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 WA, exercice n°34 Voir la page du message 
De : Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen
Date : Jeudi 20 mars 2008 à 15:55:44
Le printemps emplit votre coeur d’une douceur langoureuse... Pour un peu vous vous prendriez pour un poète, mais ces histoires de rimes et de pieds vous hérissent le poil ! Voici l’exercice qu’il vous faut ! Pas de nécessité de scénario élaboré, pas de contrainte de personnage ni de circonstance...
Je voudrais que vous écriviez un poème en prose. Ce ne sera pas forcément long, il n’y aura pas forcément une histoire, la description d’une scène peut suffire. Mais attention ! S’il n’y a pas de rimes, il faut néanmoins que vote vocabulaire soit poétique, et surtout qu’il se dégage de votre texte une jolie musique. Ce qui va être essentiel, c’est le rythme. N’hésitez pas à vous relire à haute voix, travaillez bien la ponctuation, faites attention à la longueur des phrase et au mariage des sonorités, surtout en fin de phrase.
Vous avez jusqu’au jeudi 3 avril. Amusez-vous bien !
Narwa Roquen, camelote


  
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Narwa Roquen  Ecrire à Narwa Roquen

2008-04-07 17:29:08 

 Corrections après critiquesDétails
Le rossignol




La nuit aux parfums lourds recouvre la maison de ses voiles fluides, orientaux, capiteux. La lune voluptueuse, au milieu de son corps de ballet scintillant, s’est blottie dans un halo d’hermine vaporeuse. Un rossignol, attiré par la faible lueur de la lampe, est venu se poser sur le bord de la fenêtre ouverte. La chambre respire la quiétude, un souffle plus profond, un souffle plus léger. Si beaux ces deux visages, dans la paix du sommeil accordé, qu’il ne chantera pas.
L’enfant gémit un peu ; sa lèvre qui frémit n’est peut-être qu’un rêve, un soupir envolé sur l’aile de la nuit, pas encore un désir ni même une prière.
La mère tend la main et ravive la lampe. Dans l’or qui se répand sur les fraîches dentelles, des ombres amoureuses suivent ses gestes lents ; elle déverse penchée sur le berceau d’osier la blondeur ruisselante de ses cheveux de soie. Souriante, attendrie, elle promène un doigt de papillon sur le front innocent de son plus beau trésor. L’enfant ouvre les yeux. La mère le soulève, le prend contre son coeur dans la tiédeur du lit. Ses doigts fins et agiles égrènent lentement le chapelet nacré qui ferme sa longue chemise. Elle niche l’enfant au creux de son bras nu ; il tourne sa tête brune vers le sein opulent à l’odeur familière, elle glisse avec douceur le mamelon tendu entre les lèvres entrouvertes.
Qui dira la chaleur, le lien, la certitude ?
Ils sont dans le regard complètement unis. Elle le porte et le voit mais il est encore en elle, tissé de son fil, cousu de sa trame ; il la reçoit entière dans son corps et dans son âme, communion sacrée de la chair profane, bénie par toutes les forces de la Vie. Il s’emplit de sa chaleur liquide et de son sourire divin et de son désir à elle de le voir vivant et nourri. Regardant, ils se savent regardés, et le bonheur de chacun s’amplifie dans le miroir de l’autre. Elle se sent déesse dans ce regard éperdu, puissante et éternelle, immense et absolue. L’enfant adorateur s’abandonne en confiance à cette joie ultime de tous ses sens comblés, tandis qu’elle perçoit, au fond de ses entrailles, l’extase longue et plénière de l’union absolue.
Que peut le temps avare contre l’instant d’éternité que les dieux nous accordent ?
Inaltérable, à tout jamais enfoui dans sa mémoire de femme, cet instant l’introduit dans la lignée des mères, de sa mère, de la mère de sa mère, et de toutes les mères avant elle qui ont permis que cet enfant la fasse mère à son tour – communauté sans rites, silences partagés, âmes voltigeant paisibles dans le coeur de la nuit, toutes complices, toutes soeurs, toutes égales, toutes sanctifiées de ce pouvoir reçu – et de ce lait donné.
Elle soupire. S’il était là, bien sûr, il lui tiendrait la main, et elle lui offrirait ce bonheur inouï, pour l’enrichir encor de ce tendre partage.
Au loin le canon tonne, la guerre n’attend pas. Mais les anges ce soir veilleront sur son homme, car seul l’Amour peut se dresser pour écarter la Mort. Peut-il sentir de loin, dans sa pensée vagabonde, la pure lumière de la joie dont il fut l’artisan ? L’enfant a son regard, ses yeux d’un noir profond, l’ambre et la soie mêlés dans le grain de sa peau, et ses cheveux de jais, et ses lèvres puissantes... Il est autant de lui qu’il est encore en elle, et c’est l’homme qu’elle nourrit à travers l’enfant qui boit. Et c’est dans un vertige une ronde des âmes en osmose infinie, le Plein, le Chaud, le Tout, la cascade et la brise, la première rosée sur la première fleur étourdie de bonheur dans le premier matin du monde...
Le rossignol s’envole, d’un coup d’aile exalté. Son petit coeur d’oiseau est gonflé d’allégresse, et quand il donne sa voix à l’impérieuse musique, c’est son chant le plus beau, c’est son chant le plus pur qui vient illuminer la nuit d’un message d’Amour, offrande à ce qui Est, espoir pour ce qui Vit.
Narwa Roquen, cent fois sur le métier...

Ce message a été lu 6143 fois
Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2008-04-07 18:12:09 

 Clap clap clap!!!Détails
Voui voui voui!!! Il est très très beau, ce texte. Voilà tout!

Elemm', pas toujours chiante, finalement!

Ce message a été lu 6923 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-03 17:08:57 

 Exercice 34 : Narwa => CommentaireDétails
Terriblement difficile cet exercice, je trouve. La poésie est déjà un art inaccessible à la plupart d’entre nous, alors la poésie en prose !
J’ai trouvé qu’il y avait un peu trop de métaphores par endroits. On entend chanter les vers, c’est rigolo !
« car seul l’Amour peut se dresser pour écarter la Mort » un brin classique, comme idée... Mais où s'est-elle enfuie, cette douce harmonie de l'enfance ?

Est', ch'est mi que r'vla.

Ce message a été lu 6252 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-03 17:10:05 

 Exercice 34 : Elemm’ => CommentaireDétails
Il y a une recherche indéniable au niveau du rythme et des sonorités, ainsi que quelques jeux de mots.
Beaucoup de phrases m’ont laissée perplexe, comme « Les regards, pupilles pas pour moi, planètes d’autres systèmes. » Je ne comprends pas ce que ça veut dire. Ni d’ailleurs le sens général du texte. Au final, ça me laisse une impression bizarre.

Est', ch'est mi que r'vla.

Ce message a été lu 6476 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-03 17:12:38 

 Exercice 34 : Liette => CommentaireDétails
Euh... c’est court. Je ne sais pas du tout quoi en dire de ce texte... Ah si, j'aime bien ce passage :

Et le vent, enivrant
Nous portant,
Nous volons !

Est', c'est pas encore la grande forme.

Ce message a été lu 6320 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-03 17:14:57 

 Exercice 34 : Eltanin => CommentaireDétails
Ben chais pas quoi en dire non plus... J’ai lu, du moins.

Est', c'est pas encore la grande forme.

Ce message a été lu 6616 fois
Estellanara  Ecrire à Estellanara

2008-07-03 17:16:59 

 Exercice 34 : Maedhros => CommentaireDétails
J’aime bien le thème ! Le rythme est chouette et c’est chouettement macabre, aussi. Un peu répétitif quand même, les segments de phrase au début de chaque ver. Style impeccable, comme toujours dirais-je. Pardonnez-la, car elle est fan... « L’éternité est là, rien qu' un coeur immobile au bout d'une ligne plate. » j’adore ! Cool titre aussi, qu’on ne comprend qu’après avoir lu, comme souvent.

Est', y a jamais eu autant de monde autour de ma piscine ! *va chercher son bikini rose*

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Elemmirë  Ecrire à Elemmirë

2009-04-28 20:15:44 

 En passant un an après... ^^Détails
Je cherche dans les WA des textes pas trop longs, pas trop fantasy et assez accessibles pour travailler dessus avec des personnes âgées aux capacités cognitives pas toujours complètes. Bref.
Et en passant je réalise que j'avais laissé ton comm', Est, sans réponse (mais bon tu ne m'en voudras pas d'être en retard, hein! ;) )
Mon image des "pupilles pas pour moi" me semblait évidente, ce sont ces gens qui te regardent et toi tu sens bien que ces regards ne sont pas faits pour toi, puisque le seul dans lequel tu te sentiras bien sera celui de l'homme à aimer... tout ça tout ça ^^
Je reconnais qu'il n'est pas le plus facile à lire que j'ai écrit (non ça va pas du tout pour mes papis-mamies!), mais j'ai quand-même mis du sens dans chaque phrase, j'espère que si tu as l'occasion de retomber dessus un jour, il se fraiera un chemin jusqu'à toi :)

*pouks à retardement*
Elemm'

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