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 WA - Ex n°4 - Participation Voir la page du message Afficher le message parent
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Mardi 31 octobre 2006 à 18:57:15
Texte n°1
J’espère qu’il ne pleuvra pas à New York. La pluie me suit partout. Stockholm, Paris... Paris ! Je n’aurais pas dû y aller.
Qu’est-ce que j’espérais ? Mais qu’il crève, qu’il crève ! Je pourrai peut-être retrouver quelques bons souvenirs au fond de mes tiroirs, quand il sera mort ! Mais le vieux beau s’accroche à la vie comme une arapède à son rocher, porte le cheveu teint et le costume clair – ridicule, pitoyable, pathétique – odieux.
Tout ce qu’il a su me dire c’est « Tu devrais goûter leur petite salade de langoustines... » J’aurais voulu qu’il s’étouffe avec la sienne ! Il est tout ce que je hais au monde, un petit parvenu obséquieux et obèse, sans culture et sans classe, débitant des blagues à deux balles d’un oeil libidineux à une serveuse en minijupe qui pourrait être sa petite-fille...
Il croit m’épater avec ses cigares puants et son Alfa de merde ?
« Je te la laisserai en héritage. » Stupide ! Je n’ai pas le permis ! Il se vante d’aller étaler sa graisse dégoulinante à Copacabana ou à Agadir, au bras de blondasses vulgaires... Qu’est-ce que j’en ai à faire ? J’ai tout ! Je gagne plus d’argent qu’il n’en pourra jamais rêver, j’ai trois doctorats et deux licences, je parle six langues dont le russe et le japonais, et depuis trois jours j’ai le prix Nobel de Chimie – à quarante-huit ans, la gloire !
Je lui ai envoyé un billet d’avion pour Stockholm, en pensant qu’il serait fier d’assister à la cérémonie.
« Oui mais tu sais j’ai rendez-vous chez le dentiste. »
J’ai des bouffées de haine quand j’y repense. J’aurais dû m’y attendre, pourtant. Quand je le lui ai annoncé au téléphone, il a dit « Ah oui ? Ah bon ? Tu dois être content... » Point.
J’ai eu le bac à quinze ans, mention très bien.
« Ben oui, c’est normal, tu es un garçon intelligent. »
Il ne regardait jamais mes bulletins scolaires, il n’avait pas le temps. Il gagnait du fric. Ma mère m’enfermait, me critiquait, me démolissait – il laissait faire. Brésil, Chine, Australie, les affaires... Quelles affaires ? Vendre ses voitures de merde et tromper sa femme ! Ma mère me sadiquait mais elle avait au moins raison sur un point.
« Ton père est un minable. »
Et il continue à me pourrir la vie ! Je devrais louer un bateau, l’emmener au large de Monaco, où il a tant flambé, et le jeter par-dessus bord. Et puis le regarder lentement se noyer, l’entendre m’appeler, me supplier, lire dans ses yeux l’étonnement, la peur, la souffrance... Il me regarderait, pour une fois ! Et moi je lui dirais : « Tu veux un peu de salade de langoustines ? Elle est excellente... »




Texte n°2
J’espère qu’il ne pleuvra pas à New York. Il pleuvait sur Stockholm, il pleuvait sur Paris... Je n’aurais pas dû y aller, qu’est-ce que j’espérais ? Qu’est-ce que ça m’apporte, ces dîners au restaurant où il promène ses cheveux teints, ses costumes clairs et son humour d’Almanach Vermot ?
Tout ce qu’il a trouvé à me dire c’est « Tu devrais goûter leur petite salade de langoustines... » J’en avais des nausées.
D’ailleurs j’ai encore mal à l’estomac. Mon ulcère a dû se réveiller. Je sais bien que c’est à cause de lui, il continue à me faire du mal, comme il a toujours fait. Oh je déteste ses cigares ! Et cette Alfa Roméo, qu’il veut me laisser en héritage alors que je n’ai jamais passé mon permis... Et ces petits airs mielleux pour draguer une serveuse qui a cinquante ans de moins que lui ! Il me fait honte !
Je n’irai plus. Je n’ai pas besoin de lui. J’ai quarante-huit ans, je suis riche, j’ai trois doctorats et deux licences, je parle six langues dont le russe et le japonais, et depuis trois jours j’ai le prix Nobel de Chimie. Je n’ai pas besoin de lui. Et le jour où il mourra... Eh bien voilà, il sera mort, et je pleurerai sur sa tombe.
Ou pas.
Je lui ai envoyé un billet d’avion pour Stockholm, pensant qu’il serait fier d’assister à la cérémonie.
« Oui mais tu sais j’ai rendez-vous chez le dentiste. »
Evidemment. Il n’est jamais là.
Quand je le lui ai annoncé au téléphone, il a dit « Ah oui ? Ah bon ? Tu dois être content... »
Tu dois être content ! Et lui ? Rien. Je suis poli, je ne te le dis pas, mais je m’en fiche.

J’ai eu le bac à quinze ans, mention très bien, dix-huit de moyenne !
« C’est normal, tu es un garçon intelligent. »
Aussi bien, il croyait que j’étais encore en seconde... Il n’était jamais là. Il allait vendre ses voitures aux quatre coins du monde, pendant que ma chère mère distillait son venin castrateur dans mon âme adolescente. Elle le détestait cordialement et ne se privait pas de me le dire – mais sans doute détestait-elle tous les hommes, paix à ses cendres.
Je n’irai plus.
J’ai quelquefois des bouffées de violence quand je pense à lui. Il m’arrive de faire des cauchemars où je le regarde se noyer et je ne fais rien.
Non, il ne faut plus que j’y aille.
Narwa Roquen, pour ne pas laisser Maedhros tout seul face à vos critiques!


  
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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2006-10-31 19:21:52 

 Well doneDétails
Chapeau pour tes deux récits...ce sont des histoires telle que je les aime : saignantes à voir presque le sang ( moi qui adore les tartares et au pire, la viande bleue....).


Une petite préférence pour le texte A... (j'aime bien les blondasses à Copacabana).



M

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