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 WA - Participation exercice n°21 - H2 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Dimanche 9 septembre 2007 à 22:42:17
Un second texte, plus dans l'ambiance....


Scènes de crime


Pour Vic Lanco, la journée s’achève mal. Son patron vient de lui tomber dessus à cause de cette foutue preuve disparue. Dans l’après-midi, l’avocat de la défense s’est fait un plaisir de renvoyer, en pleine audience, le jeune substitut du procureur à ses chères études. Deux mois de boulot réduits à néant, un criminel qui s’en sort à bon compte et une opinion publique inquiète, cherchant le responsable de ce fiasco. Le procureur en personne a dû se défendre aux infos de six heures devant une meute de journalistes intenables. Le maire lui-même s’est fendu d’un communiqué en début de soirée. Mais le plus insupportable aux yeux de Vic, ce sont les sourires narquois qu’il imagine déjà fleurir sur les lèvres de ses anciens collègues, ses collègues du temps où lui aussi appartenait au FBI.

Vic est un pur produit de la Nouvelle-Angleterre. Grand, un visage carré, des sourcils volontaires au-dessus d’un regard clair et une bouche toujours prête à découvrir la blancheur de ses dents, ce genre de sourire qu’Hollywood adore. Et, cerise sur le gâteau, un certain raffinement que plusieurs de ses conquêtes avaient qualifié d’européen, Bref, pour un quadragénaire, il frôlait l’insolence d’un bel été indien.

Mais ce soir, quand il referme le tiroir de son bureau et éteint son ordinateur branché sur le réseau HITS (1) , il ne ressemble pas à ce portrait. Défait, mal rasé, il a la mine des mauvais jours. Pas la moindre avancée. Sur le grand tableau au fond de la pièce sont punaisées des dizaines de photos représentant les scènes de crime, les visages en gros plan des victimes, la position de leurs corps, les éclats de miroirs sur leurs yeux, les pistes potentielles écrites au feutre effaçable et barrées au fur et à mesure qu’elles s’avéraient n’être que des impasses. Dix-huit meurtres recensés. La même signature. Vic le sait. C’est le même tueur. Le tueur aux miroirs.

Vic fait un cauchemar. Toujours le même. Il est entouré par dix huit corps sans vie, debout comme des morts vivants, qui tendent les mains vers lui. Il les regarde mais il ne voit que sa propre image qui se réfléchit au fond de leurs yeux brillants. Sa propre impuissance. Leurs mains cherchent à le saisir, doigts crochus comme des serres. Les bouches sont béantes mais aucun cri n’en sort. Leur gorge est une fontaine de sang qui ne se tarit pas. Derrière ce cercle de mort, il devine une autre présence. Qui l’observe. C’est lui, le tueur. Alors il tente de briser le cercle mais le poids des corps morts est le plus fort. Dans le miroir de leurs yeux, il se voit crier et disparaître, submergé par le sang et les membres désarticulés. C’est à ce moment qu’il se réveille, tremblant et en sueur.

Rosemary, son épouse, proteste, toujours endormie, et se retourne de l’autre côté. Il voudrait qu’elle lui parle et lui donne un peu de son courage, de son énergie. Mais elle le laisse seul avec sa détresse. Dans l’autre pièce, le berceau est vide et froid. Elle ne lui pardonnera jamais. Elle le lui a dit. Elle ne lui pardonnera pas le sinistre hôpital, l’attente aux urgences puis la vie qu’elle a laissé aller, n’ayant plus la force de la retenir. Il n’est pas venu malgré l’appel sur son mobile, malgré les SMS lancés comme autant de SOS. Il n’a pas été là. D’ailleurs, elle lui a assez reproché, il n’a jamais été là. Elle ne lui pardonnera jamais. Quelque chose s’est brisée entre eux cette nuit là. Tout ça à cause du tueur aux miroirs.

Cette enquête piétine. Pourtant, à plusieurs reprises, il a été si près. Si proche de lui. Sur ses talons. Accroissant sa frustration, le rendant irritable et nerveux.

En tant que profileur, il mesure la distance qui le sépare dorénavant de ses collègues. Les premiers pas furent assez rapides. Ils avaient affaire à un tueur en série du type instrumental. Ses victimes ne sont que des objets qu’il utilise comme ces éclats de miroir qu’il leur enfonce dans les orbites. Les premières esquisses psychologiques lui avaient donné le sentiment d’aller dans la bonne direction. Comme au bon vieux temps de Quantico, là-bas en Virginie. Puis le sur-place avait débuté. Huit cadavres, puis dix...puis douze...et toujours rien de tangible. Les enquêteurs rentrent à présent le soir dépités, lui décochant des regards sombres où l’incompréhension se fait de plus en plus grande. Comment l’as du FBI, recruté à prix d’or par la municipalité pouvait échouer aussi lamentablement ? Ils ont ressenti les deux dernières victimes comme un coup de poing en plein visage. Maintenant, leur exaspération est à son comble. Ils font preuve à son égard d’une politesse glaciale, mais pour lui c’est pire que des injures ! Et que peut-il leur dire ? Rien. Absolument rien.

Il quitte le bâtiment abritant la brigade criminelle. Sa voiture est la dernière sur le parking, près du bassin sans eau. Il met le contact et allume la radio. La station diffuse un vieux titre des années 90. La musique sauvage et métallique du groupe Slayer déchaîne l’enfer tandis que son chanteur hurle :

Simple smiles elude psychotic eyes
Lose all mind control rationale declines
Empty eyes enslave the creations
Of placid faces and lifeless pageants


Aucune autre chanson ne pouvait être plus au diapason du moment que celle-ci, écrite sur Ed Gein, le boucher de Plainfield. Vic serre le volant jusqu’à se faire mal. Sous l’éclairage blafard du parking, un homme pleure dans sa voiture.

M

N.d.A.

(1) : HITS
l'HITS est une base de données qui permet un suivi des condamnés pour agressions sexuelles et un recoupement des divers modus operandi


  
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2007-09-13 16:05:12 

 Commentaire Maedhros, ex n°21, H2Détails
Encore un jeu de miroirs ! Notez bien, les amis, si vous cherchez quoi offrir à Maedhros pour Noël, il en fait collection...Dans une autre vie, il était Gardien du Labyrinthe...
Et les reflets s’entrecroisent ici aussi, entre assassin et assassin, de miroirs brisés en miroirs de l’âme... C’est astucieux...
Quelques petites broutilles : « cadavres sans vie » : forcément... Et puis 3 verbes au passé, dans un texte au présent : « avaient qualifié » ; je me demande si je ne préfèrerais pas « qualifiaient », mais je ne te cache pas que ça fait deux jours que j’hésite. Bien sûr « frôlaient », dans la phrase d’après, a l’air de passer tout seul, mais là le présent est le seul logique. Et « s’avéraient » serait mieux en « se sont avérées ».
J’aurais aimé que tu décrives plus particulièrement une scène de crime, le premier, ou le dernier, ou celui qui a le plus choqué ton héros .On a quelques photos, mais la vision reste éloignée, sans émotion, presque aseptisée. Et puis on ignore s’il y a un profil de victime : homme ? femme ? tranche d’âge ? circonstances particulières ? Si les victimes semblent choisies au hasard, il faut le dire aussi. Ton état des lieux est incomplet. Tu as déjà fait commencer l’enquête et elle piétine, mais ce n’est pas tout à fait ce que je voulais.
Enfin, pour faire un clin d’oeil au lecteur quant à l’autre crime, celui de sa vie personnelle ( dans la pensée de sa femme), j’aurais peut-être provoqué le lecteur en mettant un s supplémentaire au titre ( scènes de crimes). Qu’en penses-tu ? Ca permet de sortir le titre de sa banalité...
Narwa Roquen, un chiffon à la main pour nettoyer les miroirs dans l'espoir de voir ce qu'il y a derrière...

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Estellanara  Ecrire à Estellanara

2007-09-13 17:15:42 

 Exercice 21 : Maedhros => Commentaire texte 2Détails
Ce n’est pas vraiment là une scène de crime mais tout, absolument tout te sera pardonné. Avec la diabolique précision qui t’est coutumière, tu dessines le héros, l’ambiance de roman noir, les collègues jaloux, l’épouse perdue. Le tout est concis mais terriblement efficace. J’espère vivement qu’une suite viendra.
Tu changes de style avec une facilité désarmante, écrivant tantôt des textes aux longues phrases proustiennes, fleuries de métaphores, tantôt, comme ici, un texte haché, avec phrases nominales, portrait à la serpe et action suggérée par légers coups de pinceaux. Avec la même élégance. J’ai tout de même une préférence pour tes histoires d’action ; des goûts et des couleurs...
Ho, les SMS comme autant de SOS, c’est poétique !
Ca change un peu, de voir le tueur sous l’angle du profileur (néologisme ou ce terme existe déjà ?). Tu restes dans ton thème de prédilection mais avec une nouvelle approche. La suite !!!

Est', impatiente.

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Maedhros  Ecrire à Maedhros

2007-09-13 21:21:03 

 Profileur...Détails
Un rapport intitulé « Analyse criminelle et analyse
comportementale », élaboré par un groupe de travail interministériel a été remis en 2003 à Dominique PERBEN, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice

Ce groupe a fait 2 propositions :

La première était de définir l’analyse comportementale, technique d’aide à l’enquête alliant les protocoles traditionnels d’investigation, l’analyse de données objectives issues de la procédure et des connaissances approfondies en psycho-criminologie. Elle est fondée sur des connaissances liées à la compréhension du comportement humain et pouvant requérir l’accès à des systèmes automatisés de traitement de données judiciaires. La définition de l’analyse comportementale permettra d’éviter que soit utilisé pour la poursuite des crimes et des délits des processus d’enquête ne donnant pas les garanties scientifiques et procédurales.

La 2ème proposition était de clarifier le statut des analystes comportementaux. Les profileurs doivent être des officiers de police judiciaire placés sous l’autorité et le contrôle des magistrats (juges d’instruction, procureurs). Ils devront être spécialement formés à ces techniques.

Donc, le terme de "profileur" est labellisé "Ministère de la Justice".

Par contre, je voudrais juste indiquer qu'il y a un lien étroit entre cette histoire et une précédente qui s'intitulait "JE VOUS TU".

M

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