Crr crr clic !
" Oh ssutt ! Ze me ssuis casssée un ongle! "
Crr crr crr...
" Patronne, vous êtes en retard ! L' ACE(1) vous attend !
- Ssa va, ssa va... Z'arrive ! Il m'en resste zuste deux ! Et puis ne m'appelle plus zamais Patronne, ssinon ze te ssasse !
- Oui Patronne. Vous n'avez qu'à emmener votre lime... Le phaéton est prêt ", répond le gnome vêtu de noir qui, boiteux et difforme, s'efforce en serviteur zélé de faire respecter son emploi du temps à l'étrange jeune femme parée d'une longue robe blanche sertie de perles et de diamants dont la traîne majestueuse se déroule élégamment sur le sol blanc de sa demeure. Elle secoue son épaisse chevelure de jais que retient un lourd diadème d'or où d'énormes diamants dessinent la lettre T. Enfin dans un soupir contrarié elle quitte à regret son immense lit recouvert d'un édredon en fourrure d'hermine.
" Eh bien Thanata, te voilà enfin !
L'ACE a le sourcil froncé et la voix courroucée.
" Qu'est-ce que c'est que ce travail ? "
Il marche à grands pas sur le tapis nuageux de son bureau, et les gestes amples que lui propose sa juste colère font voler ses longues manches turquoise.
" Le GID(2) est hors de lui ! L'Energiseur Chef s'arrache les cheveux ! Le Grand Turquoise a toussé trois fois ! Tous nos services sont sens dessus dessous ! J'attends une explication ! Et arrête de te limer les ongles !
- Ss'est ssa, ss'est ssa... et forssément, ss'est encore à coze de moi !
- Et de qui d'autre ?
- Ze ssais pas... Ssa doit être les ssizos, ssans doute... Mon Gnome a dû toublier de les zaffûter...
- Mais tu es responsable de ton matériel ! Tu es la Mort, que diable ! Oh pardon, Seigneur, je ne voulais pas... Tu vois ce que tu me fais faire ? Bon, écoute-moi, il va falloir me récupérer tous ces Esprits. Et à partir de maintenant, tu fais attention. Le prochain mort, je le veux mort, tu m'entends ? Mort mort !
- Mort mort, mort mort, et comment ze vais trouver le temps, moi, de courir après tous sses Essprits ? Ze ssuis toute sseule pour ce zigantessque travail, de zour et de nuit, ssa dure depuis une éternité et ssa n'est zamais fini ! Z'en ai tasssez ! "
La jolie brune au fin visage de poupée éclate en sanglots convulsifs, ce qui laisse visiblement de marbre son interlocuteur qui la connaît depuis le Commencement.
" Ah bien, si tu préfères être relevée de tes fonctions...Je peux toujours te trouver une place chez les Mortifères(3)...
- Arf ! Quelle ssozorrible ! Transbaldinguer des morts, moi ! Tout le monde se gossserait de moi ! Et puis tu me prendrais ma zolie robe !
- Et le diadème aussi.
- Non, pas le diadème ! ", se révolte-t-elle en portant ses deux mains à sa tête. "Ssa va, ssa va, ze vais faire un neffort... Mais... tous les Essprits ?
- Tous ! "
La belle Thanata se détourne pour prendre congé, en serrant très fort sa lime à ongles dans le creux de sa main. A peine s'est-elle éloignée de trois pas qu'elle maugrée avec rancune :
" Quelle méssansseté fantasbanagorique ! Tout ssa pour une paire de ssizos ! "
Le Pont des Illustres enjambe la Potame, en plein coeur de Calidysme, la capitale du Territoire de l'Ouest. C'est une grande arche en marbre blanc, inébranlable depuis des millénaires ; aucun pilier n'en soutient le cintre, car la magie ancienne qui la lança sur le fleuve la maintient plus sûrement que le béton et l'acier. Il prolonge l'avenue Pourpenseur, qui s'ouvre sur l'Esplanade où trône la statue en pied de Béryllien Pourpenseur, fondateur du Territoire de l'Ouest ; piètre sorcier mais grand meneur d'hommes par sa sagesse et sa diplomatie, il sut s'entourer de talentueux architectes, qui édifièrent le pont, l'Esplanade, et le Palais du Conseil dominant celle-ci. C'est là le coeur glorieux de la ville, où se croisent touristes et promeneurs, vieillards, nourrices et amoureux, qui traînent devant les riches étals des boutiques de luxe établies sur le pont, puis s'en vont flâner sur l'autre rive dans les Grands Jardins Magistraux où tous les petits sorciers et les petites sorcières sont venus jouer depuis que le monde est monde.
Un homme vêtu de noir est accoudé à la balustrade. Il est jeune, il est beau, ses cheveux blonds étincellent au soleil. On pourrait juste s'étonner que les iris de ses yeux soient rouges, mais comme il est de dos, les passants ne le remarquent pas. Il parle à mi-voix. Peut-être se chante-t-il une chanson, ou répète-t-il une formule magique ? Pas du tout. En fait il s'adresse à une entité qu'il est le seul à voir.
" Et pourquoi vous, vous me voyez ?
- Parce que je suis un très grand sorcier. Vous avez dû entendre parler de moi, Iriador Kersigatt, LE Kersigatt...
- Ah oui, le pacificateur de l'Est... Vous avez fait la une des journaux... C'était quelque temps avant que je meure... Enfin... J'aurais dû mourir ! Et au lieu de ça, je ne sais pas ce qui s'est passé... Thanata est venue, elle a coupé le fil, les Mortifères ont pris mon corps, mais je me suis retrouvé fantôme, et impossible de me décoller d'ici ! Si vous saviez comme c'est dur... Ma femme m'attend là-bas, je ne peux pas communiquer avec elle, elle doit être folle d'inquiétude ! Et aucun sorcier ne me voit !
- Allons, allons, je vous vois bien, moi... "
Le pâle spectre violet se tord les ombres de ses mains.
" Qu'est-ce que je vais devenir ? Je n'ai pas mérité ça, j'ai toujours été un sorcier honnête !
- Je sais, je sais... Cela aurait pu être une erreur, mais... Vous êtes plusieurs centaines dans le même cas, et c'est scandaleux ! Je sais de source sûre que Thanata a été grassement payée par l'Ouest pour agir de la sorte. " Ils " ont l'intention de vous contraindre à travailler pour eux, pour conquérir toute la dimension V. Nos pauvres contrées risquent d'être mises à feu et à sang...
- Il faut faire quelque chose ! Mais je n'ai plus aucun pouvoir...
- Ca, c'est ce que vous croyez ! Si vous unissez vos forces à celles des autres Esprits...
- Nous pourrions sauver la paix ? Nous pourrions enfin partir d'ici ?
- J'en suis persuadé ! Retrouvons-nous ici demain soir. Amenez tous les Esprits que vous rencontrerez, et j'en ferai de même. "
L'ombre blême, à qui il reste une vague trace de flair, demande alors :
" Pourquoi faites-vous ça pour nous ? "
Et la réponse de l'homme, qui réveille au fond de lui des échos d'hilarité grinçante, tombe évidente comme un rocher de trois tonnes.
" Parce que c'est bien ! "
" Alors, ma chérie... Non, ne me dis rien, tu rayonnes d'un tel bonheur que les mots sont inutiles ! Je ne suis pas venue à ta petite fête pour te parler travail ", poursuit Belladonne Pierredefeu, l'Assistante Déléguée à l'Education, " mais tu sais qu'Apostille Basdelaine a pris sa retraite, et j'aurais besoin d'un professeur d'Histoire. Est-ce que tu pourrais te libérer ? "
Mélamine Courtepointe, l'oeil pétillant et la joue rose, le teint illuminé par le vert tendre de sa robe brodée de petites fleurs blanches, hausse un sourcil rieur.
" Maîtresse Hautecour est au courant ?
- Oh, Mélamine, tu la juges mal ! Elle ne te déteste pas... autant que tu le penses... Et elle sait reconnaître le talent... "
Mélamine hoche la tête. Maîtresse Hautecour, cependant, a décliné son invitation, ce qui d'ailleurs ne l'a point peinée. Un grand sorcier blond vient l'enlacer tendrement.
" Maîtresse Pierredefeu, vous connaissez mon fiancé, Iriador... "
LE Kersigatt s'incline gracieusement.
" Souffrez que je vous l'enlève un instant. Mélamine, je voudrais te présenter mon ami Pythagor Nadirov, il est rentré des îles Tempête juste pour nous... "
Il lui prend la main, l'entraîne en virevoltant parmi la foule des invités.
Tout à coup, un fracas épouvantable fait exploser les vitres et trembler les murs, plus assourdissant que mille tonnerres déchaînés. Les gens se figent. Iriador serre Mélamine contre lui. De la ville monte une clameur affolée, hurlements de tous âges qui s'entremêlent et se confondent, dominant à peine un grondement sauvage et persistant émaillé d'un égrènement régulier de chutes sourdes, comme un circuit de dominos innombrables qui n'en finissent pas de tomber... Tout le monde se rue sur la terrasse , qui donne sur la Potame et l'Esplanade Pourpenseur. Et là, unanime, le cri se répète...
Le Pont des Illustres s'est écroulé, disloqué en son milieu, réduit à des milliers de petits cubes de pierre blanche que le fleuve charrie furieusement et engloutit bientôt.
" Ce n'est pas possible !
- C'est un attentat !
- Mais qui aurait le pouvoir...
- Y a-t-il des blessés ?
- Quelle horreur ! "
Les invités posent leurs verres, quelques uns, Walkyria en tête, se précipitent vers la sortie pour aller porter secours aux éventuelles victimes. Mais la porte s'ouvre à la volée, et un commando de la FBI(4), armé jusqu'aux dents, bloque le passage.
" Iriador Kersigatt, je vous arrête ! "
Stupeur. Silence. Les invités reculent d'un pas. Iriador Kersigatt livide, tenant toujours la main de Mélamine, s'avance sans crainte.
" Que s'est-il passé, Commandant ? De quoi m'accuse-t-on ?
- Veuillez nous suivre sans résistance. La Cour Suprême statuera sur votre sort.
- Mais qu'est ce que... ", intervient Mélamine.
Iriador pose un doigt sur sa bouche.
" C'est un malentendu, ma chérie. Ce sera vite réglé. Tiens, désolé pour ta fête, ceci est ton cadeau. Je n'aurai jamais rien à te cacher. "
En lui glissant un petit paquet dans la main, il l'embrasse brièvement et se laisse emmener par la Brigade. Mélamine, les larmes aux yeux, reste pétrifiée. Elle ne voit pas les gens qui ont repris à parler à voix basse et qui petit à petit quittent la pièce où la cérémonie des fiançailles n'aura pas lieu. Il lui semble entendre vaguement Alyane Courtepointe déclarer haut et fort " Ca, j'en étais sûre, trop beau pour être honnête " et la voix de sa grand-mère Corinanthe prendre un ton de Commandement pour la faire taire.
" Ma pauvre fille, quand il y a une bêtise à dire, tu es toujours la première ! "
Un jeune homme s'approche d'elle.
" Viens, Mélamine. Je suis Pythagor Nadirov, je sais qu'Iriador t'a parlé de moi. Tu devrais ouvrir ton cadeau, je suis au courant, je vais t'expliquer comment on s'en sert. "
Mélamine secoue la tête comme au sortir d'un cauchemar.
" Mais je ne vais pas laisser faire ça ! Il est innocent ! "
Elle lance un regard à Walkyria et à Corinanthe, et sa détresse recueille leur soutien franc et total.
Mélamine a préparé du thé et sorti la boîte de madeleines à la confiture de noix. Autour du feu sont réunis chez elle Corinanthe, l'officielle grand-mère(5), Walkyria la soeur cadette et son mari Silphion Cantharide, tous deux Agents des Forces Spéciales, et l'ami d'Iriador, Pythagor Nadirov, un immense sorcier blond venu du fin fond de l'Est, dont la taille hors du commun n'a d'égale que l'extrême gentillesse.
" Je suis allée aux nouvelles ", commence Walkyria. " Bien sûr, c'est Top Secret Défense, mais j'ai des amis... Iriador est accusé d'avoir fait s'écrouler le Pont des Illustres pour envenimer les relations Est-Ouest ; donc bien sûr complot, trahison, association de sorcellerie malfaisante, collusion avec des forces négatives, atteinte à la sûreté de l'Etat, incitation à la guerre... et la peine capitale. "
Mélamine frémit et avale une gorgée de thé brûlant. Elle est parfaitement centrée, le temps n'est plus aux émotions.
" Je suis parti fouiner de mon côté ", raconte Silphion Cantharide. "Les témoins ont vu un homme ressemblant à Iriador (il était avec nous au même moment !) lancer trois seaux d'eau sur la chaussée au milieu du pont, puis s'évanouir dans une fumée rouge. Ils ont entendu des chuintements, des crissements, des craquements, puis le pont s'est effondré en son milieu, ce qui a passablement énervé le fleuve... Mais le plus étonnant, c'est que dans la demi-heure qui a suivi ils ont vu remonter tous les poissons, morts empoisonnés... Et en fait, le poison, c'était du sucre ! Aucune trace de pierres dans l'eau ! Le pont a été transformé en sucre ! "
Mélamine réfléchit de toute sa concentration, le regard voguant sur les flammes de l'âtre.
" Même si tout le monde témoigne qu'il était avec nous, vu la gravité de l'événement, ils ne nous croiront pas. Ils vont le juger en procédure d'urgence et l'exécuter sans délai. Il faut le faire évader ", conclut-elle en relevant la tête.
" Justement ", enchaîne Pythagor Nadirov, "tu devrais un peu regarder ton cadeau. "
Mélamine pense que ce n'est vraiment pas le moment, mais le sourire sincère de ce nouvel ami la convainc. Le paquet contient une grosse émeraude plate, montée en pendentif. La pierre est très belle, mais...
" Regarde. Je souffle dessus... "
Il ne se passe rien. La pierre reste la même dans la paume de Mélamine. Pythagor, très fier de son effet, sourit jusqu'aux oreilles sous les regards perplexes et un peu critiques des autres.
" Maintenant, toi, souffle dessus. "
Mélamine souffle, et... Oh ! La pierre s'ouvre lentement, révélant un petit miroir opaque.
" Souffle sur le miroir, maintenant, et regarde ! "
Iriador est assis devant une table. Autour de lui, des membres de la FBI, toujours masqués, l'interrogent.
" Je vous dis que ce n'est pas moi ! J'étais en train de me fiancer ! "
Est-ce le hasard ? Iriador lève la tête vers Mélamine et lui fait un clin d'oeil.
" Il m'avait dit : Je n'aurai jamais rien à te cacher ", murmure-t-elle.
" Donc tu vas savoir à tout moment où il est et ce qu'il fait. Déjà, pour la localisation, pas de souci. Après, avec les protections qu'il y a sur les murs, et sachant qu'ils l'ont forcément inhibé totalement...
- Nous règlerons ça plus tard ", le coupe Corinanthe. J'ai contacté Aztarek...
- Phanigann ? Celui du Théorème ? ", s'étonne Pythagor.
" Oui. Je t'expliquerai plus tard. En fait, la situation est encore plus grave qu'on ne pense... "
Tout à coup Corinanthe pâlit, rosit comme une jeune fille et prend l'air absent de quelqu'un qui entend une voix d'outre-tombe parler dans sa tête. Puis son sourire explose comme un feu d'artifice.
" Mes enfants, nous sommes sauvés ! "
Aztarek Phanigann bouscule l'Ange Portier et force l'accès au bureau du GID, avec dans son sillage Ciboulette Bouchencoeur et Sybarite Vertuneuve, qui pour être silencieux n'en portent pas moins, sur leurs visages diaphanes d'anges apprentis, les traces flagrantes d'une émotion violente.
" Qu'est-ce que ça veut dire ? " crie le GID en reculant d'un pas.
" C'est exactement ce que je viens vous demander. "
Aztarek Phanigann, un sourire angélique aux lèvres mais l'oeil allumé d'une flamme démoniaque, se dresse là, majestueux et déterminé. Le GID est quand même le Numéro Deux de la dimension T, mais Aztarek Phanigann... est Aztarek Phanigann. Et le plus inconfortable pour le GID, c'est qu'il le sait.
" Mon cher Phanigann...Eh bien mais... asseyez-vous...Je m'attendais un peu à vous voir, bien entendu, encore que ce jeune homme... n'est pas de votre famille, n'est-ce pas ?
- C'est le fiancé de ma fille, un sorcier au dessus de tout soupçon ! Et le Pont des Illustres n'est pas de ma famille non plus, mais son écroulement est un événement d'une gravité sans pareille, dont vous savez pertinemment que personne en dimension V n'en est responsable...
- Ecoutez... Je comprends votre inquiétude mais... Tout ceci va s'arranger... "
Le GID, en bon politique, déblatère un long discours sur les aléas de la conjoncture, et la nécessité d'agir avec tempérance et circonspection. Aztarek Phanigann croise les bras, son sourire s'est évanoui, seul persiste son regard flamboyant qui fait de lui un être inclassable à qui personne en dimension T ne se permet de donner d'ordres.
Le GID soupire et baisse les épaules.
" Très bien. Un élément incontrôlé de la dimension R a pris l'apparence d'Iriador Kersigatt et a convaincu quelques Esprits errants de faire sauter le Pont des Illustres. Le grand T souhaite que nous trouvions une solution diplomatique qui nous permette d'éviter toute sorte de conflit...
- Quelques Esprits ? Vous avez dit " quelques " Esprits ?
- Oui... en fait... Un certain nombre... Nous avons eu un petit souci de matériel... avec Thanata...
- Et ?
- Tout ceci suit son cours, mon cher. Il nous faut juste un peu de temps pour...
- Iriador Kersigatt sera exécuté dans six heures. Vous allez quoi, le réincarner en pont ? A moins que vous n'alliez dire vous-même à la Cour Suprême de Sécurité, avec quelques pétards et quelques fumigènes : " Coucou, je suis le GID, relâchez cet homme, il est innocent " ? Quel est votre plan ?
- Eh bien mais nous... bien sûr nous... "
Pour diplomate qu'il soit, le GID sait qu'il ne peut pas mentir. De guerre lasse, il soupire.
" Ecoutez, mon vieux, le GID c'est moi, alors laissez-moi faire mon travail. Si un jour vous êtes à ma place...
- Mais je n'en veux pas de votre place ! Je veux que vous m'envoyiez là-bas.
- Ré... réincarné ?
- Réincarné, avec tous mes pouvoirs... et quelques uns de plus.
- Oui mais alors... Vous ferez très vite, n'est-ce pas... Il ne faudrait pas que... "
Aztarek Phanigann , sans perdre le temps d'un merci, se précipite vers le Pavillon des Opérations Exceptionnelles.
" Et surtout soyez discret... "
La voix du GID se perd dans un murmure.
" S'il vous plaît... "
Aztarek Phanigann tient la main de sa fille. Malgré tous ses pouvoirs et toute sa volonté, elle n'aurait pas pu, seule, approcher de cette immense palais dont la blancheur aveugle et où le froid transit.
" Tu es sûre que tu veux y aller seule ?
- Ca sera plus facile entre filles, papa . Attends-moi là. "
Devant son grand écran, le GID s'est assis, la tête entre les mains. Il s'attend à chaque instant que le Grand T le foudroie et le renvoie mortiférer. Mais comme rien ne vient, il regarde.
Le gnome-concierge introduit Mélamine dans le boudoir glacé aux parois faites de miroirs où Thanata, avachie dans l'unique fauteuil, feuillette un catalogue de bijoux fantaisie.
" Ah... ss'est zoli, ssa... Mais rouze... ze ssais pas... "
Mélamine tousse.
" Ah... oui ? Entrez, entrez, excusez le désordre, ze reçois ssi peu de visites... "
Mélamine fait apparaître un fauteuil en tous points semblable à celui de l'hôtesse, et s'y assied poliment.
" Ze peux faire quelque ssose ?
- J'y compte bien ", sourit Mélamine.
Thanata hausse un sourcil soigneusement épilé et redessiné au crayon.
" Mais euh ! Et d'abord qui t'es toi ?
- Vraiment jolis, ces bijoux... Mais un peu toc pour toi, non ? Dans ta position, et avec la délicatesse de ton teint, je ne vois que l'or... Je connais un petit bijoutier sur le Pont des Illustres... Ah, mais c'est vrai, maintenant... "
Thanata est coquette mais pas stupide. Elle se raidit.
" Et alors ? Ss'est pas moi, ze n'y ssuis pour rien !
- Thanata, je sais bien que tu n 'es pas méchante. Ton travail, il faut bien que quelqu'un le fasse ! Cela ne doit pas être drôle tous les jours, d'inspirer la crainte et l'horreur... Et pourtant il y a tant de malheureux que tu soulages, que tu apaises, que tu délivres, tant d'êtres en souffrance qui n'espèrent plus qu'en toi...
- Ss'est... pour de vrai ?
- Mais bien sûr ! D'ailleurs, tu le sais bien, tu es indispensable...
- Ssa, ss'est ssûr... Ze fais tout toute sseule... Ze me tue à la tâsse, parsse que z'aime le travail bien fait...
- N'en rajoute pas. Je sais tout. Maintenant il va falloir que tu m'aides à sauver Iriador. "
Dans les yeux de Thanata se succèdent la surprise, la colère, la perplexité.
" Z'ai dézà vu sse regard, il y a longtemps...Ss'était... ss'était un grand ssorcier... Ze n'oublierai zamais... Z'avais dû l'attendre...
- Il est dehors. Il m'a accompagnée. "
Thanata tressaille, comme prise en faute.
" Phanigann ?
- C'est mon père. Nous ne t'en voulons pas, Thanata, tout le monde commet des erreurs. Je suis venue te demander ton aide. Et Phanigann t'aidera à récupérer les Esprits.
- Et après ze serai tranquille ?
- Et après tu pourras te reposer, prendre un grand bain glacé - tu devrais essayer l'essence de cèdre, avec une petite touche d'ambre, c'est divin... Allez, à tout à l'heure, ma belle, je t'attends là-bas. "
Thanata soupire, s'étire langoureusement, commande la voiture et se prépare à se décider à se lever. Puis elle bondit sur ses pieds.
" Nom d'une Apocalystike ! Elle m'a tutoyée ! Ssa alors ! Elle a tosé me ... "
Ils sont dix hommes en armes, masqués, répartis sur tout le tour de la pièce. Au centre, un fauteuil de métal où Iriador Kersigatt, les traits tirés et couvert de chaînes, écoute la sentence que prononce Orchidée Hautecour en personne, encadrée des deux Juges Suprêmes Livèche Marchefeu et Vanadien Malvoisie.
" ...Vous serez mis à mort sur le champ par désélectrisation cardiaque selon l'usage du Territoire de l'Ouest. Avez-vous une dernière parole ?
- Maîtresse Hautecour ", répond le condamné d'une voix lasse, "je suis innocent. Je regrette pour vous que vous n'ayez pas pris le temps d'enquêter davantage. Lourd sera le poids des remords qui vous poursuivront. Je pardonne à votre intransigeance parce que vous avez peur. Mais je vous plains de tout mon coeur pour tout ce qui vous reste à vivre.
- Taisez-vous, monstre insolent ! Commandant, mettez votre équipe en place. "
C'est à ce moment que dans un courant d'air glacé parfumé à la vanille entre dans une étincelante blancheur la délicieuse et non moins redoutée Thanata, une paire de ciseaux cristallins à la main.
" Dézolée, z'ai failli zêtre en retard ! "
Aucune des personnes présentes ne le remarque, mais dans la conque de son oreille droite, cachée derrière une mèche de cheveux, se niche une toute petite coccinelle verte à points noirs.
" Vous aviez tout le temps, Maîtresse Thanata, nous n'avons pas encore procédé...
- Laisssez,laisssez... Ze ssais que ssela est touzours pénible pour vous... Puissque ze ssuis là, ze vais le faire, ssa ssera fait... "
Elle s'approche d'Iriador, qui soutient son regard en silence. Elle déploie ses bras comme des ailes au dessus de lui, les ciseaux ouverts, et elle le fixe intensément. Que voit-il dans la profondeur abyssale du regard terne de la Mort, ce regard immensément vide comme une fenêtre ouverte sur le néant ? Il sourit, de plus en plus largement, puis se met à rire, à rire, à rire...
" Ss'est les nerfs ", commente Thanata,"ssertains ssombrent dans la démensse au dernier moment... "
Clac. Le coup de ciseaux s'est abattu comme un couperet. La tête d'Iriador roule sur sa poitrine. Les sorciers se taisent. Thanata, très à son affaire, relève la tête, ferme les yeux de sa victime, ôte les chaînes d'un claquement de doigt.
" Bon. Ze vais tattendre les Mortifères, z'ai deux ou trois ssoses à leur dire... A la prossaine. "
Et tandis qu'un gnome toujours boiteux et difforme avance un fauteuil, les sorciers se retirent, silencieux, tête basse, un peu choqués. Ils ont beau connaître Thanata et son indifférence enjouée, ils ne s'y habituent pas. Mais d'ailleurs, comment peut-on s'habituer à la Mort ?
Le jour s'est levé, brumeux et blafard, traînant une insondable mélancolie depuis l'exécution d'Iriador. Le " Monde Violet " s'envole vers le domicile de ses abonnés, titrant : " Kersigatt : exécution sommaire pour le sauveur de l'Est. Etait-il vraiment coupable ? " Les vestiges du Pont des Illustres, dans lesquels quelques choucas essayent de se nicher, gisent absurdement sur chaque rive. Au milieu de la splendeur de Calidysme, ils font le gros dos pour se faire oublier, témoignage incontournable d'une folie guerrière que personne en dimension V ne saurait expliquer. Personne sauf...
" Installez-le sur le canapé ", commande Phanigann aux Mortifères qui ont transporté la dépouille d'Iriador jusque chez Mélamine. Puis il sourit à Thanata.
" Je te remercie, douce jeune fille, de ton aide précieuse. Peux-tu maintenant défaire ce que tu as fait ?
- Ze n'ai rien fait ! Il a zuste l'apparensse de la mort, mais mes ssizos ont claqué dans le vide... "
Elle ouvre les bras à nouveau, murmure quelques mots. Iriador gémit, soupire, et émerge lentement d'un lourd sommeil qui lui a sauvé la vie. Il regarde autour de lui, étonné. Mélamine se jette dans ses bras...
" Allez ", dit Corinanthe, "un chocolat chaud pour tout le monde - mais non, Thanata, ne t'alarme pas, pour toi il sera glacé - , car ensuite nous allons avoir une rude journée ! "
Pendant le petit déjeuner, Iriador raconte, Thanata raconte, Phanigann raconte puis expose son plan. Sur la nappe vert pâle où s'étalent gâteaux, biscuits et confitures, Iriador tient la main de Mélamine... et Phanigann a posé la sienne sur celle de Corinanthe qui a beaucoup de mal, dans cette assemblée de fins télépathes, à cacher son trouble profond. Elle semble avoir rajeuni de cinq cents ans ! Comme elle se le couve du regard, son Aztarek en qui elle a une foi aveugle, comme elle le trouve beau, et fort, et puissant...et réincarné...
" Ss'est zoli, sses éssarpes ", s'extasie Thanata devant la garde-robe où Mélamine cherche une cape noire pour la dissimuler.
" Prends celle que tu veux ! Si, si, c'est avec plaisir... "
Thanata s'enroule voluptueusement dans une grande étole de soie verte, et se glisse dans la cape que lui tend Mélamine. Elle a bien l'intention de ne rien manquer du spectacle qui se prépare, et elle sait qu'elle a le rôle clef du final...
Chacun se transporte vers le lieu de sa mission. Pythagor Nadirov va s'enquérir de Dimir Valdinar, Ambassadeur de l'Est à Calidysme, Sylphion Cantharide se charge d'Orchidée Hautecour, Walkyria des Agents des Forces Spéciales et de la FBI, Corinanthe s'occupe de rameuter la population, et Phanigann emmène Mélamine et Iriador rassembler un troupeau un peu particulier...
Le soleil s'est décidé à sortir car lui aussi s'attend à quelque chose. L'Esplanade Pourpenseur est violette de monde, et ceux qui craignent la foule s'entassent sur les terrasses et les balcons tout autour. Au pied du pont, un espace ceinturé par la FBI semble vide, et pourtant les entités qui s'y pressent ne sont pas moins curieuses que les visibles de comprendre la raison de leur présence.
Phanigann, grande robe verte surmontée d'une tignasse fauve, debout sur un amas de pierres blanches, laisse porter sa voix de stentor jusqu'aux faubourgs de Calidysme.
" Ainsi nous voilà tous réunis pour éclaircir ce mystère et rendre enfin justice. Il manque encore quelqu'un, et non des moindres, mais je suis sûr qu'il ne va pas tarder. Eh bien, braves gens de Calidysme, regardez ! Voici les innocents qui, manipulés par un être sans scrupule, ont cru de leur devoir de démolir le Pont des Illustres pour sauvegarder la paix ! "
Et d'un ample geste du bras il montre les six cent soixante-six Esprits qui apparaissent alors en ombres violettes traversées par un soleil complice et rieur.
" Ah... Oh... Ah... ", s'exclame la foule qui remplit à merveille son rôle de choeur antique.
" Tu ne t'en tireras pas comme ça, Phanigann ! "
Iriador Kersigatt, LE Kersigatt, est debout entre Mélamine et Pythagor au pied du monticule de pierres. Mais arrive alors du fin fond des nuées un autre Kersigatt, aux yeux rouges lançant des flammes, et brandissant une lourde épée qui jette des éclairs écarlates.
" Te voilà enfin, bandit ! "
Phanigann claque des doigts, et le voilà transformé en Kersigatt aux yeux verts, tenant lui aussi une épée, mais dont les éclats de lumière sont turquoise.
Iriador a du mal à s'empêcher de rire.
Les deux Kersigatt se rencontrent en plein ciel, au dessus de l'Esplanade, et se lancent à esprit perdu dans un combat sans merci.
Le GID tremble devant son écran.
" Heureusement qu'il devait rester discret ! "
Derrière lui, tout sourires, arrivent timidement Ciboulette Bouchencoeur et Sybarite Vertuneuve.
" Vous permettez ? La salle d'Ecran est bondée... "
Le GID, du fond de son désespoir, ne sait plus protester. Ils sont tellement absorbés par les images virevoltantes et époustouflantes qui se déroulent devant eux qu'aucun des trois n'entend le très ténu froissement d'étoffe qui aurait pu trahir l'arrivée d'un quatrième personnage, baignant dans une aura turquoise éblouissante, et dont les longs doigts secs jouent négligemment dans une immense barbe blanche et éternelle...
Dans le ciel limpide de Calidysme, d'où les oiseaux restent étrangement absents, deux épées flamboyantes s'affrontent sans relâche. Les deux Kersigatt semblent d'égale valeur, alternant les subtiles bottes des plus fines lames de tous les mondes avec les grands assauts spectaculaires qui font frémir la foule et trembler les vitres des fenêtres. Les photographes de toute la presse violette s'en donnent à coeur joie ! Les journalistes de tout bord aussi, qui ne se privent pas de commentaires plus ou moins bien inspirés . Dans toutes les annales violettes on n'a jamais vu pareil affrontement !
Mais voilà que l'un des deux combattants se met à tourner sur lui-même à la vitesse de la lumière ; il n'est plus qu'un éclair blanc qui se précipite vers le sol... Que se passe-t-il ? Eh oui ! Cette manoeuvre géniale a creusé un vortex dans lequel son adversaire est aspiré malgré lui. Déséquilibré, il plonge la tête la première, perd son épée... Et c'est la chute ! Eh oui, voilà, chers amis, Le Kersigatt aux yeux rouges est allongé sur le sol et la grande épée au reflet turquoise est pointée sur sa poitrine, car l'autre Kersigatt a réussi un rétablissement de dernière minute - oh là là que c'est beau ! Le vainqueur lève le bras gauche et oh ! il change d'apparence ! Mais c'est... Ce grand sorcier roux aux yeux verts... Mais il est mort ! Mais c'est... c'est...
" Phanigann ! Phanigann ! ", scande la foule en délire.
D'un geste magistral il obtient le silence.
" Le jeu est fini, démon. Tu as perdu.
- Et après ? ", ricane l'autre, qui a repris sa forme Rouge. " Que vas-tu me faire ? Je suis aussi éternel que toi ! "
Il en faut bien plus pour désarçonner Phanigann dont on disait, de son vivant, qu'il en savait une de plus que le diable... Il pose son épée et de ses deux mains tourbillonnantes il se met à chatouiller le démon, si, si, vous le voyez bien, il le chatouille !
L'autre se tord, se tortille, se convulse d'un rire sardonique qui bientôt manque de souffle.
" Arrête, arrête... Je n'en peux plus... Je ne peux plus... avoir... de méchantes pensées... Arrête... "
Mais le justicier ne se laisse pas fléchir, et sous les yeux de la foule ébahie, voilà le démon qui rétrécit, s'étiole, se ratatine, et dans un flop de fumée orange pâle disparaît.
" Bravo ! Youpi ! On a gagné ! ", hurle la foule qui trépigne et siffle et applaudit à tout rompre.
" Et maintenant, amis Esprits, ce que vous avez défait, nous le referons ensemble. "
Il se place comme un chef d'orchestre à quelques mètres du sol. Les Esprits se rassemblent. Mélamine, Iriador et les autres font un pas en avant. Silphion Cantharide pousse Orchidée Hautecour, que suivent Livèche Marchefeu, Vanadien Malvoisie et les membres du Conseil. Walkyria mobilise ses collègues et amis. Corinanthe commande la foule et draine les volontés tendues.
Alors Phanigann fait apparaître au dessus de la Potame l'image encore floue d'un pont de marbre blanc, aux blocs de pierre lisse discrètement veinée de vert clair.
" Voilà le pont qui vous manque. Il vous suffit de le vouloir de toutes vos forces réunies. "
L'enchantement fonctionne ! La belle arche blanche se matérialise peu à peu et vient se poser à la place de l'ancien pont, s'imbriquant à la perfection dans les pierres restantes qui se sont disposées de manière à le recevoir très exactement.
" Oh... Ah... Oh... ", murmure la foule très émue.
" Le pont est à vous ! "
Timidement, puis avec impatience, les sorciers mettent le pied sur le pont, puis le traversent, s'y embrassent, se félicitent les uns les autres ; les enfants y courent en riant, les oiseaux se posent sur les balustrades.
" Allez, ze m'occupe de vous. En rang par deux, et pas de ssahut. Ssacun aura sson tour ! "
Les Esprits s'avancent lentement vers Thanata et ses ciseaux les libèrent un par un, au rythme régulier du faucheur. Clac clac, clac clac, clac clac...
Le GID essuie une goutte de sueur sacrée qui coule à son front. Une voix grave et enthousiaste derrière lui le cloue sur place.
" Ah c'était bien ! Pim poum pam... quel combat ! Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas autant amusé ! Vous avez vu ? Quelle ardeur, quelle finesse, et quel humour ! Ah, ce Phanigann... "
Il s'approche du GID, lui serre la main chaleureusement.
" Ah merci, mon cher, quel beau spectacle !
- Mais, votre Turquoiseté, je n'y suis pour rien... C'est Phanigann...
- Ah... Oh... Très bien... Dites-moi, on pourrait faire une petite fête, quand il rentrera ? Vous savez, avec des lampions, des banderoles " A notre champion "... et avec du nectar... et de l'ambroisie... Ah, et si vous trouviez quelques musiciens ? Mais pitié, pas de harpes anémiques jouées par des anges asexués ! Non... Je verrais bien un Big Band... quelque chose entre le ragtime et le vieux jazz Nouvelle Orléans... Vous voyez ce que je veux dire...
- Le rag-quoi ? ", murmure le GID qui n'a pas vraiment l'habitude d'organiser des fêtes. "Mais je n'ai jamais été incarné, moi, j'ai été créé au Début... "
Ciboulette et Sybarite échangent un regard complice.
" Laissez-nous faire, Grand Ingénieur. On va vous arranger ça. "
Un couple d'amoureux qui descend la Potame en barque note enfin un petit détail jusque là passé inaperçu.
" Eh ! Regardez ! Il y a une plaque, au milieu du pont, un plaque de marbre vert avec des lettres d'or!
- On a rebaptisé le pont !
- Maintenant, c'est le Pont Phanigann ! "
Aussitôt chacun y va de son hypothèse. Pour la majorité, il est évident que c'est Orchidée Hautecour. Rongeant sa colère mais refusant de reconnaître que quelqu'un aurait pu d'autorité changer le nom du Pont des Illustres, elle ne donne aucun démenti. Phanigann, bien que secrètement flatté, se récrie qu'il n'a jamais recherché les honneurs de toute sa vie (ce qui est vrai). Mélamine et Iriador se montrent aussi sincèrement étonnés que les autres.
L'auteur de cette renomination se garde bien d'en parler, mais quand il contemple le pont sur son grand écran, tout en jouant avec sa barbe, il se remémore en souriant le duel fabuleux qui a su le tenir en haleine.
" Pim poum pam... Ah c'était bien... Je devrais m'incarner, un jour, ça a l'air amusant... "
Pendant ce temps le Contrôleur des Opérations ExcepTionnelles tourne en rond comme un ange en cage. Phanigann n'est toujours pas rentré...
Sur la porte de sa chaumière, Corinanthe Courtepointe a posé un grand écriteau : " Absente quelques jours pour cause extraordinaire ".
" Tu ne vas pas t'ennuyer avec un seul Kersigatt ? ", demande Iriador à Mélamine en la couvrant de baisers brûlants.
- Cela m'étonnerait ! Celui qui m'est resté est bien celui que je préfère, Iriador aux yeux bleus... "
L' espion turquoise 88 est bien content de rentrer au bercail : il va pouvoir rapporter au Grand Coordonnateur de la Sécurité Turquoise qu'en dimension R, il y a de sacrées remontées de bretelles...
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le 04-02-2006 à 12h27 | Belle série | |
Ben décidément, tu aimes écrire des histoires à épisodes… Le style est égal à lui-même, toujours très maîtrisé. J’adore les noms des personnages, originaux tout en présentant une belle unité de style qui contribue à la cohérence du monde créé par l’auteur. Monde qui devient plus complet à chaque nouvelle. Le personnage de Thanata décrit une Mort bien sympathique, un rien pratchetienne. J’aime beau... |