Version HTML ?

Messages FaeriumForum
 Ajouter un message Retour au forum 
 Rechercher un message Statistiques 
 Derniers messages Login :  S'inscrire !Aide du forum 
 Masquer l'arborescence Mot de passe : Administration
Commentaires
    Se souvenir de moi
Admin Forum 
 Derniers commentaires Admin Commentaires 

 WA - Participation exercice n°44 Voir la page du message Afficher le message parent
De : Maedhros  Ecrire à Maedhros
Date : Samedi 13 septembre 2008 à 20:25:44
LE PORT DES DAUPHINS



I


J’ai claqué la porte du bureau du n°1. Rien à faire. D’ailleurs l’entrevue a été aussi brève que violente. Toutes ces conneries ne m’amusent plus. Qu’il aille se faire voir lui et ses statistiques trimestrielles. J’ai bossé pour cette boîte mieux que quiconque. Et comment me remercie-t-on? On rabote mes privilèges et on place ma division sous la tutelle du Contrôle de Gestion Externe. Autant dire qu’on se méfie de moi. A quoi ça rime ? Quand il m’a reçu, je l’ai froidement dévisagé et j’ai appuyé délibérément les mains sur son bureau. Je lui ai demandé des explications. Il n’a rien répondu, se contentant de me fixer de ses petits yeux de taupe. J’ai marché de long en large dans la pièce, en haussant le ton et en agitant des pages de graphiques et de courbes annotés. En passant, au comble de l’exaspération, j’ai éparpillé d’un revers de main sa pile de feuilles parfaitement alignées dans un coin du bureau. J’ai fini par évoquer les vieux cadavres qui dorment dans les placards. J’ai plaqué rageusement la lettre de démission devant lui, juste sous son nez. Je fous le camp. Point barre. Avec le joli pactole des indemnités, je vais me payer des vacances bien méritées au Pays de Galles. Oui, c’est ça, j’irai me ressourcer là-bas au bord du lac de Betws-y-Coed, la Chapelle des Bois. Ils ne m’auront plus. Basta. J’en ai suffisamment fait pour eux. Je tourne la page!

Je dévale les marches de l’escalier et je saute dans mon Audi R18 garée sur le parking de la boîte. Chouette, il fait gris par-dessus les toits. Je branche mon GPS dernier cri et mon kit mains libres. J’insère mon « aphone » dans la baie d accueil intégrée au tableau de bord. Pendant ce temps, la clé biosécurisée greffée sous la peau de mon poignet, qui contient mon identifiant IP2, a activé la centrale de commandes. Le pare-brise, devant moi, s’illumine d’informations synthétiques et chatoyantes sur l’état de la voiture (OK), l’état du trafic (OK), l’état de la liaison satellite pour le GPS (OK). La liaison spécialisée Euronext Paris s’ouvre aussi pour surveiller quelques positions et l’évolution globale des valeurs boursières des principales places. En surbrillance, la préfecture de police de Paris me rappelle que je dois au Trésor public deux amendes forfaitaires majorées. A défaut de paiement sous huitaine, mes droits à conduire seront révoqués et ma voiture deviendra inutilisable. Merde, que fait mon avocat ? Je glisse un doigt sur la zone sensible du pare-brise et je tire et copie cette relance en pièce jointe au message que j’envoie à mon cher maître, assorti d’une priorité haute. Mon garagiste m’informe aussi que la révision approche et propose de synchroniser nos agendas pour trouver un rendez-vous compatible. J’acquiesce sans trop réfléchir. Un petit coeur rose bat doucement tout en bas. C’est Lili qui me dit qu’elle m’aime et qu’elle a besoin de moi. Mais pas ce soir. Ma femme m’attend.

Toutes ces opérations n’ont pris qu’un court instant. Je roule déjà vers le périphérique en jetant distraitement un oeil sur les publicités qui défilent en 3-D. L’Audi dialogue avec les autres véhicules et sans ralentir, prend sa place dans le flot des banlieusards. Un petit signal audio attire mon attention. Une diode rouge se met à clignoter en périphérie de mon champ de vision. Perte de vigilance ? Je baille soudain à me décrocher la mâchoire et je sens que je bascule dans...

II


Quand j’ouvre les yeux, je suis dans une chambre inconnue baignée d’une luminosité étrangère à l’Ile-de-France. Surtout en février. Le lit grince quand je me redresse. La pièce est assez vaste. Des murs jaune pastel. Une fenêtre à petits carreaux ouverte sur un paysage côtier. Le bruit de la mer. Les cris des oiseaux de mer. Les odeurs marines. Je suis près de la mer. Mais je ne connais pas ce lieu.

L’ameublement de la pièce fait très « vieillot ». Pas d’écran, pas de terminal dédié. Un téléphone préhistorique trône sur un guéridon dans un coin. C’est un téléphone à cadran rotatif et à fil torsadé. Un modèle antique. Je suis complètement désorienté. Une étrange sensation de suranné flotte dans l’air. Une atmosphère paisible qui me semble paradoxalement inquiétante. Je m’approche de la fenêtre et le paysage qui s’offre à moi est d’une beauté stupéfiante. En face, la mer... immense miroir bleu... des teintes chaudes... la Méditerranée. Cela se devine à cette qualité particulière du ciel, à cette lumière vivante, à cet indéfinissable air de farniente que j’éprouve chaque fois que je descends à Marseille, quand je sors de la gare Saint-Charles... à ces petits riens qui affirment tous que c’est la Mare Nostrum, la Mer nourricière. Oui, je ne peux me tromper. C’est bien la grande bleue. En m’approchant un peu plus de la fenêtre, je découvre le petit port endormi au pied d’une place où jouent en damier quelques parasols blancs. Le port est vide, aucun bateau n’est attaché aux anneaux scellés au quai. Autour de la place, les maisons aux façades vivement colorées me font penser à Nice ou à l’Italie. Des tons ocres, parme ou vert tilleul, aux juxtapositions vraiment italiennes. Comment diable suis-je arrivé en Italie ?

La sonnerie anachronique du téléphone me fait sursauter. Je décroche et porte le combiné à l’oreille. C’est lourd et moche. Le son grésille, avec un rendu monophonique désagréable. La voix paraît distante et elle est affligée d’un souffle antédiluvien.

« Bonjour, vous sentez-vous bien ? »

« Où suis-je ? »
« Au village, bien entendu ! »
« Au village, quel village ? »
« LE village voyons. »
« C’est vous qui m’avez amené ici ? Pourquoi ?»
« Vous êtes ici maintenant. Nous vous le dirons en temps utile !»
« Que voulez-vous à la fin ? »
« Des informations ! »
« Quelles informations ? »
« Celles que vous détenez ! »
« Je ne vois pas de quoi vous parlez ! »
« Vous nous direz ce que nous désirons savoir. Vous finirez bien par nous le dire ! »
« Mais qui êtes-vous bon sang ? »
« Je suis son nouveau Fils adoptif! »
« Le Fils ? Le fils de qui ? C’est quoi ce charabia ? Qui est le Père ? »
« Vous êtes John Drake ! »
« Ce n’est pas mon nom! Je suis un IP ! »
« Nous en reparlerons M. Drake ! »

L’interruption de la communication claque dans mon oreille. Je repose le combiné et me précipite vers la porte. La grande glace de l’armoire me stoppe en plein élan. L’image qu’elle me renvoie me cloue sur place Je suis vêtu d’un sweat-shirt multicolore et d’un jean rapiécé. Je suis chaussé de vieilles espadrilles à semelles de corde. Un foulard bleu et blanc est noué autour du cou et j’ai une oreille affublée d’un piercing exotique : une croix ansée qui pend au bout d’une minuscule chaîne aux reflets dorés. Mes cheveux! Qu’ont-ils fait à mes cheveux? Ils sont teints en jaune poussin et un catogan les serre derrière mon crâne en une ridicule queue de cheval. Je reconnais cette apparence. C’est celle d’un Technotkaznik, un de ces décérébrés qui hantent les bas-fonds des mégapoles en refusant les bienfaits de la technumérologie. Les ennemis intimes des IP qui eux, sont les vrais adeptes de la Convergence Bionumérique. Les Technotkazniks se veulent les poètes de la déchéance et les chantres de l’exubérance. Ils refusent les apports des nanos et exècrent les réseaux sous toutes leurs formes. Je les hais.


III



J’ouvre la porte et dévale les quelques marches pour me retrouver dehors, sur la petite place déserte. Toutes les maisons sont d’une propreté surréaliste. Comme si les peintres venaient juste de déposer leurs pinceaux, leur travail achevé. L’application des couleurs pastel ne souffre d’aucun défaut. D’ailleurs tout est si propre que cela pourrait être la Suisse, la Suisse au bord de la mer ! Aucun papier gras ou de journal ne traîne par terre. Seuls les piaillements des oiseaux de mer déchirent le silence de façon presque incongrue dans cette perfection picturale.

Le village est blotti au pied d’une colline couverte d’une pinède verdoyante. Les rues qui partent de la place où je me trouve, s’élèvent rapidement. J’emprunte la Via Roma, une rue bordée de maisons aux façades peintes en trompe-l’oeil. Je ne croise personne. Ce foutu village est donc abandonné? Je débouche sur une autre place. Piazza delle Carrozze, dit la plaque vissée au mur. En son centre se tient un homme. Il semble méditer, vêtu d’un élégant smoking noir de bonne coupe. Chemise blanche et noeud papillon. Prestance toute britannique. Il a une jambe croisée devant l’autre, tenant l’équilibre sur la pointe du pied. Un bras replié sous l’autre. Une main levée à hauteur du visage, comme s’il réfléchissait à ce qu’il devait faire.

Je l’aborde.

« Bonjour. Pouvez-vous me dire quel est cet endroit ? »

Il me dévisage froidement.

« Cet endroit s’appelle le village ! » me répond-il en haussant les épaules. « J’imagine que vous venez d’arriver ? » Sa voix est grave et agréable.
« Oui. Ce matin ! Mais bien malgré moi car j’ai été drogué et enlevé! »
« Nul n’est venu ici de son plein gré !»
« Comment en repartir alors? »
« Quitter le village? Mais tous les habitants du village en rêvent, même nos geôliers je suppose ! »

Il extirpe d’une poche intérieure un luxueux étui à cigarettes. En l’ouvrant délicatement, il m’interroge du regard.

« Non merci. Je ne fume pas ! »

Il hausse à nouveau les épaules et allume une cigarette, longue et blanche, à l’aide d’un briquet laqué noir qui doit valoir une fortune. Il tire une bouffée en fermant les yeux. Puis il l’expire doucement, laissant échapper une gracieuse corolle de fumée translucide au parfum mentholé.

« Vous avez vu l’Oratoire de Santa Maria Assunta ? » me demande-t-il d’une voix posée.
« Cette chapelle en montant ? »
« Oui, c’est une merveille ne trouvez-vous pas ? »
« De vieilles pierres, je ne m’intéresse pas aux vieilleries ! »
« Ah ! » Sa voix trahit une pointe de déception. «Vous avez sans doute raison ! »

Je crois que je ne tirerai rien de ce curieux personnage. Je décide de poursuivre vers le sommet de la colline. Le décor de carton-pâte commence à m’insupporter.

« Bon, je dois vous laisser ! »
« Vous reviendrez ! Ils reviennent tous. Il est tôt dans la matinée mais cet après-midi, nous seront tous sur le Port. Et vous aussi. »
« Je m’appelle... ce matin, la voix dans le téléphone m’a appelé John Drake. Ce n’est pas mon nom ! »
« Ah, vous avez dû parler au Fiston ! »
« C’est ça, il a dit qu’il était le Fils Adoptif ! C’est qui ? »
« Celui qui recherche ce que nous savons et qui les intéresse ! Le Père a eu de nombreux Fils. Quand l’un échoue, un autre le remplace ! »
« Qui est son Père ? »
« Qu’importe, ses enfants le craignent et nous, nous ne l’avons jamais vu ! »
« Je peux connaître votre nom ? »

« Ici, ils m’appellent George Lazenby. Bien sûr, ce n’est pas mon vrai nom ! D’ailleurs, en ai-je réellement besoin? A quoi servent 3 malheureux chiffres dans le village? Alors Georges Lazenby ou Pépé le Mocko quelle différence? » Dit-il, ses yeux bleus perdus dans le lointain. Il n’est déjà plus là, évadé du village. Evasion toute mentale.
IV



Je le laisse au centre de la place tandis que le soleil grimpe peu à peu au zénith. Je poursuis l’ascension, le long de façades aveugles et appétissantes, comme faites en délicieuse pâte d’amande aux parfums fraise, vanille ou pistache. La rue devient une ruelle escarpée qui serpente en larges marches, sous un moutonnement de pins parasols. Un charme bucolique me berce d’une douce torpeur entre la lumière et les ombres qui jouent à cache-cache.

Puis la ruelle me conduit devant une majestueuse forteresse qui domine la colline et le village blotti en contrebas. Lui faisant face, une église altière lance son clocher à l’assaut du ciel. Il y a un homme qui sort de l’imposante bâtisse et se dirige droit sur moi.

« Vous êtes John Drake... »

Je ne sais pas si c’est une question ou une affirmation. L’homme est entre deux âges, assez corpulent. Sa tenue vestimentaire est étonnante, quelque part entre la stricte rigueur d’un pasteur luthérien et la tentation totalitaire d’un uniforme anti-émeute. Sa voix m’est familière.

« Vous êtes le Fils ? »
« Vous êtes donc John Drake. Il faut que vous collaboriez !»
« Mais où suis-je ? »
« Au village, je vous l’ai déjà dit »
« En Italie ? »
« Sur la côte ligure. Mais là n’est pas l’important. Il faut que vous nous disiez pourquoi vous avez claqué la porte de BIOCISCO, votre employeur. »
« Qui est votre Père ? Votre Chef ? »
« Vous êtes John Drake ! Vous avez une histoire qui nous intéresse. Il faut que nous sachions. Nous voulons des informations ! »
« Le monde est en soi une suite d’informations non ? »

Il me regarde et je lis dans son regard une inquiétude naissante. Il me prend par le bras et m’entraîne vers le bord de la place qui surplombe le village.



«, Guy de Maupassant, un de vos compatriotes, a dit à propos de ce village qu’il n’avait jamais ressenti une impression de béatitude comparable à celle qu’il avait eue en entrant dans cette crique verte. Il parlait aussi d’un sentiment inégalé de repos, d’apaisement. Rien de tel n’est-ce pas pour se livrer à une introspection, pour méditer sur la condition humaine, sur sa relativité. Ici, il règne une forme de magie qui estompe les blessures de la vie. Vous pourrez prendre la bonne décision. Celle que nous attendons. »

Nous nous tenons à l’extrême limite. Sous nos yeux, le spectacle est grandiose entre le bleu de la mer, le vert des pins et la mosaïque colorée des maisons du village. Il me prend le bras et se tourne vers l'édifice religieux :

« Vous voyez cette église. C’est l’église de Saint-Georges. Vous savez, ce fameux saint qui a défait le Dragon qui terrorisait la région. Dans la crypte, sous une dalle, reposent ses restes, des reliques d’une inestimable valeur ! Comme lui, saurez-vous vaincre le dragon qui est en vous, le Grand Ver qui sommeille en chacun de nous? Vous êtes un Adepte de la Convergence, n’est-ce pas? Vous pouvez donc mesurer mieux que quiconque, les dégâts qu’un ver est capable d’infliger à un système! Nous avons un besoin vital des informations que vous détenez ! »

« Quand bien même je les détiendrais, je ne vous les dirais pas ! A quel camp appartenez-vous ? »
« Ceci vous sera dit plus tard. Je vous répète, nous avons besoin de ces informations ! »
« Allez au diable ! Je trouverai bien le moyen de sortir de ce cauchemar!»

Je me dégage d’une secousse et je me mets à courir sur la route qui s’enfonce sous les pins. Cette route finira bien quelque part. Elle ne semble pas redescendre mais au contraire suivre la crête du promontoire pour gagner l’intérieur des terres. Dans mon dos, la silhouette du Fils disparaît entre les ombres vertes.

Je transpire. La chaleur s’est installée. Le soleil darde ses rayons verticalement. Mais, malgré la douleur dans le ventre, malgré mon coeur qui bat à une folle cadence, malgré mes jambes aux muscles aussi raides que des morceaux de bois, je cours. Il faut que je coure.

Soudain, un sifflement s’élève derrière moi. Un sifflement sourd et menaçant. Je regarde en arrière. Une sphère rebondit sur la route, s’approchant rapidement. Une sphère ou plutôt un ballon de baudruche d’une taille surprenante. Danger... Danger... je me remets à courir mais cette chose gagne du terrain. Son diamètre est impressionnant. La sphère est sur mes talons maintenant. Je ne peux plus accélérer, mes jambes ne répondent plus. Une matière molle heurte mon dos. Elle pèse sur mes épaules et c’est comme si un gratte-ciel s’asseyait dessus. Tout un pâté de gratte-ciel ! Je perds l’équilibre et m’étale de tout mon long. Elle me plaque sur le sol et je sens ses contours malléables épouser chaque millimètre de mon corps. Elle m’emprisonne dans une étreinte de latex. Plus d’air pour respirer et cette odeur douçâtre qui irrite mes narines...

Je me réveille. Je suis sur le lit, tout habillé. C’est la même chambre, celle qui donne sur le port. Par la fenêtre ouverte, j’entends la mer sans la voir. L’antique sonnerie du téléphone préhistorique finit par me réveiller complètement. Je saute de ce foutu lit et je décroche violemment.

"M. Drake?" interroge une voix familière.
"Je ne suis pas John Drake ! Je m’appelle 212.85.150.136. Je ne suis pas un simple humain, je suis un IP libre!"

M


  
Ce message a été lu 7465 fois

Smileys dans les messages :
 
Réponses à ce message :
3 Exercice 44 : Maedhros => Commentaire - Estellanara (Dim 16 nov 2008 à 16:03)
       4 Bonjour chez vous. - Maedhros (Lun 17 nov 2008 à 20:36)
              5 Ah ouais d'accord - Estellanara (Sam 22 nov 2008 à 11:54)
3 Commentaire Maedhros, exercice n°44 - Narwa Roquen (Ven 19 sep 2008 à 19:35)
3 Quel style! - Antarès (Mar 16 sep 2008 à 21:32)
       4 Come back. Pour un temps ... - Clémence (Ven 26 sep 2008 à 21:27)
              5 auto-correction honteuse. - Clémence (Sam 27 sep 2008 à 10:50)
3 Pas rodie. - Onirian (Mar 16 sep 2008 à 11:59)
3 Même en n'ayant jamais vu aucun... - z653z (Mar 16 sep 2008 à 11:47)


Forum basé sur le Dalai Forum v1.03. Modifié et adapté par Fladnag


Page générée en 1997 ms - 827 connectés dont 2 robots
2000-2024 © Cercledefaeries