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De : Narwa Roquen Date : Dimanche 30 novembre 2008 à 22:12:24 | ||
Un long texte sur le thème de l'obsession, entre SF, fantastique et psychanalyse, qui nous mène dans les profondeurs d'un esprit perturbé... La première partie, où tu décris la phobie de l'héroïne, est excellente. L'accumulation des détails nous fait plonger au coeur d' une méticulosité maladive. Le rythme est bon, avec des rupturers et des syncopes, l'angoisse est bien rendue. Je ne suis pas sûre que ce soit l'ambiance la plus propice aux points virgules! Ton héroïne a bien besoin de points entiers pour se donner du courage avant d'affronter ses épreuves! Très joli, le jeu de mot sur SIN, pour quelqu'un dont on devine très vite qu'elle traîne un gros wagon de culpabilité. Le passage où elle se retrouve les mains couvertes de sang - on pense à Macbeth! - n'est pas très clair: est-ce un rêve? A-t-elle vraiment tué quelqu'un? La transition au présent et à la narration à la première personne est très efficace. Plus moyen pour le lecteur de s'échapper, il va arriver en retard au boulot, mais il est pris dans un suspense vertigineux dont il doit absolument connaître l'issue! La succession des rêves est bien agencée. On découvre le passé de l'héroïne, du plus récent au plus ancien. Cest logique, cohérent, les émotions sont décrites avec beaucoup de justesse, de même que le cheminement vers la compréhension, avec au début cette incapacité à se reconnaître soi-même. J'aime beaucoup l'arrivée des loups. Le loup, animal hautement symbolique, typique de la période oedipienne ( elle a 7 ans, dont elle est vraisemblablement en plein dedans), qui, loin d'être menaçant pour la petite fille, s'acharne avec ses frères sur le cadavre ( un seul loup aurait peut-être été plus fort), comme si le père symbolique approuvait la mort du père réel. La fin est logique, apaisante, et permet au lecteur de reprendre ses esprits après les émotions intenses qu'il a traversées. Quelques petits détails techniques: -"deux comprimés roses pâles": la présence de "pâle" fait que ça reste au singulier: "rose pâle" - "je crie mais on n'entend aucun bruit": tu ne peux pas être à la fois dedans et dehors! - "l'un d'eux se penchent" - "ses pieds... deviennent intangibles": intangible, c'est ce qui ne peut pas se toucher. Invisibles serait plus juste - "tu n'aurais pas du": dû - "et il y a des accents de panique", "et j'ai envie": je ne vois pas ce qu'apportent ces "et" - "le vent a du me souffler": devine! -" n'est-ce pas plutôt ces gens": d'accord, "ne sont-ce" n'est pas très heureux. Je tournerais la difficulté en disant "Ou bien ces gens que j'ai tués" - "ses petits doigts potelés": le maximum du "potelé" est entre 9 et 12 mois. Il en reste encore un peu à 2 ans, mais plus à 4 ! Enfin, le titre. Effectivement, il manque un peu de force pour habiller ce texte; on dirait que tu as voulu jeter dessus un voile pudique en le cachant sous une langue étrangère. En français, "le jouet cassé", c'est franchement plat. Pourquoi pas "Cassures", "L'enfance cassée", ou, plus psychanalytique, "Ca casse" ? Au total, un texte bien construit, structuré, cohérent, rythmé, fort, où les émotions sont décrites avec justesse et où le lecteur est tenu en haleine jusu'au bout. Du bon travail! Narwa Roquen,qui aime bien les loups... Ce message a été lu 7331 fois | ||
Réponses à ce message : |
5 Merci ! - Estellanara (Ven 5 dec 2008 à 14:28) |