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 Narwa Roquen, le retour: WA n°158 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Dimanche 1 octobre 2017 à 15:54:14
Je demande pardon à tous les Faëriens de cette longue absence. Ce fut, en quelque sorte, une traversée de désert.
Si continuer l'aventure de la WA vous tente encore, je vous propose un nouveau thème.
Jean Giono a écrit un livre dont le titre est à lui seul un message d'espoir: "Regain". C'est par ailleurs un livre que j'ai adoré. Mon vieux petit Robert en donne deux définitions:
- herbe qui repousse dans une prairie après la première coupe
- retour de ( ce qui était compromis, avait disparu)

A l'heure où l'Hiver vient, souhaitons nous à tous des jours meilleurs. Vous avez la liberté du genre et du style. Un happy end serait le bienvenu!
Vous avez un mois, jusqu'au mardi 31 octobre ( hé oui, un mardi, et pourquoi pas un mardi?)
Narwa Roquen, ça ira mieux au printemps


  
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Réponses à ce message :
Maedhros  Ecrire à Maedhros

2017-10-01 19:15:26 

 Comme un regain de forme...Détails
... qui pousse à réinvestir ce qui fut abandonné et à espérer la prochaine récolte.


M

Qui va écouter Vivaldi dans le désordre. C'est encore
le printemps.

Ce message a été lu 5546 fois
z653z  Ecrire à z653z

2017-10-04 09:46:17 

 Bon retour par minousDétails
ça faisait longtemps que je ne l'avais pas placée =)

PS : Je me demande pardon à tous les Faëriens de ne plus commenter leurs écrits déposés ici... mais je promets de faire un effort.

Ce message a été lu 5780 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2017-11-02 14:24:58 

 Je suis toujours dans le coin...Détails
... et prête à vous lire avec plaisir, à défaut de pouvoir capturer les heures qui s'enfuient pour pouvoir écrire...
Le plus idiot est que je continue d'écrire des synopsis sur les thèmes mais je n'arrive jamais à les rédiger...
Brèfle, j'espère que ton désert est terminé et te souhaite (nous souhaite) pour l'hiver plein de flambées et de chocolats chauds.

Est', qui espère que vous avez tous passé un bon Halloween.

Ce message a été lu 5472 fois
Netra  Ecrire à Netra

2017-11-03 13:31:35 

 J'ai pas eu le temps... Détails
... mais je te fais des bisous ^^ okaerinasai !
Netra, bisounours.

Ce message a été lu 5720 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2021-01-17 19:26:56 

 WA 158 : participation : chapitre 1Détails
Je traine ce texte depuis 2005... mais je le finirai un jour !

La poupée-dragon




1-


L’odeur des pendus était fétide. Mais la fournaise de la nuit d’été sous la mansarde était telle que le mage ne pouvait fermer la fenêtre. Parfois, une faible brise agitait un instant le rideau, avant que la chaleur chargée de miasmes ne retombe sur la pièce comme un couvercle. L’air était un sirop épais, malsain, oppressant.

Albertus ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il se tournait et se retournait, repoussant les draps, puis les reprenant en frissonnant. Des images de son passé défilaient sous son crâne telle une cohorte de fantômes morbides, ne lui laissant nul répit. Le mage était de plus en plus souvent la proie des insomnies. Ouvrant les yeux dans l’obscurité, il passa la main sur son visage moite et essaya durant quelques minutes de penser à autre chose puis, vaincu, se résolut à se lever.

En tâtonnant, il saisit sa robe rêche et trouée et la passa sur sa culotte de lin. Puis, il chaussa ses lorgnons. Il se leva précautionneusement, dépliant ses membres rouillés, et ses articulations émirent de sinistres craquements. La fatigue lui embrumait l’esprit et il eut un vertige fugace. Vacillant, il s’appuya au rebord de la fenêtre et, écartant le rideau, aspira l’air nocturne. Il eut aussitôt une quinte de toux. Essoufflé, il s’assit sur les moellons de pierre fraîche et laissa traîner son regard en contrebas.

Au pied de la vieille tour, s’étendait la ville endormie, plongée dans une silencieuse atonie. Le vieil homme contempla les toits enténébrés dont les silhouettes biscornues se détachaient sur le ciel piqueté d’étoiles. Au loin, un chat esseulé poussa un miaulement mélancolique. A deux rues de là, des torches fuligineuses encadraient la place du château. Plusieurs potences étaient dressées et des pendus se balançaient mollement dans la brise tiède. Albertus tressaillit en entendant grincer les cordes. Le roi ne se refusait jamais le plaisir d’une exécution publique. Surtout s’il s’agissait de déserteurs.

Le mage se détourna de la fenêtre en soupirant et battit le briquet pour allumer une lampe. Ébloui, il plissa les yeux. La clarté se déversa dans la chambre vétuste et poussiéreuse, sur les tentures décrépites, les bibliothèques branlantes débordant de parchemins, les étagères chargées de pots, de fioles et de cornues. Dans un bocal cacheté à la cire, se devinait une face grimaçante. Le plus grand désordre régnait partout : vêtements épars sur le sol, chaises encombrées de livres et même les reliefs d’un repas livrés à une moisissure entreprenante.

Albertus traversa la pièce à pas lents. Le vieillard se tenait voûté. Ses yeux délavés, que nulle lumière n’habitait plus, fixaient le vide. Son corps semblait usé, tant par les ans que par les vicissitudes de l’existence. Il était maigre, aussi sec qu’une branche que le moindre souffle de vent peut briser. Ses robes défraîchies, d’un bleu passé, accentuaient encore l’impression de délabrement qui se dégageait de sa personne. Il préleva un lourd grimoire relié de cuir sur un pupitre et gagna son bureau. Il fit craquer ses phalanges déformées par l’arthrose, et commença de rassembler les ingrédients d’une potion soporifique. Le silence lui pesa soudain et il se mit à chantonner un air triste. Les vers narraient l’amour impossible d’un guerrier saint pour une dame noble. Le mage mit à chauffer un petit chaudron d’eau sur un réchaud à huile. Il y versa plusieurs poudres et ajouta une mesure de miel pour adoucir sa gorge sèche. Une odeur épicée s’éleva de la mixture, masquant un peu l’odeur des charognes suspendues en bas.

Albertus se renversa dans son fauteuil. Il ôta ses lorgnons et passa la main dans ses cheveux hirsutes puis dans sa longue barbe blanche. Son esprit reprit son errance dans les dédales obscurs du souvenir. Plongé dans ses pensées, il remuait distraitement sa potion et le murmure doux et régulier de l’eau bouillante le berçait. Il se revoyait un demi-siècle auparavant, jeune mage ambitieux sortant de l’université de sorcellerie, tout fringant dans ses robes neuves. Il se revoyait travaillant à son échoppe, passant ses journées en studieuses études et ses nuits en expériences mystiques.. Toutes ces belles années de jeunesse dépensées en labeur acharné... Il n’avait pas d’amis à cette époque et nul amour pour tenir sa main. Mais seul lui importait le pouvoir. Maîtriser plus de sorts, se procurer plus de livres rares, percer les arcanes de la magie. Quelle consécration que de devenir mage pour un fils de fermiers miséreux ! Il aurait pu alors arrêter sa course folle et vivre enfin le moment présent. Mais il y avait toujours plus urgent à faire que de prendre le temps.

Le regard du vieil homme passait sur les livres sans les regarder. La vie l’avait emporté dans un tourbillon de travail et d’habitudes vaines. Mais cela ne l’avait guère inquiété : il avait bien le temps ! Se trouver une compagne ? Il le ferait l’année prochaine, sans faute, quand il aurait maîtrisé ce nouveau grimoire. Ou l’année d’après peut-être, après ce lointain voyage en quête de composantes magiques. Il avait repoussé le bonheur à plus tard, sans cesse, jusqu’à ce que sa santé se soit envolée avec ses jeunes années. Que de temps perdu... Son ambition avait occulté le plus important. Ses parents étaient morts, ainsi que son frère. Il se retrouvait seul. Il avait désormais ce pouvoir tant convoité mais était trop vieux pour en user. Et pire que tout, ces connaissances chèrement acquises disparaîtraient avec lui puisqu’il n’avait pas d’héritier. Tout cela aurait donc été vain. Que de nuits solitaires passées en amers regrets !

Le mage regarda ses mains, fripées et tâchées par l’âge. Il était trop tard à présent. Il mourrait seul. Et il ne se trouverait personne pour le regretter. Et comme en écho à ce constat, les cordes des pendus grincèrent dans l’air nocturne. Le vieil homme versa sa potion et la but lentement. Quand il s’étendit sur la couche de paille, quelques instants seulement s’écoulèrent avant qu’il ne sombre dans l’inconscience.

----------------------------------------------------

Les rayons du soleil caressent le visage d’Albertus tandis qu’il traverse de verdoyantes prairies, couvertes de fleurs parfumées. Il avance d’un bon pas, plein d’entrain. Il marche sur un sentier de terre battue, au milieu des champs de maïs mûr à point. Ses souliers frappent le sol gaillardement et, pour la première fois depuis longtemps, il se sent merveilleusement bien. Son souffle est régulier, son dos bien droit ne le lance plus, ses muscles lui répondent avec vigueur. Il contemple le ciel d’azur, écoute le chant des oiseaux et sourit.

Il est dans un village de pierre et de chaume à présent. Les champs ont disparu. Le mage s’avance entre les maisons en regardant autour de lui. Il se sent un peu fatigué et aimerait demander à quelqu'un la faveur d’un gobelet d’eau. Mais il n’y a pas âme qui vive. Il ralentit l’allure. Ses genoux se sont fait un peu plus raides. Le vent s’est levé et une pluie fine tombe sur le hameau. Un tourbillon charrie en sifflant des feuilles jaunes et pourpres. Albertus erre de ruelle en ruelle dans le jour finissant. Aux fenêtres des maisons, il aperçoit des ombres. Il appelle mais nul ne lui répond. Il s’approche mais il n’y a plus personne. Il contourne une charrette à bras, pleine de légumes, abandonnée sur une place grossièrement pavée. Une angoisse inexplicable grandit dans le coeur du mage. Un claquement sec. Il sursaute ; mais ce n’est que la porte d’une ferme qui bat sur ses gonds.

La nuit est tombée sans qu’il s’en aperçoive. Le village a soudainement fait place à une ville. Le vieil homme s’arrête, un peu désorienté. Il s’assoit un instant sur une marche pour soulager ses articulations douloureuses. Son dos voûté le lance et il a froid. La neige tombe à gros flocons entre les hauts bâtiments sombres et les perrons sont luisants de glace. Albertus resserre sur lui les pans de ses robes. Il se remet en marche péniblement. Le silence autour de lui est oppressant. Il ne sait pas où il va mais une force inconnue le pousse en avant. Il cherche quelque chose sans savoir quoi.

La silhouette imposante et vaguement inquiétante du château apparaît. Masse obscure, hérissée de pointes, comme un monstre tapi derrière les maisons. Albertus reconnaît la vieille tour où il vit puis le groupe de gibets dressés sur le parvis royal. La bise le mord cruellement et il se hâte en boitillant à travers la place déserte. A la périphérie de son champ de vision, il perçoit un mouvement. Sur l’épaule d’un pendu, un corbeau s’est perché ; il pique de son bec les yeux du cadavre. Coulant de l’orbite, une humeur visqueuse forme une tâche sombre. Le mage tressaille à ce sinistre spectacle. Son regard suit avec horreur le liquide épais qui descend le long des vêtements de toile, glisse sur la jambe nue et blême et tombe goutte à goutte.

Soudain, il la voit. Image d’une incongruité parfaite : une petite fille est assise dans la neige au pied du gibet. Elle est nue mais ne semble pas souffrir du froid. Sa peau est brune comme du pain d’épice. Sa chair lisse et satinée semble luire doucement dans la pénombre. Albertus écarquille les yeux. Emerveillé, il détaille l’enfant miraculeuse. Elle a encore les traits rebondis du nourrisson, des joues rondes, un nez camus, une petite bouche rieuse. Sous la lumière diffuse des torches, ses yeux jettent un éclat orangé. Le vieil homme est totalement fasciné par cette apparition. Il s’est immobilisé et sa respiration reste suspendue. Il fixe sans y croire la chevelure de l’enfant. Les boucles luxuriantes sont d’un vert intense, irréel. La fillette irradie, seul objet coloré au milieu de la nuit blafarde. Elle se tourne lentement. Le coeur du vieillard se met à battre tandis qu’elle lui tend une petite main potelée. Il tend la sienne en retour et se noie dans les immenses yeux d’ambre.

-------------------------------------------------------------

Le mage se réveilla en sursaut et se dressa dans son lit. Il sentait encore sur sa peau le frisson glacé de la neige bien que le soleil estival pénétrât à flots dans la chambre. Dans son esprit, planait le sourire de l’enfant du songe. Il se leva vivement, ignorant ses douleurs, et se mit à marcher de long en large. Comme il passait à côté du bureau, son regard tomba sur le grimoire. Le vent avait tourné les pages et, en lieu et place de la potion de sommeil de la veille, une image représentait une silhouette difforme, à la peau brune et ridée, aux membres prolongés de fines racines, à la tête coiffée d’une touffe de feuilles. Le texte, écrit en caractères g_o_t_hiques à longs jambages commençait ainsi :

Mandragore. Celui qui désire cueillir la poupée-dragon, celui-là devra l’aller chercher au pied d’un gibet...

Les yeux du mage s’agrandirent de stupéfaction et ses doigts se tendirent avidement vers le livre.

Est' "Il finit ce qu'il commence ?"

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2021-04-24 21:36:33 

 WA 158 : participation : chapitre 2Détails
Les trois jours qui suivirent, Albertus étudia assidûment le rituel. Il couvrit d’innombrables parchemins de schémas magiques et répéta à maintes reprises les vers de l’enchantement. Il ne s’interrompait que pour prendre en hâte une frugale collation lorsque la faim l’y obligeait. Il perdit le compte des heures, laissant son échoppe close le jour et la nuit poursuivant tard son labeur, à la lueur des chandelles. Une volonté nouvelle l’animait, secouant la torpeur, focalisant ses énergies déclinantes, comblant le vide du désespoir. Le troisième jour, le mage manda le fils du tailleur, son voisin, et l’envoya en mission dans la ville basse. Il attendit avec fébrilité la tombée du jour, guettant à sa fenêtre les derniers rougeoiements du couchant. Lorsque le moment fut venu, il noua grossièrement sa chevelure, lissa sa robe usée, dont le tissu avait été rouge il y a bien longtemps, saisit sa besace et se mit en route.

Il descendit en boitillant l’escalier de la tour, s’agrippant à la main courante de corde, prenant garde de ne pas trébucher sur les marches irrégulières. Ses rhumatismes ralentissaient sa progression et cela l’irritait. Le vieil homme frappa à la porte de son voisin et le fils du tailleur lui désigna un vieux chien noir ramassé l’après-midi même dans une ruelle des bas quartiers, attaché à un des pieds de la table. L’animal, une bête sale et miteuse, si maigre qu’on lui voyait les côtes, avait suivi le jeune homme contre la promesse de quelques os. A présent, de la graisse de poulet plein les babines, le chien savourait sans le savoir le dernier repas du condamné. Le mage attendit qu’il ait fini et lui tendit un morceau de sucre. Puis, il prit l’extrémité de la laisse et le corniaud, que la prodigalité du vieil humain lui rendait sympathique, l’accompagna en jappant gaiement.

L’air nocturne était lourd sur la place déserte et vibrait du bourdonnement des mouches. La chaleur avait accéléré la putréfaction des suppliciés et l’odeur nauséabonde prit Albertus à la gorge. Il tira un mouchoir de ses robes et se couvrit le nez et la bouche du mieux qu’il pût. Il s’empressa d’une potence à l’autre, observant le sol de terre battue dans la clarté tremblante des torches. Les images de son rêve se superposaient à la réalité et le sentiment de solitude glacée lui revenait par vagues. Au fil de son inspection, il devenait de plus en plus anxieux ; la capricieuse mandragore ne se manifestait que rarement... Enfin, au pied du quatrième gibet, il décela une légère lueur. Il se pencha, le coeur battant, et découvrit une minuscule touffe de feuilles phosphorescentes. Le vieux chien se mit à gronder sourdement et le mage dût attacher la laisse au mât du pendu. Le bâtard geignit quelques instants puis se consacra à essayer de gober les mouches qui le harcelaient.

Albertus examina le sol de terre, imbibé par les fluides putrides du mort qui se balançait au-dessus. Laborieusement, il s’agenouilla près de la petite plante luisante, qu’il caressa tendrement. Ses mains tremblaient d’excitation. Il jeta un regard alentour pour vérifier qu’il était seul, déposa sa besace et en extirpa un stylet d’acier. Au loin, le crieur lança : « Il est onze heures et tout va bien... » mais seul un faible écho lui répondit.

Le mage creusait la terre humide. Un rhizome était apparu à la base des feuilles et on devinait maintenant une petite tête, aux traits indistincts et ridés. Deux minuscules yeux jaunes, en forme de fentes, s’ouvrirent, fixèrent un instant l’humain, puis se refermèrent.

Albertus dégagea le plus gros de la racine avant de sortir un poignard d’argent de ses affaires. L’arme était gravée de runes sur toute sa longueur. Le métal enchanté restait d’un froid mortel malgré la chaleur étouffante. Le vieux mage se releva en ahanant. Utilisant le poignard pour creuser d’étroits sillons, il entreprit de tracer autour du gibet un triple cercle magique. Nerveux, il se parlait à lui-même, se répétant les étapes du rituel. A l'intérieur du cercle, il dessina une étoile et dans chacune de ses branches, il mit un glyphe en disant une courte formule sifflante. Entièrement absorbé par sa tâche, il suait à grosses gouttes. Une fois le dernier cercle refermé, il alla détacher le chien qui, la truffe en l'air, humait avec délice les relents de charogne. Le vieil homme lia avec précautions la laisse à la précieuse racine. Les petites feuilles eurent un léger tressaillement.

Le mage ramassa son sac et traversa la place à pas pressés. Il s'arrêta à l'angle d'une rue et observa toutes les maisons en fronçant les sourcils. Partout, les volets étaient clos. Fouillant dans une des bourses de cuir qui pendaient à sa ceinture, il sortit un morceau de cire d'abeille. Frémissant d'impatience, il le pétrit rapidement et l'utilisa pour se boucher hermétiquement les oreilles. Alors, il porta deux doigts à sa bouche et siffla du plus fort qu’il put. Sur la place, mû par un réflexe conditionné vieux de plusieurs millénaires, le corniaud dressa les oreilles et sauta sur ses pattes. Il franchit le cercle magique et s’élança vers le mage. La laisse le retint et il tira d’un coup sec pour se libérer, déracinant la mandragore et l'entraînant avec lui. A peine la racine magique eut-elle quitté le sol que le chien eut un violent spasme et s'écroula sur le sol.

Albertus s'approcha prudemment. Il observait le chien, agité des derniers soubresauts de l'agonie, la gueule s'ouvrant en jappements silencieux. Du sang coulait de ses yeux et de ses oreilles, poissant sa fourrure sombre. La mandragore, arrachée à son substrat, avait poussé son cri mortel. Le vieux mage retira ses bouchons de cire et s’agenouilla près du vieil animal, posant la main sur sa tête pour l’apaiser jusqu’à ce qu’il cessât de bouger. Comme il se relevait lentement, le vieil homme eut un regard désolé pour le corps du bâtard ; c’était une victime nécessaire.

Il se pencha alors sur la plante enchantée, toujours liée à l’extrémité de la laisse, et la contempla avec attendrissement. Elle ressemblait à un tubercule ramifié, brun, un peu tordu, à peine une ébauche de forme humaine. L’écorce épaisse et ridée était à demi couverte de terre et des radicelles blanches dépassaient aux extrémités. Albertus ramassa doucement la petite racine, l’enveloppa avec amour dans une couverture et l’emporta. Quand il rentra chez lui cette nuit-là, il n’était plus seul.

Est', y a quelqu’un ?

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z653z  Ecrire à z653z

2021-06-05 19:06:31 

 Oui il y a quelqu'unDétails
Je passe de temps à autre. Mais j'ai un déménagement de prévu (dans la même commune) à la fin de l'été. Donc je suis moins disponible depuis début janvier (début de la période de recherche). Je lirai ta prose au calme.
Je ne me souviens pas avoir dit sur ce forum que j'habite dans le Tarn (depuis presque quatre ans).
Bon week-end.

Ce message a été lu 1605 fois
Netra  Ecrire à Netra

2021-06-16 22:58:26 

 Voui voui Détails
Je passe aussi de temps en temps, je lis même quand je commente pas...
(faut dire là je viens de finir mon tome 3, j'ai bobo les pattounes palmées à avoir tapoté tant de mots)
Netra, en crise de plume

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