché... Mais là, j’étais en plein milieu d’une partie d’échecs avec J.R.R.T... Je lui ai pris une de ses deux Tours, son Roi est acculé dans un coin et je voudrais bien voir s’il va réussir son retour...
- Allez .»
Miracle de la littérature, Maîtresse Ciredutemps sourit. Il sembla à tous que le soleil brillait plus fort, que l’air était plus parfumé que jamais, qu’une paix bienfaisante comblait enfin tous les coeurs. L’Auteur, après un chaleureux sourire et un geste amical de la main s’en retournait déjà vers la maison, quand la voix tremblante du caporal Chique le fit se retourner :
« Est-ce que... Est-ce qu’on a une chance de vous revoir ?
- Oh », sourit l’Auteur, « il se pourrait... Une chance sur un million, peut-être... (3)
- Oh ben win ! » hurlèrent les Nac mac Feegle, en entamant une ronde endiablée autour de Tiphaine. Mais la conclusion revint au bibliothécaire, qui dans un battement de cils proféra :
« Oook. Oook ? Oook. »


(1) Sur le Disque-Monde, la Mort est masculin
(2) Il y a des gens, (des femmes surtout, mais aussi des footballeurs), qui payent très cher pour changer de coiffure. Suzanne avait certes le pouvoir d’arrêter le temps, ce qui n’est pas négligeable quand on va chez le coiffeur. Mais en fait, elle n’avait pas besoin de coiffeur. Ses cheveux se décoiffaient et se recoiffaient spontanément – un peu trop spontanément, d’ailleurs.
(3) Partout dans le monde, une chance sur un million c’est tellement peu que seuls les fous prendraient le pari. Mais les lois de la statistique sont complètement différentes sur le Disque-Monde.
Narwa Roquen, en haute mer

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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2015-07-05 22:57:35 

 Commentaire Maedhros, exercice n°140Détails
Et nous voici repartis pour une nouvelle grande aventure. Pratchett avait fourni à Ankh Morpork le chèque, le télégraphe, le cinéma et le rock’n roll... Voici que tu lui amènes le chemin de fer – pardon, la Voie Faeriée. Grande idée ! Je viens de voir sur le net qu’était paru en novembre un « Déraillé » où il serait question d’une machine à vapeur arrivant à Ankh Morpork, mais je ne l’ai pas lu... Ta version d’une locomotive à propulsion magique est cependant tout à fait intéressante. Tu as bien suivi les traces du Maître, avec ses traits d’humour décalé et ses noms propres évocateurs. Pratchett était un grand admirateur de Conan Doyle, donc l’holmesologie devait lui être familière... même si dans ce texte tu privilégies Agatha Christie. J’ai adoré le nom d’Abbott DeuxPoireaux, avec son double jeu de mots ! Fidèle aussi, le recours au chiffre 8 – nacelle n°8, 8 passagers – et l’absurdité qui va avec ( c’est la 1° nacelle après la locomotive).
Nous retrouvons aussi avec plaisir quelques personnages récurrents : le Patricien, les membres du Guet, l’inénarrable Rincevent, et bien entendu la Mort lui-même ; les allusions aux romans de Pratchett sont nombreuses.
Quant à l’Uberwald, pays des Nains et des Vampires, et effectivement desservi par les lignes de diligences... La perche que te tendait l’actualité était trop belle pour que tu la négliges, et tu l’as ma foi fort bien saisie !

Bricoles :
- Ankh Morpork
- Le Patricien devient quelquefois le Praticien : est-ce intentionnel ?
- Bob, bon : faute de frappe ?
- La façon dont vous avez mené à terme... et d’avoir écarté... avoir démasqué : mieux sans avoir
- Psicine : faute de frappe
- Précédant une silhouette gracile et ramassée : les deux termes sont antinomiques !
- Bien que ses traits étaient pétris : fussent
- Ce fleuve qui charriant : charriait
- Une fois le vague dépôt aqueux qu’il contenait évaporé : une fois évaporé le vague...
- Ook : en général, le Bibliothécaire dit « Oook » ; quelquefois « Eeek »
- La caravane avalait les lieux ( 2 fois) : les lieues ? Le plus souvent, Pratchett mesure en kilomètres ; mais ce sont probablement des miles traduits
- Le Comte Von Landau a un accent pendant un paragraphe, puis il le perd. Cela peut être justifié... si c’est dit
- Leurs galeries s’enfonçaient loin sur terre : sous



Il y a plein de petites phrases ou de raisonnements absurdes tels que les affectionnait Pratchett : « à force de faire de l’esprit... », « plus vite que la carie n’attaquait les dents... », l’étiquette, la place du mort... plus une jolie allusion à Platon, pourquoi pas...
Bref, dans l’intrigue et dans le style, tu as rendu un parfait hommage à notre cher Auteur.
Mais chaque fois que tu nous promets une éventuelle suite, tu nous laisses sur notre faim, et un lecteur frustré est un lecteur déçu. Tes idées potentielles sont excellentes, mais se concrétiseront-elles jamais ? Je ne te fais pas grief de ne pas consacrer plus de temps à écrire, j’aurais mauvaise grâce, étant moi-même au-delà de la limite du hors-jeu. Mais les promesses... rendent les fous joyeux, et font souffrir les autres. Ecrire une nouvelle, c’est choisir. Et choisir, c’est renoncer. A tout ce qu’on aurait pu dire si on avait eu plus de temps, moins de contraintes... Mais le monde va comme il veut, et non comme nous voudrions qu’il aille, et nous autres pauvres humains avons besoin de quelques heures de sommeil. Combien d’équipes ont perdu des matches faciles parce qu’elles se croyaient plus belles dans leur rêve ? La lucidité est parfois humilité, et cela fait partie des vraies valeurs.
Et ce qui me fait encore plus râler, c’est de me retrouver à faire la morale à un auteur que j’estime et que j’admire. Mais comme dirait ma copine Tiphaine « Il faut bien que quelqu’un le fasse ! »
Sans rancune ?
Narwa Roquen, harassée de chaleur

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2015-07-12 20:29:05 

 Dans le sillage des dauphinsDétails
Cela fait à présent près d’une décade que j’ai repris la plume après une interruption qui a duré longtemps. Et c’est moi qui suis le plus étonné, à chaque fois, quand je réussis à mettre un point final à mes historiettes. Il y en a qu’une poignée dont je suis réellement fier pour des raisons qui me sont personnelles. C’est vrai qu’à de nombreuses reprises, j’ai promis des suites qui ne sont jamais venues. Je pourrais bien sûr invoquer le manque de temps, ce qui est strictement vrai. Il y a également, pour être tout à fait honnête, deux autres principales raisons qu’il me faut affronter.

La première, c’est cette curieuse sensation qui naît à ce moment crucial. Cette sensation qu’il faut maintenant lâcher prise, larguer les amarres, quitter les eaux calmes du port pour rejoindre la mer libre, la pleine mer, inconnue et forcément inquiétante. Faire le choix. A plusieurs reprises, j’ai failli franchir la ligne, m’enfoncer dans le noir, un peu comme le héros du Grand Bleu quand il s’écarte de la ligne de vie qui le relie à l‘air libre, alors qu’il est profondément loin sous la surface. Aller dans le grand bain, obéir au maître-nageur qui te repousse avec sa perche... Il faut du courage, de la témérité, de la volonté, de la discipline et un gros travail à fournir. J’ai sans doute pas mal de ces ingrédients mais malheureusement pas en même temps !

La seconde, et non la moindre, il ne faut pas non plus se cacher derrière son petit doigt, c’est qu’il me faudrait sans doute une petite dose supplémentaire d’âme et, pour tout dire, de talent.

Toutefois, ce que je dis là n’est pas du tout négatif. Je ne me croyais pas capable d’atteindre le résultat auquel je suis parvenu et il y a des histoires que je ne pensais pas pouvoir écrire. J’ai été aidé par l’émulation qui se dégage des WA et par tous ceux qui fréquentent le Cercle. Et sans doute, par la justesse de tes remarques qui m’ont insufflé une confiance inédite plus d’une fois.

Alors oui, quelquefois, j’imagine des histoires bien plus grandes que mes petits moyens. C’en est d’autant plus rageant, d’autant plus frustrant qu’elles ne sont pas si loin, juste de l’autre côté du mur (ou du miroir, joke !). Comme ces perspectives esquissées dans lesquelles Tolkien circonscrivait ses contes. A certains détails, on sait d’emblée qu’il y a un vaste monde à portée de main mais aussi inaccessible que le côté obscur de la Lune.

Alors oui, je crois que c’est ma part du feu. Ma façon d’avancer, de remettre les compteurs à zéro. Je suis toujours aussi admiratif de ceux qui parviennent à aller au bout du chemin, au bout de l’histoire. Moi, je sais qu’il me faudrait beaucoup de temps pour tenter l’aventure. Beaucoup trop de temps. Un temps que je n’ai pas devant moi. Ceci n’est pas un regret mais une simple constatation.

Alors oui, sans rancune, et j’accepte sans réserve ta critique qui est tout à fait justifiée. D'ailleurs, tu pourras remarquer qu’il semble que j’en ai tiré une leçon. Mes deux dernières contributions sont d’une brièveté qui me déconcerte moi-même (re-joke !)

M

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-10-05 11:28:20 

 WA 140 Narwa : commentaireDétails
Bon, je vais essayer de ne pas pleurer. Parce que je suis une petite émotive, moi. Et les hommages aux gens que j'aime, ça m'émeut (et ouais, je conjugue aimer au présent parce que mon affection pour eux ne s'arrête pas pour autant quand ils sont morts)(et non, je ne suis pas nécrophile pour autant, je vous vois venir !). J'ai pleuré deux fois pendant le dernier Star trek, qui constituait un magnifique hommage à Leonard Nimoy.
On est bien d'accord sur le fait que la tortue doit être bien triste, à son échelle cosmique...
Youhou !! Des sorcières ! Six bottines noires ? Mais où est Nounou Ogg ? (on est d'accord qu'elle a des bottines rouges ?)
Youhou !! Des chtis hommes bleus ! Tu es drôlement courageuse car cela doit être difficile de retranscrire leur façon de parler.
PJMTLG ! Durant un jeu de rôle, j'ai mangé une de ses saucisses ! Et j'ai survécu ! J'étais un voleur. Une sorcière que j'avais tenté de dévaliser m'avait métamorphosé définitivement en chat (le seul chat avec la carte de la guilde des voleurs autour du cou). C'est elle qui m'a sauvé par la magie.
Ah, elles cherchent Terry ou quoi ? (soudaine révélation au sein de mon cerveau extrèmement lent) Quelle idée excellente !
"Chicard Chique connaissait la peur. Mais le regard de Maîtresse Ciredutemps... c’était autre chose..." : excellent !
Ben dis donc, y en a des VIP dans ta nouvelle !
Bah oui logique, d'aller demander à la mort. Elle est futée, cette gamine.
Aaah... les notes de bas de page à rallonge, ça fait tellement partie de son style.
Houla, ça fait pas un peu beaucoup de monde pour le pauvre cheval ?
On sent ton admiration pour Esmé à travers celle de Tiphaine. Cela ne me surprend pas.
"battit entre ses mains écartées de toute son envergure une nuée sonore qui ressemblait à un paquet de cartes" : j'ai pas compris cette phrase mais bon, chuis vraiment fatiguée
Ah amusant l'acronyme sur la maison.
Tu l'as bien installé, je vois, l'Auteur. C'est bien.
J'ai reconnu la plupart des auteurs. C'est bien joué.
Si y a une chance sur un million, tout ira bien alors.

Est', qui essuie une larme.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-10-07 17:32:00 

 WA 140 Maedhros : commentaireDétails
Palissandre ? Comme ça, un mot rare, jeté négligemment d'entrée de jeu ? Hihi !
Le style est fleuri et baroque : j'aime.
"A la fin, il avait capitulé, au sens étymologique du terme." : j'adore.
Tu as l'air à l'aise avec Vétérini.
Oh punaise !!!!!! Je te vois venir au loin ! Uber, Uberwald, location de charrettes... Morte de rire !
Bien joué, la façon dont tu saupoudres des références au monde, comme Olive Oued, par exemple.
Pour les détails sur l'étiquette, je les aurais mis en note de bas de page.
"bien que ses traits étaient pétris" : j'aurais écrit fussent pétris
Holmésologie ? En tant que fan de Sherlock, je ne puis que brûler d'impatience de voir cette technique à l'oeuvre !
Hihihi, j'imagine bien le bibliothécaire en examinateur ! Hihihi, le nom du prince !
Ah, la huitième nacelle, je viens de comprendre ! Je suis un peu lente le vendredi soir.
C'est marrant comme, de la même façon qu'on sent dans sont texte que Narwa vénère Esmé, on sent dans ce texte que ton personnage fétiche c'est Vétérini.
Attends deux minutes... huit passagers... le huitième passager... ça me rappelle un truc ! Si y a un repas, on peut s'attendre au pire !
Rincevent ! Chouette ! Il va pouvoir faire ce qu'il fait le mieux : s'enfuir !
Ils ont laissé tomber la vapeur pour utiliser la magie... excellent !
Mouahaha, l'allégorie de la caverne !
La place du mort !!! Mais c'est trop bien !
Quoi ? Ça s'arrête là ?! Mais ça commençait trop bien ! Ce début est excellent, truffé de références et d'inventions géniales. Faut que tu le finisses ! S'il te plait ! (s'agenouille en faisant des yeux de chat botté)
En plus, les indices pour la suite sont chouettes !!
Tu peux pas nous laisser comme ça !

Est', révoltée par tant d'injustice

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2016-10-19 12:39:32 

 WA 140 Onirian : commentaire Détails
J'aime bien le début, avec la mention à la loi des trois fois.
Il manque une phrase de transition du genre "l'archichancellier entendit des voix dans le couloir", je pense.
J'adore les "quelques mites désoeuvrées".
Des vols de vêtements, c'est intriguant, ça.
"JE REVIENDRAI." : c'est une citation de Terminator ou j'ai juste l'esprit mal tourné ?
Excellent, la mort qui s'offusque devant les mages nus.
Méta-fort ?
"Mémé lança un regard noir à Magrat, probablement le même genre de regard que celui qu'elle avait
dû lancer à son armoire." et "la réalité avait tendance à aller se cacher quand elle n'était pas au goût de Mémé.": excellent !
"Et alors, la Mort, lui aussi, compris." : comprit
C'est une histoire amusante et mignonne. Ça fait plaisir à lire. Il manquerait une phrase de conclusion pour mon goût. Là, ça s'arrête un peu raide.
Même ta signature fait partie de ton histoire, c'est poétique.

Est', en pleine lecture.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2016-10-22 13:55:52 

 Merci pour ta lecture...Détails
Allez, je vais essayer de poursuivre, sinon de terminer, cette histoire! Et il est vrai que Vétérini est mon personnage de proximité, pour d'innombrables raisons!

M

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Onirian  Ecrire à Onirian

2016-12-21 11:03:56 

 Méta-fortDétails
Je dois avouer que ce texte a un peu mieux vieilli que ce à quoi je m'attendais, il y a quelques erreurs agaçantes mais ça pourrait être bien pire. Et puis il y a deux trois blagues qui me plaisent bien (j'ai une amitié toute particulière pour la porte grande et ouvragée qui amène sur un problème grand et ouvragé) ^^.
Bref.
étaphore" (c'est expliqué tout à la fin du texte), par
"Méta-fort", c'est un jeu de mot "à la Pratchett", ça signifie "mce qu'en fait, les personnages, tous les personnages, se sentent abandonnés, "nus" devant le fait que Terry les a laissés.
Le sablier géant, représente l'idée même du disque monde, qui survivra tant que quelqu'un irl aura une pensée pour ces personnages là, pour ce monde là. Chaque pensée est un grain de sable de plus.

"JE REVIENDRAI", pour être honnête, je dois avouer que je ne sais plus si j'ai pensé à Terminator en l'écrivant. Ceci étant, c'est tout à fait possible, pour ne pas dire probable, vu que Pratchett avait tendance à inclure ce genre de clin d'oeil.

Et merci ^^.

--
Onirian, méta.

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2017-11-30 11:39:42 

 Fufufuuu fuuu fufufuu fuuu... (sifflote)Détails
Je passais par hasard... L'air de rien... Sans aucune intention d'envoyer un quelconque message subliminal, promis juré (croise les doigts).

Est', et sinon vous avez lu Fond d'écran, le recueil de nouvelles de Pratchett ?

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Netra  Ecrire à Netra

2018-02-10 10:39:52 

 Fond d'écran Détails
Oui ! Moi je l'ai lu, je l'ai même en livre parce que heu un libraire me l'a offert (parce que j'étais triste de n'avoir pu rencontrer Pratchett de son vivant. Cherche pas.)

Du coup ma préférée c'est celle de la perdrix dans le poirier, surtout quand on connaît la comptine de base c'est complètement débile. Et pratchettesque ^^
Netra, et un poirier savant

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