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De : Netra Page web : http://terredelune.eu Date : Samedi 6 juin 2009 à 00:52:27 | ||
Ce texte m'a été inspiré par un copain qui payait ses études comme ça, et à qui cette histoire est arrivée... Je n'ai brodé que les descriptions et un peu la chute. Le système parc-en-ciel existe vraiment, dans le centre-ville de Rouen. Parc-en-ciel Rigolez si vous voulez, mais dans la vie, je suis parcmètre. Vous savez, le truc que Gaston Lagaffe trouve toujours des moyens abracadabrants de remplir ou de massacrer ? Ben voilà. C'est moi. A la mairie, ils ont dit qu'il fallait rendre la ville plus humaine, et donc ils m'y ont collé. Bon, ils savaient pas trop quoi faire de moi, je sais, mais comme "travail épanouissant" y'avait mieux... Ils m'ont envoyé dans la rue, avec un boîtier enregistreur pour carte bleue, et je suis devenu parc-en-ciel-mètre. J'avais un territoire d'un parking complet, 20 places voitures, 15 places 2 roues et un parc à vélo, et puis les attributs de ma fonction, un K-way bleu ciel et une casquette. Je faisais les horaires du matin, de 6h à 13h, le plus calme, quoi, vu que c'est le parking que tout le monde utilise pour se garer le samedi en allant faire ses courses. Donc je faisais le planton, ils avaient pas installé de cahute parce que c'était concept et qu'ils étaient pas sûrs que les gens comprennent. Et de fait, ils comprenaient pas, fallait que j'aille les voir, et pour comble ils arrivaient tous en même temps. Le pire, c'est qu'ils mettaient tous un point d'honneur à ne pas me regarder, genre je suis VRAIMENT un parcmètre et pas un humain. Je peux compter sur les doigts de la main ceux qui m'ont dit bonjour ou merci. Alors, au bout de deux jours, je ne les ai plus regardé non plus. Donc 7h debout, chouette, après j'étais content de me planter devant mon PC pour jouer, au moins. C'était pas rigolo, d'être parcmètre, en plus c'était l'hiver et il flottait tout le temps. Jusqu'à son arrivée, à mon copain. Bon, mon copain, il schlinguait grave. Une vraie de vraie infection. Pire que le caniveau où il vivait. Même pire que ma salle de bains, celle qu'ont envahi les champignons. Mais je l'aimais bien quand même, mon copain. Il portait toujours un anorak orange dégueulis, un jean tellement délavé et troué qu'il ressemblait plus à rien, et même dans sa barbe gris papa noël il y avait des puces, des poux et des tiques. Il me suivait partout, et moi j'enregistrais les rares bourges qui venaient payer pour poser leur bagnole devant la place Jeanne d'Arc, la plus inaccessible de Rouen. La particularité des bourges de Rouen, c'est qu'ils se ressemblent tous. Ils ont tous la même voiture. Les 2 roues, ils payaient pas, et tant mieux, parce que c'est tous des ouaich et depuis qu'ils ont déclaré la guerre aux g_o_t_hs, il vaut mieux pas les approcher quant comme moi on a le cheveu noir et le teint pâle, même si c'est de naissance. Heureusement, grâce à l'odeur de mon copain, ils ne m'embêtaient pas. Enfin, je pense que c'était ça, parce que c'est pas la police municipale, même si j'avais un bipper, qui les aurait fait reculer. Il ne disait jamais rien qui ait du sens, mon copain, faut dire qu'avec la tonne de vin qu'il buvait, il risquait pas... Manger, je ne sais pas s'il pouvait encore, mais boire, y'avait pas de problème. Quand je faisais le planton, il venait s'asseoir sur le trottoir près de moi, il buvait, grognait et délirait pas mal, une fois il a entrepris de compter les taches de vieux chewing-gum-gums sur le macadam. Je ne sais pas s'il a réussi, à cause des voitures. Je ne lui ai jamais prêté ma casquette "Parc-en-ciel", même entre deux enregistrements. Parce que des poux, j'en ai déjà, mais les puces, j'aimerais éviter, c'est plus difficile à gratter. Un jour, mon copain n'est pas venu jouer au parcmètre avec moi. Il n'est jamais revenu, en fait. Je ne sais pas ce qui s'est passé. De toutes façons, mon copain, il était presque invisible pour les gens, même avec un anorak orange gégueulis. J'ai un peu cherché dans le centre ville de Rouen, à Emmaüs ils le connaissaient bien mais ne savaient pas plus que moi où il était. Et puis je me suis renseigné auprès de ses collègues, mais j'ai pas compris leurs réponses, faut dire qu'il n'y en a qu'un seul qui n'était pas ivre, mais simplement toqué. Je n'ai jamais revu mon copain. J'ai arrêté Parc-en-ciel, j'ai refait une demande de bourse. Je retournerai à la fac en septembre, tenter ma quatrième première année de fac d'histoire, mais je suis pas sûr de réussir plus cette fois que celles d'avant. Mais je ne serai plus un parcmètre. Netra, une paire de ciseaux à la main pour inaugurer son site web. Ce message a été lu 7180 fois | ||
Réponses à ce message : |
3 Exercice 61 : Netra => Commentaire - Estellanara (Mar 6 oct 2009 à 11:29) 3 Vini Vidi Vinci - Maedhros (Sam 20 jun 2009 à 20:35) 3 Ben voilà! - Narwa Roquen (Dim 7 jun 2009 à 20:57) 4 Voui m'dame - Netra (Lun 8 jun 2009 à 14:45) 3 Commentaire Netra, exercice n°61 - Narwa Roquen (Dim 7 jun 2009 à 18:07) 4 a refait - Netra (Dim 7 jun 2009 à 20:15) |