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De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 12 avril 2015 à 18:13:06
Voici la 1ère partie d'une histoire dédiée au Maître du Disque-Monde. J'ai essayé de ne pas dénaturer l'esprit qui souffle dans ses romans (et c'est bien difficile!)

Finalement, je ne vais vous proposer que les 2 premiers chapitres d'un roman potentiel!

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LE CRIME DE L’AURIENT EXPRESS


Cela rappellera à certains de très vieux souvenirs...

1


« Ramenez-moi Vimaire et, oserais-je dire dans les plus brefs délais ? »

C’était un filet de voix à peine audible qui avait jailli des lèvres pâles et serrées du seigneur Vétérini. Le Patricien reposa doucement le rapport sur son bureau tandis que son regard se perdait au loin, au-delà du damier verdoyant moutonnant vers l’horizon. Du bout de ses doigts manucurés, il tambourina sur le palissandre lustré recouvrant le plan de travail devant lequel il était assis. Son visage demeura imperturbable mais il ne fallait pas vraiment s’y fier. Certaines oubliettes du dernier niveau des sous-sols du Palais renfermaient encore des naïfs ayant cru plus que de raison à l’impassibilité trompeuse du Patricien d’Ankh-Morpock.

Avant que le mot n’ait eu le temps de s’évanouir dans l’air, les deux gardes avaient déjà filé à la plus rapide vitesse permise par leur harnachement et le débattement de leurs longues hallebardes. Une plume voletait de-ci de-là à l’endroit où ils se tenaient un instant plus tôt. Le zèle n’était pas un défaut aux yeux de l’homme mince, tout vêtu de noir, qui essayait de maintenir un équilibre précaire entre l’Ordre et le Chaos, chose peu aisée dans une ville cultivant comme nulle part ailleurs une propension naturelle à l’entropie. Il poussa un discret soupir. Dans le ciel immensément bleu qui se découpait dans l’arrondi de la fenêtre du Bureau Oblong, il aperçut un gros nuage noir s’avançant lentement vers la Ville, annonciateur d’ennuis. De très gros ennuis, même ! Bien sûr, cela avait un point commun avec ce qu’il venait d’apprendre.

En toutes circonstances, Vétérini gardait un flegme et une maîtrise de soi exemplaires, ce qui, somme toute, revenait au même. Cela faisait partie du personnage, avait osé un jeune persifleur qui s’était cru à la fois spirituel et suffisamment bien né. Le bourreau lui avait rapidement fait comprendre l’inanité de ses certitudes, à l’aide de pinces coupantes, de crochets de dentiste et d’autres instruments variés qui, tous, luisaient sinistrement dans les flammes du brasero où ils patientaient. Au départ, on ne pouvait reprocher au persifleur qu’un manque de jugeote. Bien vite, mais sans doute pas assez pour lui, il ne lui resta qu’assez peu de ce qui constituait l’intégrité physique de sa petite personne. A la fin, il avait capitulé, au sens étymologique du terme. A force de faire de l’esprit, on en perd la tête. Telle fut la modeste mais vitale leçon que lui donna, post-mortem, le Patricien.

Le seigneur Vétérini tourna ses pensées vers un lointain royaume désuni, couvert de profondes forêts et de châteaux aux tours flanquées d’innombrables échauguettes. C’était la terre des Loups-Garous et des Vampires, sans compter ces petits mineurs compulsifs qui creusaient les montagnes bien plus vite que la carie n’attaquait les dents des citoyens d’Ankh-Morpock. Oui, Vétérini pensa à l’Uberwald, source régulière de maux qui mettaient à mal son sens du devoir.

Il se souvint alors de l’histoire de ce Baron visionnaire ayant voulu concurrencer le Comptoir Inter-Cités de Diligences qui reliait les villes du continent entre elles, avec des itinéraires bien définis, des horaires respectables et des prix qui ne l’étaient pas moins. L’iconoclaste, originaire d’Uberwald, avait voulu proposer un autre modèle économique plus flexible. Il avait commencé d’ouvrir des boutiques où les propriétaires de charrettes, carrioles, carrosses, bref de tout ce possédait des roues, pouvaient proposer, sans être affilié à une quelconque guilde professionnelle, leurs services à des tarifs particulièrement attractifs. Il suffisait de s’inscrire sur un grand tableau d’ardoise effaçable, les caractéristiques de leur proposition dans la colonne Vendeur. Ceux qui étaient intéressés faisaient leur choix ou, si aucune offre ne correspondait à leur besoin, pouvaient également décrire celui-ci dans la colonne Client. Le prix de la course était nettement moins onéreux que le tarif officiel, malgré la petite commission prélevée au passage par l’ingénieux Baron. Sa petite entreprise avait prospéré et n’avait pas tardé à menacer dangereusement l’hégémonie de la Compagnie Inter-Cités. Celle-ci avait alors vigoureusement protesté, arguant du fait que son habile et imaginatif concurrent ne respectait pas la règlementation ; qu’il n’avait pas acheté l’exorbitante licence indispensable à la pratique ; que ses conducteurs occasionnels n’étaient pas suffisamment formés et assurés, et crime impardonnable s’il en était, qu’il ne payait pas les taxes et impôts sur une bonne partie de son activité ! Autant de recettes en moins pour les caisses régulièrement asséchées d’Ankh-Morpock.

Vétérini fronça les sourcils. Comment s’appelait cette compagnie déjà ? Elle avait un rapport avec la terre natale du Baron. La Compagnie Uber, c’est bien ça, avec un accent sur le U. Il en avait même déposé le nom au Bureau des Agréments, des Brevets et des Sorts Magiques. Mais, pour l’entrepreneur précurseur, trop en avance sur son temps, la roue de la Fortune avait tourné contre lui. Il se retrouva ligoté dessus, les reins arqués sur le moyeu, tandis qu’une lourde barre de fer maniée avec dextérité, rompait un à un tous ses membres ! On ne plaisantait pas avec les taxes et les arrangements politiques, à Ankh-Morpock. Ses boutiques furent fermées et ses avoirs confisqués, autrement dit saisis par l’administration Fiscale ! Le Baron ignorait que le Patricien, comme une bonne partie de ceux qui possédaient le pouvoir, visible ou invisible, à Ankh-Morpock, détenait une part dans le capital du CID. Mais le Baron était trop sûr de lui et le trop de confiance attirait le danger, n’est-ce pas ?

« Vous m’avez demandé ? »

Entre les deux gardes encore tout essoufflés par la course, le capitaine Vimaire n’avait pas eu le temps de se refaire une beauté. Il avait gardé le manteau à courtes pointes endossé toute la nuit dans les rues agitées d’Ankh-Morpock. Le Capitaine du Guet était un homme dans la force de l’âge, aux traits durs et burinés. Il affichait un air impénétrable, ce qui impressionnait de plus en plus le Praticien. Celui-ci fronça à nouveau les sourcils quand il découvrit que le casque rutilant d’un de ses gardes était pas mal enfoncé d’un côté.

« Pas eu le temps de prévenir mon agent ! dit le Capitaine, goguenard, qui avait suivi ce regard. Carotte a cru que vos sbires voulaient en découdre.
- Carotte ? fit Vétérini, interrogatif.
- Un jeune Nain qui a été recruté par votre secrétaire, sur recommandation, je crois !
- Ah oui, Le Nain ! fit encore Vétérini, qui tordit le cou à son air interrogatif. Il nota l’expression incrédule qui se peignit aussitôt sur le visage de ses gardes. Fallait pas exagérer, disait-elle, La race avait bien changé, dites-donc ! Un Nain, ça ? Ouais, peut-être dans le cri sauvage qui accompagna le coup !
- Tout petit, il a été adopté par un roi Nain mais, question taille, il se rapproche d’un Troll, si vous voyez ce que je veux dire ! expliqua Vimaire en levant la main au-dessus de lui pour atteindre la bonne hauteur.
- Bob, bon... A l’avenir, laissez mes gardes tranquilles, voulez-vous bien ? Vétérini rassembla ses idées. Capitaine, j’aurais besoin de vos services pour une mission d’une exceptionnelle importance ! La façon dont vous avez mené à terme la difficile enquête sur le Grand Dragon...
- ... et d’avoir écarté le retour du Roi ou d’avoir démasqué l’ambition de Wonse, votre secrétaire particulier? demanda benoîtement Vimaire, qui faisait tout son possible pour déchiffrer la vérité derrière les paroles du Praticien.
- C’étaient des éléments périphériques, argumenta le Patricien. Les hommes sont prêts à suivre n’importe quel bonimenteur du moment qu’il leur montre ce qu’ils veulent voir et qu’il les caresse dans le sens du poil ! Vous avez entendu parler de l’inauguration qui aura lieu demain ?
- Laquelle ? Une ville d’un million d’habitants compte chaque jour son lot d’inaugurations. Je peux vous en citer au moins...
- Capitaine, je vous parle de l’inauguration de la première Voie Faeriée du Monde !
- Oh, celle-là ! Vimaire haussa les épaules. Je croyais que vous ne la portiez pas dans votre coeur ! Il parait que les plans ont été dessinés par Léonard de Quirm lui-même.
- Pas suffisamment surveillé de près, sur ce coup-là ! marmonna Vétérini en jetant un regard noir sur les gardes qui firent mine de ne rien entendre. Il est certain, reprit-il à haute voix, que la paternité en revient à un obscur nobliau d’Uberwald, Otto Von Landau, même si c’est la Compagnie Inter-Cités de Diligences qui va exploiter la ligne promise à un bel avenir. Bref, là n’est pas l’affaire qui nous intéresse.
- Ah bon... ponctua Vimaire, attentif.
- Oui, selon des informations que je tiens de source sûre, continua Vétérini en tapotant le rapport, une machination est ourdie dans l’ombre pour attenter à la vie d’un Prince Agatéen en résidence actuellement dans notre belle ville ! C’est un neveu de l’Empereur lui-même. Si cette funeste entreprise venait à réussir, nous risquerions d’encourir les foudres de l’Empire. Je n’ose même pas penser aux conséquences.
- Je peux mener l’enquête. Avec mes hommes, on a eu de bons résultats récemment ! proposa Vimaire.
- Le temps nous est compté, regretta Vétérini, la tentative est imminente. J’ai invité pour cette nuit le Prince au Palais mais, demain, il a décidé de participer au voyage de la première Caravane à emprunter la Voie Faeriée. Si je refuse de le laisser partir, l’Empire va considérer que je le retiens contre son gré et on se retrouve au même point ! Donc, Capitaine, c’est décidé, je veux que vous fassiez le voyage avec lui pour qu’il atteigne sans dommage Kondom. J’ai averti par Clic-Clac les autorités locales qui se chargeront du Prince à son arrivée. Une fois là-bas, son sort ne me concernera plus !
- Quoi, il y a plus de mille deux cents miles jusqu’à Kondom, en Uberwald. Cela fait des jours et des jours de voyage ! protesta Vimaire à l’idée de quitter Sybil Ramkin, sa tendre et incommensurable épouse.
- Triple paie pour vous, barguigna Vétérini, et ceux de vos hommes qui vous suivront. Vous aurez droit à un billet all-inclusive à bord de la Caravane !
- Tous les imprévus seront aussi payés ? demanda Vimaire, poussant sans vergogne son avantage.
- Sur justification alors, et attention, les dépenses somptuaires seront rejetées, grimaça Vétérini.
- Alors, entendu. Quand pourrai-je rencontrer ce Prince ?
- Sur le champ, si vous le souhaitez ! »

Le Patricien claqua dans ses mains. Une porte dissimulée dans la tapisserie s’effaça et comme si tout avait été parfaitement orchestré par un réalisaeur d’Olive Oued forcé manu militari d’interrompre sa grève menée au bord de la psicine, un majordome à l’allure d’automate pénétra dans le Bureau Oblong, précédant une silhouette gracile et ramassée, que s’empressa de détailler Vimaire.

« Bonsoir Altesse, dit Vétérini en s’avançant vers le Prince et en le saluant exactement comme le prescrivait l’étiquette en la circonstance. Bon, quelquefois, l’étiquette était trop visible et il fallait bien la repasser pour qu’elle ne dépasse pas du col cassé. Cela tombait bien, les cols du Patricien étaient tous parfaitement amidonnés. Il se préoccupait certes des relations internationales avec ses voisins, notamment les plus puissants, mais il ne fallait tout de même pas exagérer. Il fallait néanmoins lui reconnaître qu’il n’était pas aveuglément belliciste.

A vrai dire, physiquement, le Prince était un représentant assez peu banal des ressortissants agatéens habituels. Tout d’abord, sa peau n’avait pas cette teinte vieil ivoire si caractéristique des natifs d’Aurient, bien que ses traits étaient pétris de cet éternel côté enjoué qui passait souvent pour une impassibilité narquoise. Ensuite, une élégante moustache soulignait l’absence de proéminence nasale mais ses pointes, au lieu de retomber de part et d’autres des lèvres pincée et princières, se relevaient comme les extrémités d’un bateau Klatch. Enfin, il était vêtu à la dernière mode sautillant tant bien que mal entre les caniveaux d’Ankh-Morpock : gilet empesé, chemise à manches bouffantes et étroits pantalons rembourrés aux endroits stratégiques. Personne ne lui avait soufflé, charitablement, qu’il ressemblait à un citoyen de la Ville comme un Nain à un Pictsie. Cette inhabituelle réaction polie était peut-être due à la légende du Premier Touriste Prodigue qui aurait distribué autour de lui, disait-on, les pièces d’or comme s’il s’agissait de piécettes de vil métal.

« Altesse, reprit Vétérini, permettez-moi de vous présenter le Capitaine Vimaire ! Il fera partie de l’escorte protocolaire d’Ankh-Morpock qui vous accompagnera jusqu’à Kondom. Elle témoigne de l’estime et du respect de la Cité envers l’Empire Agatéen ainsi que des indéfectibles liens amicaux qui les unissent.
- Seigneur Patricien, vous me faites trop d’honneur ! Mon séjour dans votre belle ville n’était pas la visite officielle d’un ambassadeur impérial ! Je suis venu, en tant que simple étudiant, m’inscrire à une formation dispensée par l’Université de l’Invisible.
- Dans quel domaine, intervint Vimaire, la formation, je veux dire ?
- En Licence d’Holmésologie !
- C’est une technique de lancer de sorts ? demanda poliment Vimaire.
- Heu non, c’est tout le contraire. C’est l’art de faire parler des petits détails de prime abord insignifiants, qui permettent ensuite de résoudre des énigmes de toute nature, même criminelles !
- Oh, pour ça, j’ai mes techniques, avoua Vimaire, qui se sentit intéressé. Un petit passage à tabac est une bonne entrée en matière !
- Non, non, Capitaine, sourit le Prince, l’Holmésologie est une science rigoureuse et intellectuelle, presque cérébrale ! Elle fait appel à une excellente mémoire, à une loupe et à une bonne pipe, la plupart du temps.
- Alors, vous avez décroché votre diplôme ? dit le Patricien en se mêlant à la conversation.
- Oui, avec une mention passable ! la voix du Prince trahissait un léger regret. Le grand oral final était particulièrement ardu. L’examinateur était assez déstabilisant !
- Ah oui, qui était-il ? s’enquit Vétérini, qui connaissait plusieurs membres de l’Université.
- Le Bibliothécaire ! A bien y réfléchir, ce n’est pas tant son apparence qui m’a troublé, mais la vitesse avec laquelle il engloutissait les bananes ! Echangeant un éloquent regard, Vimaire et Vétérini ne répondirent pas, mais leurs visages affichaient une expression compatissante.
- Bien, tout est dit ! conclut Vétérini. Capitaine, demain, avec vos hommes, vous vous joindrez à la Caravane. Voici vos ordres de mission et vos laissez-passer, pour les frontières. Ceci est la charte d’embarquement, comme convenu. Vous complèterez les lignes vierges avec le nom de vos agents ! Vos places sont dans la Nacelle Huit, celle du Prince. C’est une première classe. Régulièrement, vous me ferez des rapports par Clic-Clac, c’est entendu, Capitaine ?
- Parfaitement Seigneur ! répondit Vimaire en s’emparant des papiers que lui tendait Vétérini.
- Altesse, je reviendrai demain matin pour vous chercher ! dit Vimaire en s’adressant au Prince.
- Allons Capitaine, pas de formalisme entre nous, répliqua ce dernier. Appelez-moi plus simplement par le patronyme sous lequel je voyage actuellement. J’ai utilisé le nom de naissance de ma mère, qui est beaucoup moins encombrant ! Appelez-moi donc Abbott DeuxPoireaux ! »

M


  
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