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 WA - Participation exercice n°41 - part 3 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Jeudi 10 juillet 2008 à 22:56:04
L'avant-dernière partie...attention, à ne pas mettre entre toutes les mains...

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« Marie ! Judith ! » Les deux amis appelaient les jeunes filles disparues tout en longeant la grève, évitant prudemment de se tenir trop près de arbres sous lesquels régnait un profond silence. Il y avait une présence malsaine qui semblait les épier, les suivre patiemment, attendant l’instant où ils relâcheraient leur vigilance. Ils avaient d’abord couru, puis trotter et maintenant ils marchaient en scrutant les ombres vertes qui enveloppaient les sous-bois.

« Marie ! Judith ! Criez si vous nous entendez ! » Mais seul le rire moqueur d’un couple de bernaches, ces grandes oies noires, leur répondit en filant au-dessus de leurs têtes. Ils faisaient de grands moulinets avec leurs bâtons mais ils ne chassaient que les nuées de mouches qui semblaient prendre un malin plaisir à les suivre depuis leur départ.

Jeremy se figea, la vision d’horreur glaçant son sang. Il y avait une forme humaine appuyée à un grand tronc d’arbre, à la lisière de la forêt. Elle ne bougea pas quand ils s’approchèrent à pas comptés. C’était Marie. Nicolas eut un haut-le-coeur et se courba en deux pour vomir tripes et boyaux. Jeremy devint encore plus blanc, lui d’ordinaire déjà si pâle. C’était Marie. Cela avait été Marie. Maintenant, c’était juste une chose qui aurait pu ressembler vaguement à la belle et vive jeune femme éclatante de beauté. Une énorme écharde de bois la clouait sur le tronc, ses pieds ne touchant pas un sol abreuvé par les sillons sanglants qui avaient dégouliné des horribles plaies la défigurant. Elle était empalée au niveau du bassin par cette épine monstrueuse, telle un papillon épinglé sur bouchon de liège par un lépidoptériste dérangé. Ses vêtements étaient déchirés et maculés de vase. Elle pendait ainsi de tout son poids et ses longs cheveux sombres étaient poisseux d’une matière innommable.

« Non! Marie! » Nicolas tomba à genoux aux pieds de la suppliciée. Il perdait tout contrôle, ce qu’il voyait dépassait sa capacité de compréhension :

«Qui a fait ça? Quel monstre a pu faire ça? »

Jeremy se taisait, lui-même paralysé par l’effroyable spectacle. Une idée virevoltait dans sa tête mais il n’osait pas l’exprimer à voix haute. Cela ne pouvait pas être ça. Ce n’était qu’une légende, les superstitions d’un peuple précolombien, de simples histoires de grand-mères. Pourtant, il ne pouvait détacher les yeux du corps dévasté de Marie et du pieu, ce terrible pieu. C’était un avertissement. Ou une promesse. Tout son univers policé et raisonnable avait basculé en une fraction de seconde dans la quatrième dimension.

Nicolas se redressa et hurla en direction du coeur de la forêt :

« Je vous traquerai...je vous retrouverai...je vous tuerai...je le jure ! » Seul le gémissement d’un vent malicieux fit écho à ses menaces, le laissant désemparé. Il agita son bâton presque comiquement en s’avançant un peu plus vers les épais fourrés des premiers sous-bois.

« Nicolas, ne t’approche pas si près.... » Jeremy lança cette mise en garde vers son camarade, sentant le noeud d’énergie qui se convulsait dans l’air surchargé d’électricité. Une tension maléfique qu’il devinait toute proche. Qui attendait. Qui épiait. Qui allait se déchaîner. Mais c’était trop tard.

Une ombre fondit sur Nicolas. Jeremy ne pouvait la fixer directement, son cerveau refusant d’admettre ce que voyaient ses yeux. Un kaléidoscope de couleurs fauves et automnales. Des stries irisées vibrant à l’intérieur. Une haine faite matière. Une éternité de souffrances. Une présence animale. Une force primaire et démoniaque. Elle se saisit de Nicolas en l’enveloppant dans un mugissement bestial. Le pauvre garçon hurlait en se débattant mais rien n’y fit. Il était inéluctablement tiré vers l’obscurité. Sa pauvre branche lui fut arrachée des mains tandis que le mugissement s’amplifia, devenant rugissement, le choeur strident d’une légion de harpies déchaînées.

Jeremy était pétrifié, spectateur impuissant de cette manifestation surnaturelle. Il vit Nicolas soulevé du sol comme un fétu de paille et projeté, pieds par-dessus tête, vers la cime des arbres. Il continuait de hurler mais son cri s’étrangla quand, son corps arqué en arrière pour former un angle impossible, ses reins se rompirent en un craquement insoutenable. Son corps parut un instant flotter doucement à vingt pieds au-dessus de Jeremy, les yeux clos et les traits du visage étrangement apaisés. Puis lentement, tête en bas, Nicolas redescendit, centimètre après centimètre, à la verticale de Jeremy changé en statue de pierre. Peu à peu, le visage renversé de Nicolas fut à la hauteur de celui, terrifié, de Jeremy. Nicolas ouvrit brusquement les yeux et Jeremy plongea ses regards dans le vide blanc d’un démon d’outre-tombe. La bouche de Nicolas s’ouvrit, découvrant une caverne noire et sans langue. Un rire lourd de menace croassa de sa gorge déchirée. C’en était trop pour Jeremy ! Il hurla et recula vers le lac. Mais Nicolas resta immobile jusqu’au moment où les forces invisibles s’emparèrent à nouveau de lui. Elles le redressèrent puis le précipitèrent violemment vers Marie. Jeremy crut devenir fou en entendant l’affreux déchirement des chairs quand le corps sans vie de Nicolas fut transpercé à son tour par le clou végétal. Il fut plaqué contre Marie et la pression se fit de plus en plus forte. Des bruits écoeurants s’élevèrent au fur et à mesure que le corps de Nicolas se mêlait à celui de Marie... encore et encore... jusqu’à ce qu’il ne fut plus possible de distinguer l’un de l’autre.

Jeremy trébucha en reculant précipitamment, ne prenant pas garde au fait qu’il avait atteint la rive du lac. Il fit encore un pas en arrière, puis un autre, et encore un autre, s'enfonçant peu à peu dans l’eau. Soudain, il fut agrippé par quelque chose de sombre et de fluide, une ombre entre deux eaux. Il fut entraîné rapidement vers les eaux profondes du centre du lac, ses bras fouettant l’eau en vain. Et plus il criait, plus l’eau s’engouffrait dans sa gorge. Un court instant, son visage resta au-dessus des vagues tourbillonnantes puis il fut happé d’un coup vers le fond et l’onde, se refermant sur lui, fut à nouveau étale sous le soleil.

M


  
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3 un détail... - z653z (Mer 10 sep 2008 à 17:06)


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