| ||
De : Maedhros Date : Mercredi 30 mai 2007 à 19:34:31 | ||
Ouf, c'est l'avant-dernière partie. Je crois que je vais réussir finalement à être dans les temps. On avait jusqu'au 31/05 soit demain, non? ___________ Anis connaît suffisamment ce genre de situation. Il pourrait faire observer que techniquement, il n’a pas franchi les limites du no man’s land. Il ne dépend donc pas de l’autorité militaire qui ne dispose pas, dès lors, des prérogatives exorbitantes dont elle jouit sur la zone frontalière. Certains n’hésitent pas qualifier ces pouvoirs d’attentatoires aux libertés individuelles garanties par le préambule du traité constitutionnel européen. Mieux vaut obtempérer docilement, cela évite souvent de plus grands désagréments ultérieurs Les deux commandos l’encadrent , un marchant à ses côtés, l’autre quelques pas en arrière. Ils ne parlent pas. Celui qui se tient près d’Anis penche la tête sur son épaule. Cela pourrait sembler comique si Anis n’avait pas reconnu que le soldat établissait en fait une communication sécurisée avec son PC. L’inquiétude d’Anis grandit au fur et à mesure que le soleil décline dans le ciel. L’astre frôle désormais les arêtes dentelées des hautes parois rocheuses. Déjà les ombres s’allongent dans un jour qui faiblit. Ils parviennent finalement au fond de la vallée. Le cirque majesteux les écrase de toute sa taille, géant de pierre auréolé par les derniers feux du soleil couchant. Une agitation est perceptible devant eux. Des éclats de voix, des rugissements de moteurs... Les bruits domestiques d’un camp militaire. Ils débouchent sur vaste terrain aplani artificiellement : des tentes sont alignées d’un côté, plusieurs dizaines, des grandes, des petites, en toile brune, verte ou blanche. Des faisceaux d’armes sont visibles près de certaines d’entre elles. De l’autre côté, un parc de véhicules. Anis dénombre quatre VAB et une demi-douzaine d’hélicoptères de combat dont deux transporteurs de troupes. C’est une belle dotation compte tenu des restrictions énergétiques.. De nombreux mécaniciens s’affairent tout autour. Pas question d’en perdre un seul à cause d’un entretien défectueux. D’ailleurs, la loi militaire est très claire à ce sujet. Les mécaniciens responsables d’un accident dû à un entretien insuffisant sont tout bonnement traduits sur le champ devant une cour martiale et passés ensuite par les armes. Anis remarque également une antenne parabolique tournée vers l’orient. Un sous-officier, s’avisant de leur arrivée, les rejoint à grands pas. C’est un homme de haute stature, aux cheveux blonds coupés en brosse et au faciès de boxeur généreux. Il interpelle l’un des soldats d’une voix de stentor, dans un espéranto approximatif mâtiné d’un accent slave indéfinissable : « Au rapport ! » « Nous avons intercepté cet homme sur le chemin, à quelques kilomètres d’ici. Il a déclaré avoir perdu son chien...non sa chienne dans le coin et qu’il était à sa recherche. L’histoire nous a paru légère. Nous l’avons amené ici pour vérification ! » « Elle est à toi la vache ? » demande le sergent à Anis, semblant se désintéresser de ce que lui raconte son patrouilleur. « Oui. Elle m’appartient ! » répond Anis sur la défensive. « Vraiment ? C’est très intéressant. Dis-moi, tu n’es pas un terroriste par hasard ? Un de ces foutus traîtres qui mordent la main qui les a nourris?» Le ton change. Le sergent sourit bizarrement, un sourire chargé de sous-entendus. « Absolument pas, j’ai une ferme plus au nord. Vous pouvez scanner mon ID bio, vous verrez bien que mon profil est nickel ! » Anis est nerveux. La tournure des évènements devient dangereuse. Il y a des signes qui ne trompent pas. Les patrouilleurs le serrent de près, pas encore réellement menaçants. « Fouillez-le ! » L’ordre a claqué sèchement. Le sergent met les mains sur les hanches et défie Anis du regard, l’invitant à commettre le geste de trop. Anis se contient difficilement. Tandis que l’un des patrouilleurs le met en joue, l’autre se livre sur le fermier à une inspection en règle. « Regardez sergent ! » exulte-t-il en se retournant. « Regardez ce que j’ai trouvé dans sa poche intérieure ! » Au creux de sa paume, il y a un canif au manche de bois ouvragé. Aucun montagnard qui se respecte ne se séparerait pour rien au monde de son couteau. Il lui sert à tout. Mais il n’a jamais été considéré comme une arme de poing ou pire, une arme de guerre ! « Tu sais ce que cela signifie, hein ? » La voix du sergent est doucereuse. « Tu vas être fusillé, mon ami ! Je préviens de ce pas le capitaine pour la cour martiale de campagne. Avant que le soleil ne soit définitivement couché, tu dormiras bien au chaud entre deux couches de chaux vive ! Emmenez-le ! » Anis n’en crois pas ces oreilles ! Cette histoire est dingue ! Tout sonne faux dans cette situation. Les proportions que prennent les évènements sont surréalistes. Il ne se débat pourtant pas lorsque ses mains sont entravées par un lien en plastique. Aucune chance de se soustraire pour le moment à cette folie. « Qu’allez-vous faire de ma vache ? » demande-t-il faiblement au sergent. « On s’en occupe mais à ta place, elle serait le dernier de mes soucis ! » Anis est entraîné vers l’une des tentes. Un de ses gardiens le pousse à l’intérieur. Un autre l’y attend déjà. « Assieds-toi et tiens-toi tranquille. Avale.» Le soldat lui tend un comprimé. C’est une camisole chimique. Une médication largement répandue dans les services de sécurité. Anis se cale comme il peut et place la petite capsule dans la bouche. Impossible de ne pas l’avaler. D’ailleurs, il n’y a rien à avaler. Dès qu’elle est au contact d’une muqueuse buccale, elle se dissout instantanément et passe directement dans l’organisme. L’effet est fulgurant. Anis sent toujours ses membres mais il n’a plus la maîtrise de son corps. Il est aussi immobile qu’une statue. Plus besoin de prison aux barreaux d’acier. Le soldat lui pique rapidement la main avec la minuscule aiguille d’une petite sonde épidermique pour vérifier que la camisole est bien activée. « Sois sage ! » Ils le laissent enfin. Pour Anis, tout semble perdu.... Ce message a été lu 6880 fois | ||